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État de l’Afrique : des opportunités dans une période de turbulence

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Dans un contexte mondial marqué par le ralentissement de la croissance économique, une inflation élevée et la hausse des taux d'intérêt, quelles sont les perspectives pour l’Afrique ? Comment les pays africains vont-ils renouer avec une croissance économique robuste, créer des emplois et récupérer les acquis du développement effacés lors de la pandémie de COVID-19 ? Quelles opportunités les dirigeants africains peuvent-ils trouver en cette période particulièrement turbulente ?

L'événement sur l'état de l’Afrique a fait le point sur les vents contraires mondiaux qui affectent la région et donné un aperçu des tendances macroéconomiques, compte tenu du ralentissement du PIB, de la dette élevée et des prix historiquement élevés des denrées alimentaires et de l'énergie. La discussion s’est concentrée sur les mesures pouvant apporter des gains pour la sécurité alimentaire sur le continent, telles des dépenses publiques mieux ciblées, des investissements dans la transformation alimentaire et les systèmes alimentaires résilients, et le renforcement du commerce intrarégional.

Liste des intervenants ˅

[Lerato Mbele]

Bonjour à tous ! Excellences, distingués, délégués, et la chaleureuse bienvenue ici à la première réunion présidentielle sur l'état de la région Afrique, ici au siège de la Banque mondiale à Washington. Et c'est vraiment une grande occasion étant donnée la distance virtuelle qui nous a tous séparés. Et voir autant de personnes en salle est vraiment génial.

Je me demandais si Van Gogh devait peindre le monde aujourd'hui, à quoi ressemblerait son tableau. Est-ce qu'il utiliserait le même bleu vif du ciel lumineux ou le jaune perçant des tournesols ? Ou alors est-ce que ce serait une image un peu sombre. Si on demandait à Ben Enwonwu, un sculpteur nigérian de sculpter une statue de l'humanité aujourd'hui est-ce que les visages seraient joyeux ou alors seraient-ils marqués par la peur ? En tant que journaliste qui rencontre des personnes ordinaires chaque jour sur mes missions, je sais qu'il y a beaucoup de colère, d'anxiété, de crainte, de peur auprès des personnes aujourd'hui et je crois que ces deux artistes pourraient dépeindre ces traits. J'utilise l'art comme métaphore, car, comme on le dit, l'art est le miroir de la société. Les artistes font partie des personnes les plus courageuses dans nos sociétés. Ils nous font voir le reflet de notre conscience et ils nous montrent ce que l'on a peur à reconnaître parfois.

Donc, si je demandais à quoi ressemble le monde d'aujourd'hui à ces artistes, je crois qu'ils diraient que c'est un monde sombre, triste, empreint d'anxiété. À cause de l'inflation, des prix croissants de l'électricité, des aliments, à cause de la guerre et des pénuries de toutes sortes. Une situation qui est difficile à résumer seulement sur la base des données économiques et des statistiques. Mais ce sont ces données statistiques qui guident les politiques et nous devons voir à travers ces données statistiques, les visages des humains. Nous devons entendre la voix des femmes et des filles. Nous devons entendre la voix des jeunes Africains qui veulent un monde meilleur. Donc aujourd'hui, nous parlons des opportunités qui s'offrent dans cette période de turbulences et c'est précisément ce que nous faisons. Nous mettons un visage, une voix, un nom, une personnalité sur ces statistiques.

Quand vous parcourez les rues d'Accra, de Dakar, de Johannesburg, même avec ce nuage oppressant au-dessus de la tête, on perçoit également autre chose. On voit des jeunes qui mobilisent leur talent pour créer une industrie nouvelle et créative. Et ce n'est pas par hasard que Cornell Thomas Thompson joue des afrobeats. Aujourd'hui, la musique génère des millions de dollars. La mode africaine est exportée vers le monde. Nous voyons des choses intéressantes qui sortent de l'Afrique aujourd'hui. Lorsqu'on va dans les champs, on voit de jeunes entrepreneurs qui essayent de faire quelque chose dans l'agriculture pour lancer une révolution dans l'industrie agroalimentaire, on sent que l'Afrique est sur le chemin d'un essor.

Dans le monde numérique, il y a un écosystème numérique florissant, particulièrement à Legos avec plus de 20 000 start-ups, sans parler de la Silicon Savannah, Nairobi. Les nouvelles idées émergent maintenant du continent africain. Donc, nous avons ces lueurs d'espoir et de lumière, malgré l'obscurité qui nous entoure. Donc, nous allons parler de ces lueurs. Nous allons parler des tournesols de Bangkok, de la joie, de l'espoir. Car sur le continent africain, il y a effectivement espoir, malgré tout ce qui se passe dans le monde aujourd'hui.

Je vis toujours en Afrique et c'est vraiment un bon continent où vivre aujourd'hui et nous allons entendre cela dans les interventions que nous allons avoir. Sur ce, je voudrais vous souhaiter à nouveau la bienvenue à cette réunion sur l'état de la région africaine. C'est le forum où nous mettons l'accent sur les opportunités dans cette période de turbulences et c'est organisé par la division de la région Afrique de la Banque mondiale.

On va beaucoup parler d'opportunité aujourd'hui. Quelques mots, car nous avons eu beaucoup de gens qui nous suivent en ligne. Merci à ceux qui sont là ce matin, ce samedi matin. Et merci particulièrement à ceux qui se sont connectés en ligne sur le site de la Banque mondiale, sur Facebook, sur Twitter. Bienvenue à cette session !

Nous vivons dans un monde multi langue multiculturelle et nous en sommes ravis. Et donc vous pouvez suivre cette manifestation en anglais, en français ou en portugais. Vous avez des écouteurs si vous êtes en salle, si vous ne l'avez pas, demandez un écouteur pour pouvoir suivre soit en anglais ou en français, soit en portugais. Nous avons également un certain nombre d'experts qui vont modérer le chat en ligne, qui vont interagir avec vous en ligne pour répondre aux questions. Mais nous ne voulons pas que la discussion se termine ce matin. Nous voudrions que la discussion se poursuive sur les thèmes, sur les réseaux sociaux et donc vous pouvez utiliser le hashtag Africa Sor, S O R pour participer à cette discussion, à ces échanges sur les réseaux sociaux et participer activement, même si vous êtes en ligne.

Nous avons également lancé un sondage, une enquête. Vous le trouverez sur la page de la Banque mondiale et sur Twitter. Et la question que l'on pose, c'est quel secteur est susceptible d'impulser la croissance économique régionale dans les années à venir sur le continent africain ? Quel est le secteur qui est le plus susceptible de contribuer à la croissance économique dans les années à venir ? Est-ce que c'est d'abord la technologie, l'agriculture, les services financiers, le financement de manière générale, l'éducation ou l'énergie ? Donc, choisissez parmi ces réponses, répondez à la question sur ce sondage et enfin, à la fin, nous verrons quelles ont été les réponses. Technologie, agriculture, finance, éducation, énergie. Choisissez parmi les cinq réponses. Nous attendons avec intérêt vos réponses en ligne et dans la salle. Et lorsque nous arrivons à la session de questions-réponses, essayer d'être bref s'il vous plaît, lorsque vous posez des questions, pour qu'il y ait maximum de participation. Alors nous allons maintenant aborder la situation de l'Afrique du point de vue de la Banque mondiale.

Je voudrais vous présenter Ousmane Diagana, vice-président pour l'Afrique de l'Ouest et l'Afrique centrale, à la Banque mondiale, qui va nous parler de ce qu'il fait avec son équipe dans cette région du continent africain. Nous avons également madame Victoria Kwakwa, vice-présidente régionale pour l'Afrique australe et l'Afrique de l'Est de la Banque mondiale qui, elle aussi, va nous parler de ce que font son équipe et elle-même. Enfin, parce que c'est quelqu'un de nouveau et qu'on doit vraiment bien accueillir, le nouvel économiste en chef de la région Afrique, Andrew Dabalen. Andrew, vous voyez ? Vous devez être à la hauteur de cet accueil chaleureux.

Alors beaucoup de questions nous préoccupent. Endettement croissant, inflation importée. Et nous savons que, en moyenne, les revenus par habitant ont baissé de 0,7 %. J'ai même entendu dire qu'avec l'augmentation des taux d'intérêt, nous allons définitivement vivre une récession en 2023. Bien évidemment, tout cela est très préoccupant. Devons-nous nous inquiéter ? Ou alors est-ce qu'il y a moyen d'atténuer les choses avant de faire face à ces vents contraires ?

[Andrew Dabalen]

Merci Lerato. C'est la première fois que je participe à cette réunion dans mes nouvelles fonctions, donc c'est un plaisir pour moi d'être là. Merci de votre présence. Bienvenue à tous et à toutes.

Permettez-moi de résumer l'état de la région en trois points. Tout d'abord, la croissance va effectivement ralentir à cause de plusieurs facteurs. Tout d'abord, la croissance mondiale elle-même a baissé et cela va réduire la demande des exportations africaines et les flux d'investissements vers l'Afrique.

Deuxièmement, l'inflation est très élevée et continue d'augmenter étant donné la guerre en Ukraine ainsi que d'autres conflits et le changement climatique, et cela a un impact sur les investissements.

Trois L'augmentation des taux d'intérêt et donc les prix de financement de prêts et de services de la dette augmente, ces coûts augmentent. Les pays africains dépensent à peu près 60 % de leurs revenus de recettes maintenant pour le service de la dette. Et en plus de cela, le dollar monte, ce qui met de la pression sur les autres monnaies, accroît les prix des importations et pousse à nouveau l'inflation.

Et enfin, pour les pays africains, la pandémie a forcé ces pays africains à s'endetter plus. Et plus de 20 pays sont en situation de surendettement ou de surendettement grave et n'ont plus de marge de manœuvre budgétaire et ne peuvent pas donc faire face à ces défis que je viens de décrire.

