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La capacité d'impulsion des capitaux privés pour le développement durable | Réunions de printemps 2023

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Quel rôle aujourd’hui pour les capitaux privés dans le financement durable des objectifs de développement ? C'était le thème d’une discussion animée par David Malpass, Anshula Kant et Jorge Familiar, dans un contexte mondial marqué par des défis qui obligent à repenser le champ traditionnel du développement économique. En raison de multiples facteurs, au premier rang desquels la COVID-19 et la guerre en Ukraine, de nombreux pays se retrouvent confrontés à un fort endettement, alors même qu’ils doivent faire face à la montée des préoccupations climatiques. Des milliers de milliards de dollars sont nécessaires pour parvenir à progresser aussi vite qu'avant la pandémie sur le front du développement tout en s’adaptant au changement climatique.

Et les ressources publiques ne suffiront pas à elles seules à répondre aux immenses besoins des pays en développement. Obligations vertes, obligations catastrophe ou obligations dont le rendement est lié à la réduction des émissions ou plus généralement à des résultats : la Banque mondiale a contribué à l’émergence de divers instruments de financement novateurs. Toutefois, comme cela a été souligné durant la discussion, il faut intensifier considérablement le recours aux instruments existants et continuer d’innover. Des partenariats solides et une communication étroite entre les parties prenantes, en particulier les institutions bancaires internationales, les gouvernements des économies émergentes et les intermédiaires financiers tels que la Banque mondiale, sont essentiels à la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD), notamment en ce qui concerne les cibles climatiques. On estime que 20 000 milliards de dollars de financements seront nécessaires au cours des prochaines décennies pour relever ces défis.

00:00 Mot de bienvenue

02:17 Conversation entre David Malpass et José Viñals : les flux de capitaux vers les pays en développement

- David R. Malpass, président du Groupe de la Banque mondiale
- José Viñals, président de Standard Chartered PLC

28:43 Vidéo : présentation des obligations de la Banque mondiale dont le rendement est lié à la réduction des émissions

30:47 Table ronde : intersection des marchés de capitaux et du développement durable

- Anshula Kant, directrice générale et directrice financière, Groupe de la Banque mondiale
- Rania Al-Mashat, ministre de la Coopération internationale, République arabe d’Égypte
- Julie Monaco, directrice générale, Citi
- Rosalia V. De Leon, Trésorière des Philippines
- Modérateur : Jorge Familiar, Vice-président et trésorier, Banque mondiale ; Administrateur du financement des pensions, Groupe de la Banque mondiale

1:27:58 Conclusion

[Jorge Familiar]
Bonjour. Bienvenue aux Réunions de Printemps du Groupe de la Banque mondiale et du FMI de 2023.
Je suis Jorge Familiar et au cours des 90 minutes à venir, nous allons nous entretenir sur le pouvoir du capital privé et du développement durable. Vous pouvez partager vos réflexions en utilisant #ReshapingDevelopment. Vous voyez le code à l'écran pour afficher vos questions ou si vous nous suivez en ligne, joignez-vous au dialogue sur live.worldbank.org.
Le monde est confronté à des défis liés entre eux : taux d'inflation élevés, insécurité alimentaire en croissance, inégalité, fragilité mondiale, pandémies, niveaux de dettes qui augmentent. Et nous relevons ces défis dans un contexte d'une crise climatique qui, d'après les estimations, va coûter 1000 milliards de financement supplémentaires par année. Pour faire face à ces défis de développement actuels et émergents, le monde fait appel aux banques multilatérales pour considérablement renforcer leur appui. Et la Banque mondiale joue un rôle central dans cet effort. Par conséquent, la direction de la Banque s'est embarquée dans une feuille de route pour l'évolution en nous entretenant avec toutes les parties prenantes puisque les ressources des biens meubles déterminés sont limités par rapport aux besoins énormes de financement pour financer le développement. Nous devons tirer parti des fonds du capital privé pour faciliter le développement des biens publics mondiaux et relever les crises immédiates et les défis à long terme.
Aujourd'hui, nous aurons tout d'abord une conversation pendant 30 minutes individuelle, suivie d'un panel d'une table ronde pour un débat plus profond parmi les parties prenantes concernant le rôle du financement durable dans le développement, en utilisant des exemples concrets.
Je vous présente, Monsieur le Président David Malpass et le Président du groupe de la Standard Chartered PLC, José Viñals.

[David Malpass]
Merci. Nous avons ici le Trésorier de la Banque mondiale qui va être à l’écoute, mais je vais donc essayer de faire en sorte que José nous parle de ses réflexions, du marché et des flux de capitaux dans les marchés en développement. Je voudrais que nous commencions au niveau des bases pour savoir comment Standard Chartered travaille avec les pays en développement pour faire des injections de capital. Citez nous quelques exemples et quels sont les obstacles pour investir davantage de fonds dans les pays en développement ? Et merci d'être là.

[José Viñals]
Merci beaucoup David et Jorge. Merci de cette invitation, d'être avec vous à cet événement. 
La réalité est que les marchés émergents et les économies en développement ont besoin de beaucoup de fonds. Ces fonds se trouvent quelque part ailleurs. Donc la question qui se pose, c'est comment faire parvenir les fonds de là où ils se trouvent, à là où ils doivent être employés. C'est là le rôle de nos interventions, des banques et d’autres institutions financières d'envergure mondiale.
À Standard Chartered, nous existons depuis 170 ans sur les marchés émergents et les économies en développement à travers le monde. Nous pensons qu’apporter ce financement est très important, non pas parce que c'est la bonne chose à faire, mais parce que c'est une chose intelligente à faire du point de vue commercial, parce qu'il y a des opportunités d'affaires qui se présentent à nous.
Mais pour revenir au deuxième volet de votre question : quels sont les obstacles qui existent et comment surmonter ces obstacles, je dirais que le premier obstacle qui ralentit les investisseurs privés et les empêche d'investir dans des choses comme le développement durable, des projets d'infrastructures pérennes, le financement du climat dans les économies en développement, tout cela est lié à l'appétit, aux risques, à la fois la réalité du risque et la perception du risque. Et la perception est peut-être pire que la réalité. Je dis cela car, en tant que banque bien établie, c'est dans les marchés difficiles et qui présentent des défis, où nous comprenons bien les réalités sur le terrain et parfois, dans les entretiens avec mes homologues à l'échelle mondiale, je m'aperçois que leur perception du risque va bien au-delà du risque réel. Toutefois, je dois reconnaître que la réalité présente des défis parce que sur les marchés émergents et dans les économies en développement en particulier, vous avez un risque politique important parce que vous avez le risque de revers de politiques, d'instabilité juridique et dans des cas, des doutes sur la qualité de la gouvernance, de la gouvernance économique notamment, et des effets de la corruption. Et ce sont là des choses qui doivent être prises en compte par les investisseurs internationaux et qui les prennent d’ailleurs en compte lorsqu'ils décident d'investir du capital sur des marchés émergeants et des économies en développement ou non. Pour vous donner un élément d'information, si l'on considère les actifs gérés par les 300 principaux gestionnaires d'actifs du monde, moins de 10 % de ces actifs sont sur des marchés émergents et des économies en développement, si vous excluez la Chine. Donc c’est un tout petit chiffre. Et la question est comment est-ce que vous augmentez ce chiffre ? Comment gérer les risques ? Une autre dimension du risque concerne l'instabilité macro-financière. C'est lié à la première série d'éléments que j'ai mentionnés. Mais c'est également une chose difficile. Comment faire face à la volatilité des taux de change ? Comment faire face à l'instabilité dans les flux de recettes liés à différents projets ? Ces éléments présentent des défis et à présent dans le contexte actuel, nous voyons par ailleurs qu'en conséquence du resserrement du crédit dans le monde dû à certains des troubles récents dans le secteur bancaire, ceci a ajouté également une prime de risque, ce qui ajoute également au resserrement des politiques monétaires dans les grandes économies. Donc, ce sont là les obstacles. Comment avoir la bonne relation entre votre risque et votre rendement ? Cela m'amène au sujet des projets. 
Comme je l'ai dit, il y a des milliers de milliards de dollars qui sont là, qui sont en attente. Comment les faire jouer leur rôle ? C'est là où le secteur privé, les agences multilatérales, les agences de financement multilatérales et les bailleurs peuvent intervenir pour monter des enveloppes, pour créer une coalition des volontaires pour renforcer nos efforts. Un petit exemple, nous travaillons beaucoup avec le Groupe de la Banque mondiale et d'autres multilatérales dans des projets de financement mixtes. Par exemple en Angola, il y a quelques années, nous avons conclu un projet en collaboration avec la Banque mondiale d’environ 1 milliard de dollars sur la sécurité de l'eau. C'est une garantie de prêt. C'est la plus grande transaction avec une garantie de prêt que nous avons entrepris et c'est un privilège pour nous. Nous avons fait de la recherche sur les problèmes d'adduction d'eau, sur les rendements socioéconomiques et les rendements tout court de l'eau propre et les rendements, sont de 12 à 1 : 12 $ en termes de PIB par rapport à 1 $ d'investissement. Donc, c'est un retour très important, mais le risque doit être géré pour qu'en fin de compte les incitations existent pour que le capital privé puisse venir au bon rythme et à la bonne échelle.


