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Transcription

  • 00:00 [Musique entraînante]
  • 00:31 Bonjour tout le monde,
  • 00:32 merci de vous joindre à nous au QG de la Banque mondiale à Washington D.C.
  • 00:37 pour les Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.
  • 00:41 Je suis votre hôte.
  • 00:42 Répondre aux chocs mondiaux et répondre aux incertitudes :
  • 00:46 une conversation avec le président du Groupe de la Banque mondiale,
  • 00:49 David Malpass et la Directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.
  • 00:55 Ces Réunions de printemps,
  • 00:56 alors que nous sommes en crise, se focalisent sur les actions que les pays
  • 00:59 peuvent entreprendre pour répondre et développer des systèmes résilients
  • 01:04 à long terme pour lancer le programme public.
  • 01:06 Je donne la parole au Président Malpass et à la Directrice Georgieva.
  • 01:14 [Président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass] Merci, bienvenue Kristalina.
  • 01:16 Ce sera l'une des conversations les plus charmantes de la semaine
  • 01:20 parce que nous n'avons pas de script.
  • 01:22 Des crises sont en cours dans le monde.
  • 01:24 Je sais que vous venez de diffuser
  • 01:27 votre prévision des Perspectives économiques mondiales (GEP) cette semaine
  • 01:31 et comment envisagez-vous les choses du point de vue macroéconomique ?
  • 01:34 Je sais également que nous allons parler de l'Ukraine et du besoin d'assurer
  • 01:38 la sécurité alimentaire au niveau mondial et d'autres sujets.
  • 01:41 Mais...le rapport a été diffusé ? [Directrice générale du FMI,
  • 01:44 Kristalina Georgieva] Oui, le rapport a été diffusé et, tout simplement,
  • 01:49 nous sommes confrontés à un recul pour l'économie mondiale,
  • 01:53 parce que les effets de la pandémie ne sont pas achevés,
  • 01:57 la reprise n'est pas complète et en plus, nous avons l'invasion de l'Ukraine
  • 02:02 par la Russie qui est dévastatrice pour la population ukrainienne,
  • 02:06 mais qui affecte également les pays proches et très éloignés.
  • 02:12 Lorsque nous considérons les chiffres,
  • 02:16 les projections de croissance pour cette année, 3,6%,
  • 02:20 ceci comparé à 6,1% en 2021 alors que la reprise commençait à démarrer,
  • 02:29 et ce qui est très préoccupant, c'est que ces effets négatifs de cette guerre
  • 02:37 affectent un grand nombre de pays.
  • 02:40 Nous reclassons à la baisse 143 pays.
  • 02:43 86% du PIB mondial.
  • 02:47 Et en sus, nous avons l'inflation qui se renforce,
  • 02:53 poussée, à présent, par les perturbations de la chaîne d'offre.
  • 03:00 Il faut se souvenir que la Chine
  • 03:02 a fermé certaines grandes villes du fait de la pandémie.
  • 03:05 Mais dans une large mesure,
  • 03:07 l'inflation est due au prix des denrées alimentaires,
  • 03:11 au prix du carburant et certains des métaux,
  • 03:15 dont les prix ont augmenté. Le prix des engrais a augmenté aussi,
  • 03:18 et c'est là un moment difficile d'avoir
  • 03:23 la croissance qui se ralentit
  • 03:25 alors que nous voulons qu'elle s'améliore
  • 03:27 et l'inflation qui se renforce alors que nous voulons la voir diminuer.
  • 03:31 Si vous traduisez ceci en termes humains, qu'est-ce que cela veut dire ?
  • 03:36 Les revenus des individus sont à la baisse.
  • 03:38 Les difficultés pour les ménages augmentent.
  • 03:41 Dans ce contexte,
  • 03:42 nous reconnaissons également que nous avons deux autres problèmes.
  • 03:46 Tout d'abord, le risque de fragmentation.
  • 03:51 Si nous voulons évoluer dans un monde,
  • 03:57 où nous avons des systèmes de paiement distincts
  • 04:00 pour différents groupes de pays,
  • 04:03 différentes compositions des systèmes de réserve, moins de commerce,
  • 04:07 nous savons que ceci va appauvrir le monde
  • 04:12 et en considérant ce qu'il se passe cette année et l'an prochain,
  • 04:16 nous reconnaissons que ceci se produit dans un contexte d'incertitude extrême.