Donc deuxième point que je voudrais souligner toutes ces crises qui sont liées entre elles. Provoque des situations d'insécurité alimentaire sans précédent. À peu près 20 millions d'Africains se trouvent en situation d'insécurité alimentaire grave seulement cette année et cela a ralenti la réduction de la pauvreté. Vous savez que déjà, la pandémie avait mis à mal toutes les mesures de réduction de la pauvreté. Mais, du côté positif, on peut dire que l’action politique la plus urgente à prendre maintenant, c'est de protéger les acquis des dernières années. Il faut réinstaurer une certaine stabilité des prix, car à des niveaux d’inflation galopante ils ont un impact délétère sur la vie socio-économique et ne pourront que détériorer la situation d'avantage. Il faut donc contrôler ces prix. Il est important de protéger les plus pauvres et les plus vulnérables avec un financement adéquat pour les programmes de filets sociaux dont ils dépendent et à travers des services de base tels que l'éducation et la santé.

Et enfin, dans cette période très, très difficile, il faut faire attention à la qualité des dépenses et des dépenses efficaces. C'est une action politique et que les décideurs politiques peuvent mettre en œuvre et il faut donner priorité à des biens publics à haute valeur tels que l'infrastructure, l'énergie et le capital humain.

Enfin, nous avons identifié particulièrement un domaine où il serait important d'assurer une priorité, pour assurer la production alimentaire, mettre un terme à la faim en Afrique dans le secteur de l'agriculture, mettant l'accent sur l'utilisation de l'eau, le stockage, la gestion, la recherche et le développement et le commerce intra-africain. Et tout cela est loin d'être facile. Il faut une coordination politique, surtout entre la politique budgétaire, la politique monétaire. Mais, ces actions peuvent donner aux pays africains la possibilité d'assurer la croissance dans le long terme.

N'hésitez pas à prendre un exemplaire du rapport Africa’s Pulse.

[Lerato Mbele]

Vous nous avez donné le point de vue au niveau macro. Je voudrais maintenant passer à ce qui se passe sur le terrain avec Victoria. Vous avez parcouru le continent avec vos équipes et vous voyez ce qui se passe véritablement sur le terrain. Est-ce que vous pouvez nous décrire ce que vous avez vu sur le terrain ?

[Victoria Kwakwa]

Merci, Lerato. Je voudrais commencer par saluer les ministres et membres des différents panels et tous ceux qui sont présents ici. Merci d'avoir commencé sur cette note très optimiste avec la musique, le message sur l'espoir et la lumière en Afrique. Alors que voyons-nous sur le terrain ? Je vais commencer peut-être avec les facteurs les plus préoccupants. Avant de passer au point positif.

Alors, il y a des choses qui me préoccupent particulièrement. Andrew a parlé de l'environnement extérieur qui pose véritablement problème au niveau macroéconomique. Donc je ne vais pas répéter ce qu'il a dit. Mais, je voudrais souligner une chose, c'est-à-dire ce que cela implique pour la réduction de la pauvreté et la reprise après la COVID 19. Et je voudrais aussi parler de la pauvreté qui est en augmentation. Selon nos estimations, il y a 40 000 000 de personnes de plus qui se trouvent dans la pauvreté en Afrique. Voilà donc un sujet de préoccupation. Autre sujet de préoccupation, une crise un peu silencieuse concernant le capital humain, même avant la COVID, nous étions préoccupés. Si l'on voit le nombre d'années que passe un élève à l'école, c'est 8,2 années. Mais si on voit le nombre d'années des apprentissages réels, eh bien ce nombre tombe à cinq années seulement. C'est quelque chose qui doit nous préoccuper. Ensuite, si l'on voit les taux de scolarisation, particulièrement des adolescentes, à peu près un tiers des adolescentes qui devraient être au lycée ne sont pas au lycée et elles sont donc d'autant plus vulnérables.

Côté sanitaire, les taux de mortalité maternelle, c'est de 65 par 100 000 naissances. C'est un taux très élevé et la COVID n'a fait que nous tirer en arrière. Nous voyons que les résultats de l'éducation ont détérioré, les services de base de vaccination, les services de soins pré et post natals ont régressé et de plus en plus d'enfants maintenant ont quitté l'école et ne vont probablement pas revenir et particulièrement les filles. Donc tout ceci est très préoccupant et ce sont des domaines sur lesquels nous travaillons en Afrique et dans la région de manière générale.

Et en fin de compte, il s'agit de l'accès à l'énergie. Nous sommes au XXIᵉ siècle, mais c'est choquant que dans certaines régions de l'Afrique, l'accès à l'énergie ne représente que 1 %. Nous avons environ 568 millions d'Africains qui n'ont pas accès à l'énergie. Et sans énergie, vous ne pourrez pas participer aux activités productrices, aller à l'école, faire fonctionner vos hôpitaux, et cetera. Donc c'est une source de grave préoccupation. Mais encore une fois, nous avons accusé un recul du fait de la COVID. Nous l'avons vu après un déclin d'environ six années en termes du nombre de personnes qui n'ont pas accès à l'électricité, le taux a augmenté en 2020. Environ 100 millions de personnes n'avaient pas accès à l'énergie, en partie du fait qu'ils ne pouvaient pas se le permettre, mais en partie en partie également du fait de problèmes d'accès. Donc, autre source de préoccupation, je dirais qu’un de gros problèmes, c'est le chômage chez les jeunes. Dans notre continent, en Afrique subsaharienne, nous avons un dividende démographique. Nous avons donc beaucoup de jeunes qui ne trouvent pas d'emploi après l'école. Et donc nous avons environ 10 à 12 millions d'emplois requis chaque année et les estimations sont que nous générons environ 3 millions d'emplois. Donc où, et comment allons-nous pouvoir créer des emplois pour nos jeunes et tirer parti du dividende démographique qui est le nôtre ? C’est là le type de choses qui devraient être source de préoccupation. Tous les gouvernements sont préoccupés de ces défis, en particulier pour ce qui est du chômage des jeunes, et je dirai un dernier mot sur l'eau et l'assainissement. Vous pensez que c'est un droit de base ? Encore une fois, il est choquant que dans certains pays, la carence ne fasse que s'élargir et qu'en fait, on évolue dans le sens contraire. Il y a de moins en moins de gens qui y ont accès. Certains pays s'en sortent bien, mais de manière générale, les taux sont très très faibles et donc nous devons travailler sur ces différentes questions davantage. Je vais m'en tenir là, mais je pourrais intervenir par la suite et parler des éléments positifs.

[Lerato Mbele]

Mais vous nous avez présenté un verre à moitié plein ?

[Victoria Kwakwa]

Oui, en effet.

[Lerato Mbele]

A savoir qu'il y a dans cette crise une opportunité de chercher à corriger les problèmes. Ousman, je vous demander d'intervenir et nous dires sont sont à vos yeux les défis et les opportunités et ce que devraient être nos priorités quant au développement.

[Ousmane Diagana]

Langue qu'on appelle English Spanish, pour refléter la diversité linguistique, mais également culturelle sur le continent. Mais mes collègues m'ont dit discipliné, tu dois choisir une langue et j'ai choisi de parler français. Certains de nos amis dans l'assistance pourraient être à l'aise pour parler en français. C'est la première séance sur l'état de la région que j'ai avec ma collègue, mon amie Victoria Kwakwa. Je suis très content de travailler ensemble sur le continent et féliciter bien entendu Andrew dans son rôle et avec lui pour les bureaux de l'économiste en chef. Pour avoir établi cette tradition, chaque Assemblée annuelle du printemps nous amène ensemble pour réfléchir sur les défis auxquels le continent est confronté et voir ensemble les pistes que l'on peut prendre. Je voudrais également féliciter l'équipe de communication des régions pour le travail extraordinaire qui nous a permis d'être dans cette salle. C'est la première fois qu'on se trouve dans ce type de salle à l'occasion des assemblées. Le continent africain, c’est un seul continent. Il n'y a pas deux continents.

Donc ce que Victoria vient de dire, bien entendu, et je le partage entièrement. Si je dois ajouter quelque chose, c'est peut-être pour me répéter. Je ne souhaite pas me répéter, mais je voudrais tout de même dramatiser certaines choses qu’elle a mentionnées. Les pays africains, le continent africain dans son ensemble, est particulièrement frappé par le global public good. Qu'il s'agisse de pandémies, qu'il s'agisse du climat, qu'il s'agisse des conflits et ses répercussions sont visibles, sont tangibles, sont additionnelles et s'accumulent. Et ils se traduisent en particulier par l'appauvrissement des individus, des familles, par la mise en danger de leurs vies et se traduisent par des migrations, qu'il s'agisse internes, qu'il s'agisse des migrations externes. Avec tous ces jeunes qui veulent chercher une vie meilleure, parfois au prix de leur vie. Il s’agit des conflits entre les pastoralistes et les éleveurs. Des tensions sociales qui parfois engendrent des coups d'État, comme on a eu sur les deux dernières années. On a vu six coups d'État dans la région de l'Afrique de l'Ouest et de l'Afrique.

Tout ça, ce sont des conséquences directes de ce que je viens de dire sur le changement climatique et bien sûr les autres éléments que j’ai mentionnés tantôt. Victoria l'a dit, il y a aussi d'autres facteurs qui sont d'autres manifestations de ces problèmes-là. Parmi celles-là, les plus graves, c'est la pauvreté des apprentissages, que les enfants ne peuvent pas aller à l'école pour rester suffisamment pour avoir le minimum en termes de pouvoir calculer, de pouvoir lire. Et même s’ils ont cela, ils n'ont pas les fondamentaux permettant d'affronter, n'est-ce pas, la vie et devenir des citoyens qui peuvent contribuer à l'épanouissement et à l'économie de leur pays. Les accès à l'eau manquent, mais quand on met tout ensemble, je ne peux qu’être d'accord avec les recommandations qu'Andrew a mis et que le rapport qu'il vous a présenté a mises en œuvre. Il est important d'agir et d'agir rapidement sur trois piliers.

Le premier pilier, c'est de protéger, de sauver les vies en soutenant des programmes de protection sociale, des filets sociaux. Il ne s'agit pas ici de problème des initiatives d'assistance humanitaire. Il y a d'autres partenaires qui sont très importants, qui font cela. C'est important de le faire. Mais une institution comme la Banque mondiale doit le mettre dans un cadre qui soit soutenable et qui puisse véritablement toucher le plus grand nombre. Elle possède cette force de frappe, une institution comme la banque. Donc un système de protection. Dans ces conditions où également il y a la guerre, aussi bien la guerre sur le continent. On l'oublie souvent et qui a bien sûr affectée les capacités de production dans certains secteurs, mais également la guerre dans le monde, compte tenu de la forte dépendance des pays africains sur l'extérieur. Il est important de créer les conditions d'accès des populations à l'alimentation le plus tôt possible parce que nous sommes déjà dans une période de fin de la saison agricole où la production et les rendements seront faibles, à la fois à cause, bien sûr du manque d'engrais, à cause des conflits une fois de plus, mais aussi à cause des déplacements des populations. Donc, il est important de voir comment on se prépare pour la saison des pluies prochaine, pour que l'insécurité alimentaire, qui est déjà grave cette année, ne soit pas plus grave l'année prochaine.

