[Musique]
Bonjour et bienvenue à « L'emploi, le chemin de la prospérité ». Veuillez accueillir notre maître de cérémonie pour ce programme, Julia Chatterley.
[Julia Chatterley]
Bonjour à toutes et à tous. Merci d'être avec nous ici dans la salle et sur Internet pour cet événement, « L'emploi, la voie de la prospérité ». Je suis Julia Chatterley. Avant tout, nous voulons entendre ce que vous avez à dire. Veuillez partager vos réflexions à tout moment en utilisant le mot dièse WBGMEETINGS au pluriel. Nous avons aussi des experts en plusieurs langues prêts à répondre à vos questions sur Internet sur live.worldbank.org. Vous pouvez aussi transmettre vos questions dans le chat ou en utilisant les codes QR. Alors pourquoi l'emploi et pourquoi maintenant ? Au cours de la prochaine décennie, 1,2 milliard de jeunes atteindront l'âge de travailler sur les marchés en développement et émergeants. Problème : selon la Banque mondiale, seulement 420 millions d'emplois seront créés au cours de cette même période. Et comme vous le voyez, c'est un déficit considérable. Le défi, c'est faire en sorte que ces jeunes aient accès à des emplois à l'avenir et surtout chez eux. Si on n'y arrive pas, les conséquences seront importantes pour tout le monde. Mais si on est à la hauteur, on peut aider à créer ces emplois, on peut créer des économies fortes, augmenter la demande de biens et de services, tout en remédiant aux causes profondes des conflits et de la fragilité. Nous reconnaissons l'énormité du défi qui est face à nous. La Banque Mondiale a placé la création d'emploi au centre de toute son activité. Aujourd'hui, on va avoir un récit en trois actes concentrés sur l'emploi. D'abord, nous allons entendre la perspective de de jeunes leaders, dont un jeune avocat qui lutte pour le changement. Ensuite, nous allons entendre des décideurs politiques et des investisseurs dans l'acte 2. On va leur parler de ce qui est nécessaire pour la création d'emploi et l'épanouissement économique. Et troisièmement, on aura le président Tharman Shanmugaratnam de Singapour, l'ancienne présidente chilienne Michelle Bachelet, et puis bien sûr, notre président Ajay Banga, avec des discussions avec des jeunes du monde entier. D'abord, nous allons entendre trois récits. On va commencer avec Nonkululeko Nyembezi, présidente du Standard Bank Group en Afrique du Sud. Ensuite, Anthony Tan, PDG de la banque Grab de Singapour, et puis, Christina Williams, une jeune avocate jamaïcaine. Sur ce, nous souhaitons la bienvenue à Nonkululeko Nyembezi.
[Pause]
[Nonkululeko Nyembezi]
Bonjour à toutes et à tous. Je m'appelle Nonkululeko Nyembezi, je suis Sudafricaine et je préside actuellement le groupe Standard Bank. C'est une joie et un plaisir d'être ici pour passer quelques minutes à vos côtés. Pour changer, je vais vous parler d'une réussite. Ce récit va faire intervenir les trois piliers du programme de la Banque mondiale en matière d'emploi, les infrastructures fondatrices, un environnement réglementaire et économique plus lisible et surtout, de mon point de vue, le dynamisme du secteur privé. Je sais que vous êtes nombreux à avoir entendu parler de l'Afrique du Sud, et vous pensez peut-être que les principales exportations de mon pays, ce sont des acteurs et des stars de la musique, peut-être beaucoup de vins. Je ne sais pas si vous y pensez, un bon verre de pinotage. Mais en réalité, nos exportations sont un petit peu ennuyeuses. On exporte surtout des minerais précieux, industriels ou énergétiques, ainsi que des produits manufacturiers. Et cela vous indique probablement que notre économie dépend fortement de la fiabilité et du bas coût de l'électricité. En général, cela fait des décennies, depuis les années 60, qu'on a réussi à en produire. Mais récemment, notre seule entreprise de services publics s'est détériorée, tant que l'électricité en Afrique du Sud est devenue tout sauf prévisible. Quand j’étais PDG de ArcelorMittal Afrique du Sud, le plus grand producteur sur le continent africain, parfois, on nous informait seulement quelques heures à l'avance quand il y allait y avoir une coupure avant que cette coupure se déroule. Pas facile donc de fabriquer de l'acier ou quoi que ce soit d'autre d'ailleurs dans ces conditions. Alors, qu'est-ce qui s'est passé ? Le pays s'est posé deux questions essentielles. La première était la suivante : est-ce que nous pouvions envisager une manière plus intelligente et durable de produire de l'électricité ? Ensuite, on s'est dit qu'on allait se pencher sur les dons naturels du pays comme le soleil et le vent, d'où la réponse des énergies renouvelables. Un autre aspect de notre société et de notre économie, c'est que notre secteur privé est relativement bien développé, de même que nos marchés financiers. Alors, qu'est-ce qu'eux, ils peuvent apporter à la table ? Est-ce qu'ils peuvent renforcer la solidité du secteur de l'électricité et son efficacité sans pour autant faire sauter la banque ? C'est ainsi que notre gouvernement s’est attelé à amender la réglementation de notre pays, avant tout pour introduire un programme d'électricité renouvelable qui s'appelle REIPPP. C'est le Programme des Producteurs Indépendants d'Énergies Renouvelables. C'est un nom à rallonge, mais c'est une idée plutôt élégante. L'idée, c'était de faire venir le secteur privé afin de produire de l'électricité à partir des sources renouvelables et d'alimenter cela sur le réseau. Et ce n'était pas légal à l'époque, donc il a fallu changer la législation. La législation, il a fallu la changer aussi pour permettre au gouvernement de s'approvisionner auprès des producteurs d'électricité grâce à des ventes aux enchères qui donnaient la priorité aux producteurs les moins onéreux, ce qui peut être un peu difficile dans notre partie du monde, mais je ne vais pas entrer dans les détails à ce sujet. Et surtout, il s'agissait aussi de disposer de garanties qui sous-tendent ce programme. Comme ça, ces accords d'achat à long terme étaient sous-tendus par des garanties d'État pour assurer la viabilité de l'investissement. Alors, pour quels résultats ? 13 ans plus tard, on a constaté plus de 13 milliards de dollars de deniers privés dans le programme. Nous disposons désormais de plus de 6 000 mégawatts d'électricité verte et cela continue à s'accroître. Ça va être le cas jusqu'en 2030. Et le tout, sans extraire un seul centime du trésor national. Et force est de constater que c'est à la fois remarquable et inhabituel. Et pour couronner le tout, désormais dans le cadre de son programme de renouvelables, l'Afrique du Sud a l'un des plus faibles coûts énergétiques au monde, 3 centimes américains par kilowattheure. Alors peut-être que vous vous demandez pourquoi je parle d'énergie à un événement qui porte sur l'emploi. Vous n'êtes pas sans savoir que de nos jours, des millions d'Africains ont du mal à accéder à l'électricité avec un iota de la fiabilité nécessaire pour une entreprise ou un entrepreneur. Et lorsque l'électricité est disponible, elle n'est pas très bon marché. Or, de nos jours, sans électricité, pas d'éducation, pas de santé, pas d'outils numériques pour avoir un rôle actif à jouer dans sa propre vie. Nous voulons stimuler des entrepreneurs pour qu'ils créent de l'emploi, mais ils ne peuvent pas décoller s'ils n'ont pas ce qui est une infrastructure de base, l'électricité. Et qu'en est-il de l'emploi lui-même ? Rien que dans le programme énergétique, nous avons créé plus de 82 000 emplois, rien que dans le programme énergétique, avec le bâtiment, l'exploitation, l'entretien. Et c'était aussi l'occasion pour le pays de recommencer à former des apprentis pour produire des services dans le cadre de ce programme, car il fallait effectivement assurer une appropriation locale dans le programme, un programme ouvert à des producteurs partout dans le monde. À l'époque, l'Afrique du Sud ne disposait pas des connaissances et des compétences dans le domaine des énergies renouvelables. Nous avions beaucoup de production de l'électricité au charbon, donc nous avons ouvert ce programme à des producteurs du monde entier. Maintenant, je suis ici en 2025 et il est très clair que l'électricité continuera d'être la base de la poursuite de notre économie et de sa croissance. Si on regarde au-delà de 2025, pour voir ce qui vient par la suite, selon les chiffres d'ici à 2030, on devrait voir plus de 40 % de l'électricité en Afrique du Sud issue de sources renouvelables, alors que c'était 9 ou 10 % il y a une dizaine d'années. Plus de 200 000 emplois auront été créés rien que dans le secteur des énergies renouvelables. Mais si je prends du recul pour me demander ce que nous avons appris, je peux vous dire au niveau personnel que lorsque l'on donne au secteur privé un espace de leadership à la fois dans l'environnement réglementaire et ailleurs, on arrive véritablement à débloquer l'innovation, la productivité, la compétitivité et en définitive, à créer un socle solide pour davantage d'emplois dans l'économie. Si on joue bien le coup, on est mieux préparé à saisir des possibilités qui nous semblaient à l'horizon des possibilités qui maintenant se sont véritablement manifestées chez nous. Ce serait peut-être un petit peu trop évident de le dire, mais à mesure que l'âge de l'intelligence prend ses racines, il est très clair que l'énergie sera une véritable monnaie d'échange. Et d'où est-ce qu'elle va venir l'énergie, vous vous dites ? Je vous souhaite la bienvenue en Afrique du Sud, une terre ensoleillée et vantée. Merci.