  • 04:22 La guerre pourrait s'aggraver.
  • 04:25 Les sanctions pourraient se renforcer.
  • 04:27 La Covid pourrait affecter le monde entier à nouveau,
  • 04:31 et nous savons que nous pouvons avoir des chocs qui provoquent
  • 04:36 des problèmes agricoles, des problèmes liés aux récoltes.
  • 04:39 Et pour les décideurs de politiques économiques,
  • 04:43 c'est très difficile, et donc cette semaine
  • 04:45 est très importante pour que nous nous mettions d'accord.
  • 04:48 C'est exact, dit le président.
  • 04:50 Et je sais que vous considérez le même monde,
  • 04:52 mais vous mettez davantage l'accent sur les pays à faible revenu,
  • 04:56 et je serai très intéressée d'entendre comment vous percevez les problèmes
  • 05:02 du prix des denrées alimentaires et des combustibles
  • 05:09 pour les pays à revenu intermédiaire et à faible revenu.
  • 05:12 [David Malpass] Pour les pays plus pauvres les connexions sont directes
  • 05:15 parce qu'ils dépensent trop de revenus sur les denrées alimentaires
  • 05:18 et donc l'augmentation des prix les affecte davantage.
  • 05:21 Je pense que le monde doit se focaliser sur les aspects économiques,
  • 05:25 bien entendu, nous espérons que la paix va se rétablir et que la guerre prenne fin,
  • 05:33 et que certaines de ces crises seront allégées.
  • 05:37 Mais pendant que ces crises se produisent,
  • 05:39 il faut que nous nous intéressions au renforcement des chaînes d'offre.
  • 05:43 Je suis préoccupé par les prévisions que vous avez citées,
  • 05:48 et de la même façon,
  • 05:51 nous étudions le ralentissement, par rapport à 2021, qui est assez conséquent.
  • 05:56 Si nous pouvons combiner nos efforts,
  • 06:00 les efforts du monde entier, pour produire davantage, davantage d'énergie,
  • 06:04 davantage d'engrais, davantage de denrées alimentaires
  • 06:08 au moment où le monde en a besoin et dans plus d'endroits dans le monde,
  • 06:12 dans les pays les plus pauvres,
  • 06:14 des agriculteurs veulent produire leurs propres récoltes,
  • 06:19 et leur permettre d'avoir accès aux engrais est important.
  • 06:22 Nous essayons
  • 06:24 d'offrir une approche et d'apporter des appuis ciblés.
  • 06:29 Pour les agriculteurs qui ne peuvent pas avoir d'engrais,
  • 06:32 il pourrait y avoir un appui de revenu
  • 06:35 pour les aider à acquérir les engrais avec un coupon.
  • 06:39 C'est un programme efficace car ils peuvent produire leurs récoltes,
  • 06:43 ce qui aide leurs familles et d'autres personnes au sein de leur communauté.
  • 06:47 Donc, certains volets peuvent avoir des solutions communautaires.
  • 06:51 Mais les économies avancées doivent également redoubler d'efforts
  • 06:55 avec de l'aide alimentaire.
  • 06:57 Ce qui est encore plus important avec la production alimentaire,
  • 07:00 la production d'engrais est avant tout un élément central,
  • 07:04 c'est le problème de la production énergétique,
  • 07:06 alors que le monde cherche à s'écarter des combustibles russes.
  • 07:13 Je reviens de Pologne et de Roumanie
  • 07:17 et je suis préoccupé parce que le défi de la crise énergétique est énorme.
  • 07:23 Ces pays sont affectés
  • 07:24 parce qu'ils étaient considérablement dépendants du gaz naturel russe.
  • 07:30 [Kristalina Georgieva] Eh bien, c'est très difficile pour ceux qui sont,
  • 07:33 soit plus intégrés avec l'Ukraine et la Russie,
  • 07:37 ou alors qui dépendent davantage des exportations russes et ukrainiennes.
  • 07:42 Nous voyons que dans le voisinage,
  • 07:48 l'Asie centrale, le Caucase, la Moldavie,
  • 07:52 tous ces pays sont considérablement affectés et par diverses voies.
  • 07:56 Les prix de l'énergie ont augmenté,
  • 07:58 mais aussi les transferts financiers qui disparaissent.