Le deuxième, je dois aller très rapidement, je crois qu’on me fait signe dans la salle. Il faut créer les conditions d'une reprise de l'économie très rapidement. On voit à cause des effets cumulés de ces crises que le taux de croissance qui a commencé à revenir au cours de l'année 2021 va baisser l'année prochaine. Et cela, il faut s'y préparer, à réduire les effets négatifs d'une croissance qui va baisser sur le temps. Et c'est important qu'on investisse par conséquent sur les réformes. Même en période de crise, les réformes sont nécessaires, elles sont urgentes. Je ne veux pas répéter le menu donné par Andrew, ils ne sont pertinents et ils sont tous nécessaires.

Et le troisième point, c'est extrêmement important. Il faut continuer à investir pour le développement. Et parmi les secteurs prioritaires, Victoria a cité l’électricité, c'est extrêmement important, l'agriculture, j’en ai parlé, le développement humain, l'éducation dans toutes ses composantes. L’enseignement technique et professionnel, c'est extrêmement important, comme pour l'enseignement supérieur, c'est extrêmement important. Et bien sûr, on n'oublie pas la technologie qui offre une opportunité extrêmement forte pour l'Afrique de réduire ses retards sur un certain nombre de choses. Donc, puisqu'on a beaucoup voyagé et qu'on a eu l'occasion pendant ces assemblées aussi d'échanger de manière très approfondie avec les différentes délégations, pour nous, ce qui est important c'est au sortir de ces assemblées, de voir comment à notre niveau, la coopération et le partenariat avec les pays, tous les pays et chacun des pays à travers l'utilisation des instruments divers et variés qui existent au niveau de la Banque Mondiale, mais en même temps, à travers l'utilisation très efficace des ressources qui ont été mobilisées, on a eu un record pour le replenishement du leader 20 et les chefs d'État nous ont interpellé là-dessus à la fois la nécessité d'être très sélectif en se focalisant sur un certain nombre de secteurs, mais également la nécessité d’être très rapide en assouplissant les procédures, en évitant les lourdeurs afin que l'argent puisse être là où il devrait être et utiliser de manière efficace et avec des principes de transparence, de traçabilité et d'intégrité.

[Lerato Mbele]

Merci beaucoup. Victoria, vous êtes la femme sur le panel. Et je vais donc vous donner le mot de la fin. Nous comprenons les problèmes et ils ont été clairement exprimés pour nous. Parlez-nous d'une ou deux opportunités ?

[Victoria Kwakwa]

Merci, Lerato, et je dirai que je suis tout à fait d'accord avec tout ce que Ousmane a dit. Tout cela est très pertinent. Oui, vous avez commencé par dire que le soleil brille et je vais vous montrer certains des points plus clairs. Et je dirais même au niveau macro qui présente de grands défis, il y a certaines lueurs d'espoir. Tout d'abord, il y a certains pays qui ont des opportunités de bénéficier des conditions, soit parce qu'ils produisent des produits de base ou du pétrole. Et ces pays ont l'occasion de bien s'en sortir, de vraiment naviguer cette époque difficile. Je pense donc que c'est un élément et je vois le ministre de l'Angola, du Nigéria, de la RDC, plusieurs pays qui présentent des possibilités. Donc ça, c'est une chose. Ensuite, je dirais du côté de l'énergie qui est un grand problème, je pense, quant à moi, nous voyons le potentiel de solutions hors réseau. Ça ne veut pas dire de l'électricité moindre, mais des solutions hors réseau qui apportent un accès de qualité à l'électricité pour les usagers productifs, pour la santé, l'éducation, intégrer le secteur privé. Nous voyons de bons progrès dans des pays tels que la RDC et nous voyons également en Tanzanie et au Mozambique une accélération rapide des taux d'électrification au Mozambique. La stratégie nationale énergétique, qui met l'accent sur l'énergie pour tous, a fait un travail époustouflant lorsqu'il s'agit d'augmenter de 15,5 % sur une période de quatre ans l'accès. Donc, c'est une véritable réalisation tout en préservant les conditions financières des services d'électricité. Donc, 300 000 Mozambicains de plus chaque année ont accès à l'électricité. Nous voyons en Tanzanie le programme d'accès rural au cours de la dernière décennie a vraiment également réalisé des progrès rapides depuis 2017. Ils ont apporté l'accès à l'électricité à 4,5 millions de personnes. Ça, ce sont des lueurs et je dirais que les solutions de réseaux et hors réseau qui se combinent ont amené des résultats fantastiques.

Et enfin, je dirais que même avec la question difficile du chômage chez les jeunes, vous voyez l'entrepreneuriat des jeunes. J'étais en Afrique du Sud, dans un township et j'étais à Lusaka. J'ai vu Bongo High et vous voyez des jeunes qui vraiment innovent, qui sont créatifs, qui deviennent chefs de file et qui présentent des solutions pour s'aider et pour trouver des emplois pour d'autres. Et ce sont là des lueurs d'espoir et nous devons donc passer à l'échelle. Nous devons nous appuyer sur ces éléments pour nous développer et nous assurer que l'Afrique, vraiment, recueille le fruit de ses promesses et apporte des résultats pour son peuple.

[Lerato Mbele]

Merci. Et à ce stade, nous allons, nous allons laisser la conversation. Merci, Ousmane, Victoria, Andrew pour votre première apparition à cet événement. Excellent travail. Félicitations ! Bien. Nous passons maintenant à notre première conversation en panel et nous entendrons encore Ousmane, Victoria et Andrew. Donc merci madame et messieurs. D'après ce qui a été dit. Il apparaît très clairement que l'infrastructure physique doit également appuyer l'infrastructure sociale.

Les choses qui vont changer les vies. Mettre les enfants à l'école et tirer parti d'un environnement pour permettre à l'entrepreneuriat de se développer et de créer des emplois, c'est très important. Mais on a également parlé de l'importance des individus de la planète et de la prospérité partagée que rien n’adviendra, à moins que nous nous poursuivions un programme assis sur la durabilité. Maintenant, je vous présente les décideurs politiques et je remercie tous ceux qui nous suivent en ligne. Je dis bonjour à tous ceux qui nous suivent en Tanzanie, au Canada, au Cameroun, au Togo, au Pakistan, au Paraguay, en Inde, au Nigéria, au Kenya, en Turquie, en Gambie, en Afrique du Sud, en Angola, au Sri Lanka, au Ghana et à l'île Maurice. Merci beaucoup de nous suivre.

Merci madame et messieurs. Bien. Nous voulons maintenant avoir un aperçu de l'Afrique des décideurs politiques alors que nous considérons les perspectives de reprise économique et encore une fois, comme on nous l'a rappelé, de ne pas perdre de vue l'objectif universel et important de mettre fin à la pauvreté.

Je vais vous présenter Son Excellence Mamadou Moustapha Ba, Ministre des Finances et du Budget du Sénégal. Je vous présente par ailleurs Uzziel Ndagijimanae, Ministre des Finances et de la Planification du Rwanda. Je vous présente à Ahmad Jidoud, le ministre des Finances du Niger et Vera Esperança Dos Santos Daves De Sousa, la ministre des Finances de l'Angola. Nous allons commencer par vous Monsieur BA du Sénégal. Nous avons parlé des éléments macro de l'inflation, de l'inflation importée et qui nous frappent tous de Shanghaï à New York, à Dakar. Tout le monde ressent cette inflation, le dollar qui coûte plus cher, le ralentissement de la croissance. Que représente la résilience pour le Sénégal dans un contexte tel que celui-ci ?

[Mamadou Moustapha Ba]

Merci beaucoup. Je pense que le Sénégal a commencé effectivement une reprise fragile. Donc on a amorcé à la suite de la crise de la COVID 19. Et comme vous l'avez indiqué tout à l'heure, les défis que nous rencontrons sont de l'ordre de six ans à peu près. Tout d'abord, vous l'avez indiqué, c'est la fluctuation des prix des matières premières et de l'énergie. C'est très important. Il y a une forte inflation galopante qui est quand même au Sénégal de l'ordre de 11 %. Ne serait-ce que pour les produits alimentaires, l'inflation tourne autour de 18.1 % pour les produits alimentaires. Il y a aussi, on l'a indiqué, une forte dépréciation du franc CFA par rapport au dollar, avec tout son impact sur la balance des paiements et sur la détérioration des termes de l'échange. L'élément qui est aussi très important et dont il faut tenir compte, c'est le durcissement des conditions de financement sur les marchés financiers internationaux. Ce qui pose un problème de couverture des besoins de financement de notre pays et de nos États.

L'instabilité politique et socio-économique aussi est un point important. Mais là, sans compter effectivement les pressions qu'il y a sur le budget de l'État en termes de dépenses sociales, c'est environ près de 20 % du budget qui y sont consacrés. Alors, face à ces défis, qu'est-ce que le Sénégal a pu faire ? Parce que le Sénégal a quand même pu identifier les vulnérabilités de notre économie et a aussi essayé de mettre en œuvre des mesures. Je pense qu’on est revenu là-dessus tout à l'heure. C'est au nombre de quatre paquets de mesures. On a procédé à l'élargissement des programmes de filets sociaux pour protéger les couches vulnérables. Au Sénégal, on a initié, sous le magistère du Président Macky Sall, le Programme national des bourses de sécurité familiale et cette année, exceptionnellement, des transferts monétaires de l'ordre de 43 milliards avec l'appui de la Banque mondiale ont été opérés. Premier élément, le deuxième axe de mesures qu'on a eu à prendre, c'est le renforcement de la souveraineté pharmaceutique et sanitaire. On a géré tant soit peu la COVID 19, au stade où nous sommes en Afrique de l'Ouest, le Sénégal est en train d'abriter l'unité de construction de vaccins contre la COVID 19 et les autres pandémies telles que la fièvre jaune.

