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Des financements pour l'avenir : Favoriser des chaînes d'approvisionnement durables et inclusives | Réunions de printemps 2023

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Lors de la discussion qui les a rassemblés à l’occasion des Réunions de printemps de la Banque mondiale et du FMI, la directrice générale de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Ngozi Okonjo-Iweala, et le directeur général d’IFC, Makhtar Diop, ont réaffirmé l’importance des échanges internationaux dans la lutte contre la pauvreté dans le monde. Makhtar Diop a souligné la nécessité d’inclure les pays à faible revenu dans les chaînes d’approvisionnement, en insistant fortement sur l’objectif fondamental de cette action : « mettre le commerce au service de la lutte contre la pauvreté ». Mme Okonjo-Iweala a pour sa part rappelé que l’accord de Marrakech, qui a institué l’OMC, vise précisément à améliorer le niveau de vie, l’emploi et le développement durable, et que ces objectifs sont « inscrits dans l’ADN » de l’organisation.

Et d’ajouter que les chaînes de valeur mondiales représentent 45 à 55 % du commerce international et qu’elles jouent un rôle essentiel dans l’inclusion en ce qu’elles créent des emplois et augmentent les revenus dans les pays en développement. En raison même de l’importance de ces chaînes logistiques, il est indispensable de faire en sorte qu'elles soient durables et respectueuses de l’environnement, a insisté la directrice générale de l’OMC. Cette exigence est portée par les jeunes générations et le moment est venu pour les chaînes de valeur de passer au vert.

00:00 Bienvenue
02:03 Réseaux d'approvisionnement : Le cas de Gap Inc
04:21 Durabilité, consommateurs et opérations
06:24 Durabilité dans les programmes de financement de la chaîne d'approvisionnement
09:18 Le soutien de l'Agence Multilatérale de Garantie des Investissements
2:16 Investissements pour revenir à des chaînes d'approvisionnement plus vertes
13:59 Approvisionnement de la marque et durabilité
16:46 Alliances pour soutenir les petits fournisseurs
19:58 Cadre législatif pour revenir à des chaînes d'approvisionnement plus vertes
23:33 Q&A : Que sont les chaînes d'approvisionnement durables ?
25:28 Le rôle des gouvernements dans le succès des chaînes d'approvisionnement
28:30 Vidéo explicative : Décarboner les chaînes d'approvisionnement
31:23 Le rôle des chaînes d'approvisionnement mondiales
33:55 Accompagnement des petites et moyennes entreprises
37:43 Le coût de ne pas aller dans la bonne direction
42:17 Le soutien de la Société financière internationale
44:02 Mot de la fin

[Redi Tlhabi]
Bonjour à tous, soyez les bienvenus aux Assemblées du printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du FMI. Je m’appelle Redi Tlhabi et je vais animer le débat alors que nous parlons des chaînes de valeur mondiales et comment faire en sorte que ces sources pour l’économie soient plus durables et plus inclusives. Rappel : vous pouvez partager vos réflexions à tout moment en utilisant le hashtag #ReshapingDevelopment. Utilisez le code que vous voyez à l’écran maintenant pour afficher vos questions ou si vous ne suivez en ligne, joignez-vous au dialogue à life.worldbank.org et je vous promets que je vais poser certaines de vos questions aux membres de notre panel.
Notre premier débat rassemble des parties prenantes qui travaillent pour faire en sorte que l’industrie de confection mondiale soit plus durable, mieux pour les travailleurs et mieux adaptée pour les communautés du monde entier. Daniel Fibiger, qui est responsable de Gap pour la durabilité et Président de la Fondation Gap. Nous avons Catherine Chiu, Vice-présidente de la qualité et de la durabilité à Crystal International Group Limited, qui produit des articles de confection à certaines des marques les plus connues du monde. Et je suis enchantée de souhaiter la bienvenue à Ebru Pakcan, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique pour Citi. Et enfin, mais non des moindres, nous avons Hiroshi Matano, Vice-président exécutif de la MIGA, de l’Agence multilatérale de garantie des investissements. Merci de vous joindre à nous pour un débat qui j’espère sera intéressant. Dan, parlez-nous des objectifs du Gap Group avec vos chaînes d’offres et comment vous travaillez avec vos chaînes de valeur pour atteindre ces objectifs.