[David Malpass]
Restons sur ce sujet. Lorsque vous parlez de financement mixte, expliquez-nous comment les coûts de financement peuvent être réduits par les banques multilatérales de développement. Il peut y avoir des fonds concessionnels aux côtés des fonds investis par le secteur privé. Il peut y avoir des garanties et il peut y avoir des agences telles que l’Agence multilatérale de garantie des investissements ou d'autres agences multilatérales qui peuvent garantir contre les risques politiques. Et ce projet d'eau en Angola d'un milliard de dollars, quels sont les outils utilisés pour assurer, couvrir le financement pour que ce soit rentable ?

[José Viñals]
Vous avez parlé un peu de toutes les catégories qui existent et je pense que la garantie de crédit partiel était très importante pour que ce projet puisse avoir lieu. Et donc ceci devient une question très importante pour l'avenir.

[David Malpass]
Pour atteindre les centaines de milliards de dollars de financement du secteur privé qui seront mobilisés dans des situations plus risquées, vous avez soulevé l'idée du concept que le risque est important à cet égard. Comment les institutions multilatérales peuvent-elles connaître les risques par rapport à votre appréciation du projet ? Dans cette relation, comment partagez-vous vos évaluations du risque ? 

[José Viñals]
Il est important d'avoir un dialogue très étroit entre, d'une part, les gouvernements nationaux, les investisseurs privés par ailleurs, qui apportent le financement, et les instances multilatérales, le Groupe de la Banque mondiale et les instances régionales, peu importe. Il est important que tout le monde soit à la même page et donc avoir les bonnes communications, la bonne interprétation, parler la même langue quant au financement du développement. Il faut donc comprendre le développement, comprendre le risque, comprendre comment identifier les risques, comment atténuer ces risques, comment éliminer les risques du projet, toute cette communication est très importante. Nous utilisons également beaucoup les garanties de l’Agence multilatérale de garantie des investissements, peut être l'un des ses principaux utilisateurs des garanties. Vu les marchés où nous sommes actifs et dont nous avons vu les avantages de ces financements mixtes, vu les avantages de faire des partenariats avec le Groupe de la Banque mondiale et d'autres banques multilatérales de développement pour faire venir du capital international dans des projets. Mais en fait, il y a des opportunités de réfléchir de manière créatrice pour passer à une plus grande échelle et donc faire en sorte que ces interventions soient plus puissantes. Passer du détail à devenir grossiste si vous voulez.

[David Malpass]
Je vais revenir sur cela, mais c'est un volet d'assurance du groupe la Banque mondiale qui peut garantir, contre le risque de transfert, garantir contre les risques de guerre ou de troubles civils et le risque d'expropriation. Et ceci aide à faciliter l'équation du risque dont vous parliez avec les pays. Mais le groupe de la Banque mondiale a peut-être des informations qu'il est peut-être plus difficile pour vous d'obtenir. Donc il faut qu'il y ait un partage d'informations. Et la Banque mondiale absorbe le risque là où elle a sa propre expertise. Et lorsque nous cherchons à financer le climat, l'objectif est de financer les domaines d'expertise qui peuvent nous servir de base et donc les offrir dans cette équation de transfert de risques avec le secteur privé.
Avant de passer dans ce sujet, et j'y reviendrai, je voulais revenir sur votre premier commentaire sur la stabilité macroéconomique, l'une des préoccupations et un des besoins urgents pour les pays en développement, particulièrement le Sud mondial. C'est un sujet de conversation toute cette semaine concerne l'asymétrie de la situation mondiale à l'heure actuelle en termes de flux de capitaux qui ne vont pas vers les pays où il y a peut-être une croissance de population très rapide, où il y a des bonnes opportunités pour des retours sur l'investissement, mais il n'y a pas de flux de capital et donc il y a une table ronde mondiale sur la dette il y a deux jours. Vous aviez soulevé la question des instruments en devises locales. Et donc je ferai le commentaire général que l'une des choses qui advient dans le monde semble que l'on ait moins d'appétit pour les risques de crédit et de risques de réussir dans la durée. Dans les pays en développement de manière générale et surtout les plus pauvres parmi ceux-ci. Le marché international des obligations s'est fermé ensuite certains des marchés régionaux d'obligations, le marchés des prêts syndiqués ne sont pas opérationnels et les gouvernements se tournent vers les banques locales, ce qui empêche le secteur privé d'avoir accès à ces financements et les écartent.
J'ai prononcé un discours il y a deux semaines au Niger, précisément sur ces sujets que les pays doivent travailler encore plus difficilement pour assurer leur stabilité macroéconomique. Parce que dans la négative, ils seront vraiment rejetés de ce secteur, ils n'auront pas accès au financement. Comme nous voyons du stress bancaire dans d'autres régions du monde, cela peut advenir dans les pays en développement également. Donc, quelles sont vos réflexions sur la stabilité macroéconomique et ces préoccupations quant à l'accès au capital ? 

[José Viñals]
Ces préoccupations sont réelles vu les défis que nous avons dans la situation macroéconomique où, en moyenne, les marchés ont été laissés pour compte dans les flux de capitaux internationaux. Tout ce que vous avez est au niveau local, alors cet effet d'éviction se produit de manière naturelle et donc, c’est une situation difficile. Pour relier ceci avec le premier volet de votre question qui concerne la table ronde sur la dette souveraine. Le monde doit résoudre deux problèmes : un problème de stock de capitaux et un problème de flux de capitaux. Vous avez des pays qui sont soit en surendettement ou avec des risques très élevés de surendettement. Il y a un grand nombre de pays à faible revenu, on estime qu'environ 60 % d'entre eux se trouvent dans une ou l'autre de ces situations. Il y a d'autres pays à revenu intermédiaire qui sont également à risque donc nous avons un véritable problème à ce niveau-là. Donc, il convient de résoudre le problème de stock de capital en assurant la restructuration d'une manière efficace. Et je pense que la Table ronde sur la dette souveraine que vous avez organisée, vous, Kristalina et la ministre des Finances de l'Inde, au nom du G20, est une excellente conversation. C'est une conversation mondiale, inclusive, qui regroupe toutes les parties prenantes, les pays emprunteurs, les multilatéraux, les créanciers officiels ainsi que le secteur privé, les bailleurs du secteur privé. C'est très important et j'espère que nous pourrons continuer à nous appuyer sur les accords récents réalisés il y a deux jours. Mais ça, c'est régler le problème du stock de financement et c'est important pour assurer l'accès aux marchés. Parce qu'encore une fois, c'est l'accès aux marchés qui va débloquer les obstacles budgétaires des pays et éliminer ces effets d'éviction. Donc, développer les bonnes politiques avec les programmes liés à ces restructurations sont d'importance critique. Mais pour régler le problème des flux et pour en revenir à ce qu'on disait auparavant, on disait que vous avez besoin de faire en sorte que le secteur privé travaille avec les agences multilatérales, avec les différents bailleurs pour s'assurer que nous avons le brassage de financement ou de financement mixte à l'échelle requise. Parce que ce n'est que sur la base d'incitations du secteur privé. Et il n'y aura pas de financement suffisant pour le monde en développement. Et donc il faut une collaboration.

[David Malpass]
Parlons du financement du climat. Si c'est un projet qui prendra beaucoup de temps seul pour avoir un retour ou qui n'aura peut-être pas un retour positif, alors, le défi pour le monde, c'est comment peut-on ajouter du financement pour l'aspect bien public mondial ?
Nous avons travaillé d'arrache-pied sur un projet en Afrique du Sud pour décommissionner une centrale au charbon avec plusieurs sources de financement : des prêts directs de la Banque mondiale à l'Afrique du Sud, il y avait des fonds d'une fondation et des fonds d'un fonds de fiducie qui ensuite a permis au projet de décoller. Et la Société financière internationale a joué un rôle saillant du côté des renouvelables pour remplacer la perte d'électricité du fait que nous avions mis hors service la centrale de charbon. C'était un programme pilote mais l'objectif, c'est de faire cela 10 000 fois de plus. C'est vraiment ce qui est requis, littéralement. Donc le défi, c'est comment le projet peut-il être suivi sur une période suffisamment longue que pour nous assurer que simplement on ne va pas réouvrir la centrale. La Banque mondiale a une relation solide en Afrique du Sud, ce qui peut réconforter le monde et les rassurer qu'au cours des dix années à venir, cette centrale au charbon restera fermée et que l'on va utiliser l'électricité renouvelable reliée au réseau.
Enfin, un des volets du rôle de la Banque mondiale n'est pas uniquement d'assurer le financement, bien que ce soit important, mais c'est également la gestion du projet et la relation à long terme qui sont requises pour assurer la transition. Et donc, sur cette base, nous avons proposé un fonds de fiducie que l'on appelle SCALE pour les pays à revenu intermédiaire, qui serait des fonds à des conditions concessionnelles qui pourraient permettre d'accélérer des projets pour que vous soyez attiré à investir. Cela veut dire avoir du financement mixte et ça veut dire réduire le risque et le taux d'intérêt pour que vos investisseurs s'intéressent au projet.
Quelles idées vous pouvez donner sur ce que la banque pourrait faire en ce qui concerne ses outils afin de faciliter ce processus ?