Et le troisième élément qui semble vraiment important, c'est revenu là-dessus tout à l'heure, c'est l'accroissement des investissements dans le domaine de l'agriculture pour renforcer la sécurité et la souveraineté alimentaire. Le budget du département de l'Agriculture a crû, entre 2020 et 2022 de plus de 20 %.

Et le dernier élément qui est tout aussi important. C'est la résorption progressive du gap infrastructurel parce qu'on a débuté l'exploitation du train express régional et l'extension du réseau autoroutier où on avait trouvé 32 kilomètres d'autoroute, on est passé à 189 kilomètres d'autoroute. Donc voilà brièvement ce que je pouvais indiquer comme défi et comme opportunité que le Sénégal est en train d'exploiter.

[Lerato Mbele]

Voilà ce que l'on entend par reconstruire mieux, je pense. Voilà ce que l'on entend par reconstruire mieux. Et nous voyons aussi beaucoup d'innovations par rapport à la COVID 19 avec les centres de tests et centres de vaccins.

Monsieur le Ministre du Niger, Monsieur Ahmat Jidoud a parlé de l'importance d'avoir des bases macroéconomiques solides. Votre pays est confronté à des défis également et pourtant vous avez pu mettre en place une sorte de résilience en faisant, je pense, ce qu'il fallait au niveau budgétaire. Est-ce que vous, vous pouvez nous parler de ces interventions ?

[Ahmat Jidoud]

Je vais m'exprimer en français. Merci. Merci pour l'opportunité de nous inviter ici, pour échanger sur les vulnérabilités, mais aussi les opportunités et les réponses apportées par nos États face à ces défis. Je ne vais pas répéter sur certains défis qui nous sont communs, déjà évoqués par le premier panel, mais aussi par mon prédécesseur et ami Moustapha. Je voudrais juste préciser que pour le Niger, le défi, on peut le résumer à trois niveaux.

Le premier, c'est d'abord un défi existentiel. C'est celui de la sécurité. Depuis 2011, avec la dislocation de l'État libyen et aussi la naissance d'un front qui s'appelle Boko Haram, à la frontière du Niger et du Tchad et du Nigeria, le Niger est confronté à des menaces sécuritaires permanentes. Et malheureusement, ce sont ces menaces qui sont matérialisées et se sont métastasées jusqu'à affecter un certain nombre des pays frontaliers aujourd'hui du Mali et du Burkina. Et aujourd'hui, les menaces risquent aussi de se propager dans une grande partie des pays de l'Afrique de l'Ouest. Et naturellement, la sécurité a un impact très sérieux, à la fois sur la capacité de l'État à mobiliser des ressources, mais aussi sur l'effort de guerre que cela lui demande, tant d'un point de vue de l'équipement de l'armée, d'un point de vue du recrutement des effectifs, mais aussi d'un point de vue de la prise en charge des populations qui se déplacent. Tant d’un point de vue interne, mais aussi des populations que nous accueillons, des pays comme le Nigeria comme les autres. La sécurité a aussi un impact sur le système de production parce que cela perturbe les activités économiques. Et c'est là où, naturellement, sont impactées les variables macroéconomiques, notamment la croissance.

Le deuxième défi, on l’a évoqué tout à l'heure, mais je vais l'évoquer parce que pour certains, c'est une théorie. Mais pour nous, ce n'est pas une théorie, ce n'est pas une opinion, c'est une réalité, c'est le changement climatique. Le changement climatique pour les pays du Sahel, comme je l'ai dit, ce n'est pas une opinion, c'est une chose, c'est une réalité que nous vivons au jour le jour. Parce que le Sahel, c'est essentiellement des populations agricoles, ce sont des populations pastorales. Tout à l'heure Ousmane, vous l'avez évoqué, ce sont des populations qui vivent de l'agriculture et de l'élevage. Mais pour nous le voir, par exemple, quand la sécheresse qui a eu lieu en 2010 a décimé plus de près de 5 millions du cheptel nigérien soit 25 % du cheptel total. Naturellement, pour un éleveur qui paie ses vaches, il n'a pas seulement perdu la production. Il a perdu aussi son capital. Et la disparition de son capital implique donc que ces chocs deviennent permanents pour lui. Et naturellement, quand vous regardez la relation entre les deux, c'est qu'il y a une interaction entre la sécurité et les changements climatiques. Parce qu'aujourd'hui, dans les zones affectées par l'insécurité, ce sont ces populations qui ont perdu leur cheptel, qui ont perdu leur capacité de production, qui sont enrôlées dans le terrorisme et par conséquent, cela renforce la capacité des groupes terroristes à opérer dans les zones.

Le troisième défi, c'est celui des infrastructures. On l'a évoqué tout à l'heure, les infrastructures d'un point de vue des infrastructures routières. Parce que nous avons un pays très vaste, 1 267 000 kilomètres carrés qu'il faut connecter, qu'il faut désenclaver ou désenclaver les zones de production, mais également des infrastructures en termes par exemple du capital humain, de la santé, les centres hospitaliers, mais aussi l'éducation. Nous avons mis en place un programme assez ambitieux de construction des classes. Nous avons aussi en même temps une population qui est un autre défi. Une population qui croît à un rythme de 4 % par an. Donc la population double pratiquement chaque 20 ans et donc cela augmente aussi la pression sur les ressources publiques et donc j'ai des challenges aussi. Défi en termes d'infrastructures scolaires que nous avons sous la houlette du président de la République, Bazou met en place un programme spécifique, est destiné à construire des classes, mais surtout à offrir des opportunités d'éducation pour les jeunes filles. Parce que c'est ça les défis. En fait, c'est l'éducation de la jeune fille qui va permettre à la fois d'offrir des opportunités égales aux femmes et aux hommes, mais également de solutionner la question de la démographie. Hum. Mais vous l’avez dit tout à l'heure malgré tous ces challenges, le Niger est resté un pays résilient. Il suffit de regarder les indicateurs macroéconomiques pour voir que ces dernières années, nous avons fait preuve d'un taux de croissance assez fort à moins de 5 % et il a fallu la survenance de la COVID 19 en 2020 pour que nous connaissions un taux de croissance de 3,6 %. Et en 2021, nous avons connu un taux de croissance de 1,3 %. Je l'ai dit parce qu'en regardant déjà, en faisant la comparaison, on se rend compte que pour nous, le COVIDe ne nous a pas affectés autant que les changements climatiques nous affectent, parce que le taux de croissance de 1,3 % en 2020 est du tout simplement à la rareté des pluies qui ont fait que le secteur agricole ou le secteur primaire de manière générale, qui est le grand pourvoyeur de la croissance, a connu une baisse de la production de l'ordre de 40 %. C'est un taux de 40 % de moins par rapport aux dix dernières années. Donc ça veut dire que malgré tous ces chocs aujourd'hui, pour nous, le plus dur, c'est l'impact des changements climatiques. Mais au-delà les politiques publiques que nous avons mises en œuvre, en particulier, c'est la question des finances publiques que nous avons préservé la viabilité de nos finances publiques au point de disposer d'un espace budgétaire qui nous a permis, en 2021, de prendre en charge les populations qui sont affectées par ces baisses des productions agricoles à travers le plan de soutien et le plan d'urgence pour destiner à acheter des vivres, à les distribuer gratuitement à des populations qui sont très affectées, ou bien ou bien de les vendre à des prix abordables les plus subventionnés, ce qui a coûté plus de 500 milliards à l'État en 2021.

Voilà la réponse du gouvernement. Naturellement, cela a permis de maîtriser l'inflation qui est aujourd'hui à un taux de 6 %. Et sans ces politiques de redistribution, certainement le niveau d'inflation serait à un niveau plus élevé.

[Lerato Mbele]

Oui. Permettre aux populations de vivre à un niveau abordable. Et passons maintenant à madame la ministre Daves de Sousa de l'Angola. On a dit auparavant que les pays qui avaient des ressources avaient une situation un peu meilleure étant données, les augmentations des prix des matières premières. Donc des pays tels que l'Angola peuvent tirer avantage de cet essor et mettre en place des réserves ou alors utiliser des capitaux pour des besoins sociaux. Est-ce que vous pouvez nous dire comment vous faites quand le marché est dans votre faveur ?

[Vera Dos Santos Daves De Souza]

Merci Lerato. Merci de me donner l'occasion d'être ici pour parler de notre situation et partager avec vous nos idées sur les opportunités et l'espoir. Pour ce qui concerne les défis, nous savons tous quels sont ces défis. Nous avons été affectés par le passé par un effondrement des prix du pétrole et ensuite la COVID 19. Et nous avions un ratio dette PIB de plus de 100 %. Nous avons connu cinq années de récession et un effondrement de notre monnaie. Mais malgré tout cela, nous n'avons pas laissé tomber les réformes qu'il fallait mettre en place. Nous avons mis la priorité sur certaines dépenses. Nous avons modifié notre régime des échanges, nous avons mis l'accent sur une approche plus conservatrice concernant de nouveaux financements. Après quelques années de défis et de mise en œuvre de ces réformes, années difficiles en termes d'impact social, nous sommes aujourd'hui en train de recueillir les fruits de ces réformes. Et heureusement et par coïncidence, ces avantages que nous commençons à voir se sont accompagnés d'une augmentation du prix du pétrole. Avant ces augmentations néanmoins, nous commencions à voir des avantages de réforme. Nous avons eu une petite croissance de 0,7 % seulement, mais c'était déjà une croissance positive et nous commencions pour la première fois à avoir un excédent budgétaire. Nous avons aujourd'hui un marché de devises plus stable également.

Alors comment allons-nous utiliser ces ressources ? Eh bien, nous voulons être très sages. Nous ne voulons pas nous affoler et nous perdre en dépenses. Nous devons gérer bien les choses, assurer une bonne stabilité puisque nous avons encore des vulnérabilités. Nous utilisons ces ressources déjà à apurer les arriérés que nous avons. Nous pensons que nous devons donner aux entreprises la capacité de croître, de créer des emplois. Nous savons qu'il faut créer de l'emploi pour les jeunes. Donc apurer nos arriérés est une façon d'y contribuer. Nous sommes également de refinancer moins à l'extérieur. Nous allions émettre des obligations, mais nous en avons réduit les volumes en utilisant ses liquidités afin de permettre au secteur privé et les banques commerciales à jouer leur rôle de banque commerciale, à financer le secteur privé pour avoir plus d'activité du secteur privé et ainsi contribuer à nouveau à la création des emplois.