[Daniel Fibiger]
Nous n’avons pas le temps pour couvrir tous nos objectifs parce que dans des sociétés telles que Gap, nous travaillons avec plus de 750 usines situées dans plus de 25 pays du monde. Nous avons plus de douze objectifs de notre chaîne d’offres. Cela va de la réduction des effets sur le climat dans la chaîne d’offres, des objectifs de réduction des délais, et nous avons des objectifs focalisés sur l’accès à l’eau, la réduction de la consommation d’eau, donner l’accès à l’eau aux travailleurs du secteur de la confection et nous cherchons à reconstituer l’eau en tant que ressource, vu que nous utilisons beaucoup de coton dans nos produits et que le coton est une récolte qui consomme beaucoup d’eau. Et nous sommes focalisés également sur des activités de reconstitution de l’eau.
Et ce qui sous-tend ceci, c’est l’accent de la société sur la promotion des normes sur le marché du travail international et de promouvoir la parité et l’autonomisation des femmes. Donc, c’est multidimensionnel. Nous avons, comme je l’ai dit, plus d’une douzaine d’objectifs et, dans les treize années où j’ai été à Gap, j’ai passé tout mon temps à travailler dans la chaîne de valeur de la société et j’ai vu la façon dont nous établissons nos objectifs, historiquement je dirais, et je pense que c’est vrai pour toute l’industrie, c’est que l’exercice où on établissait les objectifs se faisait du sommet vers la base. En tant que marque, nous établissions nos priorités, et puis nous développions des plans de mise en œuvre pour atteindre ces objectifs. Mais de plus en plus maintenant, les mises en œuvre des stratégies et des objectifs sont développés aux côtés des différentes parties prenantes dans la chaîne. Parce que nous ne pouvons pas atteindre les résultats que nous cherchons à atteindre sans ce partenariat avec nos partenaires stratégiques, et Catherine et sa société est l’un de ces partenaires. Et nous vivons une ère de véritable partenariat, je dirais, entre des marques telles que Gap et les fabricants qui sont les moteurs de notre chaîne.

[Redi Tlhabi]
Catherine, donc, je voudrais vous intégrer. La durabilité est le mot à la mode : les consommateurs et les marques posent plus de questions à cet égard et font plus d’efforts. Je voudrais savoir comment cette demande pour la durabilité influe sur vos opérations et quels sont certains des défis que vous relevez alors que vous cherchez à atteindre la durabilité.

[Catherine Chiu]
Eh bien, c’est plutôt une opportunité qu’un défi. Les consommateurs sont davantage préoccupés par la durabilité et nos consommateurs sont préoccupés. Ils veulent des chaînes qui produisent des produits plus pérennes. Et nous avons établi des objectifs de durabilité. Depuis 2007, nous avons nos propres objectifs de durabilité, notre propre stratégie de durabilité. Nous avons achevé cinq stratégies quinquennales. Nos usines sont certifiées depuis plus de dix ans comme à faible émission de carbone.
Nous avons pu réduire de 30 % l’émission de carbone, de 52 %, la consommation d’eau. Et nous avons été classés comme 17ᵉ des sociétés qui changent le monde par le magazine Fortune, du fait de notre contribution à la société en matière de durabilité. À présent, nous nous sommes engagés à relever les défis mondiaux de climat. Et cela montre également au reste de l’industrie l’importance d’établir ces objectifs. Et enfin, nous avons nos propres usines climato-intelligentes et notre blanchisserie et nos entrepôts climato-intelligents pour apporter des réponses adaptées aux besoins de nos clients. Nous pensons que toute cette initiative nous aide à maintenir nos activités, mais nous aide également à développer un modèle d’opérations qui soit plus durable et plus résilient à long terme.

[Redi Tlhabi]
Ebru, je voudrais vous intégrer. Les programmes de financement des chaînes de valeur. Comment intégrez-vous la durabilité dans ces programmes de financement ? Et je pense que le grand domaine d’intérêt, c’est de savoir comment est-ce que vous appuyez en particulier les petites et moyennes entreprises, pour qu’elles soient durables et couronnées de succès sur le long terme et pour qu’elles puissent passer à une échelle supérieure.

