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Promouvoir la place des femmes dans l'entrepreneuriat et le leadership | Réunions de printemps 2023

Les arguments qui plaident en faveur du leadership féminin sont évidents : nos sociétés et nos économies ont tout à gagner à voir de plus en plus de femmes se hisser à des fonctions de direction ou créer et développer leurs entreprises.

Les femmes continuent pourtant de se heurter à de nombreuses difficultés, des barrières juridiques au manque d’infrastructures pour la garde des enfants, en passant par le poids des normes sociales, les obstacles dans l’accès aux financements et les pratiques discriminatoires des employeurs.

Comment y remédier collectivement et quel rôle pour le secteur privé ? De quels moyens disposons-nous pour soutenir l’entrepreneuriat et le leadership des femmes ? Sur quelles innovations miser pour accélérer la marche vers la parité ?

Autant de questions auxquelles cette discussion a apporté des éléments de réponse. À commencer par l’importance d’élargir l’accès aux financements pour les entreprises féminines ou encore de reconnaître le rôle des femmes face aux grands défis d'aujourd’hui, du combat contre le changement climatique à la lutte contre les conflits et la fragilité. Les participants ont aussi insisté sur la nécessité d’élargir la définition du leadership féminin, qui ne se résume pas aux femmes à la tête de grandes entreprises, mais concerne aussi toutes celles qui tiennent les rênes d’initiatives locales. Ne pas laisser les femmes en marge de la révolution numérique : c’est un des autres enjeux soulevés dans la discussion. Les femmes doivent acquérir les compétences nécessaires pour trouver leur place dans un monde bousculé par les avancées technologiques.

00:00 Mot de bienvenue

01:40 Table ronde : Approches innovantes pour l'inclusion financière des femmes

- David Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale
- David Solomon, président-directeur général, Goldman Sachs
- Nirmala Sitharaman, ministre des Finances et des Entreprises, Inde

38:19 Portraits inspirants de l'Afrique du Sud

41:46 Table ronde : Pour plus de femmes leaders

- Makhtar Diop, directeur général et vice-président exécutif d’IFC
- Melinda French Gates, coprésidente, Fondation Bill et Melinda Gates
- Adji Bousso Dieng, professeure adjointe d'informatique, université de Princeton

1:19:15 Portraits inspirants du Brésil

[Mina Al-Oraibi]
Bonjour. Nous vous accueillons aux Réunions de printemps du FMI et de la Banque Mondiale et je vais vous orienter. Je me présente Mina Al-Oraibi et nous allons parler des secteurs publics-privés pour appuyer la participation intégrale dans l’économie des femmes et les autonomiser, dirigeantes entrepreneuses. N’oubliez pas : vous pouvez nous dire ce que vous en pensez à tout instant par le #ReshapingDevelopment. Si vous voulez bien vous servir de ce que vous voyez à l’écran pour poser des questions. Ou encore, si vous nous suivez en ligne, si vous voulez bien vous joindre à nous sur la Banque mondiale. On nous rejoint aujourd’hui et ce sont des personnalités. Tout d’abord à mes côtés, Monsieur Malpass, Président du Groupe de la Banque mondiale, Nirmala Sitharaman, Ministre des Finances de l’Inde et David Solomon, PDG de Goldman Sachs. Nous vous accueillons avec plaisir. Merci d’être venus.
Les femmes entrepreneuses ont nombre d’obstacles pour avoir accès au financement, alors qu’elles sont souvent propriétaires de PME. Elles représentent un tiers de toutes les PME dans les pays en développement et sont confrontées à un gap de financement de 1 000 milliards de dollars. Nous allons vous demander donc comment aborder ces questions, alors que nous allons commencer quant à la démarche pour l’inclusion des femmes dans les finances. David, je vais commencer par vous. Pourquoi est-ce l’entrepreneuriat des femmes est si important pour le développement économique et comment est-ce que les partenariats publics-privés leur permettent d’avancer ?

[David Malpass]
Merci mille fois. Je suis ravi d’être avec vous. Quel grand public et également dans quelle tribune !
La Banque mondiale est engagée dans ces sujets à fond. Tout d’abord, le positif. Nous voyons que c’est tout d’abord la chose à faire, mais également d’un point de vue économique, c’est réellement la chose profitable pour les pays. Nous avons calculé que pour les femmes, si elles en commencer et développer des entreprises au même rythme que les hommes, cela représente 5 à 6 000 milliards de dollars supplémentaires dans le monde entier. C’est énorme. Toutefois, il y a des obstacles en la matière. Tout d’abord, l’accès au capital. Donc, lorsque l’on y réfléchit, le capital est très important, lorsque l’on veut lancer une entreprise. Nous pensons que les entraves pour les femmes existent dans 100 pays sur les 190 que nous regardons par notre rapport, c’est-à-dire le rapport sur « Les femmes, les entreprises et le droit ». De plus, tout ce qui est technique et nécessaire : capital d’exploitation, moins d’entraves à leur entrée, de meilleurs environnements pour les femmes en affaires et tout ce qui est technique. Nous essayons de prendre des mesures qui auront un impact. C’est-à-dire savoir comment faire en sorte que les pays améliorent cet environnement, notamment adapter les garanties nécessaires dans les pays. L’un des problèmes pour les femmes, c’est que si elles n’ont pas de capital au départ, qu’est-ce qu’il va falloir démontrer aux banques pour recevoir une croissance de capital ou un capital de croissance ? En Colombie, par exemple, la SFI travaille avec les banques pour un capital mobile, par exemple des camions, un capital à court terme qui servira de garantie. Les femmes y ont accès, mais n’ont pas de propriété, donc c’est important d’avoir les paramètres qui seront ajustés, les appuyer dans les entreprises détenues par les hommes, ce qui est très important, et enfin la formation. Et j’aimerais féliciter l’Inde et, bien sûr, Goldman Sachs et la SFI pour un partenariat extrêmement puissant. Et je sais que David va nous en parler dans quelques instants, mais la SFI voudrait s’en vanter également. Donc 4,5 milliards de dollars de prêts pour 55 pays, afin de pouvoir autonomiser les femmes, les femmes entrepreneuses dans ces pays, c’est là notre orientation. Merci.

[Mina Al-Oraibi]
Merci David. Nous voyons ces partenariats, l’importance des gouvernements, le secteur privé, mais bien sûr également la SFI pour réellement faire avancer l’entrepreneuriat des PME. Madame la ministre : l’importance de l’entrepreneuriat, mais également du secteur privé ? 

[Nirmala Sitharaman]
Je vais commencer tout d’abord, parce que David vient de le citer, et c’est dans ces domaines particuliers que l’Inde a pris des mesures depuis quelques années : le crédit et le fait que les femmes n’ont pas suffisamment de biens, d’actifs, d’argent ou autres à présenter comme garantie. Je suis ravie de vous dire qu’en 2014, j’étais Ministre des Finances débutante et c’est là où le programme d’inclusion financière a été lancé, et ce en grand. Le Premier ministre Modi a dit, et cela continue aujourd’hui, qu’il faut que ce soit un développement mené par les femmes, et non pas uniquement axé sur les femmes. Et de ce fait, puisque les femmes n’ont pas accès au crédit, et en Inde également des coutumes, si les femmes veulent ouvrir une entreprise, elles prennent l’or qu’elles ont reçu à titre de leur mariage. Elles reçoivent de l’or de leurs parents de famille, si elles le peuvent bien sûr, sinon, si on ne le peut, elles ne reçoivent rien. Et donc les femmes peuvent échanger leurs propres économies pour ce faire. Donc le Premier ministre a déclaré : « Je suis le Premier ministre, je suis la garantie de ces prêts. Donnez- leur ces prêts sans qu’il y ait de garantie. Le gouvernement les garantit ». Ainsi, je vous donnerai cinq exemples précis. Désolée, je vais prendre du temps, mais c’est très important. Et l’on parle d’épargnes encore une fois. L’inclusion financière : un plan a été lancé par notre gouvernement en 2014, lorsque le Premier ministre venait juste d’être élu, et ce pour s’assurer que chaque Indien a un compte en banque. Même si vous n’avez aucun argent à y verser, cela vous permet toutefois d’ouvrir un compte bancaire. 390 millions par an. Les comptes ont été ouverts. Une fois que ces comptes ont été ouverts, cette garantie précisée par l’État, à ce moment-là, on reçoit des petits prêts, « mudra » comme on les appelait. 390 millions de prêts sur ces comptes ont été accordés et il s’agissait de 22 000 milliards de roupies et donc 60 % ont été accordés à des femmes. Certes, 50 000  roupies, ce n’est pas beaucoup, etc. Mais, même là, les femmes n’avaient pas à présenter de garantie pour ce faire. 68 % des femmes ont reçu des prêts mudra sur leur compte et je vous ai dit que l’on avait distribué ces 22 000 milliards. Sur ce montant. 55 % ont été accordés aux femmes pour valeur des prêts. Ensuite, pour les grandes métropoles, les femmes ont eu accès aux banques. Mais, dans les zones les plus éloignées, ce n’était pas possible. Mais les succursales bancaires étaient présentes. Donc il nous a fallu toucher des femmes qui étaient éloignées et faire en sorte que la succursale bancaire, je dis bien la succursale bancaire en place, accorde à une femme un prêt, parce que nous avons eu un grand moment de lancement d’entreprises. Nous le voulions pour toutes ces femmes. Donc ces prêts de départ ont été accordés aux succursales bancaires. 80 % de ces prêts bancaires ont été accordés à des femmes et ce sont des prêts de moindre valeur, quelques 10 000 roupies, mais encore une fois à 80 % pour les femmes. Puis, les PME. Je parle d’un rapport [Inintelligible], qui est une société de consultants, selon lequel l’Inde représente 20 % de toutes les entreprises. C’est donc des femmes, des PME de femmes, qui ont reçu ces prêts et se sont développées en 2021, 22 et 23. En 2021, nous avions 84-95 PME qui étaient détenues par des femmes, mais dès 2023, 31 mars dernier, 1,3 million de PME qui étaient détenues par des femmes. 
Et enfin, nous avons également un marché en ligne de textile et le gouvernement y participe pour les marchés publics et le processus est très transparent. 144 000 femmes entrepreneuses ont rempli 1,5 million de commandes passées en ligne. Ce sont des femmes qui en bénéficient, parce que la plateforme est maintenant numérisée et donc tout est disponible encore une fois sur ce marché en ligne. Et donc, c’est là où nous allons directement à l’avantage des femmes entrepreneuses pour leur donner la possibilité d’avoir des entreprises. Alors, les créanciers, les crédits plutôt, et les garanties sont assurés. Et donc ça, c’est le point d’accès au financement. 