Nous sommes également de reconstituer nos réserves de trésorerie en développant notre budget pour les années à venir. Dans les cinq dernières années, nous avons beaucoup attribué un temps d'énergie et ressources à l'éducation. Oui, mais surtout la santé. Nous avons construit plus de 100 hôpitaux, 173 très exactement, et nous l'avons fait parce que nous étions confrontés à un énorme problème de santé publique. Des personnes qui étaient couchées sur le sol dans le couloir parce que nous n'avions pas suffisamment de lits, pas de médecins, pas d'infirmières. Donc nous avons beaucoup dépensé pour la santé. Pour le moment, nous traitons aussi le niveau des soins de santé primaires dans des petits centres, des petites municipalités. Nous devons aller vers la base et maintenant nous allons nous focaliser sur l'éducation. Oui, nous allons continuer à travailler dans le domaine de la santé, mais nous allons mettre beaucoup de ressources et d'énergie à l'éducation parce que nous voulons que la population angolaise fasse partie de ce processus de création de valeur de croissance rapide et nous devons assurer une croissance inclusive. Donc, nous devons traiter de l'aspect renforcement de capacités. L'Enseignement secondaire, c'est très bien, mais il faut aussi un enseignement technique et professionnel pour que tout le monde y contribue. Pour ce qui concerne les infrastructures, là encore, des ressources doivent y être allouées. Notre pays est également immense. Il y a des besoins énormes et nous devons les identifier et en essayant de voir lesquels contribuent le plus à la croissance. On ne peut pas tout faire parce que notre marge de manœuvre budgétaire est limitée, mais nous devons voir quelles sont les difficultés en matière d'accès à l'électricité, l'assainissement, les routes, les ponts pour préparer le terrain, pour qu'ensuite le secteur privé puisse venir y construire à partir des fondements que le gouvernement aura jetés.

Pour ce qui concerne l'infrastructure, nous allons aussi essayer d'avoir une assistance technique pour mettre en place des partenariats publics privés pour des projets qui sont les plus viables. Nous allons travailler ensemble avec le secteur privé pour optimiser cette marge de manœuvre budgétaire que nous avons. Voilà un peu les idées que nous avons. Nous voulons avancer pour vraiment montrer à notre population que nous ne sommes préoccupés des taux de chômage et que nous voulons véritablement faire quelque chose et produire des résultats concrets par rapport à ces problèmes.

[Lerato Mbele]

Vous venez de dire quelque chose de très important qui souvent n'est pas suffisamment dit. Mais dans le public, on le comprend aussi. La réputation d'un pays souffre. Si la note de crédit d'un pays se porte mal, cela a des effets directs sur la capacité du secteur privé à emprunter pour avoir accès aux marchés financiers. Et lorsque donc vous apurez vos arriérés, vous apportez également des avantages intangibles pour le secteur privé. Merci de ce commentaire. Je suis allée à Luanda. C'est très très beau. Quelqu'un d'Afrique du Sud m'a dit « pourquoi est-ce que vous n'allez pas au Rwanda. Chaque fois que vous utilisez un exemple, vous ne parlez pas de l'Afrique du Sud, vous parlez du Rwanda. Allez-y. » J'espère que vous allez m'accueillir au Rwanda. Puisque l'Afrique du Sud ne veut plus de moi. Le Rwanda est un petit pays enclavé, mais vous avez pu créer des couloirs commerciaux dans le Nord et dans le Sud pour vous faire passer vos marchandises à travers les régions.

Ça, c'est la première chose. Ensuite, le président dit toujours « on n'a rien, si ce n'est notre population  et c'est là notre principale ressource. » Et nous voyons cette cohorte de jeunes Rwandais qui sortent des universités à travers le monde et rentrent chez eux pour reconstruire le pays. Donnez-nous, enfin partager avec nous comment vous faites ce que vous faites et comment vous avez augmenté votre autonomie, particulièrement en matière de commerce. Le Rwanda est un grand défenseur de la zone de libre-échange pour l'Afrique.

[Uzziel Ndagijimana]

Merci. Nous sommes tous confrontés aux différentes situations d'urgence d'aujourd'hui et nous devons continuer de renforcer les fondamentaux de la gouvernance, des politiques et des stratégies. Ces fondamentaux ne s'appliquent pas uniquement au Rwanda. Mais sans doute pour nombre de pays africains en matière de gouvernance, nous devons continuer à construire des institutions solides, imputables et efficaces. Nous devons continuer de développer une bonne gestion des finances publiques, la planification intégrée, des systèmes de suivi et un système statistique solide, pour nous donner des données fiables pour orienter le processus décisionnel.

S'agissant des politiques et des stratégies, nous devons continuer de garantir de bonnes politiques macroéconomiques. Nous devons continuer de créer un environnement plus propice pour le développement du secteur privé. Nous devons focaliser nos investissements publics vers les priorités clés : l'infrastructure, le transport, l'énergie, l'eau, l'infrastructure numérique. Nous devons également continuer d'investir dans le développement du capital humain. Ce sont là des éléments fondamentaux. Le Rwanda a réalisé des progrès sur tous ces fronts, mais nous continuons d'être sur ce parcours. Nous devons continuer à en faire davantage, de nous adapter au nouveau contexte. Je voudrais maintenant répondre plus directement à votre question quant à l'autonomie du Rwanda et notre commerce régional avec les pays voisins. Le Rwanda est en train de se positionner comme plaque tournante pour l'industrie, pour les services et pour la logistique. Et ceci pour augmenter nos échanges commerciaux avec nos voisins, mais également pour tirer parti d'opportunités que présente la nouvelle zone de libre-échange continental qui est une énorme opportunité, un très gros marché dans le secteur industriel.

Nous développons des parcs industriels, pas uniquement à Kigali, mais également dans des villes secondaires. Nous avons attiré de grands investissements dans des secteurs tels que le secteur textile, les matériaux de construction, l'électronique. Nous fabriquons des téléphones intelligents et des ordinateurs. Transformations agro-industrielles, vaccins pharmaceutiques. Nous lançons une usine de vaccins, des engrais, transformation de minerais, industrie automobile et nombre d'autres. Nous ciblons les marchés régionaux et africains. En matière de services, nous renforçons notre capacité de transport aérien pour connecter le Rwanda au reste du monde. Nous construisons un nouvel aéroport, un aéroport d'envergure nationale qui aura une composante de capacité de transport de cargo à travers le continent. Nous nous focalisons sur les services financiers en créant un centre financier international de Kigali pour attirer de l'investissement, pour attirer de l'investissement au Rwanda et en Afrique. Petit à petit, nous créons une centrale de services médicaux. Nous renforçons nos activités touristiques tout en établissant des institutions de formation d'envergure mondiale pour attirer du jeune talent africain qui serait formé au Rwanda. Nous avons déjà deux ou trois institutions qui ont commencé et nous voyons de jeunes Africains qui viennent obtenir leur formation dans le pays. Nous sommes donc prêts à avoir des échanges commerciaux avec le reste de l'Afrique. Nous sommes prêts à promouvoir la zone de libre-échange continentale. Nous sommes prêts à coopérer. Nous sommes prêts à accueillir différentes institutions. Nombre d'entre elles viennent au monde et nous sommes donc un petit pays. Nous n'avons pas l'accès à l'océan, mais nous sommes connectés à différents égards. Nous sommes prêts à aller de l'avant, et nous encourageons les pays africains à appuyer cette libéralisation des échanges sur notre continent. Nous devons cibler l'autonomie africaine. Nous avons essayé de nous rendre indépendants des importations, mais nous avons appris beaucoup d'enseignements de ces crises différentes et tous les pays maintenant sont prêts à promouvoir leur propre production et également à éliminer les obstacles commerciaux pour permettre les échanges de marchandises, de personnes et de main-d'œuvre. Merci. Oui et je pense que les résultats sont probants.

[Lerato Mbele]

Depuis le génocide, le Rwanda a su croître son économie de multiplier par dix son économie grâce à une série de réformes dans cette période de 28 ans.

Mais j'ai une dernière question. Mais je voudrais donc que vous nous donniez une réponse en moins de 30 secondes, quelque chose qu'on pourrait faire passer à la télévision. Est-ce qu'on peut essayer ? Est-ce que vous allez m'aider ? 30 secondes, vous avez. Pour les réformes que vous avez présentées pour les programmes qui sont les vôtres pour passer au prochain exercice, quel type d'appui voulez- vous voir d'une organisation telle que la Banque mondiale ou d'autres multilatérales ? Sénégal.

[Mamadou Moustapha Bâ]

Le type d'appui que nous souhaitons avoir, c'est plus d'accès aux ressources concessionnelles de la banque et des institutions multilatérales. Je peux développer les différents fonds qui existent, le Fonds de résilience, le Fonds de lutte contre l'insécurité alimentaire et la réallocation des DTS, ciblés à 100 milliards de dollars et qui jusqu'ici en est à 45 milliards de dollars. Voilà le plaidoyer que je pourrais apporter en trente secondes !

[Lerato Mbele]

Le Niger.

[Ahmat Jidoud]

Le Niger a le deuxième portefeuille après le Nigeria, en Afrique subsaharienne. Je vais juste demander à ce qu'on accélère l'implémentation et la mise en œuvre des projets, notamment dans les procédures, pour que ces ressources soient efficacement réparties et de façon optimale quand elle est utilisée, comme on l'avait demandé tout à l'heure dans les secteurs prioritaires qui vont tirer l'économie.

[Lerato Mbele]

Tout le monde le fait en moins de 30 secondes. L'Angola.

[Vera Esperança Dos Santas Daves de Sousa]

Nous devons attendre du Groupe de la Banque mondiale du renforcement des capacités pour faire en sorte que les institutions et le peuple angolais soient plus solides, ce qui nous aiderait à prendre de meilleures décisions, à faire de bons choix grâce à notre programme de développement national pour nous aider à tirer parti de nos efforts en faveur du développement et pour créer des emplois et faire face à la brèche de pauvreté et de l'argent à bon marché.