[José Viñals]
Comme vous l'avez dit, il s'agit d'utiliser les outils actuels pour faire ce qu'on fait déjà, mais en faire bien davantage. C'est la première chose. L'autre chose, c'est qu'il y a toujours une possibilité d'explorer de nouveaux outils. Et m'exprimant maintenant en une qualité différente.

[David Malpass]
Vous êtes Coprésident de l'Alliance des Nations-Unies des investisseurs pour le développement durable.

[José Viñals]
Dont l'objectif est d'apporter des idées et des outils financiers pour augmenter le financement. Il faut réfléchir à des solutions comme celle que vous suggérez. À Standard Chartered, nous sommes très impliqués avec l'Indonésie et le Viet Nam dans des partenariats de possession conjointe, de propriété conjointe. Dans ces partenariats, vous avez des fonds de bailleurs, vous avez les gouvernements, les entreprises d'État, vous avez les bailleurs, vous avez les multilatérales et vous avez le secteur privé. Nous sommes l'une des sept banques impliquées dans ces opérations là pour la mise en circulation de centrales au charbon. Et c'est quelque chose de très important.
Mais il y a d'autres exemples où cet appui pourrait apporter. L'adaptation au climat, par exemple. On parle ici d'atténuation, de réduire les émissions, mais l'adaptation maintenant. Nous avons considéré dix des plus grands marchés émergents dans les économies en développement dans des pays où nous travaillons et nous avons mesuré dans un projet de recherche ce que serait le rendement économique. Lorsqu'il s'agit d'éviter des pertes de PIB. Si vous investissez d'ores et déjà dans l'adaptation au climat et si vous y investissez d'ici à la fin de la décennie dès aujourd'hui, mais jusqu'à la fin de la décennie, pour chaque dollar que vous avez utilisé maintenant, vous évitez 12 $ de perte de PIB. Ce PIB qui est perdu n'est pas tangible, il n'existe pas. Le risque consiste dans les externalités et c'est difficile d'établir un prix pour cela. Et c'est là où vous avez besoin d'un rôle pour une intervention publique et en apportant donc le bon brassage d'incitation, vous pouvez mobiliser les fonds requis. 12 à 1, c'est un assez bon rendement sur votre investissement. J’aimerais l'avoir pour la banque, tout investisseur le voudrait. 
C'est un des exemples sur l'adaptation. Il y a des exemples critiques. Ce dont vous avez parlé sur l’Indonésie, ces opérations conjointes en Indonésie, au Viet Nam. Nous sommes présents, mais il faut également une plateforme mondiale. Et c'est ce que fait le groupe des Nations-Unies et la Banque mondiale qui contribuent également par des idées sur cette plateforme, ce qui pourrait permettre à l'avenir de renforcer l'investissement par une multiplicité de multilatérales qui investirait et une pléthore d'investisseurs privés et une pléthore de projets d'investissements durables à travers une pléthore de géographie.

[David Malpass]
Quelques questions sur ces éléments : pour l'adaptation, la Banque assure un financement direct pour des bons projets d'adaptation et nous avons des outils de diagnostic pour aider les pays à décider quels sont les projets les plus efficaces. Et ceci se fonde sur les calculs de rendement que vous réalisez également. Montrez aux pays que si vous vous préparez pour une crise, ça coûtera beaucoup moins cher plutôt que d'attendre que la crise advienne et de réparer après. 
Mais ceci n'a pas été converti encore dans des projets que l'on peut vendre aux pays clients. Donc comment faire en sorte que le secteur privé s'intéresse à ce type d'opérations ? Reconnaissons qu'il y a retour, que ces investissements sont rentables et qu'alors les financiers pourraient bénéficier d'une partie de ce rendement. Ceci exige la vérification du coût d'opportunité, en d'autres termes, la possibilité de pouvoir calculer quels seraient les coûts s'il n'y avait pas d’adaptation et ensuite vous faites l'investissement, vous assurez l’adaptation et vous recueillez les avantages de cet investissement par rapport aux conditions de base. Il y a la même chose pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais comment payer pour ces réductions et rendre commerciale l'idée qu'un pays s'engage sur la voie de plus beaucoup plus d'émissions ? Mais si l'on peut réduire cette tendance, réduire les émissions de gaz à effet de serre, que cela a une valeur pour le monde entier. Mais il n'y a pas encore de modèle pour capturer ces coûts d'opportunité des pertes qui seraient évitées. Y a-t-il une réflexion sur comment procéder ?

[José Viñals]
Je suis désolé de ne pas pouvoir répondre à cette question, c'est certes la question du jour. Mais reconnaître le problème tout d'abord est important. Et deuxièmement, avoir les modèles et la recherche qui peuvent montrer quels sont les coûts d'opportunité si vous n'agissez pas maintenant. Ce que le monde perdrait si vous n'agissez pas. Et troisièmement, vu qu'il y a des conditions extérieures et que les marchés ne peuvent pas fixer des prix, il faut des interventions pour assurer que le secteur privé soit prêt à procéder à ce type d'investissement. Et ce qui exige donc une conversation qui doit être poursuivie avec sérieux. Et avant la COP28, j'espère personnellement que ce sera un volet très important de la conversation dans ce contexte.

[David Malpass]
Nous innovons aussi rapidement que faire se peut. 
Jorge, derrière nous dit qu'il ne nous reste qu'une ou deux minutes.
Mais je vous dirai qu'il a joué un rôle saillant dans un ou deux de nos projets sur obligations qui peuvent tirer partie de ceci. L'un d'entre eux a été le bon, le projet RHINO en Afrique du Sud, où il y avait la capacité de vérifier que les investisseurs sont prêts à investir dans une situation où vous pouvez compter le nombre de rhinocéros et si cela augmente. C'est un bien public mondial et donc on a une obligation qui capture le futur des rhinocéros. Et au Viet Nam, les purificateurs d'eau.reconnaissant que si les écoles au Viet Nam pouvaient passer à des purificateurs d'eau plutôt que de faire brûler du bois pour faire bouillir leur eau, il y aurait une réduction des émissions de gaz à effet de serre. C'était dans une transaction importante que cela a été capturé. Et on le fait également dans des obligations pour la préparation aux catastrophes, aux crises ou aux pandémies. Je pense donc que l'innovation devient importante. Mais ce que nous essayons de développer c'est l'échelle. Faire toutes ces opérations à l'échelle.
Vous avez parlé des partenariats conjoints, mais je voudrais vous demander s'il y a eu des flux de ces projets. Y a-t-il un calendrier pour savoir quand il y aurait vraiment des réductions de gaz à effet de serre ? Dans le projet en Afrique du Sud, je l'ai vu fermer la tour de refroidissement de cette centrale au charbon et elle ne sera pas reconstruite. Est-ce possible dans un autre pays ?

[José Viñals]
Je pense que ces projets conjoints n'en sont qu'à leurs débuts. Mais c'est une innovation intéressante. Dans le cas du Viet Nam, vous l’avez dit, nous avons signé un protocole d'accord avec le gouvernement pour une durée de 5 milliards de dollars pour financer des projets de réduction d'émissions de gaz à effet de serre.
L'une des choses très importantes, c’est comment monétiser les réductions de carbone, les épargnes en carbone réalisées. Cette monétisation peut être ajoutée au rendement financier dans cette question de l'équation risque-rendement.

[David Malpass]
Peut-être que le panel suivant peut en parler. Merci beaucoup, José, très intéressant. Bonne chance dans tous vos efforts.

[Jorge Familiar]
Merci de ce remarquable échange qui prépare le terrain pour le prochain panel où nous allons approfondir certains des sujets que vous avez abordés. Donc nous allons maintenant vous proposer une vidéo très brève et puis nous reprendrons avec le panel suivant.