[Mina Al-Oraibi]
David, vous nous en avez parlé, il y avait des entraves, et ici, vous voyez un exemple de comment surmonter ces obstacles et enfin l’importance de donner ces possibilités aux femmes. 
Alors, vous vous représentez le secteur privé ici, et nous comprenons pourquoi les gouvernements et les institutions financières et les organisations internationales veulent s’assurer d’offrir ces avantages. Mais alors, pour le secteur privé, pourquoi ? Pourquoi est-ce que les entreprises des femmes sont importantes ?

[David Solomon]
Tout d’abord, je suis ravi d’être avec vous. Je vous remercie de m’avoir invité et je crois que la croissance économique et la participation économique sont importantes pour chacun d’entre nous, la société étant, que nous créons des opportunités économiques, c’est bien pour tous. Et là où nous avons œuvré depuis quinze ans, c’est le rôle des hommes. Et on revient à la recherche effectuée dans le monde pour souligner que nous avons des femmes et des hommes dans le monde et ils participent tous deux à l’économie. Ainsi, vous avez une production économique. Nous en tirons tous parti. Nous avons essayé de jouer notre rôle à titre de participants du secteur privé et de faire ce que nous faisons pour les grandes entreprises pour savoir comment est-ce que nous pouvons nous appliquer pour les petites entreprises. Capital pour les petites entreprises par exemple, et en particulier pour les femmes. Ceci a été souligné, qu’il y a un gap de financement de capital disponible pour les PME qui sont dirigées par des femmes. Nous avons calculé qu’il s’agit de 3 000 milliards de dollars. Nous avons essayé, à nombre d’égards, d’utiliser nos ressources, c’est-à-dire capital intellectuel, nos personnels en partenariat avec la SFI, pour avoir des capitaux qui seront affectés aux femmes pour qu’elles puissent développer leur entreprise.
Le programme le plus important exécuté depuis quinze ans, et nous venons d’ailleurs de célébrer son 15ᵉ anniversaire, c’est 10 000 femmes. C’est le programme des 10 000 femmes, où nous offrons une éducation commerciale aux femmes qui ont des petites entreprises dans le monde entier, dans les économies en développement. Et nous recherchons les progrès, nous en mesurons les progrès pour l’éducation, avec le capital qui est fourni par la facilité de la SFI pour faire avancer le progrès économique des femmes. Au fil du temps, nous avons vu 200 000 entreprises qui ont été couvertes par ce programme, des femmes qui ont bénéficié de ce programme. Et nous voyons qu’au fil du temps, les recettes se multiplient par quatre et le personnel se multiplie par deux. Nous avons vu ce progrès. Donc nous avons un partenariat public-privé avec la SFI : 2,8 milliards de dollars qui ont été orientés vers les petites entreprises pour pouvoir développer leur modèle commercial. C’est ainsi que nous pouvons apporter des ressources pour faire progresser la croissance économique. Et ça, c’est bien pour chacun d’entre nous. Nous l’avons vu, les résultats sont formidables. Et la SFI. Cette facilité en 2014, quand nous avons commencé, nous voulions d’ici 2024, sur dix ans, toucher 100 000 femmes et petites entreprises. Les entreprises, je crois que nous en sommes à 175 000.

[Mina Al-Oraibi]
Bien. Grâce à cet élan, nous allons pouvoir maintenant lancer et obtenir des résultats supérieurs à ceux que les gens s’attendaient. Et maintenant, je veux revenir à vous. Justement, vous avez parlé de l’Inde et en tant que Ministre des Finances, et également du fait que l’Inde a la présidence du G20, j’aimerais savoir quelles sont les initiatives spécifiques que vous aimeriez voir prendre pour rehausser la condition économique des femmes, et d’un point de vue politique.

[Nirmala Sitharaman]
Bien, je ne voudrais pas abuser de votre temps. Mais j’ai quand même tant d’exemples de qualité à vous montrer. Je pense au cas de la Mission nationale concernant le mode de vie rural. C’est un programme très ambitieux. Et bien pendant la pandémie, la façon dont les femmes qui voulaient véritablement de façon intrinsèque servir la communauté, alors que tout le monde le faisait en dépit de la Covid. Elles s’appelaient elles-mêmes les femmes [Parle en indien], c’est-à-dire journalistes, les femmes journalistes. Donc quelqu’un qui communique les informations. Et donc, dans ce qu’on appelle la ceinture des tribus, et bien des femmes sont allées pour participer à une mission dans le cadre de ce programme national et elles ont renforcé la conscientisation à propos de ce que c’est que la Covid et comment l’affronter. La télévision était là, bien sûr, mais les femmes de l’endroit. Et lorsqu’une femme de l’endroit elle-même va vous voir et vous rencontre en personne, et pour vous dire les choses, c’est différent. Et donc on renforce la conscientisation à propos de la Covid dans la population locale. Et puis il y en a d’autres, et c’est à Kerala, un supermarché flottant. Et les femmes elles-mêmes allaient, parcouraient et sillonnaient l’endroit et voyez quels étaient les besoins. Même dans l’arrière-pays. Et donner les choses à un prix minimal. Et donc, les supermarchés flottants ont aidé les gens au Kerala à obtenir les besoins, à satisfaire les besoins de base, que ce soit les médicaments, également des aliments cuits. Et puis, un troisième exemple, c’était dans l’Uttar Pradesh, qui est l’un des plus grands états. Les femmes ont ouvert des cantines qui, à un prix de base, leur donner des repas, pour les gens qui étaient en confinement. Et donc, les gens ont vu dans ce genre d’exemples une perspective de lancer des entreprises. Et puis on a vu également des partenariats privés qui se sont constitués. Les gens se sont donné la main et nous ont aidés. Et parallèlement, nous avons formé de petits groupes d’autonomisation, de self-help pour les femmes. Et donc cela existe depuis un moment. Et ce sont : si, par exemple, elles veulent devenir des organisations qui fabriquent elles-mêmes, qui réunissent les produits, ajoutent de la valeur à ces produits et les vendent. Donc je pense que ces organisations à but non lucratif, donc, permettent maintenant de devenir des organisations, avec l’aide du gouvernement, ce qui couvre un terrain beaucoup plus important. Également elles ont provoqué la création de locaux d’entreposage des silos, et puis également rassemblent les produits végétaux et autres. Et on attend aussi, en les protégeant et en les conservant, une période où les prix vont être meilleurs.
Donc voici ces exemples et les femmes ont pu à travers cela accéder à des prix escomptés. Eh bien, le gouvernement leur donne, donc, on leur donne des roupies dans leur compte en banque, 200 roupies par cylindre, afin qu’elles n’aient pas à supporter le prix de ces fluctuations, des prix internationaux.