[Ebru Pakcan]
Je voudrais parler de notre programme de financement de la durabilité. C’est un programme qui est en place depuis des décennies. Nous nous enorgueillissons des résultats obtenus au fil des ans. Nous avons plus de 6 500 acquéreurs avec lesquels nous travaillons, couverts par 850 programmes environ, et nous atteignons maintenant plus de 100 000 fournisseurs dans plus de 129 pays.
L’une des choses sur lesquelles nous avons été focalisés au cours des années récentes, c’est d’ajouter la composante durabilité dans les programmes de financement des chaînes de valeur. Ce faisant, nous utilisons notre propre bilan, mais en même temps, nous intégrons des partenaires critiques de sorte à pouvoir faire venir des investisseurs internationaux et du capital supplémentaire pour financer les besoins des PME, ou voire des besoins de microfinancement des beaucoup plus petits ménages. Dans ce contexte, les partenariats que nous avons sont d’importance critique. Le partenariat que nous avons développé avec la SFI au fil des années est un excellent exemple, et la façon dont nous avons intégré l’angle de la durabilité dans le financement des chaînes de valeur et également avec des partenariats avec une agence externe qui a de l’expertise dans la certification de la réalisation de critères de durabilité. Cela dépend de la relation entre l’acquéreur et son fournisseur. Ils établissent des critères pour leurs fournisseurs : autonomisation de la femme ou certaines conditions sur le marché du travail vers lesquelles ils veulent qu’ils progressent. Et nous pouvons alors établir ces jalons avec des partenaires qui peuvent offrir une certification autonome aux fournisseurs. Dans la mesure où les fournisseurs sont aptes à atteindre ces objectifs, nous pouvons alors leur offrir un prix préférentiel et des taux d’intérêt préférentiels. Nous avons quelques exemples de ces programmes qui fonctionnent déjà. L’an dernier en Europe, avec la BERD, nous avons fait un partenariat sur un programme conjoint pour appuyer une société de technologie des mines et de métallurgie pour leurs fournisseurs en Turquie. Et nous avons plus de 20 000 fournisseurs de ce type. La plupart d’entre eux sont des PME qui bénéficient de ce programme. Ce n’est qu’un exemple, mais nous voulons développer ceci. Et nous devons continuer de travailler avec les agences de développement et les instances multilatérales pour pouvoir continuer dans ce sens.

[Redi Tlhabi]
Hiroshi, on a entendu parler d’exemples pratiques et la MIGA a également des exemples pratiques de comment vous et vos partenaires, vous travaillez pour créer des chaînes de valeur durables. Est-ce que vous pouvez partager certains exemples ?

[Hiroshi Matano]
Tout d’abord, merci d’avoir invité la SFI. Merci à la SFI de nous accueillir. La MIGA est le bras de garantie, d’assurance de la Banque mondiale. Nous travaillons avec la SFI, avec la Banque, et nous essayons de faciliter des investissements du secteur privé sur les marchés émergents. Donc, nous sommes à l’intersection entre le secteur privé et le secteur public, la Banque mondiale aux côtés de la SFI. Et ce que nous pensons est important, c’est que la SFI consent des prêts et du capital aux projets et nous apportons des programmes d’assurance et des garanties à ces projets.
Mais ce que nous voyons sur le marché maintenant, c’est qu’on s’intéresse davantage à la pérennité dans le secteur de la confection et du tissu. Et c’est une grande différence par rapport à la situation d’il y a cinq ou dix ans. Je félicite mes collègues sur le panel qui essayent de mettre en œuvre ces objectifs. Ce que la SFI et la MIGA peuvent faire, c’est apporter les instruments financiers pour faire en sorte que ceci puisse devenir une réalité. Et ça, c’est une première chose. 
Mais l’autre chose qu’il faut considérer, c’est l’aspect connaissance. Les deux institutions travaillent sur le financement durable depuis 30 ans et plus. J’ai un officier d’investissement à la SFI, on réfléchissait à comment mettre en œuvre ce type de réflexions, ce type de normes et les intégrer dans nos projets. Et donc nous avons un long historique de travail dans ce sens et donc nous pouvons partager ces connaissances dans la mise en œuvre des normes mondiales et les intégrer dans les projets. Donc vous avez cité certaines expériences, mais je pense qu’un volet que nous voudrions encourager, c’est si vous pensez aux projets solaires ou éoliens, les marchés éoliens qui vont apporter l’énergie nécessaire aux usines de confection au Bangladesh ou en Éthiopie, pour créer une source d’énergie propre, pour promouvoir la durabilité. Nous avons développé beaucoup de projets dans ces pays, dans ces deux pays, bien que la situation soit difficile. Mais nous sommes très fiers du fait que nous puissions mobiliser des fonds du secteur privé pour les faire participer à ces opérations qui sont critiques pour ces secteurs cruciaux dans ces époques qui présentent des défis.