[Lerato Mbele]

Merci le Rwanda !

[Uzziel Ndagijimana]

Merci. Vu les niveaux de dette qui augmentent, nous n'avons plus d'espace budgétaire et nous devons donc attirer de l'investissement privé. Les investisseurs sont prêts, mais ils ont besoin de réduire le risque de ces investissements et donc notre demande au Groupe de la Banque mondiale serait que l'on puisse considérer la possibilité d'étendre le mandat de la MIGA non seulement pour apporter des garanties politiques, mais également des garanties commerciales. Avec un système solide tel que la MIGA, avec une bonne garantie, beaucoup d'investisseurs seraient prêts à investir en Afrique. Donc voilà la réforme que nous préconisons.

[Lerato Mbele]

Merci. Merci à vous. Et si tous les cadres de la Banque mondiale vous ont entendu, applaudissez plus fort comme ça, on sait que vous avez été entendu. Bien merci beaucoup. Excellence Mamadou Moustapha Bâ du Sénégal, ministre Ahmat Jidoud du Niger, ministre Vera Daves de Sousa d’Angola et ministre Ndagijimana du Rwanda. Merci beaucoup de votre temps. Beaucoup a été dit sur la sécurité alimentaire et développé la résilience, les systèmes agricoles et les systèmes de production. Et donc voyons voir quel niveau d'innovation il y a dans certains pays africains, notamment la Côte d'Ivoire.

[Voix off]

La Côte d'Ivoire, le plus grand producteur de noix de cajou du monde, qui est une source importante d'anacarde et sa grande plantation en dehors de la capitale Yamoussoukro, Ndri Nadège a une pépinière. Elle doit rénover et réhabiliter les vergers.

[Ndri Nadège]

Un endroit où on aurait pu gagner à haut rendement et qui sont en résistance aussi aux maladies.

[Voix off]

Elle aide à distribuer des variétés à haut rendement et pour les mettre disponibles aux agriculteurs de sa région toute proche. Le Centre de technologie et d'innovation pour l’anacarde, le CITA, est un centre de formation et une installation de transformation où l'on apprend des nouvelles technologies, les protocoles d'hygiène et les normes de protocole et de transformation. Il sert également d'usine où la noix est triée, coupée et emballée sur la base de sa qualité pour la vendre sur les différents marchés. Ce projet de la chaîne de valeur de l'anacarde aide à ouvrir des marchés pour les petits agriculteurs, améliorer les compétences et créer des emplois. Plus de 500 jeunes femmes sont employées dans ce centre qui obtiennent de l'autonomie financière. Cela aide les communautés locales à assurer leur croissance durable. Voici ce que c'est que créer des emplois et promouvoir une chaine de valeur résistante au climat. Il s'agit de transformer la transformation économique en promouvant des pratiques agricoles climato intelligentes, en encourageant les activités locales et en tirant parti de l'expertise, des solutions technologiques et des investissements privés.

[Lerato Mbele]

Les individus d'abord. Cela va au cœur de ce que nous disons aujourd'hui, que l'on parle de sécurité alimentaire, de normes abordables, de conditions de vie, de croissance économique au niveau macro et même de comprendre la résilience au climat. En fin de compte, il s'agit de voir les effets sur la vie quotidienne des individus. Et donc, parlons à ceux qui sont au front lorsqu'il s'agit de gérer le talent humain dont on parle, notamment lorsqu'il s'agit de créer ces systèmes alimentaires résilients. Et leurs politiques. On accueille chaleureusement à notre conversation Jeanine Cooper, ministre de l'Agriculture du Libéria, Harifidy Janset Ramilison, Ministre de l'Agriculture et du Bétail de Madagascar, avec Monica Musonda, Directrice de Java Foods Limited en Zambie, et Eric Yirenkyi Danquah, Directeur du Centre d'excellence pour l'amélioration des récoltes de l'Afrique de l'Ouest, le WACCI du Ghana. On les accueille chaleureusement. Lorsque nous parlons de transformer les systèmes alimentaires pour assurer la prospérité de l'Afrique, Monica, commençons par vous. Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est qu’elle est juriste, elle s'est réveillée un jour et elle a dit « je veux faire partie de l'agriculture et de l'économie agricole. »

Si on vous regardait, on ne l'aurait pas deviné. Mais vous avez pris cette décision pour une bonne raison. Et l'une des raisons pour lesquelles on dit que l'Afrique dépend beaucoup des taux de change et des prix des denrées alimentaires, c'est que notre continent importe énormément de ces denrées alimentaires. Néanmoins, deux tiers de la terre arable n'est pas cultivée. Comment donc peut-on changer cette dynamique ?

[Monica Musonda]

Merci beaucoup. Merci de me permettre d'ajouter une voie du secteur privé à cette conversation. Eh bien, je voudrais placer les choses dans le bon contexte. Les trois dernières années, les prix des denrées alimentaires se sont mal portés en Afrique. Les prix que nous voyons sont choquants et vous avez raison. C'est parce que l'essentiel des denrées alimentaires que nous voyons sur le continent est importé, même des denrées de base. Ce qui veut dire, particulièrement dans le contexte de la pandémie où on a vu des confinements, des problèmes de chaîne d'offre, des problèmes de transport que nous n'avons pas, uniquement une catastrophe de santé publique, nous avons été sur le point d'avoir une crise alimentaire, mais il y a toujours un revers de la médaille dans une crise et on dit qu'il ne faut jamais gaspiller de crise parce que ça fait des pays africains et des sociétés africaines envisagées une opportunité que nous devons être beaucoup plus autonomes.

Et donc il faut aller voir où faire les choses bien clairement. Il y a des pays qui sont assez autonomes dans certaines récoltes telles que le maïs et le blé. Et donc comment faire les choses mieux ? Non pas uniquement pour nous-mêmes sur le continent, mais également dans nos propres pays, mais pour le continent tous ensemble. Et c'est là où gisent des opportunités. La conversation sur l'insécurité alimentaire est réelle aujourd'hui vu la crise ukrainienne et russe et ce que cela a fait pour beaucoup de produits de base, le pétrole raffiné par exemple. Mais nous avons la capacité de produire une bonne partie de ces produits alimentaires nous-mêmes. Mais la question est que nous devons considérer des choses telles que le rendement concernant les semences, la fertilité des terres et les engrais. Mais je voudrais parler de la production locale. Je ne suis pas agriculteur moi-même. Nous devons avoir une conversation complète autour de la chaîne de valeur. Il ne faut pas parler uniquement de l'agriculture parce que nous sommes encore dans la même pole position. Il y a eu beaucoup d'appuis. Les ministres de l'Agriculture, je vous demande d'être patients. L'appui est très bon et tout à fait nécessaire pour appuyer l'agriculture de base. Mais nous ne devons pas nous arrêter là et c'est pour cela que nous sommes dans cette crise. Aujourd'hui, nous ne produisons pas assez dans nos pays pour nous nourrir nous-mêmes. Et donc, que faire ? Et je pense que la première chose, c'est que nous devons considérer l'assistance technique, une approche pour développer la production locale. Comment pouvons-nous, en tant que producteur local, produire des denrées alimentaires sûres et de manière rentable ? Quelles denrées alimentaires pouvons-nous bien produire, celles qui sont produites dans d'autres pays ? Et que faire d'autre en termes d'accès à du financement pour permettre à ces sociétés de croître ? Parce qu'il du financement abordable. Parce qu'il faut redévelopper ces activités pour produire des denrées alimentaires en toute sécurité. Et ensuite il s'agit de distribution. J'aime beaucoup la conversation sur le commerce parce que c'est vrai, mais le fait est que nous sommes maintenant forcés de regarder, de nous regarder les uns les autres et de dire on peut avoir de meilleurs échanges les uns avec les autres entre pays de l'Afrique, mais en comprenant nos problèmes. Et les denrées alimentaires sont intéressantes parce que tous les pays ont leurs propres normes. Comment véritablement considérer ces questions pour nous nous assurer que l'on réduise le coût de sorte que les denrées alimentaires locales puissent faire concurrence avec les importations ? Donc, je pense qu'il y a beaucoup de conversations intéressantes en cours et je lance un défi à tous les gouvernements ici présents. Le moment est venu d'agir.

[Lerato Mbele]

Je voudrais ajouter à ce que vous dites Monica, lorsque l'on parle d'un contexte propice que le secteur public pourrait créer pour le secteur public dans le contexte de la transformation alimentaire, votre secteur, quel aspect revêt ce contexte ?

[Monica Musonda]

Beaucoup de pays ont énormément travaillé pour créer, pour appuyer certains secteurs industriels. Mais davantage de travail doit être fait dans le secteur de la transformation agro-industrielle. Avoir des denrées alimentaires sûres, ça veut dire que vous devez avoir des laboratoires pour les tester. Et nous avons vu dans beaucoup de pays, il a des limitations à ce niveau-là et il a des limitations également quant au coût de ce que vous a engagé le gouvernement et vous voyez comment réduire les coûts. Ils disent il n'y a pas assez de producteurs et ça nous coûte cher. Mais il y a une autre façon d'y penser. Ne pourrions-nous pas réduire les coûts pour permettre davantage de respect des règles ? Par exemple, pourrions-nous avoir un barème pour que ceux que les plus grandes sociétés payent un prix plus élevé que les toutes petites PME ? Mais il faut regarder le contexte de l'octroi des licences. C'est un type de contexte différent à travailler, mais tout cela pour le travail. Mais c'est très important. Nous devons offrir des denrées alimentaires sûres, abordables, les denrées alimentaires abordables, c'est très important, mais ce doit être accessible. Donc une première étape a été faite. Mais nous devons nous focaliser davantage sur le secteur et voir comment créer un contexte propice pour permettre la croissance du secteur privé agricole.

[Lerato Mbele]

Nous pensons maintenant à madame Jeanine Cooper, Ministre de l'Agriculture du Libéria. Nous avons entendu le point de vue du secteur privé de la Zambie. Mais quel est votre rôle en tant que décideurs politiques pour promouvoir l'entrepreneuriat privé dans ce domaine ?