[Mina Al-Oraibi]
Eh bien, lorsque vous parlez de la période de la Covid-19, certes, il y a eu des restrictions économiques très difficiles et il y a beaucoup de façons qui permettent aux femmes de s’entraider. Alors, j’aimerais revenir à cette taxe, lorsque vous parlez de l’autonomisation des femmes. Alors quels sont les objectifs ? Et j’aimerais savoir si les investisseurs devraient également avoir une sorte de politique, politique basée sur le genre, lorsqu’ils investissent.

[David Solomon]
Lorsqu’on parle de Goldman Sachs, c’est un consultant et quelqu’un qui alloue des capitaux. Et donc on peut aider les gens à participer aux activités économiques dans le monde entier. Le monde va mieux. Et maintenant, lorsque nous établissons un programme de la sorte, nous devons prendre des mesures et avoir des critères objectifs de succès. Et donc le programme a eu son nom parce que l’objectif initial du programme, c’était d’affecter 10 000 femmes en tant qu’entrepreneuses. Et donc on est arrivé à beaucoup plus, mais on est partis de cela. Et nous avons également lancé d’autres initiatives. Il y a un an, nous avons lancé un programme ici pour 1 million de femmes noires, avec des investissements visant à améliorer la vie économique ou la vie au plan économique de ces femmes noires. Et donc maintenant, il y a un autre programme qui s’appelle Les femmes dans les entreprises. Et donc nous appuyons des personnes qui sont entrepreneurs aux États-Unis. Et donc beaucoup d’entreprises qui sont créées par des femmes noires, et elles ont besoin d’un soutien, d’un financement. Et donc nous essayons de bien mesurer ces objectifs et nous les responsabilisons en même temps que nous les autonomisons. Et je pense qu’en fin de compte, lorsque les gens se tournent vers Goldman Sachs, et bien ils sont heureux et ils souhaitent voir que nous avons nous-mêmes des activités qui viennent rehausser le bien-être de la collectivité et que nous le faisons à travers le monde entier. Et nous voulons desservir ses clients. Je pense que nous risquons de perdre beaucoup de notre image si nous ne le faisons pas. 

[Mina Al-Oraibi]
Bon, la Banque mondiale fait tellement. Et il s’agit donc d’un des volets de ce que vous faites. Et donc, David, comment est-ce que l’on pourrait faire progresser l’égalité entre les hommes et les femmes, ou l’équité entre les genres ?

[David Malpass]
Je pense que j’ai été ravi d’entendre les exemples que nous ont donnés les deux autres participants et puis d’entendre également David parler des barrières gigantesques qu’il faut dépasser. Et donc les partenariats publics et privés nous aident à mettre à échelle les activités dans le secteur privé, parce que le secteur privé est celui qui est le mieux placé pour ce faire. Et donc, c’est ce que fait le Groupe de la Banque mondiale sous forme d’activités de formation. Formation des femmes pour qu’elles siègent à des conseils d’administration. Il faut que les femmes accèdent à la prise de décision dans les grandes entreprises. Et moi, j’ai toute une liste et je vais également faire comme Nirmala pour énumérer un certain nombre d’initiatives. Depuis plus de douze ans au sein de l’IDA, et bien, il y a la question du genre qui est prise en compte, qui est tournée vers l’autonomisation des femmes et des questions de genre. Et puis la numérisation aussi joue un rôle et la Banque mondiale a des programmes de grande envergure en vue de la numérisation. Et rien ne donne davantage de pouvoir aux femmes que l’accès au numérique. Et donc, nous travaillons également d’arrache-pied aux programmes de lutte contre la violence à l’encontre des femmes et du genre féminin en général. Donc, la Banque mondiale va entreprendre des efforts considérables dans ce sens, entre autres en sensibilisant les hommes et les garçons aussi au fait que c’est mal de se montrer violent envers une femme ou une fillette. Et en plus, c’est illégal. Et donc je voudrais dire que nous y avons également le pouvoir des femmes pour les initiatives de financement. Et ceci grâce au montant qui est investi de milliards de dollars investis au cours des cinq premières années pour des petites et moyennes entreprises, et une partie de cela, de ce financement permet d’obtenir des volumes très importants dans le monde entier et en Inde en particulier. Mais pour la Banque mondiale, c’est un effort. C’est une initiative à envergure universelle et nos 730 000 prêts à des petites et moyennes entreprises, évidemment, c’est modeste par rapport à ce que Madame la Ministre vient de nous citer, Madame la Ministre Sitharaman. 
Et donc il y a également la SFI qui intervient. Nous essayons de nous montrer aussi novateurs que possible. Et en Turquie, la SFI, en collaboration avec le secteur privé, a offert une obligation dont le but est destiné à aider les prêts et les prêts orientés en faveur du genre féminin. Donc nous faisons toutes sortes d’efforts, nous essayons de le faire à l’intérieur même de la banque. Et plus de la moitié de nos employés sont des femmes et également une forte proportion de notre direction, ou disons de nos cadres et cadres supérieurs.

[Mina Al-Oraibi]
Donc nous voyons que ce sont les institutions qui mettent en pratique ce qu’elles prêchent, s’agissant de la numérisation et un peu de l’accès au capital. Et donc maintenant, David, quels sont vos perspectives et vos pronostics pour l’avenir concernant la participation des femmes à la population active ? Alors, que devraient faire les banques en général pour justement mieux répondre à cet appel en faveur de la parité ?

[David Solomon]
Eh bien, nous devons augmenter la disponibilité de capital et également pour… Souvent, les gens lancent des entreprises, mais n’ont pas suivi de formation. Et donc, il y a également un savoir-faire en matière de planification et autres, et également l’accès au capital. Et nous pouvons également nous servir de nos plateformes pour faire accéder les femmes à des entreprises sur une autre échelle. Et il y a quatre ans, avant même la pandémie, nous avons dit : « Eh bien, nous n’allons pas aider à la présentation en bourse d’une quelconque entreprise, à moins qu’il n’y ait un minimum de femmes dans le conseil d’administration », et je pense en particulier au monde des capitaux et des fonds propres. Il y a un temps de réaction nécessaire, un temps de latence, et donc nous mettons les ressources dont nous disposons pour aller vers cette autonomisation parce qu’il nous incombe de trouver des façons de favoriser ces investissements.

[Mina Al-Oraibi]
Et puis je pense qu’il y a de plus en plus d’études de cas qui viennent nous enrichir sur ce point de vue. Pour rendre l’action encore plus spécifique, il est important que nous entendions parler d’initiatives spécifiques parce qu’on peut en tirer des enseignements et on peut également obtenir davantage d’adhésion. Et je voudrais, Madame la Ministre, me tourner vers vous pour vous parler de cela. L’Inde a recherché des opportunités pour les femmes. Quel est l’avenir ? À quoi vous devez vous attacher ?

[Nirmala Sitharaman]
David a bien dit qu’il nous faut continuer sur la voie que nous avons ouverte. Maintenant que vous donnez l’exemple des programmes de compétences en Inde, je ne sais pas qu’en dire. Si 100 personnes sont formées et sont formées à des compétences utiles pour l’emploi, le recrutement immédiat, 60 % de toutes ces personnes recrutées sont des femmes. Alors cela en dit davantage sur les femmes qui sont prêtes une fois qu’elles ont les compétences pour continuer. Il nous faut donc investir dans ces compétences pour les femmes. Et par exemple, la législature. Nous avons douze semaines de congé de maternité pour les femmes, congés payés, mais maintenant nous l’avons valorisé et il s’agit de 26 semaines. Ce qui veut dire que vous avez 26 semaines pour vous occuper de votre enfant et être payée. Et nous avons également des congés paternité. Les femmes ont donc ce jeu de coudes. Davantage que cela : même l’acceptation aux yeux de la société que les femmes peuvent travailler les 3/8 à condition qu’elles soient en sécurité. Nombre de sociétés qui sont dans le secteur privé veulent tirer parti des femmes, de ces compétences pour le faire. Tout particulièrement dans ce système, nombre de femmes arrivent et sont qualifiées. Mais là, le caractère d’employabilité n’est pas nouveau pour nous. Parce que s’il y a suffisamment de femmes et d’hommes en université, académie de sciences et autres, 60 % de ces étudiantes ne vont pas demander un emploi par la suite. Alors que se passe-t-il après cela ? Il est important de faire en sorte que les femmes reviennent au travail après avoir été formées. Mais les schémas de recrutement nous disent qu’avec une loi, une fois qu’il y a des compétences, les femmes sont beaucoup plus productives au travail. Cela fait partie d’une équipe, elles font partie d’une équipe et donc les sociétés devraient en tirer parti. Il faudrait le faire davantage donc.