  • 08:01 Ceux qui s'appuyaient
  • 08:02 sur le fait qu'ils travaillaient en Russie pour alimenter leurs familles,
  • 08:06 nous voyons...
  • 08:09 ...que pour l'Europe qui dépend davantage de l'énergie russe,
  • 08:12 bien entendu, les effets sont plus graves. Et ceci affecte
  • 08:18 la réduction des projections à la baisse pour certains pays.
  • 08:21 Mais cela affecte des pays beaucoup plus reculés.
  • 08:24 Considérez par exemple le Liban. C'est un pays dévasté.
  • 08:29 Ils importent l'essentiel de leur blé et de leur maïs
  • 08:33 de la Russie et de l'Ukraine.
  • 08:35 Comment les gens vont-ils faire face à leurs besoins ?
  • 08:39 Et là, je suis d'accord avec vous,
  • 08:42 nous devons reconnaître que les effets sont plus difficiles pour ceux
  • 08:47 qui étaient plus à la traîne dans la reprise.
  • 08:50 Et nous avons vu quelque chose de très préoccupant,
  • 08:54 le calendrier pour les marchés en développement
  • 09:00 et les économies avancées
  • 09:02 pour revenir à la production d'avant 2019, cela s'est étendu davantage à l'avenir.
  • 09:07 D'ici à 2026, les marchés émergents et les pays en développement
  • 09:11 seront encore 6% en dessous de leurs projections de 2019.
  • 09:17 Les économies avancées ont une obligation morale,
  • 09:22 mais il y va de leur propre intérêt de générer
  • 09:25 davantage d'opportunités, davantage de croissance et, bien entendu,
  • 09:28 d'appuyer sur le plan financier les pays les plus vulnérables.
  • 09:32 [David Malpass] Une préoccupation c'est le recul
  • 09:34 accusé dans le secteur de l'éducation. Les écoles ont été fermées
  • 09:39 dû à la pandémie, et les données illustrent clairement
  • 09:42 le fait que... il y a eu des reculs
  • 09:47 dans les taux d'alphabétisation et d'apprentissage.
  • 09:51 Nous avons des chiffres, que nous avons suivis,
  • 09:55 et nous sommes préoccupés car plus de 70% des enfants
  • 10:00 des pays à faible revenu
  • 10:03 ne savent pas lire un texte élémentaire à l'âge de dix ans.
  • 10:07 Les taux d'alphabétisation se sont réduits
  • 10:11 et c'est très difficile à récupérer et donc cela va affecter le monde entier.
  • 10:15 Des enfants qui savent lire est une ressource mondiale,
  • 10:19 on y travaille.
  • 10:20 [Kristalina G.] Voyez-vous une différence entre les garçons et les filles ?
  • 10:23 [David M.] Eh bien, lorsque les mesures barrières se sont produites,
  • 10:28 cela a affecté les garçons et les filles.
  • 10:29 Mais alors que les écoles ouvrent à nouveau,
  • 10:32 une tendance est que les filles
  • 10:34 ne reviennent plus à l'école et donc la situation est très grave.
  • 10:38 Les filles étaient parfois déjà exclues
  • 10:40 de l'enseignement supérieur et maintenant elles ne sont plus réinvitées.
  • 10:45 Et ceci, bien entendu, est un grave problème en Afghanistan.
  • 10:48 Mais c'est un problème qui affecte beaucoup de pays en développement.
  • 10:52 Je voulais...
  • 10:55 ...revenir sur la question des accès aux marchés.
  • 10:58 L'une des questions les plus importantes
  • 11:00 que pourraient entreprendre les économies avancées
  • 11:02 en faveur des économies en développement,
  • 11:04 c'est d'offrir davantage d'accès aux marchés.
  • 11:06 J'espère que, alors que nous relevons le défi de la crise alimentaire...
  • 11:10 enfin, j'aimerais voir des communiqués
  • 11:13 provenant des économies avancées, sur le fait qu'ils ont ouvert tel marché
  • 11:17 ou tel autre marché à davantage de concurrence
  • 11:21 des pays en développement.
  • 11:23 J'étais au Sénégal il y a deux semaines et ils ont des arachides.
  • 11:30 Mais leur principal client pour les arachides,
  • 11:32 c'est la Chine, à l'autre bout du monde
  • 11:34 et donc ils ont beaucoup d'arachides supplémentaires
  • 11:38 qui pourraient être vendues aux États-Unis
  • 11:41 et en Europe s'ils avaient accès aux marchés.