[Voix off]
L'accès universel à de l'eau salubre est une exigence. Cependant, au Viet Nam, année après année, 9000 personnes meurent et 250 000 sont hospitalisées en raison de la pénurie d'eau salubre. Les enfants sont particulièrement vulnérables aux maladies qui en découlent. Et des millions de personnes également ont du mal à pouvoir bouillir l'eau.
Obligation liée à la réduction des émissions. 14 février 2023. Une obligation de 50 000 000 USD échéant le 31 mars 2028. Chef de file Citibank. Première obligation liée à la réduction des émissions. En février 2023 (l’année a été corrigée), la Banque a placé une obligation de 50 millions de dollars assortie d’un rendement lié aux réductions d'émissions obtenues dans le cadre d’un projet visant à fournir de l’eau potable à 2 millions d’enfants au Viet Nam.
Le recueil des fonds de la Banque mondiale a permis de fabriquer 300 mille purificateurs d'eau faciles à utiliser et de les distribuer dans 18 000 institutions scolaires. Ces purificateurs permettront d'alimenter en eau 2 millions d'enfants, d'éliminer également 600 millions de tonnes d'émissions de gaz à effet de serre. Et en réduisant ces émissions, le projet va permettre également d'engendrer des crédits de carbone qui pourront être vendus. Mais pour ce faire, il faut un financement pour faire décoller le projet et cette obligation s'adresse aux marchés, aux capitaux, pour fournir un financement. Et si le projet réussit, les investisseurs auront un rendement ou des recettes qui donneront des crédits de carbone. Cette obligation est un nouvel instrument de mobilisation des capitaux à des fins positives.

[Jorge Familiar]
Nous allons lancer cette conversation et c'est un sujet très intéressant pour prolonger la conversation sur le sujet qui a été présenté par David Malpass.
Il s'agit d'un panel qui n’a pas besoin d'être présenté. Vous pouvez lire les biographies de nos participantes sur notre site web, mais nous Madame Rania Al-Mashat de l'Égypte, Ministre de la Coopération internationale. Madame Julie Monaco, directrice générale à Citi, madame Anshula Kant, Directrice générale et directrice financière du Groupe de la banque mondiale, Madame Rosalia De Leon, elle est trésorière des Philippines.
Donc nous nous félicitons de la perspective de suivre cette conversation concernant l'intersection entre les marchés de capitaux et le développement durable. J'ai promis d'avoir également une conversation extrêmement interactive. Délimitons un peu le contexte : l’Environnement a beaucoup changé de façon spectaculaire et il a rendu nécessaire que l'on mette en œuvre des adaptations budgétaires avec inflation déchaînée, augmentation, flambée des taux d'intérêt et tous ces facteurs avec une toile de fond de changement climatique. Alors il est très difficile de se piloter à travers tous ces phénomènes complexes.
Alors, je m'adresse à Anshula : Comment est-ce que vous percevez l'intersection entre ces défis et le financement du développement ?

[Anshula Kant]
Merci de cette invitation. Je suis heureuse d'être ici et d'être en compagnie de notre auditoire. Merci également aux co-panelistes qui ont accepté notre invitation.
Cette multiplicité de facteurs a affecté les marchés et notamment les perspectives de réduction de la pauvreté et notamment l'atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés en la matière. Et je voudrais juxtaposer cela avec les données macroéconomiques. Et ce matin, David et José en ont parlé de façon très cohérente. Donc on constate un ralentissement économique. Compte tenu de tous ces facteurs, il nous faut des montants de ressources qui soient conséquents pour aider les pays en développement, les pays à faible revenu pour retrouver leur assiette et retourner à la situation où ils étaient. Et puis, nous avons également des ressources supplémentaires pour affronter les défis mondiaux. Les chiffres pour le changement climatique, il y a des sommes immenses qui sont estimées pendant les sept prochaines années jusqu'à 2030. Alors on peut utiliser tous ces chiffres impressionnants. C'est très difficile de se mettre à compter les zéros.
Pour revenir à cette notion d'objectifs du développement durable et les mesures que doivent prendre les pays en conséquence. Le Groupe de la Banque mondiale a intensifié, compte tenu de la crise, ses recherches de ressources. Mais tout le monde comprend qu’on s'entend à l'échelle mondiale qu'il va falloir que tout le monde maintenant rassemble et unisse les efforts pour répondre à ces besoins. Donc il y a les pays que nous aidons à travers l’Association internationale de développement. Il va falloir alimenter les programmes, notamment pour la mise en valeur du capital humain. Des pays à revenus moyens appuyés par la BIRD ont de grosses difficultés pour atteindre leurs objectifs en matière climatique et essayer de remettre à plat leurs économies. Tout ceci se produit et j'aimerais bien entendre ce que Julie a à nous dire. Mais je voudrais dire en quelques mots que, il y a quelques mois, il y a eu une réunion des actionnaires et donc notre effort consiste à déterminer comment nous pouvons renforcer notre mission de manière à mettre l'accent sur ces objectifs, parallèlement aux objectifs jumeaux, dirais-je. Cela dépend de l'adoption d'un modèle de financement et de renforcement de capacités. Et puis nous étudions toutes les recommandations que le panel indépendant qui a été commandité par le G20, ces recommandations qui doivent venir de ce panel et nous essayons de renforcer nos modèles opérationnels pour affronter les défis qui se posent pour les marchés émergents et l'économie en développement.

[Jorge Familiar]
Merci infiniment à Anshula, Madame la ministre, elle vient de nous parler de ses défis d'envergure mondiale. J'aimerais savoir comment cela se présente du point de vue de l'Égypte et je sais que nous avons un cadre de coopération entre la Banque et l'Égypte. Alors comment est-ce que ces stratégies s’inscrivent-elles dans le développement durable pour l'Égypte ?

[Rania Al-Mashat]
D'abord, je suis très heureuse de faire partie de ce panel.
Je dirais qu'il s'agit maintenant d'un moment carrefour de charnière pour la Banque mondiale. Donc je dirais concernant l'Égypte, je dirais que tous les pays à revenu moyen doivent s'appuyer sur les partenariats qu'ils ont avec la communauté mondiale, notamment la Banque mondiale, la Banque internationale de reconstruction et de développement et donc essayer de mettre à profit ces appuis alors que nous traversons une période difficile marquée par la crise climatique et d'autres crises concomitantes. C'est là que le Country Partnership Framework avec la Banque mondiale intervient. Ceci a été formé après des consultations approfondies et avec nos homologues, et c'est une initiative de la Banque mondiale. Et cela se fait dans le cadre de cette évolution dont pour nous ce cadre de partenariat au niveau des pays, le Country Partnership Framework doit être pris en main directement par les pays pour que nous puissions porter à l'étape suivante de notre partenariat avec la Banque. Donc, il y a trois éléments importants pour Country Partnership Framework : premièrement, le capital humain. Deuxièmement, la participation du secteur privé. Nous avons entendu pendant la première conversation que pour atteindre les objectifs hauts du développement durable, il faut qu’il y ait une contribution du secteur privé pour les prêts. Et troisièmement, la résilience face aux changements climatiques. L'Égypte a accueilli la COP au mois de novembre dernier et cela a été mis en exergue à cette occasion. Mais il ne s'agit pas simplement d'avoir simplement le financement, mais d'assurer la qualité en même temps que le volume des financements liés aux changements climatiques.
Je pense que le Country Partnership Framework, le secteur privé et le secteur public y contribuent de façon convergente. Donc je pense qu'il est très important d'avoir la participation du secteur privé et le travail que nous avons accompli au cours des années précédentes à la Banque mondiale, notamment les obligations vertes et que la Société financière internationale a émis. Ainsi que les projets d'atténuation provenant également du secteur privé ont été utiles et je dirais que le Country Partnership Framework couvre les cinq prochaines années et arrive à un moment où nous essayons d'intégrer un grand nombre de nouveaux éléments de discussion à ce cadre. Et donc nous nous attendons à ce que les cinq prochaines années soient très intenses et marqués par une étroite collaboration avec la Banque, avec différents secteurs, et je pense que cela pourrait être porteur de résultats. Et si l'on voit ce qui s'est passé à notre examen des volets d'éducation et également de transport durable, la Banque a joué un rôle déterminant vis à vis de l'Égypte et nous essaierons de promouvoir cela encore à travers le cadre du Country Partnership Framework. C'est dans ce cadre de partenariat des pays du Cadre de Programmation Pays. Ce qui permet d'ailleurs de collaborer avec d'autres institutions et même d'autres réseaux d'institutions. Et cela joue notamment pour ce qui est de notre vision 2030 de la stratégie climatique. Tout ceci est énoncé dans le document lui-même et cela a été formulé à travers un processus consultatif approfondi.