[Mina Al-Oraibi]
Ravie de vous entendre parler de l’écosystème, société, législation. Et ce que vous avez dit tout à l’heure en ce qui concerne les congés maternité, c’est extraordinaire de savoir, d’entendre vos chiffres. Grâce aux ministres, au Premier ministre, et donc nombre de pays le font également. Au niveau du congé paternité, je parlais à un responsable chilien qui disait : « Nous avons des congés paternité. Mais la société ne pensait pas que les hommes devraient avoir un congé paternité, mais que ce n’était pas au niveau de la société que ça se ferait ». Et c’est le thème que nous retrouvons aujourd’hui. Et nous avons bien sûr un rôle à jouer. Et le ministère des Finances, et bien sûr le Président de la Banque mondiale et le PDG de Goldman Sachs, donc, je reviens vers vous, messieurs : quand vous pensez aux cinq, dix années, par la suite, le Groupe de la Banque mondiale, l’accélération des progrès et faire davantage de ce que l’on peut. Comment faire progresser ces progrès dans les pays en développement ?

[David Malpass]
Continuer à faire pareil, mais faites les choses et innover aussi rapidement que faire se peut. Je vais vous donner trois éléments. Je sais que nous n’avons que peu de temps et, Madame la Ministre des Finances, il y a un effort à accomplir, à la présidente du G20, des ministres des Finances du G20 : l’éducation, l’éducation des filles est particulièrement importante. Et l’éducation des filles qui deviendront des ministres des Finances. Et bien sûr, c’est là, réellement, un appel de la Banque mondiale, c’est ce qui se fait. Nous parlons du problème, donc du recul de l’éducation, étant donné la fermeture des écoles. Mais les filles en particulier ont été les premières à rester à la maison et les dernières à revenir à l’école. C’est donc une priorité absolue dans la décennie qui vient. 
Autre chose, le problème de capital d’exploitation. C’est un financement à court terme qui est nécessaire pour les femmes pour qu’elles puissent lancer leur entreprise. Et troisièmement, je vous le dirai, c’est que les femmes se fassent entendre au niveau du leadership. Nous sommes tout à fait ouverts au Groupe de la Banque mondiale. Lorsque les femmes participent aux décisions, les décisions sont meilleures. Et c’est aussi une démonstration des données de notre expérience également. Donc, le fait d’aller au-delà, dans les gouvernements aux plus hauts niveaux de la société et des entreprises, c’est l’un des objectifs. C’est la formation bien sûr, mais également un environnement porteur pour que les femmes se fassent entendre haut et fort.

[Mina Al-Oraibi]
Vous l’avez dit tout à l’heure dans notre discussion qu’en fait, lorsque l’on pense à l’autonomisation des femmes et les femmes chefs d’entreprise, mais également au leadership, le Groupe de la Banque mondiale a travaillé sur toutes ces questions. Nous parlons, par exemple, du financement du climat. C’est important. Mais s’assurer que les femmes, tout autant des participantes, pour ne pas changer de voie, on ne pensant qu’aux hommes. Comment s’assurer que la question des femmes et de l’autonomisation couvre tous ces différents secteurs ?

[David Malpass]
Dans le groupe de la Banque mondiale, c’est intégré. Donc cela veut dire que ce n’est pas un département spécial. C’est bien une partie de tous nos départements. Le partenariat que nous avons avec l’Inde, en Inde, où nous avons un programme de la Banque mondiale d’importance qui est discuté avec les dirigeants, avec le Premier ministre qui s’intéresse profondément et s’inquiète et qui appuie cette question. Ce dialogue, c’est important avec le secteur privé. Goldman Sachs, c’est un partenaire de qualité et David vous l’a dit, 10 000 femmes entrepreneuses sont devenues 100 000, et on vient de nous dire 175 000 maintenant. C’est déjà un résultat et c’est là un élan qu’il nous faut continuer à tenir tous ces efforts dans le monde entier.

[Mina Al-Oraibi]
Je vais vous donner une dernière question rapide pour ceux qui nous regardent en ligne, et il y a un nombre de personnes qui sont ici sur place. Que retenir de cette session ? À votre avis, David, dites-nous. 

[David Solomon]
Une réflexion que l’on ne saura oublier quand on parlera des femmes entrepreneuses, extrêmement importantes pour la croissance du monde économique. La moitié de la population mondiale est des femmes. Plus nous pouvons créer un esprit d’entreprise pour que tout un chacun participe, plus nous allons nous développer du point de vue économique, plus nous pourrons participer. 

[Mina Al-Oraibi]
Madame la Ministre.

[Nirmala Sitharaman]
Nombre de choses évoluent dans le monde, tout particulièrement pour les femmes, de façon positive. Revenons et disons : « Je veux faire partie de ce mouvement, de ce changement profond, de cette activité qui se tient pour autonomiser les femmes ». Chacun d’entre nous devrait en faire partie.

[Mina Al-Oraibi]
Merci. David.

[David Malpass]
Vous m’avez coupé l’herbe sous le pied, c’est ce que je voulais dire. Et bien, ce n’est pas aussi bien que ce qu’on vient de dire : la numérisation. Donc, on fait des pas de géant dans l’autonomisation pour les femmes pour qu’elles soient en mesure de communiquer, d’avoir des transactions numériques sans avoir à passer par la banque, où vous avez un employé masculin qui ne vous recevra pas bien. Oui, c’est extrêmement important pour l’autonomisation, et tout simplement la source d’informations que les femmes peuvent obtenir, à savoir comment les autres femmes possèdent ailleurs dans le monde. Ça, c’est énorme. C’est ce que nous devons appuyer aussi rapidement que faire se peut.

[Mina Al-Oraibi]
Merci. Je vais essayer de conclure cette partie de notre discussion et ces aperçus qu’on vient de nous donner. L’accès, tout d’abord, l’accès au crédit, l’accès à l’éducation, l’accès à la technologie. Et ces entraves. Comment les différentes parties de la société jouent un rôle à cet égard ? C’est très important. Société, entreprises, employeurs, législation, hommes et femmes politiques. Ce n’est pas uniquement le gouvernement, mais la société dans son ensemble.
Autre chose qui nous a été dit : nous avons de meilleures pratiques que nous tirons des femmes, la grande majorité des législations indiennes qui appuient cet élément et l’inclusion financière. Mais également les compétences, et parfois non seulement les compétences pour les femmes, mais celles qui peuvent porter les femmes, qui sont porteuses pour les femmes. Donc l’éducation doit continuer. Ces aperçus sont formidables pour l’inclusion des femmes.
Si vous voulez bien rester assis, nous avons une vidéo d’une femme entrepreneuse d’Afrique du Sud qui a reçu un financement de partenaires. Madame Thara Singh a commencé son entreprise dans les années 80. Elle était secrétaire. Aujourd’hui, grâce à ses compétences de leadership et son accès aux financements, elle est propriétaire et directrice exécutive d’une société dans un secteur qui a toujours été masculin jusque-là. 

[Thara Singh]
Je me présente : Thara Singh. Cela fait 40 ans que j’œuvre. C’est un moment opportun maintenant de prendre le contrôle de mon entreprise. Et vous voyez, maintenant, je suis la directrice de notre entreprise. [Quel a été votre déclic ?] Qu’est-ce qui m’a inspirée à le faire ? C’est notre vie, c’est notre moyen d’existence. C’est ce que nous savons faire. Donc il nous faut développer cette passion et aller plus loin et avoir la possibilité. Nous pouvons réussir. [Le défi : Trouver un prêt] Ça commence par des banques, bien sûr, parce qu’on ne vient pas vous dire : « Voilà les domaines que vous n’avez pas bien réussis ». J’aimerais savoir quels sont les critères pour donner un prêt à quelqu’un. Qu’est-ce que l’on recherche ? Parce que dans mon cas, je ne comprenais pas pourquoi on m’a rejetée et j’ai été très déçue et je n’ai pas été ailleurs. C’est pour ça que j’ai été chercher des partenaires. [Une femme dans un secteur masculin] Et une femme dans une industrie dominée par les hommes, c’est très difficile. Je ne crois pas qu’il y a beaucoup de femmes dans l’ingénierie. En raison de mon contact avec l’industrie, j’ai dû comprendre, j’ai dû améliorer mes compétences et j’ai dû faire partie de l’entreprise. Et nous sommes dans une famille où les femmes n’étaient pas censées être instruites, mariées dès quinze ans. Après cela, vous auriez une vie qui serait très triste. Donc j’ai pu améliorer mon éducation. J’avais deux frères qui m’ont appuyée et mon père tout autant et moi également. Et donc je continue aujourd’hui d’ailleurs. [Comment soutenez-vous la population locale ?] Et comment habiliter les jeunes ? Par la formation. Et nous avons beaucoup d’étudiants, il y a une stagiaire pour la formation, donc une opportunité d’emploi. Et dire qu’ils ont une expérience chez nous, professionnelle, c’est quelque chose qui leur permet de travailler. Je crois que toute société devra le faire pour appuyer les autres.