  • 11:43 Et donc j'aimerais focaliser les économies avancées dans ce sens là.
  • 11:47 Qu'en pensez vous ?
  • 11:48 [Kristalina Georgieva] Je suis d'accord,
  • 11:50 et c'est un excellent thème pour nous de nous appuyer
  • 11:53 sur l'excellente coopération que nous avons lancé du fait de la pandémie.
  • 11:58 Lorsque l'Organisation mondiale du commerce s'est étendue pour dire,
  • 12:02 il y a des façons pour renforcer la croissance dans les pays
  • 12:08 qui ont de graves difficultés à faire face, en ouvrant les marchés
  • 12:12 et en autorisant la circulation davantage de produits.
  • 12:18 Je suis d'accord avec vous
  • 12:20 dans l'ensemble, et vous avez vu ça dans vos données.
  • 12:23 Cette pandémie a créé cette divergence dangereuse,
  • 12:26 cet écart entre les économies avancées et certains marchés émergents,
  • 12:30 avec des conditions de base plus solides et le reste du monde.
  • 12:33 Et c'est un problème sur le plan économique,
  • 12:36 c'est un problème sur le plan social,
  • 12:38 mais c'est un problème également du point de vue sécuritaire.
  • 12:44 Il est très préoccupant de voir la corne de l'Afrique, le Sahel...
  • 12:52 ...certaines autres régions qui sont affectées
  • 12:56 par la croissance de l'insécurité et la violence commise par les gangs armés
  • 13:02 ou des combats locaux et des petites guerres.
  • 13:05 Donc, lorsque nous parlons de l'Ukraine,
  • 13:07 qui bien entendu est la situation la plus tragique
  • 13:10 aujourd'hui, nous ne devons pas oublier
  • 13:13 qu'il y a d'autres endroits au monde ou l'insécurité est croissante.
  • 13:17 [David Malpass] Oui, précisément, et nous devrions parler de l'Ukraine.
  • 13:22 Nous aurons une rencontre importante jeudi ou nous allons parler
  • 13:26 avec le Premier ministre de l'Ukraine et le ministre des Finances sera présent.
  • 13:31 Certains pays qui appuient l'Ukraine seront présents également, et nous espérons
  • 13:36 à la fois apporter de l'aide alors qu'ils cherchent à survivre...
  • 13:45 ...à leurs difficultés, de l'assistance par exemple
  • 13:48 aux travailleurs dans les hôpitaux, et la Banque mondiale
  • 13:53 a apporté une réponse immédiate assez rapide.
  • 13:56 Mais nous considérons également...
  • 14:00 ...comment pouvons-nous développer une phase de reconstruction efficace ?
  • 14:05 Vous êtes née en Bulgarie, et vous comprenez
  • 14:08 qu'il est difficile d'aller de l'avant dans une nouvelle économie.
  • 14:11 Avez-vous des réflexions sur la reconstruction en Ukraine ?
  • 14:15 [Kristalina G.] Nous avons eu un excellent appel avec le président Zelenski ce week-end,
  • 14:19 nous avons parlé de deux choses : comment nous assurer que l'économie fonctionne,
  • 14:23 dans la mesure du possible, pendant que la guerre continue de faire rage ?
  • 14:27 Et deuxièmement, comment créer
  • 14:34 un itinéraire clair pour assurer la reconstruction du pays ?
  • 14:37 Pour ce qui est du fonctionnement économique, je voudrais féliciter
  • 14:40 l'équipe économique de l'Ukraine pour ce qui est des aspects macroéconomiques.
  • 14:46 Ils ont fait une tâche exemplaire.
  • 14:47 Ils ont maintenu les paiements des services sociaux, des salaires.
  • 14:51 Ils ont cherché à récupérer un fonctionnement normal
  • 14:56 de l'économie dès que l'opportunité se présente.
  • 14:58 J'ai de la famille en Ukraine à Kharkiv,
  • 15:01 et ils m'ont dit quelque chose que j'ai partagé avec le président,
  • 15:10 qu'à présent,
  • 15:12 ils plantent des arbres et des fleurs et nettoient les quartiers
  • 15:17 où les bombardements n'ont pas lieu.
  • 15:19 Pourquoi ?