[Jeanine Cooper]

Merci, Lerato. Je dois dire que je suis devenue ministre de l'Agriculture après avoir joué un peu le rôle de Monica dans le domaine du riz. Le riz est notre aliment de base, mais qui n'est pas produit vraiment en quantité appréciable au niveau industriel au Liberia. Donc tout ce qu'elle disait, c'est ce que je disais. Du coup, on m'a mis dans cette position. Notre approche par rapport à la sécurité alimentaire a toujours été de stabiliser les prix et la disponibilité des aliments importés et aider les petits exploitants. C'est ce que disait Monica. C'était le point de départ. Mais ensuite, nous avons eu comme premier choc Ebola. Les frontières étaient fermées, on ne pouvait pas importer alors qu'on dépendait de ces importations. Alors que faire ? Au moment de la COVID, nous n'avons pas été pris au dépourvu, car quelques années auparavant, nous étions confrontés à cette situation.

Mais aujourd'hui, les turbulences sont devenues la norme à travers le monde et on essaye de voir quelles sont les opportunités en tant que pays pour surmonter ces défis, passer des étapes et dépasser cette stagnation qui existe depuis un certain temps. Et je dois féliciter la Banque mondiale qui, pour la première fois, a essayé de réunir la production commerciale et la production du secteur public ou de petits exploitants dans un projet qui s'appelle Star. Nous avons un fonds de commercialisation de l'agriculture au Liberia pour la première fois et cela vraiment a apporté une différence dans notre pays. Et pour moi, je vois quatre ou cinq choses qui représentent des opportunités. Cette turbulence nous permet d'aller au-delà, de simplement définir, admirer, étudier les défis. Nous devons maintenant examiner nos actifs, nos opportunités, qu’est ce qui fonctionne qu'il faut mettre à l'échelle et j'en vois plusieurs. Tout d'abord, nous devons avoir des partenariats qui nous aident à renforcer le développement durable. Des solutions telles qu’avoir l'énergie solaire qui nous permet d'avoir accès à de l'eau pour l'irrigation, mais aussi pour la consommation et la production des aliments au niveau des villages.

Deuxièmement, la possibilité d'intensifier nos efforts tout au long du système des produits alimentaires. L'autonomisation des femmes, emplois pour les jeunes et la mécanisation de l'agriculture et du traitement de produits alimentaires. Nous devons aller au-delà de juste l'exploitation agricole, comme l'a dit Monica. Lorsque vous voyez la production agroalimentaire, c'est toute une chaine de valeur, du change jusqu'aux assiettes, jusqu'à la consommation. Et au Libéria, ce sont des femmes qui y contribuent à 90 %. Donc comment les autonomiser ? Pas juste leur donner des semences à fort rendement. Et vous avez toujours cette femme avec son bébé sur le dos et un autre dans le ventre qui doit se pencher pour exploiter son champ. Comment alléger son fardeau ? Un peu plus de problèmes de traitement, d'accès à l'eau, de préparation, de stockage. Et il y a des technologies à faible coût que nous appliquer.

Troisième opportunité que je vois, bien évidemment, nous voulons avoir une agriculture mécanisée. Et les jeunes, les jeunes les adorent les machines, ils adorent tout ce qui est numérique. Donc ce sont les jeunes qui vont le faire, pas des vieux comme moi. Ce sont de jeunes exploitants qui vont aller utiliser ces machines. Donc il y a des possibilités de gagner ici.

Troisième opportunité que nous avons au Liberia, c'est de revoir l'équilibre entre les importations et la production locale, comme le disait Monica. Mais comme je l'ai dit, j'ai fait la même chose avant. Donc la politique publique peut travailler au niveau des petits exploitants et leur donner plus de pouvoir, mais travailler sur toute la chaine de valeur : comment traiter et contrôler ravageurs et gestion des mauvaises herbes ? Comment utiliser des solutions qui existent ? Si on va leur donner des outils, ce ne sont pas des outils de base, mais des choses qui vraiment ont un impact. Vous avez des sacs de stockage qui permettent d'éviter qu'il y ait des champignons qui se développent dans le produit ou qu'il y ait des ravageurs qui attaquent les produits. Donc ce genre de choses. Utiliser le secteur privé et les PME, les micros, les petites et moyennes entreprises, comment les aider à utiliser les outils numériques ? Ils le font, mais ils nous demandent de les aider. Mettre à l'échelle dans ces approches avec financement mixte, c’est très bien et nous devons aussi mettre à l'échelle la production industrielle et commerciale.

Et la dernière opportunité. J'espère que vous allez me poser la même question que vous avez faite pour la Banque mondiale. Aujourd'hui, on parle de changement climatique. C'est une préoccupation, mais nous avons un niveau d'endettement très élevé au Libéria et c'est la possibilité pour nous d'accorder une certaine valeur à notre richesse et nos systèmes, nos services d'écosystèmes, car nous sommes le plus fort puits de carbone de l'Afrique de l'Ouest. Nous devons monétiser cette condition climatique. Nous ne devons pas être obligés d'avoir plus de dettes alors que nous avons des forêts aussi importantes dans nos pays. Nous ne devons pas être obligés de nous endetter pour survivre. Nous devons utiliser cet élan pour que notre développement soit durable une fois pour toutes. Je vous remercie.

[Lerato Mbele]

Merci. Merci pour cette intervention. Alors il y a une statistique qui dit que pour chaque dollar dépensé pour les solutions climatiques, 80 centimes viennent des agences internationales, 14 du secteur privé et des banques et 4 centimes au niveau national. Donc, il faut changer ces chiffres pour que ces solutions s'accélèrent. Monsieur le ministre Ramilison de Madagascar, on a parlé de changement climatique et comme l'a dit madame Cooper, c'est quelque chose qui est au-devant de la scène. On prépare la COP 27 à Charm el-Cheikh. Mais comment comprendre le changement climatique lorsque cela a un impact sur les exploitants sur une île comme Madagascar ? Quelles sont les solutions que vous voudriez voir afin que les agriculteurs soient plus résilients par rapport à ces changements constants au niveau climatique ? Et quelles stratégies avez-vous en place pour aider les agriculteurs à mieux gérer ces changements et assurer la sécurité alimentaire ?

[Harifidy Janset Ramilison]

Merci pour ces intéressantes questions. Madagascar, en effet, a subi de plein fouet les effets du changement climatique. Ceux qui ont suivi les dernières péripéties ont pu entendre parler de la sécheresse qui sévit dans le sud de Madagascar, avec près de 1 500 000 victimes, mais aussi les cyclones qui frappent annuellement le nord et le centre et le centre est de Madagascar. Donc oui, nous sommes vraiment en plein de vivre les effets du changement climatique tout en subissant aussi les mêmes crises à travers la COVID 19 et les impacts de la guerre russo-ukrainienne. Mais justement, ces crises nous obligent à nous adapter par rapport aux conjonctures, aux effets du changement climatique et donc à développer des méthodes plus adaptées au changement climatique et aussi à mieux valoriser notre potentiel. Vous savez que Madagascar, avec 587 000 kilomètres carrés, dispose de plus de 30 millions de terres arables et par rapport à l'Inde d'Océanie, c'est-à-dire la région de l'océan Indien, 90 % des terres arables de cette région se trouvent à Madagascar. Donc comment inverser la tendance et utiliser plutôt ces contraintes et les rendre en opportunité ?

Car les besoins sont immenses non seulement pour notre population, mais pour les populations de la région de l'océan Indien. Et donc, c'est de valoriser ce potentiel de terre et le convertir en capital. En adoptant des méthodes conservatrices, des ressources naturelles, j’entends par là l'eau, le sol et nous pouvons produire à Madagascar presque tous les besoins en termes de cultures vivrières et même commerciales. Nous avons une diversité de climats et donc, comme on peut le faire tout pousser devons quand même cibler nos cultures prioritaires par rapport aux besoins et de la population nationale et de la population de l'Indo-Océanie et des autres pays de la région de l'océan Indien. Et pour cela, il faut continuer à augmenter la productivité. Car il faut reconnaître que la productivité agricole reste faible. On va augmenter la productivité agricole avec l'application de la révolution verte qui a été efficace en Asie et qu'on peut très bien réaliser en Afrique. Mais encore une fois, une révolution verte soucieuse de la préservation de l'environnement et de la biodiversité.

Nous allons donc produire plus et diversifier les cultures, mais aussi impliquer plus le secteur privé, parce qu'effectivement, le secteur privé doit jouer un rôle fondamental, un rôle moteur dans le développement de l’agriculture. Et pour cela, nous nous appuyons sur le développement de l’agrobusiness avec la promotion d’agripreneurs, des jeunes. Notre président de la République a initié ce qu'on appelle le titre vert pour permettre aux jeunes d'accéder à des terres et à des moyens de production et ainsi créer de l'emploi. Et donc, c'est l'utilisation de cette arme naturelle qui est la terre de manière rationnelle et on a parlé tout à l'heure de gestion de fertilité de sol. On a parlé de l'agro-écologie. Les crises que nous vivons actuellement, par exemple, avec la difficulté d'importer et l'envolée des prix des engrais, nous force à aller plus vers l'utilisation, par exemple, d'engrais biologique et donc de produire plus d’engrais biologiques, ce que nous sommes en mesure de faire avec ce dont on dispose dans le pays. Et par exemple, les ruptures en farine, parce qu'on consomme beaucoup de farine, même si le riz est aussi notre premier aliment de base et cette fois, on est déterminé à développer la culture de blé et à trouver d'autres alternatives à la farine de blé à travers la farine de manioc, la farine de sorgho et donc nous adapter en diversifiant encore plus les cultures vivrières de manière à faire face à cette crise alimentaire et notamment aux changements climatiques.

[Lerato Mbele]

Monsieur Danquah, nous savons que la science peut faire partie de la solution. Nous savons que de devant compter sur les données, mais là, on parle de rendement. Que peut apporter la science ?

[Eric Yirenkyi Danquah]

Merci. Il y a à peu près huit ans, la Banque mondiale a mis en place des centres d'excellence africains. Et ce matin, je peux vous dire qu’en l'absence de ces centres d'excellence, l'Afrique n'aurait pas cette possibilité d'avancer. La science, et la science de bonne qualité permettront aux agriculteurs de produire des aliments sains pour les marchés. Et je peux vous donner l'exemple du centre de l'Afrique de l'Ouest pour l'amélioration des cultures qui a été mise en place même avant ces centres d'excellence. À l'époque, ce que nous voulions au Ghana, c'est d'avoir un centre de développement de végétaux qui était à la hauteur de tout ce que l'on pouvait trouver à travers le monde. On a établi un partenariat avec l'université de Cornell pour la mise en place de ce centre. Aujourd'hui, c'est un des centres les plus importants pour l'enseignement sur le développement des végétaux à travers le monde et la sélection des végétaux à travers le monde.