[Jorge Familiar]
Merci beaucoup, Madame la ministre, et je vois, d'après ce que vous dite et ce qu’Anshula a dit, que la préoccupation climatique est au premier plan de vos réflexions. C'est peut-être le principal défi auquel est confrontée l'humanité. Donc de gros efforts sont déployés en faveur du développement durable avec une intensité et une fréquence croissante de catastrophes naturelles, dont les ouragans. Et donc les progrès accomplis et des efforts de plusieurs années peuvent être annihilés en quelques heures.
Alors Rosalia, pourriez-vous nous parler de la façon dont les Philippines essaient de s'équiper, de se protéger face aux catastrophes naturelles ? Parce qu'il me semble qu'il y a un élément critique de cela, c'est le fait que l'on peut mettre sur pied un système à plusieurs étages que j'appellerais un filet de sécurité en quelque sorte.

[Rosalia De Leon]
Merci d'avance. Bonjour tout le monde. Je suis heureuse d'être ici. Merci aux personnes présentes et aux personnes qui nous suivent en ligne.
Nous essayons de résoudre des grands problèmes de la terre. Aux Philippines, nous nous trouvons dans ce qu'on appelle la ceinture des typhons. Donc nous avons plusieurs typhons par an. C'est une chose à laquelle les Philippines doivent se préparer et contre laquelle elles doivent s'équiper. Nous sommes toujours engagés dans un processus de gestion du risque au niveau national, au niveau local et au niveau individuel. Et ainsi, nous pouvons essayer également de lancer certaines politiques : Au niveau national nous voulons veiller à ce que nous pouvons appliquer une politique de solidité financière de manière à avoir les moyens de faire face aux catastrophes. Au niveau local nous devons veiller à ce que les autorités locales auront les ressources voulues pour agir immédiatement et mettre en œuvre les activités et les mesures nécessaires. Et au niveau individuel, nous voulons protéger les personnes les plus vulnérables, donc les plus pauvres. Il y a aussi une méthodologie que nous avons adoptée. Nous parlons ici de risques qui sont plus fréquents et moins graves. Le gouvernement va fournir les liquidités à travers les mécanismes que nous avons créés. Nous avons ces fonds de catastrophe. Et d'ailleurs la Banque mondiale nous fournit également un financement de secours. Et puis nous essayons de transférer une partie de cela dans un marché privé, par exemple, les obligations liées aux catastrophes, et nous essayons d'atténuer ces risques à travers ces différents mécanismes. Mais nous devons pouvoir transférer une partie du risque parce que nous ne pouvons pas tout transférer, sinon le coût serait trop lourd pour l'État. Et c'est ainsi que nous avons mis en place les mécanismes de transferts pour compléter l'assistance fournie par la Banque aux Philippines.

[Jorge Familiar]
Merci beaucoup. Nous voulons écouter plus du transfert du risque au marché des capitaux. 
Maintenant, je me tourne vers Julie. La banque Citi Group investit dans le développement et c’est un partenaire très proche de la Banque mondiale. Alors, quel est le point de vue de Citi sur l'importance de l'utilisation des capitaux privés pour faciliter non seulement cela, mais également le développement durable ?

[Julie Monaco]
Merci de m'avoir invité aujourd'hui.
Depuis plus de 200 ans, Citi est impliqué dans les marchés émergents. Et donc nous pensons que les entreprises et les banques, comme Citi, doivent intervenir pour essayer de résoudre ces problèmes d'envergure mondiale que nous avons évoqués aux cours des dernières années. Nous avons eu une pandémie d'envergure mondiale. Nous avons les impacts du changement climatique. C'est une vraie catastrophe à peine évoquée. Et l'année dernière, nous avons eu également une guerre ainsi que les répercussions d'une guerre que nous n'avions absolument pas prévue. Et tout ceci rend plus difficile d'atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Tout ceci est directement lié à la santé de la planète, des collectivités que nous desservons et nous ne pouvons pas réussir dans nos projets. Donc il y a des menaces existentielles auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui et qui ne seront résolus que par des partenariats entre le public et le privé. C'est là un sentiment de responsabilité que Citi éprouve en profondeur. Donc nous alimentons une multitude d'initiatives environnementales, sociales et de gouvernance. D'abord l'accélération du financement durable. Citi a pris cet engagement qui est compatible avec les objectifs de développement durable. Nous pouvons financer et faciliter un grand nombre d'activités, qu'il s'agisse de l'énergie renouvelable, la technologie propre, le logement abordable. Nous avons pris des progrès considérables dans ce domaine depuis trois ans. Je ne vais pas maintenant vous communiquer les chiffres du rapport qui sera bientôt publié, mais nous avons quand même un bilan de financement, ce que nous appelons le financement inclusif pour les particuliers dans le monde entier. Et puis nous avons également un volet de financement social. En 2021, nous avons émis pour la première fois une obligation de 1 milliard de dollars pour le financement social, pour apporter un appui aux initiatives pour permettre de répondre aux besoins de services essentiels dans les marchés émergents. Nous avons investi dans des maisons de 15 millions, donc 10 millions pour les femmes. Nous avons pensé que c'était un véritable engagement. En troisième lieu, nous essayons d'alimenter et de promouvoir la transition vers une économie carbone neutre. Nous avons un objectif de carbo-neutralité. Donc, en mars 2021, notre président dira que d'ici 2050, Citi ce sera carbone neutre et qu’en 2030 nous allons réduire de 50 % notre exposition sous forme d'émissions. Il s'agit donc maintenant de l'énergie, de l'électricité et également des aciéries.
Nous travaillons en collaboration étroite avec les institutions gouvernementales afin de leur expliquer le détail de ces objectifs auxquels elles se sont engagées et œuvrer en collaboration avec le secteur privé. Ce qui nous renvoie au travail que nous avons accompli l'an dernier avec le gouvernement de l'Égypte et nous continuons de mettre l'accent sur les modalités permettant de rapprocher le secteur public et le secteur privé de manière à avoir une vision homogène qui nous permettra d'atteindre ces objectifs.

[Jorge Familiar]
Merci infiniment, Julie. Je suis impatient d'avoir une conversation plus détaillée.
Madame la ministre, vous avez parlé des obligations vertes, alors je reviens un peu sur l'historique. La Banque mondiale a émis en 2008 la première obligation verte et c'était une expérience très modeste de 50 millions de dollars. Alors qu'aujourd'hui il y a plus de 3.8 billions de dollars sous forme d'obligations vertes ou durables qui ont été émises sur le marché international. Et l'Égypte a vraiment une histoire remarquable, pouvez-vous nous raconter ?

[Rania Al-Mashat]
Oui, nous sommes le premier pays du Moyen-Orient à émettre une obligation verte et nous l'avons fait en 2021. Et initialement, il s'agissait de le faire de l'ordre de 500 millions de dollars mais il y a eu une sur souscription et donc ils sont passés à 750. Cette obligation est remarquable par le travail qui se fait en amont et ce que cela nécessite en aval. Nous avons lancé cinq projets qui nécessitent des actions climatiques. Mais pour que cela se déroule et il faut faire rapport sur les résultats de ces projets et c'est un instrument d'une grande importance. C'est une initiative intergouvernementale mais qui traverse horizontalement tous les éléments de l'État et de ces mécanismes. Donc c'est l'ensemble du gouvernement qui est impliqué. Ensuite le suivi et les rapports qui se présentent sont également importants et il y a le lien avec les autres institutions. Et cela permet d'ouvrir la communication et d'ouvrir la voie aux banques privées pour qu'elles interviennent aussi. L'une des banques privées de l'Égypte, la Commercial International Bank, a également émis une obligation de 100 millions de dollars dans le cadre de sa collaboration avec la Société financière internationale. Cela lance l'initiative et donne le ton pour des investissements verts accrus. Cela revient à l'organisation de la future COP, et cela permet à un grand nombre d'entreprises, non seulement égyptiennes, mais également étrangères, de tirer avantage des garanties qui viendront à travers la Banque mondiale, de l’Agence multilatérale de garantie des investissements.
L'obligation verte n'est pas simplement un but à atteindre, mais c'est tout un cheminement qui permet de réunir des partenariats à la fois publics et privés et des partenaires d'investissement.
Donc ce n'est pas simplement un exercice de financement à travers les obligations vertes, c'est également un signal qui encourage les partenariats. Il s'agit également du suivi de la surveillance et de la présentation de rapports sur les résultats obtenus. Cela nous a permis d'avoir de nouvelles perspectives de prêts aux petites et moyennes entreprises. C'est le signal très clair que le gouvernement prenait très au sérieux, notamment l'action contre le changement climatique, mais aussi d'autres objectifs. Il y avait des besoins de financement fournis par cette obligation. Mais cela a permis également d'explorer d'autres catégories d'instruments qui favorisent la phase de transition verte en général.

[Jorge Familiar]
Madame la ministre, il semble qu'il y ait un travail en amont, de coordination en amont, qui est complexe. Est-ce que ça donne de bons résultats ?