[Mina Al-Oraibi]
C’était absolument fascinant. Une femme qui a commencé à partir de rien et qui est devenue leader. On reconnaît le dossier pour faire en sorte que davantage de femmes soient en leadership dans les sociétés. C’est critique pour l’innovation et la croissance. Par exemple, une étude de la SFI indique que lorsque les sociétés de fonds privés ont des équipes de direction hommes et femmes, le rendement est 20 % supérieur. Toutefois, les femmes ont des difficultés pour arriver aux postes de direction. Et c’est exactement ce dont nous allons parler maintenant. Nous avons nos collègues sur l’estrade : les possibilités de leadership pour les femmes. Nous vous accueillons avec grand plaisir. Merci. Alors, nous avons Makhtar Diop, Directeur de la SFI, Melinda French Gates, philanthrope et coprésidente de la Fondation Bill et Melinda Gates, et Adji Bousso, professeure adjointe de sciences informatiques de Princeton et fondatrice de l’organisation d’éducation à but non lucratif The Africa I know. Madame Dieng est la première professeure d’informatique à Princeton, la première femme noire à l’École d’ingénierie et la deuxième femme noire dans les sciences informatiques dans toutes les universités connues aux États-Unis. Merci de vous joindre à nous sur cette question très importante. Alors Melinda, je vais commencer par vous. Votre fondation a énormément travaillé pour l’égalité entre les hommes et les femmes et vous pensez au leadership en conscience, tout particulièrement pour les femmes. Alors nous sommes confrontés à des crises et parfois il est très difficile de faire en sorte de se focaliser sur l’inclusion des femmes, tout particulièrement lorsque nous avons des difficultés économiques, le changement climatique, la planète, etc. Comment mieux canaliser le leadership des femmes ? Et ce sont là les questions les plus importantes.

[Melinda French Gates]
Et bien nous avons quinze ans de données derrière nous et que nous indiquent, que nous disent ces données ? Que quand vous investissez dans les femmes, elles vont investir dans tous ceux qui l’entourent. Les femmes sont des moteurs du changement économique. Je vois dans notre formulation l’investissement dans le dollar. Quelque part, si j’investis 1 $ dans une femme qui a un poste de leader ou qui est tout à fait habilitée, ou une inclusion financière, je lui donne 1 $, c’est un investissement qui va se développer. Il nous faut avoir des femmes dans des positions de direction, que ce soit le Parlement, que ce soit les décisions politiques, Banque mondiale ou FMI. Nous n’avons qu’une, qu’une je dis bien, des banques multilatérales qui a une femme à la direction, moins de 10 % des sociétés « Fortune 500 » qui sont dirigées par des femmes. Mais quand vous avez des femmes à la tête, au gouvernail, elles prennent des décisions différentes, de politiques d’investissement différentes. Les pays le voient. L’Inde par exemple au G20, on voit bien la différence. L’inclusion financière, combien c’est différent pour s’assurer qu’il y ait une démarche sexospécifique, pour avoir autant d’hommes que de femmes avec des comptes bancaires. Et donc ceci engage l’économie. Nous, c’est ce que nous voulons faire. Alors, nous allons investir dans les femmes. À quoi cela ressemble ? C’est-à-dire le cycle de vie, la santé, l’éducation des femmes, la planification familiale pour qu’elles puissent espacer et décider combien d’enfants elles souhaiteraient avoir et enfin son emploi. Donc, les grandes entraves pour les femmes sur la main-d’œuvre, c’est le harcèlement sur le milieu du travail. Donc il va falloir que cela diminue. Et la garde des enfants : à moins que je n’aie une garde d’enfants à laquelle je peux accéder, je ne peux pas rentrer dans le monde du travail. Il faut avoir des outils financiers. Des entreprises sont capitalisées lorsqu’elles arrivent dans le monde du travail.
La question se pose de savoir si on peut faire toutes ces choses-là. Avec de bonnes politiques, nous allons changer, transformer le monde, c’est possible. Et si j’investissais moi-même en tant qu’institution, de toute façon, c’est ce que je fais, eh bien, nous dépensons beaucoup d’argent sur les questions de genre, parce que c’est bien de l’argent bien employé.

[Mina Al-Oraibi]
Bien, alors il y a ces différents niveaux : il y a le niveau d’accès, puis le niveau de maintien, par exemple, qu’il s’agisse des soins aux enfants ou de la possibilité de contrecarrer le harcèlement, et également les initiatives pour le leadership ou la direction. Donc tout ceci va modifier un petit peu les choses avec les progrès technologiques et, Adji, je m’adresse à vous parce que l’un des dialogues que nous tenons depuis quelque temps, c’est comment l’intelligence artificielle va modifier notre milieu de travail. Et il va y avoir un certain nombre de préjugés qui ne vont pas profiter aux femmes. Mais parallèlement, ça peut également aider à resserrer l’écart. Et quelles sont les initiatives qu’on pourrait prendre qui permettent de garantir un accès accru aux femmes, notamment pour accéder à des positions de leadership ?

[Adji Bousso Dieng]
Je pense que l’intelligence artificielle pose et a beaucoup de problèmes à l’heure actuelle, mais je pense que, avec le temps, on verra les avantages contrebalancer plus que largement les inconvénients. Et l’un des avantages de l’intelligence artificielle pour ce qui est de réduire l’écart entre les hommes et les femmes, c’est de rendre l’instruction accessible aux gens qui ne parlent pas anglais. En réalité, dans certaines régions, il y a des femmes qui restent chez elles, en raison de certaines traditions ou du manque de ressources. Et donc, l’une des façons dont nous pouvons rapprocher l’instruction et l’éducation de ces femmes, c’est d’utiliser l’intelligence artificielle. Un grand nombre de plateformes d’intelligence artificielle se présentent en anglais ou dans les langues dominantes de la planète : le français, l’anglais, le chinois, entre autres. Et si nous voulons véritablement que l’intelligence artificielle contribue à valoriser leur instruction, il va falloir qu’on leur offre cette instruction dans des langues qui leur sont accessibles. Et donc, on a déjà fait beaucoup de progrès dans la technologie de la traduction et également bientôt on pourra le faire de l’oral à l’oral. Et donc cela montre bien et je vois bien que la Banque mondiale et les autres organisations internationales vont certainement contribuer à financer ces efforts.
Alors maintenant, pour ce qui est de l’accession à des postes de chef de file ou de direction, là encore, ça nous ramène à l’éducation. Alors, si l’on veut véritablement que les femmes prennent leur sort en main, eh bien il faut leur donner cette éducation. Je pense qu’il y a des personnes qui parlent, qui dénoncent l’exploitation de la main-d’œuvre ou qui également montrent du doigt les progrès à accomplir en matière d’intelligence artificielle. Eh bien, ce sont les femmes, ce sont les femmes qui mettent cela en exergue. Et il est probable que sans elles, et bien ces questions seraient moins à l’ordre du jour. Et je suis très heureuse d’être engagée moi-même dans cette promotion de l’intelligence artificielle.

[Melinda French Gates]
Oui, je suis tout à fait d’accord à propos de ce que dit Adji. La technologie est d’ores et déjà en train de piloter toute notre société. Mais si les femmes n’ont pas de place à la table de réflexion, nous n’allons pas créer la société que nous voulons. Et donc nous n’allons pas neutraliser ces préjugés. Mais encore faut-il qu’il y ait une femme présente. On ne va pas véritablement penser aux choses qui seront nécessaires pour la promotion des femmes, des enfants, et donc dans toutes les universités du monde entier, et bien il faut qu’il y ait la promotion de femmes par centaines de milliers, sinon la voix des femmes ne sera pas entendue. Et c’est ce qui se passe souvent dans les institutions. Il y a des institutions sclérosées et ces dernières mettent un temps fou à évoluer. Pourquoi ne pas le faire ?