[Anthony Tan]
Bonjour à tous. Je m'appelle Anthony. En Asie du Sud-Est, d'où je viens, les gens disent souvent : I'll grab. Ça veut dire qu'ils vont appeler un taxi ou se faire livrer un repas. Mais pour des millions de personnes, Grab, c'est plus que cela. C'est un partenariat. Il s'agit de gagner sa vie, de faire croître son entreprise, de soutenir sa famille. Nous avons lancé Grab il y a 13 ans pour rendre plus sûrs les déplacements en taxi, notamment pour les femmes et les filles, en nous appuyant sur les technologies mobiles de nuages et fondées sur la localisation. Non seulement nous avons mis en relation des chauffeurs et des passagers, mais aussi nous avons rendu possible le partage des données de voyage, ce qui était une première il y a 13 ans. On ne pouvait pas imaginer à quel point ce serait plein d'impact. Les passagers peuvent aller à l'école ou prendre des travaux plus loin de chez eux et les chauffeurs passent moins de temps à rechercher des passagers, ce qui améliore leur productivité. C'était la première fois que nous avons vu de nos propres yeux le potentiel de l'économie du numérique et la façon dont l'accès aux bons outils numériques peut développer de nouvelles possibilités pour les personnes du quotidien. Et ça, cela s'est manifesté à nouveau pendant la pandémie, car les entreprises en ligne étaient de plus en plus en avance sur celles qui ne l'étaient pas. On a travaillé avec les autorités pour faire venir les MPME, les micros, petites et moyennes entreprises, sur Internet afin d'atteindre leurs clients. Et on les a dotés d'outils numériques et de données pour que leur entreprise soit à la fois plus efficace et plus résiliente. Je voudrais vous donner l'exemple de Emily's Chicken noodles. J'ai eu la chance de les rencontrer à Bangkok la semaine dernière. Peb et Pat, les propriétaires, vendaient des nouilles, mais ils ont dû fermer pendant la pandémie et les données leur ont permis de prendre des décisions stratégiques pour la croissance de leur entreprise. Maintenant, il y a 170 employés avec cinq cuisines à Bangkok et nous utilisons leurs données pour faire en sorte que ces cuisines soient bien configurées. Le monde est à un point d'inflexion avec l'IA et nous voulons mobiliser ces avancées pour en faire des applications d'impact positif. Dans l'ensemble de l'Asie du Sud-Est, la participation des femmes au marché du travail est derrière celle des hommes. De nombreuses femmes aiment la flexibilité d'être chauffeurs, mais elles se préoccupent du niveau de sécurité. Nous avons ici cette femme qui est mère et grand-mère et elle est devenue partenaire qui travaille de manière flexible. Souvent, elle travaille le soir, parfois jusqu'à 1h00 du matin et évidemment, ses enfants s'inquiètent. Et nous les comprenons. 99,9 % des voyages sur Grab n'ont aucun incident, mais un incident, c'est un incident de trop et donc nous continuons à mettre le paquet sur la sécurité et l'innovation. Aujourd'hui, les grands modèles linguistiques peuvent analyser l'audio et le sentiment en temps réel. Nous mobilisons cette capacité afin d'améliorer notre détection des signes de danger, que ce soit un conflit, des pneus qui crissent ou un cri de détresse. Et comme ça, on peut intervenir plus rapidement ici. En rendant les emplois plus sûrs, on les rend plus accessibles. La mission de Grab, c'est de faire avancer l'Asie du Sud-Est en créant une autonomisation économique pour tous. C'est ce qu'il faut faire et c'est également censé sur le plan entrepreneurial. Nous avons vu de notre propre yeux comment l'accès aux revenus et aux possibilités économiques font plus que nourrir les personnes. Cela restaure leur dignité, cela améliore leur confiance, cela suscite l'espoir. Et lorsque les personnes et les communautés s'épanouissent, c'est également le cas des entreprises. Si Grab est enraciné en Asie du Sud-Est, nous espérons que notre parcours permettra de proposer des idées quant à la façon dont la technologie et l'économie du numérique peuvent améliorer les vies et les moyens de subsistance du monde entier.
[Pause]
[Christina Williams]
Bonjour. Je m'appelle Christina Williams. Je suis née et j'ai grandi dans une zone rurale en Jamaïque. J'ai été élevée par mon père et ma grand-mère. Ni l'un ni l'autre n'a fini l'école primaire, et à ce jour, mon père ne sait toujours pas lire. Mais dans sa grande sagesse, Mon père est peut-être la personne la plus intelligente que je connaisse et il m'a appris la valeur de ma propre voix. Dès que j'ai su lire, il m'a fait connaître les journaux. Nous avons discuté des questions sociales et à partir de là, j'ai développé mon amour du droit, ma soif de la justice et mon désir d'être une source d'inspiration pour des évolutions positives. Toutefois, dans ma communauté, il n'y avait pas beaucoup de possibilités d'une éducation de qualité à un coût abordable ou d'emplois concrets. Et j'ai vu mon frère, pendant presque quatre ans, faire différents petits boulots pour avoir suffisamment d'argent pour aller à l'université. Et à la fin de ses quatre ans, il a tout de même dû contracter un prêt et migrer. J'ai vu ma grand-mère pendant des années. Elle se déplaçait de notre communauté et parcourait les nombreux kilomètres qui les séparaient de la ville afin de vendre des produits de notre petite exploitation agricole. J'ai vu mon père braver les hivers durs et froids du Canada en faisant un travail agricole très dur pour joindre les deux bouts. Beaucoup de mouvements dans ma famille à mesure que nous recherchions des possibilités. Lorsque j'ai eu 18 ans, moi aussi, j'ai dû déménager à 160 kilomètres pour réaliser mon rêve de devenir avocate. Imaginez ce que ça représente sur le plan physique et mental, l'angoisse de laisser derrière moi mes 10 ans de services à la communauté et les membres de ma famille qui n'étaient plus tout jeunes. Mais maintenant, je suis devant vous et c'est une angoisse que j'ai toujours en moi. Et je ne sais pas, je me disais : est-ce que je vais accéder à des possibilités qui permettront d'extraire ma famille de la pauvreté définitivement ? Alors, pour enfoncer le clou, encore, il a fallu pas mal d'années pour que je puisse réaliser mon rêve, le concrétiser, parce qu’à cause des défis financiers, j'étais en troisième place. Mais en 2022, j'ai reçu mon diplôme de juriste, d'avocat et j'ai passé le barreau. J'ai réussi et je me suis fait une promesse que j'allais justement accompagner et appuyer les jeunes qui n'ont pas eu d'éducation, qui n'ont pas d'instruction et qui n'ont pas d'emploi, qui ne sont même pas dans le service et ne font pas de bénévolat. Alors, jusqu'ici, mon récit semble peut-être profond, mais il n'est pas unique en son genre. Il s'agit là d'un récit de nombreuses jeunes personnes qui connaissent de nombreuses jeunes personnes aux quatre coins du monde qui n'ont pas d'accès aux opportunités. C'est la raison pour laquelle, lorsque l'on réfléchit à la question de l'éducation, il nous faut réfléchir au-delà de la scolarisation et des frais de scolarisation. Il faut réfléchir au transport, à l'alimentation, à la nutrition. L'alimentation, la nutrition, autant d'éléments si importants pour pouvoir apprendre. Il nous faut justement examiner la question d’avoir des salaires viables et qui puissent justement permettre aux jeunes de bénéficier de logements, d'avoir in fine une pension de retraite. S'ils veulent investir, qu’ils puissent rester chez eux s'ils le souhaitent dans leur zone rural ou ailleurs. Les questions que nous avons tendance à nous poser, justement : que veulent les jeunes ? Qu'est-ce que veulent les jeunes ? Que veulent les jeunes professionnels ? Et qu'est-ce qu'ils ont besoin d'avoir entre les mains comme avoir, comme atout ? Qu'est-ce qu'ils veulent ? Des carrières pérennes, durables, et surtout avoir une indépendance, une autonomie, être autosuffisant et avoir la dignité, la fierté en eux-mêmes, en elles-mêmes, pour pouvoir porter les familles plus loin et les extraire de la pauvreté. Une façon de réaliser cela, c'est par le biais d'environnement et de contexte de travail souple et éloigné à distance. Parce qu'in fine, moi, j'ai pu réaliser mon rêve de devenir avocate, tout simplement parce que j'ai pu apprendre et surtout gagner de l'argent, avoir un revenu. À votre avis, quel est le terme contraire de la pauvreté ? Ce n'est pas la richesse ni le nantissement. Le contraire ou l'opposé de la pauvreté, c'est la justice. Et c'est fondamental dans le cadre de mon travail d'avocate et en tant que championne avocate, et surtout en tant que personne intéressée pour faire un plaidoyer. Et c'est un grand honneur pour moi parce qu'aujourd'hui, je sais que nous allons prendre un engagement, faire un engagement et examiner, envisager la complexité des problématiques dans le monde de l'éducation et de l'emploi. Et en riposte, en réaction, nous allons exécuter des programmes d'ensembles globaux ainsi que des solutions globales, car c'est le seul moyen nous permettant de déclarer que nous avons un emploi et de dire que l'emploi, justement, est une trajectoire vers la prospérité. Merci beaucoup.
[Musique]
[Julia Chatterley]
Voilà qui était empreint d'une passion énorme, et c'était des messages vraiment puissants. Nous avons entendu des raisons diverses et variées, tout particulièrement ce que vous avez entendu dire Christina, qui a mis l'accent sur les défis auxquels font face les jeunes s'il n'y a pas d'action, si nous ne faisons rien, si nous nous tournons les pouces. La santé, l'éducation et surtout les opportunités politiques sont autant d'éléments critiques. Les politiques gouvernementales idoines bien avisées sont essentielles pour justement débloquer les flux de capitaux. Et lorsque l'argent, les bonnes idées et les bonnes politiques idoines sont conjuguées et fédérées, la concurrence et l'emploi en naîtront et justement, sera la genèse de l'emploi. Je vous demande bien vouloir m'accompagner pour accueillir et souhaiter la bienvenue à nos panélistes. D'abord, Nicola Galombik, fondatrice de l'Accélérateur d’emploi des jeunes Harambee, Dilhan Pillay, directeur exécutif et PDG de Temasek Holdings, Rania Al-Mashat, ministre de la Planification, du Développement économique et de la Coopération internationale de l'Égypte, et Douglas Peterson, conseiller principal de S&P Global. Bienvenue. Nicola, vous avez la parole. Je sais que c'était rapide et maintenant, vous avez dû vous empresser pour arriver sur la scène.