[Rania Al-Mashat]
Lorsque on pose la question au ministre des Finances et il répond que c’est plus facile d'avoir une obligation pour commencer au moins. Mais aujourd'hui, lorsque vous êtes une grande entreprise de petites et moyennes entreprises ou une des agences gouvernementales qui avait un argument convaincant pour un financement, oui, mais en dépit des efforts qui ont été accomplis dans le domaine. Du côté du financement, il y a bien sûr des répercussions au niveau de la phase de transition, notamment dans le domaine climatique. 
En 2022, nous avons lancé notre stratégie 2050, la stratégie nationale horizon 2050 pour le climat. On ne peut pas se baser uniquement sur les finances publiques nationales, ni la dette nationale pour atteindre ces objectifs. Il faut donc que cela soit véritablement fusionné avec les initiatives du secteur privé. Je pense que se doter d'une stratégie climatique et d'une obligation verte, et puis également une plateforme nationale destinée à aimanter et à attirer les investissements privés, tout cela constitue un coût qui acquiert de l'importance au stade où nous en sommes, et cela permet de respecter les normes fixées par les pays au niveau national.

[Jorge Familiar]
Rosalia, vous parlez de transférer les risques en direction des marchés à travers ces obligations. Il y a trois ans, les Philippines et la Banque mondiale se sont lancées dans une expérience. Pourriez-vous nous faire part de votre sentiment à propos de cette expérience ?

[Rosalia De Leon]
Oui, j'aimerais déjà vous rappeler que nous avons commencé dès 2015. Je vois que Miguel est là. Oui, ça fait un bon moment que nous avons mis cette structure au point avec la Banque. Encore une fois, je disais que nous nous trouvons dans ce que l'on appelle la ceinture des typhons et ou des ouragans. Et donc nous avons souvent des phénomènes tels que les typhons et les tremblements de terre, alors nous devons prendre à l'avance des mesures pour avoir les moyens financiers de réagir. C'est très difficile à comprendre.
Nous sommes très heureux que la Banque mondiale ait été très persévérante et patiente pour cette phase d'élaboration d'échafaudage de l'obligation. Cela remonte à 2019, nous l'avons émis sur le marché. Cela nécessite, d'abord, d’une campagne de communication extrêmement dynamique. Si jamais vous lancez le projet, et si le projet échoue, vous n'aurez pas la possibilité de financer davantage de services dans le cas des catastrophes dont je parlais. Cela ne devait pas non plus émarger au budget de façon exagérée. Il faut expliciter également les différents coefficients qui s'appliquent de manière à pouvoir conceptualiser le mécanisme, et nous avons pu également étendre les liens avec Singapour. Les Philippines étaient considérées comme quelqu'un qui cherchait à faire une diversification sur le marché des obligations. Nous avons essayé d'insister sur la diversification et cela nous a permis d'obtenir le meilleur rendement pour notre investissement parce que il y avait même le coupon risque qui est inférieur à la moyenne des marchés de l'époque. Et ça c'était une belle réalisation pour les Philippines. Les Philippines sont extrêmement vulnérables à ce genre de catastrophe, et elles ont besoin de ces structures pour pourvoir des liquidités de façon immédiate. 30 % des fonds alloués pour le typhon ont été fournis de cette façon-là et nous avions 50 lignes qui étaient allouées pour les fonds typhon et le reste des 25 millions de dollars pour les tremblements de terre. Il fallait également qu'il y ait une campagne de communication à l'égard du public pour essayer de démontrer la valeur. C'est une chose dont nous avons démontré que c'était positif et réalisable. Nous avons eu le bouclier financier pour éviter les hémorragies budgétaires. Et ça a été un signal positif que les Philippines envoyaient.

[Jorge Familiar]
Conclusion : tout d'abord, lorsqu'on pense à la préparation au risque de catastrophe et la gestion du risque de catastrophe, ça ne doit pas être une conversation instrument par instrument, mais plutôt créer un système exhaustif et différents instruments qui jouent un rôle différent. Et le carbone est présent. Et deuxièmement, je pense que c'était un instrument intéressant parce que tout d'abord, cela implique les marchés des capitaux. Cela permet le transfert des risques. Et pour les investisseurs, il y a deux couches de développement parce que c'est une obligation de la Banque mondiale qui appuie nos activités et par conséquent, les investisseurs sont exposés au développement durable de ce point de vue-là. Et ensuite, cela aide un pays à gérer son risque de catastrophe. Donc, c'est intéressant de ce point de vue-là. C’est une structure intéressante.
J'avais dit que la Banque mondiale et Citi ont une relation de très longue date. Nous avons fait des partenariats en obligations vertes, en obligations durables, en bon rhinocéros, plus récemment, comme vous avez vu dans cette vidéo, sur les bons liés au carbone.
Julie, pouvez-vous partager votre point de vue sur toutes ces structures financières innovantes et pourquoi elles sont importantes ?

[Julie Monaco]
Tout d'abord, nous sommes en syntonie lorsqu'il s'agit des objectifs de développement à travers tout le réseau. Notre partenariat de longue date avec la Banque mondiale est basé sur le fait que nous servons les mêmes objectifs dans les mêmes pays, partout dans le monde, et nous partageons les mêmes valeurs que le progrès économique et le développement vont de pair. Cela fait longue date que nous sommes partenaires stratégiques. Et pour en revenir à 2008, le fait que nous soyons unis sur la première obligation verte vous montre que nous sommes toujours prêts à nous lancer dans une aventure ensemble pour être innovant et le faire à plus petite échelle, de sorte à créer un marché. Lorsque vous regardez les trois obligations dont vous parlez : le bon UNICEF, le bon Wildlife Conservation, et le bon carbone Emission-Linked. Ils sont tous les trois des transactions qui étaient la première de leur type et elles sont de petite taille. Nous sommes des pionniers. Et ce sont des instruments au fil du temps importants pour réduire ces déficits de financement. Je partage des détails sur chacune de ces opérations : l'obligation UNICEF, une obligation de 100 millions de cinq ans. Nous avons géré l'obligation et nous l'avons structuré. Et cela a permis à l'UNICEF de profiter de l'accès de la Banque mondiale aux marchés de capitaux et de ne pas encourir la dette directement. La structure était sans précédent parce que la Banque mondiale a tiré parti de l'image de marque de l'UNICEF et a attiré l'intérêt et l'attention du marché non seulement des investisseurs institutionnels, mais nous avons travaillé en étroite collaboration et nous avons obtenu les clients privés de Citibank. Nous avons une équipe d'investissement dans notre banque privée de Citibank et c'est dans la conversation la plus facile qu'ils devaient avoir parce qu'il y avait cet impact associé à cette opération et tous les investisseurs voulaient en savoir davantage.
Notre plateforme de la banque privée nous a donné accès à cette obligation pour nos clients qui sont des gros clients. Et c'est une innovation sur laquelle nous pourrons travailler pour des obligations de développement futures dans d'autres domaines. Sur le fond Wildlife Conservation, celui que tout monde appelle l'obligation rhinocéros. C'était une obligation de 50 millions de dollars pour le développement durable. Petite obligation, mais c'était la plus grande obligation émise en dollars américain par une organisation supranationale. C'est une approche basée sur les résultats dans le financement de la conservation qui transfère les risques au marché et qui permet aux bailleurs de payer pour la conservation en même temps. Et je pense que l'obligation en elle-même était de petite taille mais pourrait avoir un grand impact à l'avenir. Et finalement, pour plutôt que de verser des coupons aux investisseurs sur cette obligation, nous ferons les paiements et les activités de paiement aux deux parcs et donc si c'est couronné de succès, ce sera mesuré par la population de rhinocéros et les investisseurs recevront un paiement qui montrera que l'investissement a été couronné de succès à la fin de l'opération.
Et enfin, vous avez déjà parlé du bon carbone Emission-Linked, des obligations liées au carbone. C'était important parce que ça a montré la puissance du capital privé à mobiliser le marché volontaire du capital. C'était donc innovant pour nous de travailler ensemble. Mais ce n'est que le début de comment nous allons utiliser des crédits sur le marché volontaire pour combler le déficit en matière de financement durable.

[Jorge Familiar]
Je suis tout à fait d'accord avec vous et peut-être que dans le prochain cycle, nous pourrons parler davantage de comment nous pouvons renforcer ces efforts et utiliser des obligations telles que le bon carbone pour appuyer le développement et d'autres structures.
Vous avez parlé de petite taille, et c'est ce qui advient lorsque vous pensez à des milliers de milliards de dollars requis pour faire face aux défis. 150 millions, 50 millions, ce sont des montants qui sont néanmoins d'une certaine taille. L'autre conclusion, vous avez parlé du bon rhinocéros, le bon Wildlife Conservation.
Anshula, les banques multilatérales de développement vont jouer un rôle important lorsqu'il s'agit de combler la brèche entre les besoins de financement et le développement durable. Ces réunions du printemps ont été focalisées sur le financement. Je participe aux réunions du Comité du développement depuis 20 ans et je n'ai jamais entendu un comité du développement être aussi focalisé et parler autant de l'importance de notre capacité financière. Et vous êtes cheffe de file à cet égard. Pouvez-vous partager avec nous quels sont les accords et comment nous irons de l'avant dans la mise en œuvre ?