[Mina Al-Oraibi]
Alors Makhtar, j’en viens à vous. Étant donné que les femmes sont ces agents du changement et compte tenu des barrières et pour veiller à ce que les femmes aient un siège à la table de décision, qu’est-ce qu’il faut faire dans ce sens ?

[Maktar Diop]
Merci. Écoutez, je voudrais… ce serait présomptueux de parler de leadership féminin lorsque je suis en présence de représentantes éminentes de cette communauté. Mais n’oublions pas une chose, et d’ailleurs vous en avez parlé aujourd’hui, à savoir, vous savez, qu’il faut aller pour promouvoir les gens au niveau du petit village et pas seulement de la grande entreprise. Lorsqu’on donne aux femmes la technologie pertinente pour améliorer la productivité agricole, pour leur donner les moyens d’agir au plan économique, et bien donc en réorientant les flux d’argent, même à une petite échelle, et bien cela leur permet de créer une toute petite entreprise, une microentreprise qui va déboucher sur une grande entreprise. Mais ultérieurement. Et il ne faut pas négliger ces facteurs, parce que ces transformations, ces mouvements auxquels nous assistons en région rurale, dans les petits villages, ce sont ceux qui vont modeler le contexte et le contrat social qui est le nôtre. Donc, Melinda, il ne faut pas sous-estimer ce que vous faites lorsque vous amenez dans ces villages cette technologie qui transforme la vie quotidienne.
Pour moi, c’est partie intégrante de la création du leadership en société. Et nous savons que très souvent, il y a dans un grand nombre de villages africains les groupes dits « self-help », d’action personnelle. Et bien, ce sont des gens qui sont solidaires, qui investissent leur argent, qui sont bien organisés pour le genre d’activité qu’ils déploient. Et donc, lorsqu’on veut maintenant responsabiliser ces groupes, les aider à prendre leur sort en main, à travers ces micro-investissements, pour créer des petites et bientôt des entreprises de taille moyenne et ensuite des grandes entreprises, et bien c’est ce processus qui compte. Et donc c’est lorsque ces transactions se déroulent au niveau du microcommerce, et bien ça aide la femme qui va apporter du poisson au marché aux poissons… La femme c’est grâce à ce téléphone de faire la comptabilité de combien elle a dépensé pour acheter et ensuite pour produire. Et ce sont des instruments qui leur sont extrêmement utiles. Alors pourquoi est-ce que j’aime le STEM ? Eh bien justement, y compris ces deux personnes, mais je pense que le STEM est le monde d’où proviennent ces deux représentantes. Eh bien je pense qu’en général le secteur STEM est souvent dominé par les hommes. Et lorsque vous y amener des femmes, eh bien vous constatez que vous rétrécissez l’écart de salaire, lorsque les femmes pénètrent le secteur qui est encore en majorité occupé par les hommes, pour ne pas dire dominé. En deuxième lieu, elles donnent un exemple. Et donc, compte tenu de la nature même du processus qui leur permet d’accéder à ces emplois, et bien cela leur a permis d’inspirer un grand nombre de personnes à suivre les STEM. Et moi-même, j’étais donc à une table ronde de PDG, de femmes, dont les trois quarts avaient justement un bagage, une formation dans le domaine STEM. Donc c’est la raison pour laquelle je suis en faveur de la promotion du STEM. Parce que ça aide et enfin ça change plus ou moins la vision un peu partiale, biaisée que peuvent avoir les gens, car certaines activités seraient d’un niveau inférieur à d’autres. Et ceci est complètement faux. Bien sûr, ça n’a aucune base scientifique, mais ça permet de modifier la représentation de ces femmes et je pense que ça a son importance pour ce mouvement. Voilà l’un des volets du leadership. Ce n’est pas seulement l’argent, mais les processus qui permettent aux femmes d’accéder aux postes visés.

[Mina Al-Oraibi]
Oui, bien justement, il y a toutes les façons de concevoir le leadership. On peut être leader dans une famille, on peut être leader dans une équipe, ou bien sûr dans la société ou dans l’entreprise. Et à la salle du conseil d’administration. Mais tout ceci est lié aux modèles, aux exemples et aux aspects sociaux. Et donc nous avons fait une promotion de cette manifestation, de cette rencontre. Et je me tournais vers l’auditoire. Mais je me demande comment convaincre les hommes en Afrique en particulier. Mais je pense que ceci est de valeur universelle que de se mettre aux côtés de leurs femmes, de leurs épouses, et de les aider à prendre leur sort en main et que c’est quelque chose qui se pose à l’échelle mondiale et pour toute la famille. Et comment réfléchir aux femmes et à l’incidence que cela a dans leur participation à la population active ?

[Melinda French Gates]
Bien, il y a plusieurs éléments dans votre question. Alors, s’agissant des hommes et du rapport entre les hommes et les femmes dans un village et des préjugés, lorsque vous faites s’asseoir des hommes et des femmes ensemble. Et j’ai été dans bien des endroits où cela s’est produit, que nous avons provoqués en Afrique. Et donc vous leur demandez de réfléchir à haute voix à leurs objectifs, à la façon dont cela a une incidence sur leur famille, et qu’on se demande qui fait quoi. Mais dès qu’ils commencent à modifier quelque peu l’attribution traditionnelle des fonctions et des rôles, notamment entre hommes et femmes, et qu’ils commencent à apporter des changements et qu’ils voient que leur vie s’améliore, eh bien, je pense que c’est la meilleure des plaidoiries. Et donc peut-être lui a dit un homme : « Pourquoi tu as quitté ? Pourquoi est-ce que tu as accepté de faire cela ? » Eh bien, parce que cela permet aux enfants d’aller à l’école, parce que notre vie est meilleure, parce que la maison est mieux entretenue.
Et puis le soin aux enfants est ce qui tient les femmes à l’écart principalement du travail. Et parce que vous savez, les femmes vous diront que « Moi, je veux également faire partie de la population active ». Donc, à moins que nous adoptions des politiques efficaces, et c’est ce que fait la Banque mondiale pour chaque dollar d’aide, vous pouvez également obtenir un équivalent. Eh bien, cela va convaincre les parents à faire en sorte que la femme rentre dans la population active. Eh bien, pour les pays d’Afrique, le Nigeria et autres, je pense que les soins aux enfants ont été pour les trois pays que je viens de citer, les questions prioritaires. Parce que dès que l’on a des crèches, dès que l’on a des garderies, la femme peut travailler. Et alors la femme au travail rapporte son salaire ou rapporte le fruit de son travail. Et ceci contribue à l’amélioration du PIB mondial.

[Mina Al-Oraibi]
L’un des impacts de la Covid 19, c’est le travail hybride et également de la technologie. Et donc je pense évidemment, il faut que les organisations aident cela pour pouvoir en bénéficier. Alors je vais demander comment faire pour aider les femmes à prendre leur sort en main lorsque les normes culturelles s’y opposent. Et la question que l’on pose, c’est comment est-ce qu’on garantit que la société va aider les femmes à accéder à des postes de leadership ?

[Maktar Diop]
Lorsque l’on parle de la culture, je me pose la question : quelle culture ? C’est statique, l’évolution ne l’est pas toujours dans la bonne direction. Parfois, il y a régression, même dans les pays avancés où il y a des droits des femmes qui sont menacés et même effacés. Et pourtant on pensait que c’était permanent, dans les années 60 par exemple. Ce processus n’est pas localisé en un seul lieu du monde. Malheureusement, nous sommes confrontés à nombre de gains, en même temps, dans le même pays, des progrès d’un côté, et puis de l’autre côté, l’on voit une régression qui nous interpelle.
Alors, quelques idées. Quel est le pays qui a le plus grand pourcentage de femmes au Parlement ? Ça dépend. Que dites-vous ?

[Melinda French Gates]
Non, vous, vous. 