  • 15:20 Et bien, ils veulent assurer un sens de vie normal pour la population.
  • 15:27 Du lait, du fromage commencent à apparaître à nouveau.
  • 15:31 Donc il est important pour tout ceux qui nous écoutent
  • 15:35 de reconnaître que la guerre est présente, certes,
  • 15:39 mais il y a également d'autres sections du pays
  • 15:41 où les gens vont au travail.
  • 15:43 Les agriculteurs continuent d'apporter des intrants qui sont critiques
  • 15:49 pour le pays et nous avons pour responsabilité
  • 15:52 que d'appuyer l'Ukraine pendant les mois à venir.
  • 15:56 Nous parlons de ce que cela représente en termes de financement.
  • 16:01 Comme vous le savez, nous avons apporté 1,4 millions de dollars
  • 16:05 en financement d'urgence pour nous assurer qu'il y ait ce tampon pour l'Ukraine,
  • 16:09 mais davantage sera nécessaire.
  • 16:11 Et ce serait un excellent investissement au cours des quelques mois à venir
  • 16:17 que de donner à l'économie la possibilité de fonctionner
  • 16:20 et d'empêcher que l'inflation augmente en flèche,
  • 16:24 que l'on n'imprime des billets simplement pour payer les salaires,
  • 16:28 pour empêcher le risque que les gens deviennent désespérés
  • 16:31 parce que la guerre continue et qu'il n'y a aucune fin en vue.
  • 16:36 Ensuite, il y a votre question, je suis enchantée que nous parlions
  • 16:39 parce que la Banque mondiale est l'institution qui sera responsable
  • 16:45 d'être chef de file en matière de reconstruction.
  • 16:47 Le Fonds va faire tout ce qu'il pourra
  • 16:49 pour appuyer la balance des paiements,
  • 16:51 pour apporter des dispositions budgétaires efficaces
  • 16:55 et assurer la qualité des dépenses.
  • 16:57 Mais pour vous,
  • 16:58 il s'agira de ré-imaginer l'avenir aux côtés des responsables ukrainiens
  • 17:04 et de dire, voici un pays qui certes, a été détruit considérablement,
  • 17:12 mais il est à même de se reconstruire à l'avenir
  • 17:15 non pas de reconstruire intégralement
  • 17:18 ce qui était là par le passé peut être, et s'intégrer dans l'économie européenne
  • 17:24 avec l'idée que les gens développent leurs compétences, lancent leurs activité,
  • 17:28 ceci pour pouvoir faire partie de cette communauté économique plus large.
  • 17:32 Mon pays est passé par cela en se joignant à l'Union européenne
  • 17:36 et cela a été un succès remarquable.
  • 17:41 [David Malpass] J'étais en Pologne,
  • 17:45 ils ont connu un processus qui a commencé dans les années 70 et 80,
  • 17:48 d'essayer de s'organiser pour l'avenir, même en période communiste.
  • 17:53 Et ça devient important, quel est le plan
  • 17:55 et dans quelle mesure est-il basé sur cette structure de marché ?
  • 17:59 Ils ont pu assurer une stabilisation de leurs devises
  • 18:03 et je sais que pour la Bulgarie, c'était un élément important du succès
  • 18:07 et ce sera un des défis pour l'Ukraine.
  • 18:11 Je pense également que le fardeau de la dette est quelque chose
  • 18:15 qu'il faudra réduire considérablement et ce sera un élément à prendre en compte.
  • 18:21 Et les systèmes d'offre pour ainsi dire:
  • 18:29 comment le secteur agricole et le cadastre
  • 18:33 permettent au secteur agricole de fonctionner ?
  • 18:35 Nous pensons que l'infrastructure jouera un rôle très important parce que les gens
  • 18:40 oublient l'importance de la logistique pour les agriculteurs,
  • 18:44 qui doivent transporter leurs récoltes vers les marchés.
  • 18:48 Et maintenant la mer Noire est fermée
  • 18:51 et cela provoque un obstacle pour le monde entier.
  • 18:55 Kristalina,
  • 18:56 passons maintenant à un autre sujet
  • 18:58 qui est pertinent dans ce contexte, deux des défis
  • 19:03 auxquels nous sommes confrontés, c'est l'augmentation des taux d'intérêt
  • 19:07 à un moment où les niveaux d'endettement sont élevés,
  • 19:09 et je suis préoccupé par les iniquités qui s'aggravent dans le monde.