[Anshula Kant]
Ce segment de la conversation m'a énormément intéressé. Et en vous écoutant tous, ce qui était important, c'est le pouvoir des partenariats. Vous l'avez dit dans vos commentaires liminaires, il nous faut le gouvernement, il nous faut les bailleurs, nous avons besoin du secteur privé et nous avons besoin d'institutions telles que la nôtre pour agir comme intermédiaire. C'est l'importance des cinq d'entre nous sur cette scène. Si nous pouvons être réunis en tant qu'institution, en tant que gouvernement, parties prenantes, bailleurs. 150 millions peut se traduire dans les milliers de milliards requis.
Du point de vue du Groupe de la Banque mondiale, je vous rappelle que des transactions telles que celle dont nous avons parlé, que nous le fassions à titre consultatif ou à titre d'assistance technique pour appuyer nos gouvernements et nos clients, pour mobiliser du financement durable et vert ou qu'il s'agisse de combler des besoins de liquidités suite à une catastrophe ou qu'il s'agit de ces transactions innovantes. Ce qui est important pour nous, c'est de voir quels sont les résultats pour les pays parce que cela permet de réaliser des économies de capital. La Banque mondiale, le groupe la Banque mondiale n'utilise pas de capital dans ses transactions et le capital est la ressource la plus précieuse pour nous. Et c'est là le but de la conversation autour de cette feuille de route pour l'évolution. Comment utiliser mieux nos ressources et avoir un plus grand effet de levier sur votre capital ?
J'ai une question quelque peu interne, mais vous comprenez, madame la ministre. Il y a également que des transactions telle que celle-ci qui n'affecte pas les limites d'exposition des pays, elles sont en dehors de ce cadre et la gestion du risque et le transfert de risques advient sur les marchés de capitaux privés. Et donc le risque n'est pas sur le bilan du Groupe de la Banque mondiale. C'est donc une situation où tout le monde sort gagnant et c'est un des exemples de la marche à suivre pour l'avenir pour renforcer nos efforts.
Pour ce qui est du travail sur la feuille de route pour l'évolution, je n'entrerai pas dans les tout petits détails. Mais ce que nous avons fait jusqu'à présent, nous sommes assez satisfaits des progrès réalisés au cours des mois récents. La situation actuelle est la suivante : il y a une acceptation générale des grandes orientations de comment il faut amender la déclaration de mission de la Banque. Et il y a un accord sur dans quelle orientation il faut travailler dans le contexte du modèle opérationnel, du côté de la capacité financière. Aujourd'hui, nous en sommes à un stade où il y a trois ou quatre mesures pour lesquelles nous avons obtenu l'aval du Conseil des gouverneurs. On a le potentiel d'ajouter à environ 50 milliards de dollars en capacités supplémentaires pour les dix années à venir pour la Banque internationale pour la reconstruction et le développement. L'une des initiatives, c'est que la Banque internationale pour la reconstruction et le développement va émettre une transaction en capital hybride focalisée sur les investisseurs privés. Hybride car il a des caractéristiques à la fois de dette et de liquidité, qui nous permettra de tirer parti de l'effet de levier de ces fonds pour apporter de plus grands résultats pour le pays clients. Et donc, si ceci est couronné de succès et si nous faisons les choses bien, cela ouvrir des portes pour attirer du capital privé dans le financement du développement.
La question suivante : que nous réserve l'avenir ? Et qu'est-ce que vous allez annoncer à Marrakech ?
Il y a beaucoup de choses que nous étudions, des choses telles que le coût du capital appelable, du capital hybride appuyé par des actionnaires. Nous étudions également des modalités de transfert de risques. Nous l'avons déjà fait avant les réunions du printemps, mais nous en ferons davantage. Mais une chose que nous essayons d'explorer, c'est des modalités de cofinancement. Ce n'est pas quelque chose de nouveau. Nous l'avons fait à de nombreuses reprises de par le passé avec d'autres partenaires du développement, mais à petite envergure. Nous voulons explorer d'autres options et des possibilités avec le secteur privé et être plus efficace dans l'apport des ressources au pays clients pour ne pas avoir des doublons peut-être de diligence, des efforts liés aux projets où nous pouvons partager le fardeau avec les autres. Et je pense que l'avenir il s'agit de partenariats et de voir comment nous pouvons travailler davantage dans ce sens. C'est comme cela que nous allons renforcer notre aide.

[Jorge Familiar]
Merci beaucoup. Je suis tout à fait d'accord avec vous et je pense que ce panel illustre fort bien cet esprit de partenariat sur lequel nous devons continuer de bâtir.
Madame la ministre, nous avons parlé des besoins et des ressources disponibles. Vous avez une riche expérience. Avant votre rôle actuel en tant que ministre de la Coopération internationale, vous étiez ministre du Tourisme et vous étiez responsable de gérer ce secteur avec une approche basée sur le secteur privé. Et donc, quelle serait votre conseil pour d'autres pays qui s'embarqueraient dans cette même entreprise ? Quelles sont les interventions critiques que peuvent réaliser les gouvernements ? 

[Rania Al-Mashat]
Pour orienter les flux de capitaux du marché privé de manière plus durable et plus efficace vers le développement. C'est l'avantage des objectifs de développement durable. Les 17 objectifs de développement durable sont très réels, très tangibles en ce sens que tout investissement, tout secteur, vous pouvez le relier à plus d'un objectif de développement durable. Il pourrait être un outil qui lui est consacré, que ce soit le tourisme, que ce soit l'agriculture, etc.
Vous avez parlé du tourisme. Le tourisme est un secteur qui a un effet multiplicateur dans la création d’emploi de un à quatre. Alors l'impact sur la création d'emplois descend, les impacts sur la parité homme-femme, l'impact sur la vie sur terre et sous l'eau avec les différents sites, etc. est réel. Le secteur privé aujourd'hui. Le système de mesure environnemental, social et de gouvernance est également lié à la réalisation des objectifs de développement durable. Et lorsque nous parlons des besoins de financement pour combler les carences, le déficit financier pourrait atteindre les objectifs de développement durable. Cela n’adviendra pas non plus sans le secteur privé. C'est lié également aux objectifs de climat.
Et par conséquent je ne veux pas dire qu'on compte les choses à plusieurs reprises, mais tous les objectifs sont en harmonie. Si nous présentons bien la chose et donc ceci est extrêmement important en tant que décideurs, lorsque vous concevez une politique, lorsque vous essayez d'attirer du capital privé ou du capital étranger, vous devez garder à l'esprit qu'il faut bien placer le cadre pour permettre à la fois au gouvernement et au secteur privé d'atteindre ses objectifs. En fin de compte c'est important si l'on essaie de mobiliser des fonds ou si l'on essaie de raconter une anecdote qu'il s'agit en fait de durabilité, de création d'emplois, de lutte contre la pauvreté, de lutte contre la famine. C'est toute l'idée derrière un secteur couronné de succès, que ce soit le secteur du tourisme ou une centrale solaire ou éolienne.
Je voudrais placer cela également dans le contexte du financement par les banques multilatérales de développement et je voudrais parler d'une plateforme que nous avons développée pour notre pays qui contient l'adaptation, l'atténuation. L'idée est de tirer parti de l'effet de levier du financement à des conditions concessionnelles pour attirer du financement privé. Et sur cette plateforme c'est le lien entre l'eau, l'alimentation et l'énergie. Il y a à chaque fois un pilier et l’élément concessionnel est là pour attirer l'engagement du secteur privé. Nous avons travaillé avec la Citibank à cet égard également. Et c'est une façon de dire banques multilatérales, secteur privé, mais au premier niveau, c'est le gouvernement, avec ses instruments de politique, qui ouvre la porte pour tirer parti du désavantage des partenariats. Iil faut que l'on comprenne clairement : vous pouvez votre partenaire ou le partenariat sera aussi solide que nous le voulons. Il faut investir, investir dans la politique, investir dans les outils innovants du point de vue du financement et nous assurer que nous présentions notre message et que le développement et le climat travaillent de manière conjuguée. Et c'est quelque chose que lorsque j'étais ministre du Tourisme également, nous voulions du tourisme durable et il y a 17 idées, mais chacune d'entre elles a le tourisme au milieu. Tous les autres, dédiés à certains égards, sont liés au tourisme, l'agrotourisme : Que se passe-t-il le long du littoral ? Que se passe-t-il dans les déserts ? Ce sont des objectifs liés au développement durable et au climat. Donc il y a beaucoup de liens entre ces éléments et nous devons avoir conscience de ces liens, et beaucoup en parler pour trouver les bons partenariats pour qu’ils aillent de l'avant.