[Nicola Galombik]
Bonjour, je suis vraiment très heureuse d'être ici. Je viens d'Afrique du Sud et là, il y a un taux de chômage chez les jeunes les plus élevés du monde, l'un des taux de chômage des jeunes les plus importants du monde. Il y a donc là un sentiment d'urgence qui est palpable et qui nous aiguillonne à créer autant d'emplois que possible. Et j'ai lu récemment dans le Financial Times quelque chose qui m'a attiré le regard. Le développement, ce ne sera jamais possible sans des conditions favorables, des contextes propices qui le permettront. Et nous avons justement des conférenciers qui vont nous orienter, qui vont nous guider sur la manière dont on pourra justement mobiliser cet emploi et le débloquer et justement leur donner naissance. C'est vraiment pour moi un retour aux sources ayant été conseillère auprès du FMI. Maintenant, pour cette conférence, quelles sont vos expériences et vos avis quant aux fondements et aux infrastructures nécessaires pour justement avoir un programme et un agenda approprié de création d'emplois.
[Rania Al-Mashat]
Merci beaucoup et je suis vraiment très heureuse et reconnaissante vis-à-vis du président Ajay Banga de la Banque mondiale. Il y a deux composantes ici : le développement, il s'agit d'emplois et évidemment de croissance. Là, on parle toujours lors de ces réunions et assemblées, que cela revient à la personne, centré sur la personne. Infrastructure physique, infrastructure économique et infrastructure humaine sont autant d'infrastructures essentielles économiques. Il est essentiel dans ce cadre que les gouvernements disposent d'une prévisibilité de politique macroéconomique idoine appropriée afin que justement, le secteur privé puisse prendre son essor et s'épanouir. Parce que le secteur public ne suffit pas à générer de l'emploi, les emplois doivent être générés par des entreprises, des sociétés où les populations doivent avoir la possibilité de créer leur propre entreprise PME, MPME, pour justement tirer le mouvement et surtout avoir une activité dynamique. Des réformes structurelles sont essentielles, surtout celles qui nous permettront d'abattre les obstacles pour faire entrer davantage de concurrence, de compétitivité. La transition verte est essentielle dans ce sens. Il convient de continuer ce mouvement et surtout d'assurer une stabilité macroéconomique par l'intermédiaire de la réforme politique. C'est la première infrastructure économique que les politiques doivent avoir à l'esprit. Deuxième côté, infrastructure physique. Si l'on veut avoir des installations, des hubs, des plateformes, des regroupements, il faut qu'il y ait les ponts, les routes, la connectivité, tout le tissu connectif, l'électricité, les réseaux électriques. Il ne peut y avoir un secteur privé qui va justement prendre son essor et y arriver s’il n'y a pas ces infrastructures physiques. Et troisièmement, infrastructures humaines. Là, on parle d'équiper les jeunes, de leur donner des compétences, de valoriser ces compétences afin que ceux-ci puissent bien faire face aux nouvelles tendances qui se dessinent et qui existeront. Et comment nuancer ces compétences et les lier aux besoins du secteur privé, adapter cela ? Il y a énormément de centres de formation liés à une université et d'écoles liés aux entreprises et aux sociétés. Donc, infrastructures économiques, physiques et humaines. C'est ce que je voulais dire à ce propos. Les facteurs essentiels et les ingrédients sine qua non.
[Nicola Galombik]
Douglas, vous étiez à la tête de S&P Global pendant une décennie au moins. Vous connaissez la puissance des données pour créer la transparence, mesurer l'impact. Quelles sont les données, les signaux à lancer ? Et qu'est-ce que l'on recherche au niveau de l'entreprise, au niveau des affaires ? Lorsque l'on tourne le regard vers les marchés émergents et en développement, comment est-ce que les investisseurs savent que ces infrastructures existent bel et bien et sont justement présentes ?
[Douglas Peterson]
Vous avez parlé d'infrastructures. Moi, je vais parler d'infrastructures financières, de marchés, tout simplement. Comme nous le savons, le capital est fongible, peut voyager, peut se déplacer aux quatre coins du monde. Le capital, des fonds propres, qu'il s'agisse d'un courtier ou justement d'un investisseur à long terme de capital, ces personnes ont besoin de données, de pouvoirs d’analyse, pour prendre des décisions bien informées là où investir surtout. Le cadre, l'environnement, le contexte réglementaire, c'est là où l'on commence en général, où commencent ces personnes pour savoir où aller ensuite, quelle sera la suite des travaux. Il y a la découverte des prix, le chiffrage, la liquidité, toutes ces considérations entrant en dans le monde financier et dans la structure financière. Comment avoir une certaine sécurité d'investissement non liquide ? La priorité de l'information, vous avez l'actualité, vous avez les agences radio, vous avez des fournisseurs de recherche au niveau de l'équité et des fonds propres. Vous avez tous ces avis divers et variés d'organismes et d'organisations qui fournissent ce genre d'informations aux investisseurs. Partie intégrante de ces infrastructures financières et réglementaires, il me semble, je sais que ce n'est pas toujours très attirant et un peu enquiquinant, peut-être ennuyeux, mais lorsque l'on parle de redevabilité, mais surtout de solvabilité, l'échec peut parfois être bon parce que l'échec vous permet de vous redresser, de vous relever. Et plus vous le faites rapidement, mieux cela vaut et plus vous irez loin. C'est ce qui intéresse les investisseurs en général lorsqu'ils examinent l'infrastructure physique et financière, surtout.
[Nicola Galombik]
Maintenant, je sais que nous savons tous que les investisseurs n'aiment pas du tout et même détestent l'incertitude réglementaire, des règlements et des cadres réglementaires. Pourriez-vous partager des exemples de cadres réglementaires auprès des gouvernements qui ont justement permis la réussite en Égypte, par exemple, pour tirer l'investissement ?
[Rania Al-Mashat]
Permettez-moi de réfléchir aux renouvelables, les énergies renouvelables. Les renouvelables, en général, c'est ce qui me vient à l'esprit immédiatement, à brûle-pourpoint. Ce n'est pas qu'une transition dont on parle, une transition verte, oui, mais il s'agit de productivité, de compétences, d'emplois, de talent. Évidemment, dans notre cas, en 2014, notre itinéraire a commencé par une évolution et un changement très important. Les tarifs, justement, qui ont permis au secteur privé de se retrouver et de se retrouver dans cet espace. Ensuite, les financements concessionnels consentis au secteur privé, les divers partenariats qui se sont forgés. Évidemment, l'IDE, l'investissement direct étranger, les partenariats publics, privés. Autant d'éléments essentiels, cruciaux dans le cadre de la réforme structurelle. Autant d'éléments qui ont justement permis de se ménager ou d'avoir un espace ouvert et vaste pour les secteurs les plus importants où nous avons une bonne performance et nous avons justement un avantage comparé, où nous sommes les meilleurs, mais aussi pour justement favoriser la fabrique et la fabrication, mais verte.
[Nicola Galombik]
Dilhan, je reviens vers vous maintenant. On parle de l'importance ici de créer un secteur privé dynamique, foisonnant, énergétique. On parle de pays, des marchés émergents et en développement qui ont des contraintes budgétaires, des limitations, pas suffisamment de capital privé déployé. Dans de nombreux cas de figure, des projets qui ne sont pas justement solvables, ni bancables, entre guillemets. Comment la FinTech peut-elle combler ces écarts et disparités de financement ? Quels sont les moyens dont vous vous êtes munis pour débloquer l'investissement et le libérer quelque part ?