[Redi Tlhabi]
Bon, donc on peut dire que du point de vue moral, il est important d’investir dans les chaînes de valeur vertes. Mais quel est l’avantage commercial ?

[Daniel Fibiger]
Eh bien, l’avantage commercial évolue au cours de la dernière décennie. Cela va d’atténuer le risque à l’avenir et de garantir la continuité des activités. Nous avons besoin d’une chaîne de valeur qui soit souple et résiliente alors que nous naviguons sur les impacts structurels du changement climatique. Et d’avoir des sources pour nos ressources et de créer un environnement dynamique. Et donc, du point de vue opérationnel, il s’agit d’avoir une chaîne plus résiliente où les personnes employées travaillent dans des conditions justes et décentes.
Et 30 ans de ce travail à Gap Inc. Par moi-même personnellement, mais Gap a un parcours de 30 ans en matière de durabilité. Nous savons sur les investissements dans la durabilité, à la fois sur le niveau social et environnemental, qu’il y a des avantages directs et indirects, et parfois des avantages directs à mesurer. Mais cela nous aide à mieux opérer, à opérer d’une manière plus efficace et à avoir une chaîne de valeur plus efficace. Mais l’autre volet, c’est que du point de vue du consommateur, de l’investisseur et du régulateur, tout le monde dans cette salle sait que l’on met l’accent sur la durabilité et les critères des ODD. Et ceci est attendu de notre marque, de nos employés et de nos sous-traitants. Donc c’est devenu une question qui était au départ optionnelle, mais maintenant elle est essentielle et fondamentale pour la stratégie commerciale de l’entreprise.

[Redi Tlhabi]
Catherine : deuxième question qui est liée à la première, parce qu’auparavant je vous parlais de la demande des marques et des consommateurs qui sont devenus plus intelligents. Nous avons tous des interprétations différentes de ce que veulent dire la diversité, l’inclusion et la durabilité. Ceci étant, comment Crystal gère ces interprétations différentes ? Et plus important, que réserve l’avenir des relations entre les marques et leurs fournisseurs dans un contexte où la durabilité est très, très importante ?

[Catherine Chiu]
Pour nous, il y a des similitudes entre les marques, mais certaines marques cherchent, s’intéressent davantage à l’autonomisation des femmes et la parité aux femmes. Pour les jeans, les gens s’intéressent davantage aux produits de fabrication, les produits chimiques, la consommation d’eau, etc. Les problèmes, c’est quand on interprète les détails différemment. J’avais une usine au Vietnam, ils ont cinq clients et ils demandent cinq types de projets semblables. Et cette usine doit donc gérer cinq études différentes à la fois, ce qui crée beaucoup de redondance pour ces usines. Donc pour Crystal, la durabilité, c’est l’une de nos stratégies de base. C’est imbriqué dans notre propre culture et voilà pourquoi nous pouvons faire la différence. Mais ce n’est donc pas basé sur les besoins des consommateurs. Nous avons intégré notre initiative de durabilité dans les opérations dès le début, ce qui couvre l’essentiel des attentes de nos clients. Notre stratégie nationale: nous avons notre propre feuille de route nationale qui a intégré nos objectifs pour les clients et nous partageons cela avec des initiatives à court, moyen et long terme qui aident à mettre en œuvre nos programmes. Et donc notre chaîne est rassurée quant à nos actions et veut que davantage de personnes mettent en œuvre la même chose. Crystal veut être pionnier, jouer un rôle de leader dans l’industrie. Nous ne voulons pas suivre et donc nous formulons maintenant une vision à plus long terme, la vision sur la durabilité pour Crystal, pour être volontaristes, transparents, en utilisant une approche pour travailler en collaboration avec les différentes marques. Concernant les relations futures entre les marques et les fournisseurs, ils doivent partager leurs objectifs sur leur durabilité, collaborer, co-innover et travailler ensemble pour relever les défis ensemble d’une manière holistique.