  • 19:15 Ce que nous voyons,
  • 19:16 c'est que les économies avancées peuvent emprunter des quantités énormes d'argent,
  • 19:21 ce qui réduit les montants disponibles sur les marchés de capitaux mondiaux.
  • 19:26 Cela contribue à la demande, mais non pas à l'offre,
  • 19:29 donc cela ne fait qu'augmenter l'inflation
  • 19:32 ou la réalité de l'inflation à laquelle nous sommes confrontés.
  • 19:35 Les banques centrales elles-mêmes, je pense, contribuent à cela.
  • 19:40 Leur outil, c'est d'augmenter les taux d'intérêt,
  • 19:43 mais cela ne fonctionne pas pour ceux qui essayent d'emprunter.
  • 19:47 Cela fonctionne pour ceux qui ont emprunté
  • 19:50 et qui ont des taux fixes pour des échéances très longues.
  • 19:55 Mais ceux qui entrent sur les marchés maintenant auront des difficultés.
  • 19:58 Dans ce contexte, il est important que les banques centrales
  • 20:01 utilisent davantage d'outils, pas uniquement l'outil des taux d'intérêt.
  • 20:05 Et en même temps, les économies avancées
  • 20:07 doivent alléger leurs emprunts sur les marchés de capitaux mondiaux.
  • 20:12 Et donc je demande aux économies avancées de réfléchir à assurer davantage l'offre
  • 20:17 et permettre qu'il y ait davantage accès aux marchés, mais également d'ajuster
  • 20:21 leurs politiques dans une certaine mesure,
  • 20:23 de sorte qu'ils contribuent moins à ces iniquités.
  • 20:28 [Kristalina Georgieva] Le message que nous avons communiqué par notre publication,
  • 20:34 Perspectives économiques mondiales (GEP), est que l'inflation, pour la plupart
  • 20:39 des pays, est un danger immédiat, et donc, qu'il faut prendre des mesures,
  • 20:44 faute de quoi, nous savons que lorsqu'il existe
  • 20:47 l'instabilité des prix, c'est négatif pour la croissance.
  • 20:51 Mais comment le faire ?
  • 20:54 Il ne faut pas trop refroidir le redressement
  • 20:58 et il faut gérer les attentes
  • 21:01 dans les pays en développement qui sont encore à la traîne.
  • 21:05 Il faut gérer la situation et il sera difficile de répondre à ce dilemme.
  • 21:12 Et je crois qu'il faut voir comment aller de l'avant
  • 21:16 d'une façon qui soit clairement communiquée
  • 21:20 et minimise le risque de reflux pour les marchés émergents.
  • 21:26 Jusqu'à présent, il n'y a pas eu de grand tirage de capitaux
  • 21:32 de la part des pays émergents.
  • 21:33 Nous n'avons pas non plus vu une poussée des taux d'intérêt.
  • 21:38 Mais je suis préoccupée car je pense
  • 21:40 que cela pourrait devenir un problème qui va nous frapper tous.
  • 21:45 Qu'y faire ?
  • 21:46 Et bien, les marchés émergents doivent mettre en place
  • 21:52 des réformes qui les rendent plus attrayants.
  • 21:55 Quelle est la leçon de la pandémie ?
  • 21:58 Ceux qui avaient des fondamentaux solides ont mieux résisté à la crise,
  • 22:05 comme s'ils étaient infectés par un virus
  • 22:09 et qu'ils avaient un système immunitaire solide, ils ont pu mieux y résister.
  • 22:16 N'évitez surtout pas de réformer le marché du travail.
  • 22:22 Veillez à ce que si vous utilisez des subventions,
  • 22:26 elles soient parfaitement bien ciblées ainsi que votre secteur privé
  • 22:30 puisse s'épanouir à l'échelle du pays, pour pousser, booster la croissance,
  • 22:36 et attirer davantage de capitaux de l'extérieur.
  • 22:39 [David Malpass] Nous avons travaillé ensemble pour renforcer la transparence,
  • 22:42 particulièrement dans les pays en développement.
  • 22:45 Mais je pense que cela s'applique à tous, même dans les économies avancées
  • 22:50 qui souscrivent une dette alors qu'on ne sait pas très bien
  • 22:53 à quoi sert cet endettement.