[Dilhan Pillay]
Première chose que je devrais dire, nous estimons que nous avons trois rôles à jouer en tant qu'investisseur, en tant qu'institution. Il nous faut avoir un regard de prospective et de prévision et en tant que bon garant et bon intendant père de bonne famille, de faire cela bien et surtout de façon équitable et respectueuse pour tous. C'est ce que nous faisons dans nos entreprises, dans nos aventures, dans nos itinéraires. Ce qui nous semble important et nous le reconnaissons et nous en sommes pleinement conscients, dans notre quartier, dans nos régions, il y a vraiment cette problématique de la solvabilité de projets, de la bancabilité de projets et surtout les projets infrastructurels. Qu'est-ce qu'il faut faire pour amplifier le capital, pour passer à plus grande échelle ? Il faut qu'il y ait un certain nombre d'éléments qui existent tels que l'infrastructure, justement. Pas seulement matériel, pas seulement immobilière, mais surtout l'infrastructure sociale aussi. L'infrastructure sociale veille à ce que cela existe bel et bien, et existe justement au départ pour justement extraire les communautés de la pauvreté et surtout pour qu'elles puissent prendre leur essor et s'épanouir pour nos pays. Et nous devons le faire dans nos régions. Et vraiment abattre ce travail au service des autres. Parce qu'il y a tellement de connectivité entre nous tous dans une région particulière. C'est la même chose sur le continent africain, au Moyen-Orient, aux États-Unis ou au Nord un peu. Qu'avons-nous fait ? Entre autres, nous avons essayé de monter des plateformes au fil des pour justement traiter de ces infusions, de ces écarts, de ces brèches. Donc, nous avons commencé tous ces programmes d'inclusion sociale en 2004, 2005. Récemment, maintenant, nous mettons l'accent sur la transition énergétique. C'est essentiel parce que cela est lié à une espèce de dilemme ou trilemme de sécurité énergétique. Dans les marchés émergents et économie en développement, les éléments les plus importants sont l'abordabilité de l'énergie de l'électricité. Avant de réfléchir à la question d'énergie verte, l'abordabilité doit être le premier pas, la première mesure par rapport à l'énergie verte. Par la suite, à partir du moment où vous avez déjà commencé le mouvement, que faut-il faire par rapport à une énergie verte à retrouver ? Des infrastructures qui permettent de combler les écarts et qui ont un effet catalyseur pour que davantage de financements arrivent et fluent vers ces régions pour rendre des projets marginalement bancables dans nos régions, tout simplement solvables. Et donc, quelques 20 % des projets d'infrastructures vertes sont justement solvables et dans les marges, mais le reste, non, pas du tout. Alors, comment justement débloquer la bancabilité marginale de ces infrastructures et surtout pour avoir une énergie verte. Et c'est là où, justement, le capital peut entrer pour des projets qui seront in fine rentables, non seulement viables, mais ensuite rentables. Ensuite, tout cela est réinjecté dans le marché vers les débouchés. C'est ce que nous avons essayé de faire. D'autres choses, d'autres activités. Nous investissons dans le traitement d'énergie, le traitement des eaux et surtout pour le transport aussi. Il nous faut vraiment le faire et surtout avoir davantage recours à des combustibles propres et salubre. C'est là qu'il est très important de progresser dans ce sens parce que c'est tout simplement bien justifié et surtout parce que c'est tout à fait rentable.
[Nicola Galombik]
Vous faites partie du Laboratoire de l'investissement privé. Parlez-nous des idées qui émanent de ce laboratoire et qui sont vraiment les fers de lance et les champions.
[Douglas Peterson]
Tout d'abord, qu'est-ce que ce Laboratoire de l'investissement du secteur privé ? Nous avons vraiment des antécédents assez importants où nous comprenons bien le pouvoir, la puissance des PPP. Et là, il y a nécessité que d'avoir des investissements de milliers de milliards de dollars, 5,2 milliards par an, en bon an, en mal an, pour des investissements et infrastructures sociales. Alors ainsi, le laboratoire d'investissement en secteurs privés, c'est un certain nombre d'entreprises et de sociétés qui ont mis au point divers projets pour essayer de combler les écarts, les brèches et surtout pour avoir les compétences, les créer et ensuite les valoriser pour que davantage d'autres personnes et entités puissent intervenir et s'impliquer pleinement. Alors, à la Banque mondiale e t dans notre équipe, nous parlons de ce terme de répartition, de distribution. Lorsque l'on examine la capacité ou la mise au point d'un prêt ou d'un crédit, ce sont souvent des crédits, des prêts qui sont à la Banque mondiale déjà depuis des années. Nous les examinons de près pour qu'il y ait justement une certaine vitesse, une certaine vélocité bilancielle. Et c'est là la partie la plus intéressante qui pourra attirer davantage d'investisseurs privés. À partir du moment où ces prêts, ces crédits, connaissent une rotation et encore et encore, c'est là où les compétences et la création de celle-ci entrent en compte. Alors, quelle en est l'origine ? C'est la normalisation, la standardisation. Un certain nombre de choses sur lesquelles planche la Banque mondiale. Et maintenant, il y a l'effet de distribution. Quels sont les besoins des investisseurs dans le secteur privé pour ces avoir à long terme ? Peut-être des garanties, des nantissements, que sais-je ? Peut-être qu'il y a des tranches subordonnées ou des différents
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et autres. Donc, parfois, il y a certains qui peuvent accepter une certaine perte, mais ensuite récupéreront et donc pourront avoir des revenus qui reviendront in fine. Donc, un pool diversifié déjà est important. Et là, créer justement une catégorie d'avoirs infrastructurels, parce que nous ne sommes pas les seuls à examiner les investissements infrastructurels. Si la Banque mondiale, avec sa puissance de distribution et les relations qu'elle a évidemment aux quatre coins du monde et des divers guichets qui sont justement montés et échafaudés par rapport aux besoins, c'est là que l'on crée de nouvelles infrastructures et surtout, toute une catégorie d'avoir infrastructurelle nous-même. Un exercice particulièrement intéressant que Ajay, un travail intéressant qu’il nous fait abattre maintenant et qu’il nous fait justement traverser. Mais là, on revient à la question de savoir comment est-ce que nous constituons ces capacités et comment est-ce que cela peut fonctionner pour les personnes ? Et comment est-ce que cela devient conviable pour les uns et les autres ? Mobiliser les outils et avoir de bonnes boîtes à outils avec des outils qui seront mobilisés. Je vais vous expliciter comment je vois ce laboratoire fonctionner. Quelle est ma perception ? Il nous faut trouver des solutions ensemble, en commun, et voir comment elles seront concrétisées et comment elles fonctionneront dans les faits réellement. Donc là, le caractère d'évolutivité du capital et de pouvoir passer à l'échelle supérieure, là, il y a l'effet multiplicateur, in fine, qui va rentrer en compte à partir du moment où on a progressé sur cette voie. Donc, par rapport à l'aspect capital, fonds propres, lorsque l'on parle de solvabilité de projets et dans le cadre de la transition énergétique, il nous faut vraiment voir qu'il y ait possibilité de souscrire. Et ensuite, par la suite, il y a de nouveaux outils qui se voient mis au point, que nous pouvons porter vers le marché à aller déboucher. Et la Banque mondiale elle-même examine justement la disponibilité, oui ou non, de capital concessionnel, ce qui nous intéresse beaucoup aussi. Parce que si nous ne faisons pas cela, hormis ces actions, pour ce qui est du financement de banque, ce ne sera pas possible. Alors que nous avons vraiment besoin de faire tourner des projets. Lorsque nous investissons dans les marchés émergents et les économies en développement, c'est la volatilité du change. La Banque mondiale se dote d'outils et le secteur privé réfléchit à comment se servir de ces outils de façon pragmatique, utile et efficace. Mobilisation des ressources intérieures, etc. Ce sont des éléments critiques. Là où on fournit une opportunité permettant aux institutions locales de de pouvoir justement avoir accès aux banques et surtout parce qu'il y a des investisseurs qui seront prêts à investir dans ces pays parce qu'il y aura un retour sur investissement tangible. Évidemment, il faut qu'il y ait une titrisation et une sécurisation et une souscription à mon niveau. Ce sont autant de solutions que nous essayons de mettre au point et nous essayons de les créer au départ. Je ne vais pas vous donner toute une liste exhaustive, je n'aurais pas le temps de le faire, mais ce qui nous interpelle, c'est les progrès que nous avons enregistrés déjà depuis les derniers 18 mois. Tout simplement parce que nous avons tous décidé à un moment donné que le jeu en valait la chandelle, que cela valait la peine, que nous devions monter au créneau, que nous avions tous quelque chose à offrir et que si nous ne le faisons pas aujourd'hui, quand est-ce que nous allons le faire ? C'est comme une coalition des gagnants, n'est-ce pas, et des esprits.
[Nicola Galombik]
Ce sera la thématique de la journée, me semble-t-il. Coalition des bienveillants ou de la volonté. Rania, le rôle complémentaire de la mobilisation du capital intérieur et le rôle joué pour tirer les solutions et en être le moteur.
[Rania Al-Mashat]
Premièrement, ce qui se passe arrive en temps opportun, en temps et en heure, parce que si l'on veut avoir des pays qui veulent renforcer leur productivité, il faut que ces pays puissent avoir accès au financement, mais à des taux compétitifs étant donné les risques accrus que l'on peut courir et qui peuvent être courus. Donc, c'est vraiment un moment sans précédent pour faire avancer ces initiatives et afin que le secteur privé puisse tirer pleinement parti de ce genre de guichet. Cela se produit à un moment où les guichets concessionnels subissent une espèce de pression maintenant. Pour un certain nombre de pays, les cadres de financement intégrés sont essentiels. Du côté des DI et de la mobilisation de ressources intérieures, il faut qu'il y ait des garanties qui soient disponibles et cela fait l'objet de beaucoup de discussions. Mais la mobilisation des ressources nationales dépend aussi de ce qui se produit sur le marché des capitaux. Autant d'outils qui peuvent être utiles pour les pays pour approfondir les marchés de capital. Au regard des partenariats que nous avons avec la Banque mondiale, l'IFC, la MIGA et autres institutions, le gros de notre travail, l'ensemble, n'est pas que le financement, mais les politiques et les réformes. Ce dialogue stratégique ou de politique s'avèrent essentiels et critiques pour surtout nous accompagner, nous aider à transformer les recommandations en actions et concrétiser et reprendre des exemples qui sont excellents et les reproduire dans d'autres pays afin qu'in fine les uns et les autres ou les pays différents soient prêts à endosser ces initiatives et les adopter pleinement. Parce que si le marché n'est pas à hauteur et le gouvernement n'est pas non plus à hauteur, on loupe une opportunité et c'est un autre aspect qui entre en compte, qui est essentiel. Aujourd'hui aussi, la cadence à laquelle les gouvernements doivent agir de façon souple, leste et prompte est encore plus essentiel aujourd'hui qu'au 2020. Nous avons une coalition de personnes disposées à y travailler.