[Maktar Diop]
Le Rwanda, le Rwanda. Alors il faut y réfléchir. Et si vous le comparez à d’autres pays de l’OCDE, le Rwanda est bien en avance quant à la participation des femmes. Ce que je vous ai dit, c’est que je voulais apporter une certaine nuance et voir la dynamique.
Alors, le leadership : prenons la gouvernance, dans la représentation. Certains pays, bien sûr, ont exigé que la moitié des parlementaires soient des femmes et des pays ont même annulé certaines [Inintelligible] parce que ça ne se faisait pas. Donc il faut que cela se fasse, mais ce n’est pas suffisant. Et je crois que l’habilitation économique est très importante. Quand vous êtes dans les ménages, les revenus ne viennent pas des hommes, mais c’est les hommes qui ont décidé de l’affectation, qui prennent les décisions. Ce n’est pas toujours en faveur des femmes, en faveur plutôt des hommes. Et ce que vous avez dit c’est très important : les faits de démonstration, c’est-à-dire l’action collective. Quand vous allez dans un village et que vous voyez que les villageois, vos voisins changent de comportement, vous voyez l’impact positif sur le ménage. Donc il y a un effet de modèle qui se produit.
Et enfin, pensez plutôt au rôle des hommes dans tout cela. C’est très important. Je ne crois pas que c’est une question… La question du genre ne revient pas uniquement aux femmes. J’aimerais avoir autant d’hommes que de femmes dans la salle quand on en parle. Une étude que vous avez sans doute vue : en Ouganda, on voulait faire de la formation professionnelle pour voir comment ça se faisait. On a compris que d’ailleurs, l’écart des revenus entre les hommes et les femmes en Ouganda se rétrécissaient quand les femmes devenaient électriciens, mécaniciens et non pas coiffeuses. La deuxième conversation a été encore plus étonnante. D’ailleurs, les enseignantes venaient renforcer le biais et poussaient les femmes à faire des professions féminines et cet effet-là était reconnu. Donc vous voyez, c’est une dynamique différente sur laquelle il nous faut travailler. Et il n’y a pas, bien sûr, de panacée, il nous faut l’engagement personnel.

[Mina Al-Oraibi]
J’aime bien le point de vue nuancé de ce que vous voyez dans les normes culturelles. Je viens des Émirats Arabes unis et il y a davantage de femmes qui font partie de STEM, ce qu’on n’escomptait pas pour nos pays. Mais vous avez raison, il faudrait penser à la spécificité, combien les changements sont pertinents pour la société.
Et Adji, je reviens vers vous. Nous avons une autre question de [Inintelligible]. Désolée d’écorcher son nom. Comment les femmes entrepreneuses dans les zones les plus lointaines peuvent développer leurs entreprises ?

[Adji Bousso Dieng]
Cette question porte sur toutes sortes d’éléments. Cela dépend de l’entreprise. Vous voulez avoir l’entreprise en ligne. Nombre de jeunes femmes au Sénégal qui sortent de l’école et n’ont pas d’autres opportunités et donc elles se mettent en ligne, et Instagram, elles vendent des vêtements et autres. C’est la façon dont elles trouvent leur voie. Un autre aspect, si vous êtes dans une zone rurale et que vous faites des vêtements, un autre exemple parce que nombre de femmes font des vêtements au Sénégal, dès qu’il n’y a plus d’électricité, vous n’avez plus d’entreprises parce que vous ne pouvez plus travailler. Et il est donc nécessaire qu’il y ait des financements à la base, qui est un acquis dans le monde occidental. Mais c’est un financement de l’électricité, de l’accès à l’électricité, de l’Internet, et ce sera très important.

[Mina Al-Oraibi]
Excellent ! Et c’est vrai que parfois nous pensons que c’est un acquis.
Nous pensons à l’éducation des femmes. Je pensais à l’Afghanistan où les femmes ont été interdites de l’éducation et donc c’est un pays sur cette planète qui interdit les femmes non seulement de travailler, mais d’avoir une éducation. Pour revenir aux jeunes femmes sur Instagram, pour être en mesure de vendre, de commencer leur propre entreprise, comment est-ce que les secteurs public et privé peuvent améliorer la technologie et aider les femmes dans les zones rurales ?

[Adji Bousso Dieng]
Eh bien, du secteur public, c’est un financement qui est nécessaire. L’argent, c’est ce qui nous manque et il y a des entraves économiques pour différentes… Comment dire ? Différents domaines, que ce soit à but non lucratif, les écoles, il y a davantage d’accès, d’accès économique, ce serait mieux. C’est essentiel.

[Mina Al-Oraibi]
Très bien. Je vais vous poser à vous tous la même question. Des réponses brèves. J’ai posé les questions de notre public, maintenant les miennes. Sur quoi vous allez vous axer alors que vous essayez d’accélérer le progrès pour que le monde soit plus égalitaire ?

[Adji Bousso Dieng]
Très bonne question. J’y réfléchis souvent. Égalité. Quand j’y pense, l’inégalité tout d’abord, l’Afrique par rapport au reste du monde, c’est ce que je pense. Et ce n’est pas logique qu’il y ait la plus grande source de ressources naturelles du monde et nous restons sous-développés. Donc un monde plus égalitaire, un monde où le continent africain est très développé. Qu’est-ce qu’il faudrait pour qu’un continent qui a tant de ressources, pour qu’il soit développé ? Et bien, je crois que pour répondre à la question, j’ai une hypothèse. Nous avons énormément de ressources naturelles, mais nous n’avons pas de moyens de les transformer en produits finis que nous pourrions explorer à un prix qui nous déterminerions pour la consommation locale. Ce qui nous manque, la raison pour laquelle nous ne pouvons pas transformer nos propres ressources naturelles locales, c’est parce que nous n’avons pas les compétences à l’heure actuelle pour la transformation des ressources locales. Quelles sont ces compétences ? Compétences scientifiques, ingénierie et technologie. Donc, lorsque l’on parle du financement d’un monde plus égalitaire et le financement de l’éducation en Afrique, tout particulièrement pour les filles en Afrique, parce que j’estime la lacune et l’écart très importants, j’essaye donc d’apporter ma contribution à ce problème par The Africa I Know. Et ceci commencerait par une inspiration pour les jeunes filles en Afrique, pour qu’elles puissent rentrer dans ces domaines, qu’elles puissent avoir des carrières, qui ont du succès. Ce que nous faisons, c’est de mettre en vitrine les femmes qui ont réussi leur carrière. Donc la visibilité est très importante parce que si vous ne vous voyez pas dans certains postes, vous ne vous voyez pas réussir, alors que si vous voyez quelqu’un qui réussit, vous pensez peut-être que ce n’est peut-être pas une option pour vous. Alors que si vous voulez un modèle, plus vous partagez avec cette personne, plus vous vous identifiez à cette personne et êtes en mesure de réussir et de prendre ce poste, et bien il y a énormément de travail qui devrait se développer pour donner davantage de visibilité à ceux qui sont peu représentés : les femmes de STEM, donc les femmes africaines. Dans The Africa I Know, c’est ce que nous faisons. Nous faisons en sorte que notre monde soit plus égalitaire.
Alors la recherche scientifique, il faut la partager et nous y travaillons, dans l’ingénierie et dans les sciences, en nous servant de l’intelligence artificielle. Et je veux que ce travail ait un impact, y compris dans la transformation des ressources. C’est ce que nous avons en Afrique, mais également dans la santé et le climat, qui sont des questions qui nous touchent tous.

[Mina Al-Oraibi]
J’allais dire, Makhtar, vous allez passer derrière votre collègue maintenant ? Pas de problème. Faites-le. Faites mieux qu’elle. Essayez de faire mieux qu’elle.

[Maktar Diop]
Qu’est-ce qui vous intéressera quand on parle de l’accélération du progrès ? Encore une fois, l’habilitation économique, c’est mon domaine, c’est ce que je fais à l’heure actuelle. Je crois que c’est très important que la façon dont nous voyons les grandes sociétés, l’activité économique pour les femmes, qui sont le secteur qui ne sont pas… ils sont plutôt dans l’informel. Donc au même niveau de risques [Inintelligible]. Quand vous voyez les entreprises, vous ne serez jamais en mesure de rattraper, donc l’appétit de risque est nécessaire, quand vous regardez les sociétés, tout particulièrement pour les femmes dans la tranche inférieure.
L’éducation. Je ne vais pas vous répéter ce que tout le monde a dit de l’éducation, mais l’éducation, plus précisément dans le domaine du commerce des entreprises, pour aider les femmes dans les PME, pour avoir accès à des compétences de gestion et autres, c’est très important et énormément de travail que [Inintelligible] et d’autres ont engagé.
Troisièmement, pour moi, ce sera d’aller au-delà de l’écart entre les emplois pour hommes et les autres, car l’externalité de la société est massive, non seulement du point de vue économique, c’est normal, mais cela change la perception que l’on a de leur propre point de vue biaisé. Donc à l’évidence, il faut continuer à travailler avec les PDG et les représentants de ces trois grands domaines où nous ne faisons pas autant que nous le souhaiterions. Et maintenant, pour m’assurer que nous sommes tous sur le même plan, alors que faire pour avancer et faire avancer ce programme ? Et donc, c’est avec ma collègue que nous le ferons.

[Mina Al-Oraibi]
Melinda, vous travaillez sur ces questions, et à nombre d’égards : comment pensez-vous améliorer les progrès sur l’égalité ?