  • 22:55 Dans les pays en développement,
  • 22:57 nous devons absolument trouver la façon d'obtenir des garanties par la dette.
  • 23:05 La préoccupation est qu'il y ait des clauses
  • 23:08 de non-divulgation, des clauses de confidentialité
  • 23:13 dans les accords de prêts et cela crée des incitations
  • 23:18 dans le pays pour faire les choses de façon moins transparente.
  • 23:22 Si nous voulons surmonter les crises, il faut que nous formions
  • 23:25 des principes de dettes qui comprennent davantage de transparence,
  • 23:31 davantage d'investissements qui soient calqués sur ce que vous décrivez.
  • 23:38 [Kristalina Georgieva] La question de la dette
  • 23:40 depuis le début de la pandémie nous préoccupe.
  • 23:43 Vous avez été la voix la plus forte
  • 23:45 pour qu'il y ait une initiative de suspension du service de la dette,
  • 23:50 et je suis d'ailleurs très fière d'y avoir participé.
  • 23:55 Le problème ne fait que s'aggraver pour pas mal de pays
  • 23:58 et les outils pour juguler la crise sont en train de disparaître.
  • 24:04 L'initiative de suspension du service de la dette a pris fin.
  • 24:10 Il y a un potentiel, certes,
  • 24:12 mais comme nous l'avons souvent dit, à plusieurs reprises,
  • 24:18 nous avons besoin d'un processus prévisible ou lié à un cadre en place,
  • 24:24 et d'incitations, pour que les pays eux mêmes, agissent.
  • 24:34 On a parlé aussi d'élargir les initiatives de suspension.
  • 24:39 Je me suis rendue compte que, simplement, sur la base de ce que nous avons convenu,
  • 24:47 nous n'avons pas encore atteint le résultat escompté.
  • 24:50 Il faut donc que les pays s'expriment de plus en plus fort, haut et fort.
  • 24:55 Et si nous ne voulons pas qu'il y ait un surendettement grave des pays,
  • 25:00 qui bien sûr, dans ce cas là, cesseraient de rembourser leur dette,
  • 25:04 il faut voir les choses de façon sérieuse, vraiment sérieuse.
  • 25:10 [David Malpass] La Banque est devant la perspective d'une augmentation
  • 25:13 des taux d'intérêt et les pays ont pas mal de dettes à taux flottant.
  • 25:20 Et ceci me ramène d'ailleurs à vos commentaires précieux,
  • 25:23 nous ne connaissons pas les contrats d'endettement.
  • 25:27 Mais dans le cas de taux d'intérêt flottant,
  • 25:30 on perd la capacité pour la Banque mondiale
  • 25:33 de permettre aux pays de la convertir en dette à taux fixe.
  • 25:37 Nous avons eu quelques succès l'an dernier,
  • 25:41 certains pays ont pu le faire pour leur dette à long terme.
  • 25:46 Cela a aidé quelque peu.
  • 25:48 Nous utilisons et nous offrons des flux positifs nets
  • 25:53 pour aider les pays dans leur situation.
  • 25:56 Cela nous permettra alors de nous concentrer davantage sur le secteur privé,
  • 26:00 qui a émis énormément de dette et qui n'est pas en bonne position.
  • 26:06 Tenant compte de l'environnement actuel, il faudra de l'allègement,
  • 26:10 certains des créanciers officiels devront participer.
  • 26:17 Et alors que les taux d'intérêt augmentent,
  • 26:19 cela ne fait qu'aggraver l'urgence face à laquelle nous nous trouvons.
  • 26:26 [Kristalina Georgieva] À l'heure actuelle, nous avons environ 40 programmes,
  • 26:29 et nous avons déjà pas mal d'indications
  • 26:32 que les pays ont besoin d'élargir ces programmes,
  • 26:36 car ils sont durement frappés en raison de la crise ukrainienne.
  • 26:43 Et comme vous,
  • 26:44 nous avons changé la priorité d'accorder maintenant la stratégie d'aide à la dette.
  • 26:53 Il faut que les pays puissent être à jour
  • 26:57 pour ce qui est de leurs obligations de service de la dette.
  • 27:00 J'espère beaucoup que cette semaine,
  • 27:04 nous allons attirer l'attention sur le problème qui existe.