[Nicola Galombik]
Alors maintenant, où est-ce que nous devons concentrer nos efforts si nous souhaitons créer autant d'emplois que possible ? La Banque mondiale a identifié cinq secteurs qu'elle juge avoir le meilleur potentiel pour créer de l'emploi : les énergies, les infrastructures, l'agriculture, la santé, le tourisme et la fabrication. Je vais donner à Dilhan la première possibilité d'intervenir. Qu'est-ce qui vous enthousiasme le plus parmi ces secteurs ? N'hésitez pas à être en désaccord les uns avec les autres. Dites-nous ce qui vous intéresse le plus et dans quels domaines est-ce qu'on devrait agir le plus rapidement pour le meilleur retour.
[Dilhan Pillay]
C'est difficile de choisir. J'aime ces cinq domaines. Ils sont tous extrêmement nécessaires dans tous les pays du monde. Nous sommes tous dépendants vis-à-vis de ces secteurs, même lorsqu'on n'est pas directement impliqués dedans. Mon pays n'a pas le secteur de l'agroalimentaire puisqu’à Singapour, nous importons presque toute notre nourriture. Nous n’avons que 730 kilomètres, donc pas beaucoup de place pour faire pousser notre propre nourriture. Et pourtant, il y a aussi des agriculteurs. Et de nos jours, dans le secteur agricole, c'est l'exploitant, notamment le petit exploitant, qui prend les plus grands risques. Il n'y a pas d’outils pour atténuer les effets de la situation, notamment les infrastructures, pour avoir autant de revenus et de rendement. Mais au niveau de la consommation sur les marchés développés, il y a énormément de gaspillage. Il faut tenter de voir comment on peut faire en sorte que les petits producteurs et les acteurs du secteur agricole peuvent se protéger des risques dans le contexte des moissons, du changement climatique, etc. Et aussi recourir à des pratiques agricoles durables, de meilleures semis pour un meilleur rendement, les données pour s'assurer d'avoir les bonnes informations, etc. Et comme ça, les données sont là de manière transparente pour les agriculteurs. Et plus important encore, le financement. Nous avons une compagnie d'irrigation et la gestion des ressources en eau, c'est l'un des sujets les plus importants. 70 % de l'eau douce est utilisé dans le domaine de l'agriculture, mais l'installation de l'équipement pour l'irrigation goutte à goutte, ce n'est pas donné pour les agriculteurs. Si on peut associer le matériel, l'analyse de données et la possibilité de proposer des solutions de financement à l'agriculteur et que l'on y ajoute également une micro-assurance afin de se protéger contre les mauvaises récoltes et leurs conséquences, à ce moment-là, on va produire de meilleurs résultats pour la sécurité alimentaire mondiale et ça bénéficie à l'ensemble des économies.
[Nicola Galombik]
Très bien. J'imagine que l'agriculture et les moyens de subsistance, ça nous intéresse beaucoup, nous qui venons du contexte africain, n'est-ce pas ?
[Rania Al-Mashat]
Oui, effectivement, les cinq secteurs ne s'excluent pas les uns les autres. En tout cas, moi qui viens de l'Égypte et qui suis ancienne ministre du Tourisme, je dirais que si vous regardez les statistiques du secteur du tourisme, il y a un effet multiplicateur de l'emploi 1 à 4. Chaque emploi direct dans le tourisme crée quatre emplois indirects. Si on pense à la paix dans le monde, à la mobilité, à la création d'un monde ouvert, je pense que le tourisme est un secteur à envisager. Et puis, si vous regardez les statistiques, on parle d'exportation de services. Et ça, c'est une exportation. Vous avez des gains de productivité, il faut des bonnes infrastructures pour le tourisme, que ce soit des hôtels, que ce soit du matériel de bâtiment, l'hospitalité, l'hôtellerie, tout ce qui est lié à ce secteur. Il y a aussi un élément de genre. Je ne peux que vous dire que le 3 juillet, notre grand musée égyptien ouvre le 3 juillet. Beaucoup de possibilités de tourisme là-bas, mais bien sûr, le secteur lui-même a des vulnérabilités étant donné les risques. Investir dans le tourisme, c'est véritablement investir dans l'humain, dans les compétences, dans la chaîne de valeur qui est considérable.
[Nicola Galombik]
Merci beaucoup. Je ne vais pas me battre avec vous pour avoir des touristes, mais effectivement, en Afrique du Sud, pour chaque 12 visiteurs dans le pays, vous avez un emploi qui est créé, ce qui est une retombée extrêmement directe. Doug, à vous.
[Douglas Peterson]
Moi aussi, je pense que les cinq points sont très liés entre eux, mais je vais vous répondre de manière longue aux infrastructures et vous expliquer pourquoi les énergies et les infrastructures, notamment les infrastructures de transition énergétiques, sont importantes. Je reviens à la question plutôt sur les marchés internes de capitaux. L'une des valeurs que ça représente, c'est quand on passe de la banque au niveau fiduciaire, ça crée de l'épargne. Ensuite, on passe du marché bancaire au marché des assurances, puis au marché des retraites. Et quand on opère cette transition, on commence à avoir des investisseurs institutionnels qui ont un point de vue à très long terme, ce qui développe le capital interne dont on a besoin pour un investissement dans les infrastructures. Comme vous l'avez dit, il y a un effet multiplicateur. Pour chaque dollar dépensé en infrastructure, vous faites 1,40 à 1,50 dollars d'investissement supplémentaire. Pensez à ce qui arrive quand vous construisez un aéroport. Vous avez des hôtels, la location de voitures, des stations-services ou de chargements. Si vous construisez un pont, vous allez avoir des entreprises des deux côtés du pont. Et souvent, pour les ponts, vous réduisez aussi votre empreinte carbone, puisque les gens faisaient parfois des détours importants pour aller du point A au point B et maintenant, ça va plus vite. Même chose pour le rail et le rail léger. Donc, les infrastructures, c'est l'un de ces facteurs qui permettent d'avoir du tourisme et d'avoir des industries manufacturières. Construisez une usine quelque part sans les routes ou les chemins de fer ou les ports pour livrer les produits, vous allez avoir un problème. Donc, pour moi, les infrastructures vont être une part critique du plan de développement de n'importe quel pays. Et puis, vous savez que je viens de la finance, je pense que les marchés financiers doivent aussi être au rendez-vous.
[Dilhan Pillay]
Et si je peux ajouter, je dirais aussi que les infrastructures numériques sont essentielles qui permettront la création de nombreux services. On peut avoir des entrepreneurs sociaux, des petits entrepreneurs, et ce sera beaucoup plus de possibilités que ce qu'on n'a jamais vu.
[Nicola Galombik]
Merci beaucoup. Je ressens votre enthousiasme. Je ressens l'esprit d'opportunité qui existe. Je suis d'accord, les jeunes ont particulièrement besoin de ces infrastructures numériques afin de pouvoir participer autant que possible à cette économie. Nous avons la marche à suivre et j'espère simplement que nous pourrons faire de ce moment un mouvement et être au rendez-vous rapidement, de manière efficace et ensemble. Merci.
[Pause]
[Julia Chatterley]
Encore un grand merci à nos intervenants. La réalité, c'est que les personnes les plus touchées par ce problème, qui ont le plus à gagner ou à perdre, ce sont les jeunes qui sont sur le point de devenir adultes et de rejoindre le marché du travail. Imaginez leur vie. C'est avec ces réflexions en tête que nous avons invités des jeunes du monde entier à poser leurs questions à trois de grands dirigeants qui sont sur le point de me rejoindre sur l'estrade. Sur ce, souhaitons la bienvenue au président du groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga, l'ancienne présidente du Chili, Michelle Bachelet, et le président de la République de Singapour, Tharman Shanmugaratnam. Bienvenue. J'espère que vous êtes prêts à répondre à des questions difficiles puisque ce sont des questions qui vont être posées. Si vous nous suivez sur Internet, posez votre question maintenant car il y a encore du temps. Est-ce que quelqu'un en studio a une question ? Monsieur, en sixième rangée, je vous vois. Allez-y. Aussi difficile que possible.
[Marco]
Je m'appelle Marco, je suis Français et Nigérian. J'ai une question pour Ajay. Cela fait près de deux ans que vous êtes à la Banque. En rétrospective, qu'est-ce qui est plus facile qu'attendu ? Qu'est-ce qui est plus difficile qu'attendu ? Et pour l'avenir, qu'est-ce qui vous fait penser que la Banque est bien positionnée pour agir pour les emplois ?
[Ajay Banga]
Merci beaucoup, Julia. Effectivement, on a parlé de 80 ans. J'ai été positivement surpris par la profondeur et la largeur de l'expertise dont nous disposons à la Banque. Si on veut apprendre de l'eau potable, on peut apprendre de Singapour qui a une banque de connaissances sur l'eau. Mais la réalité, c'est qu'ici, à la banque, vous pouvez appeler vos collègues et vous allez en apprendre beaucoup sur un sujet grâce à une conversation. Au début, ça vous appelle à l'humilité, mais au bout d'un moment, vous allez faire peur aux gens par votre culture. Si vous n'êtes pas qu'un universitaire, mais que vous avez eu la possibilité de vivre et de travailler dans des pays du monde, c'est un actif qui est rare et je dois dire que je ne le comprenais pas intégralement avant de rejoindre. Ce qui est très difficile, en revanche, c'est de faire fonctionner tout cela ensemble de façons à débloquer l'effet multiplicateur et les synergies facilitées par les différentes parties du groupe qui fonctionnent en tant que machines bien huilées. Vous avez le côté privé, le côté public, le côté de capital, le côté de garantie, la résolution des différends, etc. Et tout cela a connu une croissance qui a créé des silos. Si vous avez déjà travaillé dans une organisation, vous savez que les silos, c'est la nature humaine. Et donc, il faut tenter de briser les silos. Et le Private Sector Lab, c'est une manière de se faire en utilisant des contributions externes. Ce n'est pas facile, mais ce sont des progrès que nous enregistrons. Pourquoi est-ce que je me sens confiant vis-à-vis de notre action pour l'emploi ? Parce qu'il est temps de faire travailler ensemble nos différentes ressources pour que les possibilités d'emploi se manifestent. Nous avons la possibilité d'agir sur le volet public avec le côté public de la Banque, BIRD et IDA. Nous avons une banque de connaissances pour contribuer aux politiques réglementaires, réformes foncières, réformes du travail, lois sur les faillites. Et vous avez également le bras privé avec l’IFC, la MIGA ou encore les investissements et les résolutions. Très peu d'organisations ont l'ensemble de ces capacités de la manière dont nous nous en disposons sous un seul toit. D'où ma confiance et mon ambition. Donc, dangereux, mais d'une manière positive.