[Melinda French Gates]
Il ne faut plus parler du terme autonomisation, agentes autonomes. Nous les envoyons dans une société, société qui n’a pas été créée pour les femmes. Quand vous avez des dirigeantes à la table, elles prennent des décisions différentes en faisant des politiques différentes. Une fois que c’est fait, à ce moment-là, le pouvoir est intégral. Et s’assurer également que l’argent est donné aux femmes. Puisque l’argent, c’est du pouvoir, ça change tout. Ça change tout. Dans les foyers, ça change. Les femmes vous le diront. Comment leur mari, leurs fils, les voient, ça change le point de vue de la société. Ma mère me l’a toujours dit : « Aie ton propre programme, sinon on le fera pour toi ». Alors maintenant, c’est de donner le pouvoir aux femmes.

[Mina Al-Oraibi]
J’aime bien, ça fixe son propre emploi du temps. Et tes priorités, c’est ça.
Alors maintenant, pour le dernier cycle de questions : Adji, quel est le conseil que vous donneriez au PDG pour ce qui est de favoriser l’accès des femmes à davantage de positions, de postes, de responsabilités ?

[Adji Bousso Dieng]
Eh bien pour ce faire, je conseillerais au PDG de le faire tout simplement, parce qu’il y a beaucoup de femmes compétentes, mais de femmes qui rivalisent pour obtenir ce genre de postes. Et donc, nous avons quand même une… nous représentons une population talentueuse, et voilà. Et à disposition.

[Mina Al-Oraibi]
Bon, c’est vrai que les PDG ont une idée un peu abstraite de la chose, alors comment la concrétiser ?

[Melinda French Gates]
Vous savez, les PDG, ça dirige une entreprise. Si vous voulez quelque chose, et bien, vous prenez la décision, un point c’est tout. Tel est notre objectif. Nous allons avoir des femmes à tous les paliers de responsabilité et d’activités et vous prenez les données dans la transparence. Et puis vous faites un examen des résultats et des prestations. Et puis vous mesurez les choses au bout de trois ans et ensuite vous les encouragez, vous leur donnez des incitatifs. Et donc je vois des entreprises qui l’ont fait tout simplement. Et puis, je dirais aux PDG, veillez à avoir un conseil d’administration qui a beaucoup plus que la femme symbolique, parce qu’une seule personne ne peut pas changer une tendance. Il faut que vous ayez déjà un groupe de femmes pour que ça puisse jouer au niveau de l’entreprise. Et rapidement, vous verrez que l’entreprise sera plus rentable. Avec une meilleure ambiance.

[Mina Al-Oraibi]
Alors, est-ce que vous croyez au contingent, au scrutin contingent ?

[Melinda French Gates]
Oui, pendant un petit moment, donné par Makhtar à propos du Rwanda. Ils ont davantage, proportionnellement, de femmes parlementaires parce qu’ils ont fixé le quota et puis maintenant ils sont allés au-delà. Et donc, vous avez la femme qui dirige la Banque centrale, vous avez les hommes qui voient les femmes en position dans des postes de responsabilité et de pouvoir.

[Mina Al-Oraibi]
Je pense que le quota, c’est un sujet qui est quand même un thème de clivage plus ou moins. Et Makhtar, est-ce que vous croyez aux quotas ?

[Makthar Diop]
J’ai la bosse du quota. Bon, vous voulez que j’aie des problèmes, vous voulez me faire glisser sur la pente savonneuse. Alors j’y reviens, concernant les leaders. Il faut tout simplement ouvrir les yeux. Et souvent les gens disent : « Je n’envisage pas, je ne vois aucune femme, aucun noir qui puisse assumer ces responsabilités » [Inintelligble]. Et puis, vous avez ces gens qui sont là devant vous. Alors ils sont en quelque sorte atteints de cécité. Et je parlais moi-même… j’étais directeur général d’un département et dans une banque. Je n’étais pas du tout satisfait du déséquilibre entre hommes et femmes et on m’a dit : « Mais tu ne pourras jamais trouver une femme qui soit directrice, administratrice ». Et donc, j’ai fait la promotion de quatre femmes à ce niveau-là et elles s’en sont très très bien tirées. Elles étaient là, mais personne ne les voyait. Et c’est là, c’est là la caractéristique du préjugé. C’est cette espèce de cécité. Donc, il s’agit tout simplement d’ouvrir les yeux. Donc, c’est-à-dire d’enlever ses lunettes noires et de renoncer à ses préjugés. Et pour les quotas, il nous faut des objectifs. Sans objectifs, et bien, on ne peut pas avancer. Alors, appelez ça « quotas », appelez ça comme vous voudrez. Des gens qui veulent essayer de mettre une idéologie, de donner une connotation idéologique à la discussion, peut-être pour l’évacuer. Mais donc je pense que tant que l’on a des critères, des critères de mesure, ce qu’on en appelle des benchmarks, eh bien on avance.

[Mina Al-Oraibi]
Exactement. On peut mesurer le succès et on peut mesurer également les résultats obtenus par les femmes dans telle ou telle position. Je pense aux femmes jeunes et donc qui doivent combattre le sexisme et d’autres préjugés. Bien, écoutez, pour conclure, je voudrais que l’on parle de l’inclusion, l’inclusion des femmes au niveau d’accès de base et également pour ce qui est de l’accès à des postes de direction et de responsabilités. Alors, il faudra légiférer au niveau des crèches et des garderies et également de l’accès à l’éducation, la technologie, la démocratisation de l’accès à la technologie numérique. Alors, il faut définir comment, dans chacun de ces domaines, nous pouvons agir avec des résultats en incidence. Et bien, c’est ça que j’aimerais.
Donc, je pense que vous avez apprécié les réflexions de nos éminents invités. J’aimerais vous remercier d’avoir été des nôtres. Et alors que nous concluons ce panel, et je voudrais dire que c’est merveilleux d’avoir des dirigeants qui ont su prélever dans leur temps, dans leur semaine très occupée ici, parce que c’est cela qui permet de donner une certaine de ce que j’appellerais visibilité et également de combattre cette cécité des genres dont on nous a parlé. Merci d’avoir été des nôtres. Voilà, applaudissons nos amis panélistes. Et merci à vous, auditoire, d’avoir participé à la chose et merci aux personnes qui se sont branchées en ligne.
Et donc, je vais vous parler d’une femme entrepreneur du Brésil qui a lancé une compagnie de produits avec un budget quasiment inexistant, et donc elle a participé à un mécanisme lancé par SAX pour le financement des femmes. Donc je vous laisse profiter de cette histoire et merci encore.

Júlia Cerqueira Morais. Fondatrice, Flor de Maio
Quel a été votre déclic ?
Donc je m’appelle Júlia Morais et je vis au Curaçao et donc j’avais besoin de m’occuper de moi-même.
Et notamment pour ce qui est de la gynécologie, des menstrues.
Le défi : trouver un prêt
Et également, j’ai trouvé un atelier où l’on fabriquait des produits hygiéniques et le financement venait de ma mère qui m’a aidée, avec son salaire. Ensuite, elle a participé à plusieurs cours, nous avons participé à plusieurs cours de formation, notamment sur la gestion d’une entreprise et nous avons obtenu un prêt en 2020, au début de la pandémie, un prêt qui devait nous permettre… qui favorisait les entrepreneurs noirs de petites entreprises. Nous avons acheté des matières premières et nous avons commencé à fabriquer les premiers produits et à réinvestir l’argent. Et donc, avec le temps, eh bien, j’ai commencé à avoir des compléments de formation, des ressources de différentes sources. Et puis j’ai découvert divers points SA. Et donc nous avons commencé à participer aux projets, à ces formations en liaison avec l’entrepreneuriat, les finances, et donc nous avons été sélectionnées. 
Servir la population locale
Et maintenant, je vois des perspectives dans le domaine des soins et également un meilleur bien-être physique et mental, avec une approche holistique notamment tournée vers les personnes noires, les femmes noires, les familles noires. Et donc, nous avons maintenant élargi la gamme de ce que nous pouvons offrir afin de combattre le stress, qui est une cause de maladie, et très répandue, et je pense que telle est l’idée. 
Développer l’entreprise
Alors le but, c’était de donner un avenir à Flor de Maio, c’est d’élargir notre entreprise, de lui donner une expansion afin de pouvoir aider davantage, atteindre davantage de gens et répondre aux demandes du marché qui sont en train de croître jour après jour dans le domaine de la santé. Et également ouvrir un espace physique où nous pourrons rendre des services de santé dans un sens holistique et naturel.
Créer des marchés, créer des opportunités
 

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