[Redi Tlhabi]
Ebru, la vie serait beaucoup plus facile si nous étions tous égaux et s’il y avait une certaine uniformité. Ce n’est pas le cas. Vous avez des fournisseurs qui sont plus bas sur la chaîne de valeur, qui n’ont pas les ressources et pour lesquels cela coûte très cher d’atteindre la durabilité. Je pense notamment au continent africain. Que fait Citi pour ses fournisseurs qui sont plus bas sur la chaîne d’offres et recherchez-vous des partenaires, des partenaires verts, pour appuyer ces fournisseurs qui sont au bas de la chaîne ?

[Ebru Pakcan]
Lorsque nous pensons aux fournisseurs comme vous le dites, ou même aux individus, aux entrepreneurs qui essayent de s’intégrer dans le développement économique, il y a certaines questions que je voudrais soulever et je voudrais passer en revue d’abord les questions et ensuite vous expliquer comment nous relevons les défis qu’elles présentent.
L’un des grands problèmes, c’est la solvabilité de l’individu. Mais il y a deux volets à cela. Tout d’abord, c’est l’évaluation de crédit de la personne. Mais la deuxième chose, c’est le processus pour lequel il faut passer pour ceux qui sont peut-être dans les zones rurales, qui n’ont pas accès au système bancaire. Et par conséquent, il y a des données limitées sur ces individus quant à leur solvabilité. La deuxième question concerne l’usage du capital et le rendement, le retour sur investissement. Parce qu’aujourd’hui, il n’y a pas de différence, de traitement préférentiel, pour une institution financière, quant à l’usage du capital orienté vers des initiatives pour la durabilité. Nous ne pensons pas que cela va changer et par conséquent, les institutions financières doivent réfléchir à comment intégrer cela par leurs propres moyens et dans leur propre bilan. Et enfin, l’accès aux individus. J’ai déjà parlé des zones rurales : ça devient un défi pour pouvoir les intégrer dans nos plateformes. Et donc la réponse, je pense, se fonde sur deux ou trois grands éléments et d’une part, il y a les partenariats, partenariats avec les agences de développement et ceux qui peuvent amener du capital public ou privé certes, mais également partenariats avec les Fintechs et les perturbateurs numériques et permettre leur usage sur les plateformes numériques pour que nous puissions avoir accès à ces individus dans les zones rurales. Et enfin, l’usage de la technologie et des données pour devenir plus créatifs et être davantage couronnés de succès lorsqu’il s’agit de réaliser le type d’analyse dont aurait besoin une institution financière pour évaluer la solvabilité des personnes que nous voulons appuyer.

Ce sont les choses sur lesquelles nous travaillons par nos propres moyens, mais également grâce à des partenariats. Nous travaillons avec les Fintechs et les innovateurs. En Afrique, au Kenya, nous avons un partenariat avec 4G Capital, ce qui nous permet d’atteindre 25 000 agriculteurs et couvrir leurs besoins. Et ensuite, on tire parti des mécanismes de remboursement par Applications de paiement mobile ou d’autres solutions mobiles, de portefeuilles mobiles. Et dans ce contexte, je voulais parler du rôle des agences de développement et d’autres partenaires de financement qui sont très importants. Nous avons différents programmes sur lesquels nous travaillons pour faire tout cela ensemble.

[Redi Tlhabi]
Hiroshi, parlons du cadre législatif. Nous avons le régime sur l’impôt des exportations du textile vers l’Europe. Est-ce que cela peut être interprété comme une incitation pour les pays asiatiques et d’autres de rendre leurs chaînes d’offres plus vertes ?