[Julia Chatterley]
Nous allons passer maintenant à la prochaine question qui est en ligne pour la Présidente Bachelet. Sofia de la Moldavie. Merci beaucoup de votre question dont je vais donner lecture. Malgré des progrès, les femmes sont tout de même confrontées à des obstacles aux opportunités économiques. Quelles sont les mesures résolues que nous pouvons prendre d'urgence pour remédier à cet écart de genre sur le marché du travail ?
[Michelle Bachelet]
Merci Julia. On m'adresse toujours les questions sur les femmes. Non, quelqu'un d'autre va y répondre. Mais c'est aussi une de mes préoccupations depuis longtemps et je pense que c'est tout à fait vrai. Oui, les femmes ont davantage d'accès au travail. En général, s'il y a une crise économique, par exemple une pandémie ou une crise économique, les femmes sont les premières à perdre leur travail et les dernières à le récupérer. Les femmes ont aussi des emplois davantage précaires, souvent dans le secteur informel, et elles sont moins bien payées que les hommes. Nombre d'entre elles font l'objet d'une discrimination par la loi. Et c'est urgent puisque nous savons que les femmes sont la moitié de la population. Et donc, il faut donner aux femmes toute la possibilité de s'épanouir. Sinon, c'est le monde entier qui y perd. Donc, il faut agir de manière résolue et urgente. Qu'est-ce qu'on peut y faire ? D'abord, il faut accorder notre attention au travail de soins non rémunéré que les femmes effectuent dans le monde entier. C'est si important. Quelle société peut vivre sans soins ? S'occuper des enfants, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des personnes malades. Et dans le monde entier, ce sont les femmes qui s'en occupent. Et ça, c'est un travail invisible. Personne n'y pense et ce n'est pas rémunéré. Dans mon pays, la Banque centrale, et je le dis parce que ce n'est pas le ministre de la
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c'est la Banque centrale qui a calculé l'importance, la taille du travail de soins non rémunéré. Si on le calcule en termes de PIB, cela représente 25,6 % du PIB, alors que le secteur minier, lui, représente environ 14 %. Bien sûr, si on considère la contribution du secteur minier aux autres secteurs, c'est 20 %. Et c'est une part de l'économie qui n'est pas prise en compte. Et si les femmes sont là à prodiguer des soins et ne sont pas aidées, les femmes ne peuvent pas travailler, gagner de l'argent, rapporter un revenu à la famille. Et donc, les pouvoirs publics doivent y prêter attention et s'efforcer de travailler pour les établissements de puériculture, les établissements de soins aux personnes en situation de handicap. Dans mon pays, on l'a fait avec les municipalités, on a créé tous ces centres. Bien sûr, ce n'est toujours pas assez puisque ça coûte, mais ce sera très important. Il faut les professionnaliser, il faut s'occuper des conditions de travail et aussi s'occuper de la santé mentale. C'est très difficile d'être avec des enfants handicapés tout le temps à la maison. C'est très difficile et il faut absolument s'y attaquer. Il faut reconnaître ces soins non rémunérés et chercher des solutions. Ensuite, je pense qu'il est très important de voir comment faire en sorte que les femmes soient payées un salaire égal pour un travail égal. Ça, c'est quelque chose qui n'existe pas. Je ne sais pas à la Banque mondiale, mais en tout cas dans le monde, ça n'existe pas. Et quand j'ai été pour la première fois candidate, mon slogan, c'était « Est-ce que je dois être payée moins qu'un président homme ? » Non. Pourquoi est-ce que les femmes reçoivent moins pour un même travail ? Les pouvoirs publics et le secteur privé doivent encadrer cela, voir comment cela fonctionne car dans de nombreux cas, il y a des lois, mais les lois ne sont pas mises en œuvre et personne ne se penche là-dessus. Troisième point très important, c'est la visibilité. C'est important d'avoir plus de femmes au conseil d'administration des entreprises, que ce soit le secteur public et privé. Quand j'étais présidente, j'ai commencé par les compagnies d'État, puisque c'est là que j'avais une influence là-dessus. Il s'agissait de donner l'exemple pour d'autres. C'était très important, puisque les entreprises qui ont des femmes au conseil d'administration s'en sortent très bien. On l'a aussi vu pendant la crise du COVID. Il y a beaucoup de choses qui peuvent être faites et devraient être faites. Je pense que tout le monde y gagnera et on sera en de meilleures conditions. Bien sûr, nous savons aussi que lorsque les femmes ont leur revenu, elles en consacrent 80 % à la famille, à l'éducation, à la santé, etc. Quand ça se passe, tout le monde y gagne, la société, le monde et les hommes aussi, puisque les femmes sont plus heureuses.
[Julia Chatterley]
Je vais me dévergonder un petit peu. Et maintenant, pour l'égalité du genre et l'équilibre, qui est-ce qui veut donner son point de vue, Ajay ? Ajay, il fait semblant de ne pas me voir ou de ne pas m'entendre.
[Tharman Shanmugaratnam]
Mais non, moi, je suis champion de tout cela.
[Julia Chatterley]
Une minute, si vous voulez bien justement donner votre point de vue sur ce sujet.
[Tharman Shanmugaratnam]
Michelle nous a donné des cas de figure particulièrement éloquents par aux femmes et l'humanité et pour les économies. Femme, humanité et économie. La sous-utilisation en quelque sorte des capacités des femmes, des talents des femmes et le manque de formation des femmes, c'est le plus grand manque à gagner potentiel par rapport à la croissance économique que le monde connaît aujourd'hui, beaucoup dans le monde en développement. Mais en même temps, il y a pas mal de problèmes dans les pays avancés de ce même genre. Mais c'est le plus gros manque à gagner éventuel en matière de revenus et de de croissance que nous avons aujourd'hui. Et les tous derniers propos de Michelle, les hommes en tirent parti. Déjà, d'une part, parce que les femmes se retrouvent et s'épanouissent, mais tout un chacun s'y retrouve et s'épanouit. Et franchement, tout le monde a une part du gâteau quelque part.
[Julia Chatterley]
Est-ce qu'on va me critiquer pour avoir posé cette question à madame Bachelet ? Et maintenant Ajay.
[Ajay Banga]
Cette idée que nous avons que de regarder notre propre avis quant à la compensation de rémunération des femmes sur un pied d'égalité par rapport aux hommes. C'est loin d'être simple, ça, c'est certain. Les défis sont pléthores, mais là, c'est la chose la plus importante que l'on puisse faire pour faire évoluer la culture d'une organisation, qu'il y ait cette évolution culturelle, conceptuelle à l'avantage des uns et des autres. Mais surtout, ne pas dire : c'est comme ça, c'est ainsi, c'est le statu quo. Le fait de dire cela, c'est ainsi que va la vie, c'est un important aspect de ce que Michelle disait.
[Julia Chatterley]
C'est ainsi que va la vie. C'est comme ça qu'il faut le faire maintenant et autrement. Encore une fois, en ligne, Henri du Kenya. Merci beaucoup. Maintenant, la question vient de disparaître. Heureusement, bonne nouvelle. Ah non, la question est revenue en ligne. Formidable. Je me penche sur mon document. Nous vivons dans un monde où l'âge de l'intelligence est en plein essor. Évidemment, les alliances sont en une mutation et l'ordre économique du monde est en pleine évolution, en mutation. Lorsque je parle de création d'emplois et dans un contexte d'incertitude, comment faire ? Comment procéder ?