En quinze ans, nous avons cinq doctorants qui travaillent dans une quinzaine de pays à travers le continent. Ils ont produit plus de 200 variétés qui sont à différents niveaux d'utilisation dans les exploitations à travers le continent. Nos étudiants ont pu recueillir plus de 57 millions de dollars pour leurs recherches. Cela montre bien la qualité de l'enseignement sur la sélection des végétaux en Afrique. Je voudrais féliciter la Banque mondiale qui a mis un certain espoir dans cet enseignement par rapport à la sélection des végétaux. Il y a à peu près quinze ans, l'Afrique avait tourné le dos à cet enseignement et c'est quelque chose de lamentable. Si vous voyez tous les pays qui ont avancé en matière d'agriculture, c'est grâce à l'éducation de qualité. En l'absence de la loi sur (inaudible) grant en Amérique, on ne saurait pas où nous en sommes aujourd'hui. Regardez le Brésil. Le Brésil a envoyé des étudiants à l'université d'Iowa pour apprendre, acquérir les compétences qui ensuite ont permis au Brésil de développer la culture du soja. Et c'est ce que nous faisons dans notre centre aujourd'hui au Ghana.

Grâce à une recherche détaillée et pointilleuse, nous avons pu produire trois variétés hybrides de maïs qui produisent entre neuf et onze tonnes par hectare et même dans les zones de climat plus difficiles du Ghana. On ne peut pas produire plus de six tonnes par hectare. Et pourquoi ? Parce qu'ils utilisent des variétés qui ne devraient pas utiliser. En 1986, au moment où je faisais mes études de maîtrise, je disais que les variétés qu'on utilisait devaient être changées, qu'on devait leur apporter de nouvelles variétés qui leur permettraient d'avoir les rendements attendus. Et c'est ce que nous faisons. La COVID 19 est peut-être un moment ponctuel, ce n'est pas un moment qui menace notre existence, mais il peut y avoir d'autres pandémies. Mais les enseignements que nous avons tirés de la situation de la COVID 19, c'est que nous ne sommes pas obligés d'aller chercher en dehors de l'Afrique les semences que nous cultivons en Afrique. C'est ridicule de penser qu'aujourd'hui, on n'a pas la capacité d'utiliser nos propres semences alors que nous avons des institutions qui sont de même valeur qu'ailleurs dans le monde.

On parle de changement climatique et de conflits. Ce sont des choses qui vont être là pour toujours. Mais nous devons commencer à traiter du changement climatique et cela dépend de la sélection des végétaux. Ce que vous faites, vous devez chercher les variétés appropriées ou les élaborer, les développer et les mettre à la disposition des agriculteurs. Et c'est là où il faut une recherche pointilleuse pour le faire.

[Lerato Mbele]

Nous avons peu de temps. Merci de votre présentation. Nous sommes en retransmission et nous allons perdre la transmission. Je voudrais vous remercier de vos présentations. Nous sommes reconnaissants de ce qui a été dit pour vous, Messieurs les Ministres Ramilasan, Dunquah, merci, Monica Musonda, merci et la ministre Jeanine Cooper, merci beaucoup. Mais alors qu'ils prennent congé, je vais vous révéler les résultats du sondage. La question et quel secteur encouragera la croissance économique régionale ? Technologie 30 % avaient dit oui à agriculture, 45 % ont dit oui. Finance et ça, c'est un résultat intéressant. 4,6 % ont dit oui. Vous pensez que les services financiers sont utiles et éducation pratiquement 10 %, énergies 10 %. Donc tout le monde pense que la véritable chose importante pour l'Afrique, c'est l'agriculture. Tout du moins ce sont là les résultats du sondage. Merci beaucoup. Et donc, alors que vous prenez congé, je voudrais inviter le vice-président de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et du Centre et de l'Afrique de l'Est et du Centre de présenter leurs réflexions suite au débat d'aujourd'hui.

[Lerato Mbele]

Vous pouvez continuer à voir cette conversation en ligne – Africa Sor. Et Victoria et Ousmane c’est à vous. Quelles sont vos réflexions suite à la conversation que nous avons eue sur les personnes, la planète, la durabilité et la responsabilité budgétaire ?

[Ousmane Diagana]

J’irai très vite. Je vais commencer par remercier les ministres et tous les éminents membres du panel de leurs aperçus. Cela a été une excellente conversation. Mais il ne faut pas nous limiter au débat, il faut assurer un suivi. Mais là, vous pouvez compter sur nous. Conclusion, il sera important tout d'abord que nous consolidions l'appui aux populations pour les rendre encore plus résilients. On a entendu parler le ministre des Finances du Niger et dire que malgré la fragilité et la vulnérabilité, la population a manifesté sa résilience. C'est là un élément très important. Deuxièmement, Vitoria en a parlé à travers le continent, on voit la créativité des jeunes, leur capacité à innover et il est très important de tirer parti de cela à l'avenir. Troisièmement, en ce moment de crise, nous devons continuer nos réformes, non seulement pour asseoir les progrès réalisés et créer davantage d'espace budgétaire, mais également de contribuer et de jeter les bases d'un contexte propice pour permettre au secteur privé d'investir davantage et de mieux investir. Quatrièmement, je pense qu'il serait également très important de rendre opérationnelles les stratégies existent, les produits de connaissance récemment préparés dans certains pays et que nous allons continuer à développer, tels que le CCDE et les stratégies d'éducation, les stratégies de santé d'eau, et cetera. Et enfin, il serait très important de concrétiser la vision et l'ambition établies par les dirigeants africains. Le ministre du Rwanda a parlé de l'accord de libre-échange pour l'Afrique. C'est un excellent cadre qui permettra au pays d'aller de l'avant et de surmonter les crises actuelles, mais de créer les conditions du développement et de la stabilité futurs. Merci

[Lerato Mbele]

Victoria.

[Victoria Kwakwa]

Merci beaucoup. Je voudrais également dire merci beaucoup au ministre et aux membres du panel pour ce partage de votre expérience. Je suis d'accord avec tout ce qu’Ousmane a dit. Je voudrais ajouter un ou deux éléments. Une principale conclusion de ces événements, c'est que l'Afrique peut et doit être plus autonome. Qu'il s'agisse de la production alimentaire nationale, de la production d'engrais, qu'il s'agisse de produits pharmaceutiques en réponse à la COVID, qu'il s'agisse de recherche, de production de semences. Nous pouvons en faire davantage pour nous-mêmes. Donc tout ne doit pas venir du monde extérieur et je pense que c'est là une conclusion très importante et nous le faisons, qu'il s'agisse dans les centres d'excellence qu'il s'agisse de ce que fait le secteur privé, qu'il s'agisse de ce que le ministre du Rwanda a mentionné. Les coentreprises avec Biotech pour établir le premier centre de production de vaccins à ARN modifiée au Rwanda, nous devons en faire davantage et ne pas dépendre tellement de l'appui externe dans la lutte contre l'inflation, c’est de la plus haute importance. Et les pays doivent y travailler d'arrache-pied avec l'appui de nous et d'autres. Et bien entendu à ce niveau-là, la gestion budgétaire est très importante, la bonne gestion des recettes est importante. Et je voudrais parler de l'exemple du Botswana qui a une expérience de longue date et qui a bien fait cela avec les diamants et cela a été très utile pour eux. Et je pense que nous pouvons tous apprendre de la façon dont le Botswana a su gérer ces recettes. La hiérarchisation requise et le suivi des finances publiques et des résultats apportés par ces finances publiques. Nous avons également entendu certains commentaires sur le commerce. Les échanges font partie de la solution, doivent faire partie de la solution. Nous pouvons être plus autonomes, mais ça ne veut pas dire que nous avons des échanges commerciaux. Nous avons des échanges commerciaux internes ou externes et à cet égard, toute une approche fondée sur toute la chaîne de valeur. Lorsqu'il s'agit de considérer les défis de l'agriculture plutôt qu'il s'agit de considérer seulement un élément, que ce soit la production, le stockage, le marketing. Non, c'est toute la séquence de la production qui est importante. Et enfin, comme mon collègue l'a dit, le secteur privé, nous avons entendu parler de l'importance du secteur privé qui serait une partie conséquente de la solution. Ce ne sera pas un fardeau qui devrait être supporté par les gouvernements. Écoutez Lareto, vous avez commencé par parler de messages sur le soleil. Eh bien, il y a beaucoup de soleils que nous avons vus ce matin. Je voudrais également. Je vois mon ministre du Rwanda qui me rappelle que sur le front numérique, le Rwanda développe son programme d'ambassadeurs numériques. C’est un programme à l'échelle nationale pour former tout le monde, pour renforcer l'apprentissage du numérique, ce qui est très important pour faire plus de progrès en matière du programme numérique. Merci beaucoup. Nous avons dit que nous pouvions faire des choses pour nous-mêmes et avec l'aide des autres. Merci.

[Lerato Mbele]

Merci de nous avoir accueillis et d'avoir permis à tous ces experts de partager leur expertise. Et permettez-moi de réitérer les enjeux pour le continent africain. Il me semble que nous connaissons les problèmes et nous comprenons également ce que devraient être les solutions. Et donc, comme Nike le dit « maintenant, faisons-le. »

Merci. Merci Nadia. Donc en plus, les paroles de John C. Maxwell, il a dit « un leader ne touche pas d'abord la main de celui qui le suit. Il touche les cœurs. » Donc peu importe ce que vous allez faire pour le continent africain, assurez-vous que vous sachiez toucher les cœurs de votre population. Je pense que vous pouvez le faire. La volonté existe et nous vous remercions de votre temps.

00:00 Allocution d'ouverture
08:38 Perspective de l'Afrique et du monde
35:54 Perspectives de reprise économique
1:08:44 Sécurité alimentaire, résilience et innovation en Côte d'Ivoire
1:11:05 Transformer les systèmes alimentaires pour une Afrique prospère
1:39:38 Remarques de clôture

RESSOURCES UTILES

Intervenants

Modératrice