  • 27:07 [David Malpass] D'ailleurs, la semaine vient à peine de commencer,
  • 27:11 vous en tirez déjà les conclusions.
  • 27:13 Qu'en est il ?
  • 27:14 [Kristalina Georgieva] Et bien, trois conclusions à mon avis.
  • 27:19 Les ministres, les gouverneurs de banques centrales sont engagés
  • 27:23 et ils sont déterminés à se concentrer sur les gros problèmes.
  • 27:28 L'inflation, bien sûr.
  • 27:30 Comment empêcher d'entraîner des dégâts de l'économie
  • 27:37 par le biais d'actions exagérées ?
  • 27:40 Mais en même temps, il faut empêcher qu'il y ait un ralentissement,
  • 27:44 ce qui entraînerait une inflation que l'on ne peut plus maîtriser.
  • 27:51 Et il y a les effets de retombée également,
  • 27:55 et peut être que, par exemple,
  • 27:57 la secrétaire Yellen parle de retombées pour les pays.
  • 28:02 Vous le savez aussi bien que moi, nous y avons travaillé particulièrement
  • 28:06 en matière de sécurité alimentaire.
  • 28:08 Autre problème, la fragmentation.
  • 28:12 Comment se présenterait le monde s'il se fragmentait ?
  • 28:19 Comment empêcher ces mouvements ?
  • 28:23 Une de mes analyses préférées de la part d'un secrétaire au Trésor au moment
  • 28:28 où on a créé les institutions de Bretton Woods,
  • 28:31 il a dit « La prospérité, tout comme la paix, est indivisible. »
  • 28:36 C'est mon message pour la semaine.
  • 28:39 Nos actions doivent être indivisibles également.
  • 28:44 [Davis Malpass] J'imagine que nous n'avons plus beaucoup de temps,
  • 28:48 mais n'oublions pas qu'il faut qu'il y ait davantage d'offre
  • 28:53 pour les pays développés et les pays en développement.
  • 28:55 Il faut davantage d'outils pour gérer l'inflation et la maîtriser ensemble.
  • 29:00 Il faut reconnaître que la prospérité doit être atteinte par tous.
  • 29:07 Ce devrait devenir un ensemble positif de solutions que tous accepteront.
  • 29:15 Comment y parvenir ? Je ne le sais pas.
  • 29:17 Nous en parlerons cette semaine.
  • 29:19 Merci Kristalina.
  • 29:20 [Kristalina Georgieva] Nous travaillons ensemble David,
  • 29:23 c'est ça l'aspect le plus positif.
  • 29:26 [David Malpass] Oui, nous sommes tout près de mon bureau,
  • 29:28 il suffit de traverser la rue.
  • 29:31 [Kristalina Georgieva] Nous nous sentons unis
  • 29:33 à propos de ce que vous venez de dire et de ce qu'il faut faire : des solutions.
  • 29:37 [David Malpass] En effet, c'est ce que nous devons trouver.
  • 29:39 Je vous remercie.
  • 29:40 [Norayana Fernando] Merci au Président David Malpass,
  • 29:43 à la directrice générale Kristalina Georgieva.
  • 29:47 Vous nous avez dépeint le contexte
  • 29:49 dans lequel se présentent les gros problèmes actuels qui feront l'objet
  • 29:54 de l'attention de tous les leaders qui se réunissent cette semaine.
  • 29:59 Vous pouvez nous retrouver sur le canal en direct du FMI.

Quelles solutions pour affronter les chocs mondiaux et gérer l’incertitude ?

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Une conversation entre la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva et le président du Groupe de la Banque mondiale David Malpass.

Le président du Groupe de la Banque mondiale et la directrice générale du FMI ont donné le coup d’envoi des Réunions de printemps par une discussion consacrée à certains des grands enjeux traités par les dirigeants réunis tout au long de la semaine. Dans un contexte marqué par des niveaux d’endettement élevés, ils ont notamment souligné la nécessité d’une transparence accrue en matière de dette. Et, face à la crise alimentaire, ils ont exhorté les économies avancées à réajuster leurs politiques et à améliorer l’accès aux marchés. David Malpass et Kristalina Georgieva sont aussi revenus sur l'appui financier que leurs institutions respectives ont rapidement mobilisé pour l’Ukraine, avant d’évoquer la manière dont elles pourront soutenir la reconstruction du pays.

 

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