[Jorge Familiar]
Bien, je pense que c'est un cadre tout à fait pertinent et je dirais même que cela traduit une approche holistique et que l'on peut en tirer plus d'un avantage. Avoir un impact positif qui surplus d'un objectif de développement durable. Nous essayons de mettre de l'action sur cette émission d'obligations vertes pour en faire des obligations durables afin d'en tirer des avantages qui se répartissent sur plus d'un objectif de développement durable. Voilà donc un cadre que je considère comme très pertinent.
Récemment, je me trouvais à Hong Kong et il y avait une transaction très intéressante qui était à moitié assurance et moitié à quatre bandes. Et également intéressant de voir la puissance du marché une fois en jeu. On a essayé d'isoler l'élément carbone. Le marché asiatique, celui de Hong Kong, de Singapour essaient de s'établir comme des pôles pour cette émission d'obligations de sécurité. 
Rosalia, pourriez-vous nous dire de quoi il retourne ? Qu’est-c'est ce qui nous attend ?

[Rosalia De Leon]
Parlons de résilience financière. Il ne s'agit pas simplement de résilience. La résilience, c'est résister aux chocs. Vous restez le même mais vous devez être antifragile, être mieux. Les Philippines se trouvent mieux. Cependant, ce que nous avons fait, c'est d'essayer de d'agréger une structure nationale et nous avons maintenant employé nos actifs de façon stratégique, que ce soit les hôpitaux, les bâtiments scolaires, pour protéger les personnes qui sont pauvres et vulnérables et qui souffrent beaucoup des destructions causées par ces catastrophes. Donc nous avons fait une sorte de répertoire de registres et nous essayons de réunir grâce à la technologie des informations. Et nous avons pu tracer le profil de ces différents actifs qui permettent de nous protéger des risques et obtenir également les financements nécessaires. Le gouvernement a établi un groupe de politique de gestion de ces actifs au niveau gouvernemental qui nous offre la résilience personnelle, notamment au niveau de la structure et de la maintenance de ses actifs. Et puis par ailleurs, nous devons pouvoir avoir une vision plus claire de notre assurance au niveau agricole. Les agriculteurs sont très frappés par la pauvreté et nous devons leur donner des assurances. Nous nous appuyons sur le secteur privé pour offrir des partenariats afin d'avoir le meilleur rendement possible pour chacune de nos initiatives.
Les Philippines voudraient qu'on continue d'appliquer ce que font les autres. Mais en même temps, chez nous, nous pouvons contribuer en innovant dans ce genre de domaines.

[Jorge Familiar]
Merci beaucoup. J'ai mentionné l'importance des partenariats et je vous ai précisé que l'expérience des obligations a commencé de façon très modeste avec une transaction de 150 millions de dollars, et maintenant on parle d'un billion de dollars. Donc, Julie, qu'est ce qui nous attend maintenant ?

[Julie Monaco]
Je crois qu'il faut continuer avec les banques multilatérales de développement. Nous avons quand même un bilan dans ce domaine. Nous envisageons d'élargir ce volet de cofinancement. Notamment nous avons eu une initiative à Panama avec la Société financière internationale et nous essayons de venir en aide à des petites et moyennes entreprises, notamment dirigées par des femmes. Les fonds et les recettes sont utilisés pour aider les femmes qui sont responsables d'un ménage, d'une entreprise. Et nous travaillons avec les banques sur le terrain qui sont en partenariat avec la Société financière internationale pour essayer de renforcer les services rendus aux femmes cheffes de famille ou responsables d'entreprise. Vous avez parfaitement raison de dire, Anshula, que nous pouvons élargir le secteur du cofinancement. Nous avons également un partenariat avec la Société financière internationale concernant les banques en Turquie. Où nous faisons un regroupement des mécanismes de prêts de manière à faciliter les mouvements commerciaux sur le genre d'activités qui méritent un examen pour l'avenir. Je terminerai par l’Agence multilatérale de garantie des investissements en disant que c’est un mécanisme précieux dont dispose la Banque mondiale. Mais je pense qu'il va falloir maintenant qu'on la mette à échelle et que l'on définisse mieux son mandat afin de pouvoir l'élargir et l'appliquer davantage à d'initiatives qui mettent en œuvre, en particulier, des capitaux privés. 
Nous avons peut-être des suggestions à faire concernant les ajustements à opérer. Parce que hier, on en a parlé lors du panel du Mécanisme mondial, nous pouvons innover ensemble. Le problème, c'est de mettre les choses à l'échelle et donc il y a la possibilité de le faire en essayant de s'entendre en groupe en tenant compte des restrictions qui sont les vôtres et des restrictions qui sont les nôtres et la façon dont nous pouvons amender nos systèmes de manière à arriver au fond du problème, à la matière vive de nos ententes afin de pouvoir surmonter les obstacles nous empêchent de mettre à l'échelle. Mais lorsque nous faisons quelque chose d'innovant, ce qui est merveilleux, c'est de pouvoir dégager une synergie et d’agir rapidement. Mais nous devons être aussi rapides dans les mises à échelle. Évidemment, c'est épuisant de passer d'une chose à l'autre sans avoir le temps de souffler. On n'a pas le temps de souffler. Il faut que nous puissions dire comment est-ce qu'on va encore reproduire ce phénomène et comment peut être échangée la chose. Nous ne pensons pas que les banques de développement doivent rivaliser les unes avec les autres, et je pense que il faut que tout le monde soit sur le pont et avec le même cap.

[Jorge Familiar]
Alors Anshula, qu'est ce qui nous attend maintenant ?

[Anshula Kant]
Madame la ministre, vous avez évoqué cette plateforme où on commence à avoir les catalyseurs de politiques. Mais si l'on pense à toutes les règles que l'on doit respecter, c'est un des rôles que nous jouons, c’est-à-dire, non seulement la mobilisation des capitaux et vis à vis des États, de manière à améliorer les politiques qui peuvent faciliter l'obtention de capitaux privés. Et Jorge et David parlez lors du panel précédent, de la gouvernance. Ils ont parlé également des raisons pour lesquelles les capitaux privés hésitent à s'avancer ou à s'aventurer dans ces marchés. Moi, je dis que la technologie est celle qui pourra ouvrir la porte parce qu'elle peut mettre à échelle des cheminements durables pour les transferts de technologie ou l'ouverture des marchés. Je pense que l'outil numérique et l'accès à Internet est quelque chose qui peut rendre la croissance plus inclusive avec une inclusivité financière. Mais tout ceci nous ramène à ce que j'évoquais il y a un instant, c'est la gouvernance. Ce ne sont pas simplement les banques multilatérales qui peuvent le faire ou les banques qui peuvent le faire. Il faut qu'il y ait un acteur qui peut diriger en quelque sorte l'axe principal de notre orientation. Moi-même en tant que femme, et voyons l'équilibre entre les genres au sein de ce panel, je voudrais insister le rôle de catalyseur que jouent les femmes dans la population active pour la croissance, parce que sans la croissance, nous n'avons pas la possibilité d'atteindre quelques objectifs de développement durable que ce soit.
Et je me tourne vers vous, Julie Je suis très déterminée. Je souhaite véritablement que nous puissions avoir cette coopération pour faire cette mise à échelle. Donc, je me réjouis de ces partenariats qui existent ou qui s'annoncent et poursuivons le bon travail.

[Jorge Familiar]
Merci, Anshula, je ne suis pas en mesure de faire une synthèse de cette séance mieux que vous ne venez de le faire. Nous avons évoqué l'importance des partenariats et également les perspectives et les opportunités. Il ne s'agit pas seulement des capitaux provenant des institutions multilatérales, mais la façon dont on peut catalyser cette action, parce qu'il y a un grand nombre d'acteurs qui poursuit le même objectif. Alors, continuons d'innover, de le faire ensemble et de mettre à échelle et nous allons pouvoir combler les déficits entre les immenses besoins qui sont les nôtres et les ressources encore limitées dont nous disposons. Et puis pour conclure, comme vous l'avez dit, si nous avons le bon équilibre entre les genres, le résultat est beaucoup mieux.
Je voudrais vous remercier toutes les quatre de cette conversation sur les partenariats qui se renforce et je me félicite à la perspective de concrétiser cela ensemble avec vous. Merci à l'auditoire.
Vous allez pouvoir suivre la réédition de cette manifestation tout au long de la semaine sur live.worldbank.org/springmeeting2023. 
Nous avons eu des invités éminents dont vous avez certainement profité. Continuer à suivre avec #ShapingDevelopment. Nous sommes à l'écoute de ce que vous avez à nous dire. Merci d'avoir été des nôtres.

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