[Tharman Shanmugaratnam]
Nous vivons dans un monde où on parle tous et toutes. Qui est-ce qui a pris ma part du gâteau, justement ? Et comment est-ce que je vais récupérer cette part de gâteau qui, à mon sens, est mienne, ou le gâteau dans son ensemble ? Parce que le beurre, l'argent du beurre, etc., je veux tout, mais il y a à un moment donné où, justement, le camembert ou la tarte, le gâteau rétrécit, se réduit de plus en plus. Prenons du recul. Un grand problème, un problème énorme, depuis la crise financière mondiale, jusqu'aux années 2010 et puis ensuite, par l'année 2020, encore plus, le gâteau grandit, mais très lentement. Là, les arguments s'aiguisent et deviennent de plus en plus précis, à savoir qui a la part la plus importante de la part du gâteau, de la part du lion. Alors, le défi est que nous devons justement faire croître la classe moyenne mondiale. Nous pouvons le faire. Nous pouvons justement amplifier et faire grandir, croître la classe moyenne mondiale de 5 milliards par an, surtout dans le monde en développement, justement. Ce n'est pas qu'une idée rhétorique, tout simplement un objectif, un pieux objectif, mais tout simplement une réelle concrète possibilité. 600 millions de de jeunes qui vont intégrer la population active dans les cinq années à venir, jusqu'en 2035. Dans les cinq années à venir, 600 millions de jeunes qui auront été formés et qui formeront leurs enfants et qui ont reçu quelque chose de leurs parents. Pour le groupe à faible revenu qui devrait revenir à un groupe à revenu intermédiaire, la possibilité que de rajouter un milliard de personnes à la classe mondiale, qu'est-ce que cela ? Imaginez-vous, qu'est-ce que cela fait au gâteau de consommation qui va grandir pour tout un chacun ? Et nous pouvons accomplir ce rêve, le réaliser, et ce n'est plus un rêve. La Banque mondiale est obsédée maintenant par cette question : comment croître, faire grandir, grandir l'emploi et quelque part aussi le gâteau et davantage de revenus pour tout un chacun au bienfait des pays riches et des pays plus pauvres, pour le plus grand bienfait sur un pied d'égalité de tous ces pays. C'est peut-être un peu provoc. Dans ces jours et par ces temps, il y a encore beaucoup de choses à faire en matière d'exportation de facteurs manufacturiers, étant donné les chaînes d'approvisionnement mondiales. Mais le grand récit, le grand discours des dernières années, c'est l'évolution de l'économie chinoise qui est vraiment à la hausse en matière de compétitivité, mais davantage sophistiquée et devient maintenant une économie de frontière, la Chine. Mais ça, avant les obstacles tarifaires et les obstacles douaniers, en quelques années, cinq ans, la Chine a fait transiter 25 % de la fabrication de vêtements, vers le monde, 25 % de la production de chaussures hors de la Chine, exportée par la Chine. Si la Chine allait tout simplement transiter 10 % de ce secteur manufacturier à l'Afrique Subsaharienne endéans les cinq années à venir, dans cinq ans. Et ce n'est pas tout à fait illogique, c'est tout à fait faisable, cela a été fait par le passé, cela veut dire encore 10 %. Et cette transition vers l'Afrique subsaharienne, cela s'est augmenté par un facteur doublé plus le PIB de manufacture en Afrique subsaharienne. Pareil pour l'Asie du Sud-Est, peut-être un peu moins pour l'Afrique subsaharienne. Mais en tout cas, un stimulus substantiel. Et c'est ce qu'il faut avoir. Ce n'est pas tellement une question de conflits entre États-Nations, c'est l'évolution naturelle d'une économie qui réussit et qui commence à se départir de certaines des choses qu'elle a faites et produites. On parlait de cette espèce de schéma des oies volantes. Je crois que les Chinois ont le dragon, le vol du dragon. Il y a d'autres termes, je ne sais plus exactement, quelque chose à voir avec les dragons, évidemment, selon les Chinois. Ou alors c’était les oies sont japonaises, mais les dragons sont chinois. Mais là, quand même, un récit, un discours très important, la manufacture avec une croissance de productivité importante, davantage, encore l'échelle des compétences, est toujours dans le monde en développement. Je viens d'avoir un repas frugal à l'instant. J'avais un paquet de noix de cajou. D'abord, j'adore ça et en plus, c'est très sain. Plein de sérotonine, c'est vraiment bon pour la santé et pour le moral. C'est bon pour le moral.
[Ajay Banga]
Le coton, pareil d'ailleurs.
[Tharman Shanmugaratnam]
Mais oui, tout à fait. Il y a des chances aussi que cette noix de cajou vient de Côte d'Ivoire. La Côte d'Ivoire exporte jusqu’à la moitié du monde pour que ce soit reformé, transformé, et ça revient chez eux. C'est reconditionné avec des marges qui sont acquises, chemin faisant peu à peu, avec très peu du prix de ce paquet de cajou qui revient au producteur, au petit producteur exploitant agricole en Côte d'Ivoire. Maintenant, la Banque mondiale accompagne ce dit petit exploitant agricole
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pour justement l'aider à créer ses propres centrales de transformation. C'est tout à fait criminel de voir à quel point peu a changé depuis l'indépendance de l'Afrique et des pays d'Afrique, depuis l'époque où il s'agissait de pays où il y avait extraction de ressources, c'est toujours la même chose. Très peu de traitements à l'aval, très peu d'emplois, très peu de réinjection des profits dans ces économies. Et tout cela qui peut revenir à l'autre industrie locale, c'est critique, c'est tout à fait critique. Encore une fois, la réalisation, c'est une spécialisation de l'Asie du Sud-Est avec la Naz, la PTPGP, RCIP. L'Asie du Sud a été un peu lente, est un petit peu à la traîne quelque part. Et certains problèmes par rapport à des questions de considération frontalière, mais un potentiel énorme qui existe quand même. Et puis, la zone de libre-échange d'Afrique qui vient de démarrer, qui vient de décoller. Le coût de transport de biens en Afrique subsaharienne est bien plus élevé qu'il ne l'est en Asie Du Sud et du Sud-Est. Et voilà qui est un potentiel énorme loupé. Pensez à cette opportunité. Étant donné cette espèce d'échelle qui provient d'un marché régional que vous avez dans un marché régional qui est le vôtre, vous pouvez investir davantage, injecter dans la spécialisation, ce qui vous met sur une courbe d'apprentissage très intéressante et qui est très semblable à ce qu'a connu l'Asie du Sud et de l'Est. Donc, examinez le potentiel de la régionalisation et qui va mener à des liens entre blocs régionaux, entre justement l'Afrique et l'Union européenne, l'Afrique et la Naz, entre le PTPGP et l'Union européenne. Tous ces liens forgés entre ces différents blocs, ils suggèrent encore une fois de faire grandir le gâteau. Il s'agira de barrières douanières basses, faibles, pour que l'on puisse justement avoir ce traitement amical et les uns avec les autres et que chacun puisse profiter d'un bon gâteau.
[Julia Chatterley]
Par rapport à vos propos tout à fait percutants et prenants, est-ce qu'il y a justement des résultats que l'on peut constater aujourd'hui par rapport à ce que fait face l'économie mondiale, avec justement ce risque de tarifs particulièrement élevés et surtout aux États-Unis ? J'aimerais bien donner la parole aux jeunes pour leurs questions, mais je voudrais justement une réponse.
[Ajay Banga]
Pendant la conférence de presse à l'ouverture de ces réunions des Assemblées de printemps, je disais que les tarifs bas sont bons pour tout le monde. C'est bien pour tout le monde. Des tarifs plus bas dans le monde en développement, c'est essentiel. Il faut essayer de s'y retrouver dans cette équation. Mais le commerce bilatéral et régional, c'est là où l’on va s'orienter, vers cela que nous nous orientons et nous nous acheminons. Et là, on ne fait pas vraiment attention à cela. Les sigles, les abréviations CPTP, ce sont autant d'accords divers et variés qui font intervenir des groupes de nations, des blocs en quelque sorte, comme on l'a dit. Et dans les dernières décennies, cela a fait évoluer, complètement changer de fond en comble la manière dont les relations commerciales s'opèrent.
[Julia Chatterley]
Et ça me ramène à ce propos-ci. In fine, les incertitudes provoquées par un gâteau qui est en pleine diminution et qui devient de plus en plus minuscule et qui n'a plus que des miettes. Quid du commerce régional ?
[Michelle Bachelet]
Je sais que c’est très rapide, mais je ne vais pas parler très longtemps. Je vais donner une réponse rapide. Les relations commerciales interrégionales sont essentielles. France-régional et toutes sortes de différents protocoles d'entente, MOU, avec diverses et variées entités, mais très peu de commerces régionaux. Et pourtant, c'est essentiel, c'est vital de l'avoir ce commerce régional, les échanges commerciaux régionaux. Mais dans le contexte qui nous intéresse aujourd'hui, la diversification en compte en premier lieu. Acheteurs, vendeurs, etc., il faut qu'ils réfléchissent en dehors d'un seul et unique pays, non pas en dehors de la boîte, mais en dehors d'un seul et unique pays.
[Julia Chatterley]
Bravo ! Impressionnante réponse. Alors, voilà quelque chose qui a été présenté un peu plus tôt. C'est une vidéo du Mexique. Victoria a un message.
[Victoria Rodriguez]
Bonjour, Présidente Bachelet. Je m'appelle Victoria Rodriguez et je viens du Mexique. Pour la région Amérique latine, comment prendre à bras le corps ce défi de croissance économique et de diversification ? Et là, maintenant, on est encore entravé et retenu. Qu'est-ce que les pouvoirs publics peuvent faire pour créer davantage d'emplois dans ce contexte ?
[Julia Chatterley]
Pour préciser, faire une réduction, qu'il y ait une réduction du secteur informel, donc, augmenter, qu'il y ait une plus grande productivité et que l'on passe du marché informel à un marché officiel.
[Michelle Bachelet]
70 % de l'emploi se trouvent dans le secteur informel et trois quarts des travailleurs sont des jeunes et des femmes dans ce secteur informel. Il est important de le savoir et de le dire. Ce n'est pas tellement que d'entraver ou de retenir la croissance, mais c'est une question d'égalité, d'équité et nous voulons que la croissance soit au plus grand bienfait de chaque personne. Investir dans la personne. Éducation dès le plus jeune âge. Je suis vraiment tout à fait fan de l'éducation de la petite enfance. C'est vraiment le potentiel de l'avenir cette petite enfance. Il faut aussi mettre au point un certain nombre de programmes, de plans, de formations, d'éducation, enseignant en supérieur, certes, mais aussi compétences et valorisation de compétences, mais surtout, encore une fois, l'éducation. Là, il faut que les opportunités au niveau du marché du travail et de l'emploi entrent en compte et doivent également intervenir. Parce qu'il y a énormément de diplômés, mais il n'y a pas d'emploi pour ces diplômés. Et donc c'est très important d'adapter et de lier les deux considérations. Et maintenant, j'essaie d'aller un peu plus vite. Comment appuyer les PME ? Comment les accompagner, en Amérique latine, tout particulièrement, pour qu'elles créent davantage d'emplois, ces PME ? Mais elles sont face à tant d'obstacles pour ouvrir une nouvelle MPME, il faut que nous ayons des interactions avec les pouvoirs locaux, avec les gouvernements surtout, pour que les lois, les réglementations soient quelque peu assouplies et surtout à l'endroit des travailleurs, de la main d'œuvre, et pour que l'activité de ces nouveaux entrepreneurs soit possible, qu'ils puissent ouvrir leur petite entreprise. Surtout dans les régions où il y a une faible productivité. Il nous faut les accompagner dans ces espaces, dans ces contextes, c'est bien cela où on pourra aller encore plus loin si nous le faisons dans ce sens pour les nouveaux entrepreneurs. Et surtout les systèmes de protection sociale. Parce que justement, cela intéressera davantage le travailleur, disons, entre guillemets clandestin, du secteur informel à vouloir intégrer le secteur formel, l'économie formelle. Avec des subventions pour ceux qui ont justement ont perdu leur emploi, pour ceux qui sont dans le secteur informel, il nous faut nous assurer que ces personnes puissent avoir accès à ces prestations, à ces protections sociales, à ces filets de sécurité et peut-être, recyclage des compétences. Et surtout, essayer de combler l'écart entre secteur formel et informel. La lutte contre l'informalité est un problème économique, est une question économique. Il y aura davantage de développement économique lorsqu'il y aura des personnes plus productives qui vont justement travailler au niveau des PME, mais c'est une question de respect, d'équité, de stabilité.
[Julia Chatterley]
Oui, exactement, pour revenir vers vos propos directement, je continue. Ajay, c'est une question pour vous. Question des États-Unis, pardon. Nous avons mis l'accent sur différents secteurs. La banque a identifié des secteurs qui, à son sens, représentent un grand potentiel de création d'emplois. Aidez-nous à comprendre comment vous allez privilégier ces secteurs et les mettre au centre des priorités et comment est-ce que vous allez hiérarchiser les priorités.
[Ajay Banga]
Oui, effectivement, on parle de personnes qui ont des emplois quotidiens. Et d'ailleurs, je serais vraiment très reconnaissant si on pouvait... Les cinq secteurs que nous avons identifiés ont un élément clé en commun. Ils ne dépendent pas de ce modèle désuet d'externalisation des emplois de l'OCDE vers des pays en développement pour la croissance. Il faut justement s'acheminer, se déplacer, progresser au-delà de ce modèle et réfléchir aux nouveaux emplois que l'on pourra créer. Premier secteur : infrastructures. Et j'en ai parlé avec Dilhan. Et là, je parle d'infrastructures numériques, technologiques, etc. Toutes les infrastructures confondues. Donc, les aéroports, les routes, Là où les compétences doivent être disponibles parce que sinon, il n'y aura aucune croissance du tout. C'est vraiment l'élément précurseur fondamental. Michelle en a parlé et on en a entendu parler un peu plus tôt. On en a tous un petit peu parlé. Ici, on a évoqué la question : les petits exploitants agricoles. Si vous leur donnez des accès aux coopératives, accès à de meilleures semences, de meilleurs engrais, de meilleurs intrants, meilleure production, d'une meilleure assurance pour les cultures et pour tout ce qui est produit, là, on fait évoluer la productivité. Il n'y a plus un jeune d'une famille qui va essayer de vendre une petite parcelle, un lopin de terre et qui deviennent in fine ces personnes dans les zones rurales, des pauvres, des zones urbaines. Troisièmement, les soins de santé primaires. Non seulement parce que vous allez créer une meilleure main d'œuvre, une meilleure population active, des emplois pour des infirmières, infirmières, sage-femmes, PPE. Pour le secteur manufacturier des exploitants agricoles, une meilleure santé se voit créée, mais on crée également de l'emploi. Quatrièmement, le tourisme. Et Rania en a très bien parlé et elle a fait beaucoup mieux que moi. L'effet multiplicateur que représente le tourisme. Par dollar investi, le nombre d'emplois créés dans le secteur du tourisme et la manufacture, le secteur manufacturier. Madame Bachelet en a parlé. Comment est-ce que l'on peut l'intégrer ? Mais quid de la consommation régionale mondiale ? Je ne parle pas d'extraction minière, je parle d'emplois à valeur ajoutée locale. Et là, il y a la transition énergétique qui doit évidemment entrer en compte, mais qu'il n'y ait pas seulement justement des emplois locaux, mais des emplois que des personnes peuvent obtenir et des emplois de meilleure qualité. Et ensuite, vous allez voir que tout cela se réunit, tous ces ingrédients se réunissent. Et là, vous avez la baguette magique, tout simplement, et qui produit quelque chose de tout à fait magique, justement. Le développement de la petite enfance, les compétences, la valorisation des compétences, toute une série d'actions qui doivent se produire, mais c'est le séquencement logique et raisonnable de ces cinq secteurs sur lesquels nous avons mis l'accent et le doigt.
[Julia Chatterley]
Une prochaine question d'une personne de Mongolie.
[Naranzaya Batsaikhan]
Bonjour Monsieur le Président, je m'appelle Naranzaya et je viens de Mongolie. J'ai 22 ans. Ma question pour vous porte sur l'intelligence artificielle ou l'IA. Il y a deux avenirs possibles devant nous. L'un où les avancées de l'IA détruisent les marchés du travail et nous crée un monde sans Travail, ou un autre où l'IA est un complément au travail pour aider les gens à devenir plus productifs. Selon vous, comment est-ce que l'IA et les avancées dans d'autres technologies se vous sentiront sur la création d'emplois ?
[Tharman Shanmugaratnam]
Merci. Est-ce que vous êtes d'accord avec ces deux scénarios ? Peut-être que je vais demander à ChatGPT. Je le fais pour vous pendant que vous intervenez. Non, mais si on ne me laisse pas consulter ChatGPT, je vais vous dire la chose suivante : on ne sait pas à l'avance si l'effet de déplacement de l'IA va être supérieur aux possibilités créées. Et dans tous les cas, ça va dépendre de ce qu'on fait maintenant. Dès les premières années de l'éducation et de la formation, et ce, tout au long de la carrière, qu'est-ce qu'on va faire en matière d'utilisation de l'IA, notamment pour le monde en développement ? Ne nous attardons pas trop sur quel va être le premier grand modèle de langage qui va gagner, quelle entreprise parmi les sept va gagner ? C'est un jeu intéressant. Il y a beaucoup d'argent en jeu, mais ce n'est pas là le principal. Le principal, c'est comment utiliser l'IA. Tout ce dont on a discuté dans le groupe précédent, ce dont Ajay vient de parler. L'IA utilisée pour améliorer la productivité dans tous les secteurs a un potentiel immense dans le monde en développement. Que ce soit la santé, l'agriculture de précision, qu'il s'agisse de l'irrigation, la bonne quantité d'eau au bon moment, la distribution d'engrais avec précision, c'est une augmentation considérable de la productivité, puisque ça évite le piège de l'agriculture à faible productivité, ce qui permet de créer de l'emploi dans tous les secteurs évoqués par Ajay. Plus de valeur, plus de compétences, plus de salaire au fil du temps. Mais il faut commencer par s'extirper du piège de l'agriculture à faible valeur. Et de manière quelque peu contre-intuitive, la technologie nous permet de le faire bien mieux que ce n'était le cas auparavant.
[Julia Chatterley]
Il y a un an environ, je vous ai demandé ça Ajay et vous avez parlé de la Mission 300. Donner aux Africains l'accès à l'électricité, et ensuite, on peut parler d'IA. Il y a tellement de composantes différentes. Quelques mots de conclusion, Michelle ?
[Michelle Bachelet]
Je suis d'accord. On discutait de cela hier, de la façon dont ça pourrait être le big data, big AI, mais aussi small AI. Je pense que ce qui est important, c'est l'absence d'accès en Afrique et dans d'autres parties du monde à l'IA, au téléphone portable, à l'électricité Il est très important de voir comment on peut vraiment soutenir ces gens et leur donner des possibilités.
[Ajay Banga]
Ajay, des mots de conclusion ?
[Ajay Banga]
Sur l'IA ?
[Julia Chatterley]
Non, sur tout.
[Ajay Banga]
Un ami m'a dit que la pauvreté, c'est à la fois un état d'esprit et un état, tout simplement. Et ce que ça veut dire, c'est qu'il faut avoir un travail, il faut gagner de l'argent, mais la dignité offerte par un emploi, c'est ce qui vous fait vraiment sortir de la pauvreté. Nous devons de comprendre cela et de l'internaliser. Nous devons avoir à cœur les emplois car c'est le meilleur outil pour faire la différence et pour être à la hauteur des raisons pour lesquelles elle a été créée. On ne peut pas le faire uniquement avec nos fonds ou ceux de pays riches comme Singapour. Il faut aussi faire intervenir les pays à revenus faibles et intermédiaires. Mais surtout, les caisses d’États n'ont pas assez. Il faut le génie, le capital, l'esprit d'innovation, les personnes et le sentiment d'urgence du secteur privé. Il faut agir de la bonne façon. Et si on agit comme cela, tout le monde y gagne. Les pouvoirs publics, les dirigeants politiques, le secteur privé, la Banque mondiale, les banques multilatérales de développement et surtout les jeunes. Est-ce que quelqu'un peut me dire s'il y a un problème avec cette idée ?
[Julia Chatterley]
Absolument pas. Allons-y. Mesdames et messieurs, nous saluons encore nos intervenants. Nous espérons que cette réunion a été pleine d'informations et vous pourrez la regarder en replay, de même que d'autres événements sur live.worldbank.org. Continuez à commenter sur internet avec le mot dièse #WBGMEETINGS, au pluriel. Sur ce, j'invite tous nos intervenants sur la taille pour un gros câlin avec tout le monde. Non, une photo de groupe, mais on va faire les deux. Merci beaucoup.
[Musique]