[Hiroshi Matano]
Merci de cette question. C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. Mais avant de m’y engager, je voulais revenir sur ce qui vient d’être dit par les collègues sur le panel. Le genre, je pense, est un sujet très important et dont nous avons parlé toute la semaine. Les conditions du travail dans le secteur de la confection, et améliorer ces conditions en ce qui concerne ces relations pour améliorer les conditions des femmes. Il ne s’agit pas de rendre les choses plus vertes, mais il s’agit également de considérer le marché du travail également. Ce sont tous des éléments lorsqu’on parle de durabilité. C’est quelque chose que je voulais promouvoir.
Pour en revenir à l’impôt de l’Union européenne, c’est une étape innovante pour l’Union européenne que de promouvoir ou d’apporter une incitation pour rendre la chaîne d’offres plus verte et plus durable. Et je pense que l’intention est claire et je suis convaincu qu’il y aurait une excellente incitation pour que diverses parties prenantes, telles que les membres de notre panel, respectent les conditions imposées. Mais en même temps, la possibilité existe que le coût va augmenter de manière conséquente lorsque l’on introduit ceci et ça va présenter un défi pour exporter le produit. Et ça a commencé dans le secteur de l’énergie, des engrais, du béton et d’autres. Mais il y a donc une préoccupation pour l’introduction de ceci.
Et donc, pour ma part, la question qui se pose, c’est de savoir comment préparer nos pays clients pour ce nouveau régime, utiliser les incitations d’une manière positive. Mais en même temps, je pense qu’il est important que nous apportions les ressources nécessaires pour assurer, pour faire en sorte que la transformation soit possible. Cette semaine, ce dont nous parlons, c’est de la transition énergétique. Comment faire en sorte que toutes nos économies se rapprochent du net zéro d’ici à 2050, ce qui exige des milliers de milliards de dollars ? Nous essayons d’encourager cela par une reformulation de la Banque mondiale. C’est la feuille de route sur l’évolution qui fait partie intégrante de notre dialogue cette semaine. Mais, à moins que nous apportions cet appui à nos pays clients sur les marchés émergents, de seules incitations ne suffiront pas. Donc, cela fait partie d’un tableau plus large. Je sais qu’il y a beaucoup d’éléments positifs dans cette loi de l’Union européenne, mais je pense qu’il y a un rôle pour la Communauté du développement d’appuyer cette transition aux côtés de nos partenaires du secteur privé. Et d’ailleurs, nous ne pouvons pas le faire sans eux. Et je suis encouragé de voir le secteur privé et le secteur réel nous appuyer, ainsi que le secteur financier pour ce faire. Merci d’avoir ce type d’initiative.

[Redi Tlhabi]
Merci beaucoup à vous. Bien, j’avais promis auparavant que nous allions réfléchir, à chercher à répondre aux questions du public. Je vais commencer par celle-ci : qu’est-ce qu’une chaîne d’offres qui soit véritablement durable ? Et comment définissez-vous une chaîne ? Je ne sais pas à qui je pose la question ou qui voudrait y répondre. 

[Daniel Fibiger]
Je vais commencer, entamer la réponse. Je dirais que le mot durable est souvent associé à des critères environnementaux. Et je pense que ce que nous devons tous faire, c’est redéfinir durable pour tenir en compte et considérer les impacts des chaînes d’offres sur les individus, et les autres membres du panel en ont parlé. Mais considérant l’application des normes du marché du travail international, appliquer une optique du genre, il ne faut pas oublier les personnes employées dans les chaînes. Il ne s’agit pas uniquement de réduire nos impacts sur l’environnement. Il s’agit de nous assurer que nous apportons du travail décent aux personnes qui sont employées dans la chaîne d’offre, et comme je le disais, apporter des opportunités de promotion pour ces personnes également. Dans une industrie telle que la nôtre, dans le secteur de la confection et du vêtement, on estime qu’environ 85 personnes des personnes employées dans la chaîne par Gap, mais aussi toute la filière, ce sont des femmes. Donc nous avons un impératif moral et un impératif commercial de nous assurer que nous avons une approche genre intégrée dans notre travail et de plus en plus considérer l’intersection entre ces différentes questions. Donc on parle beaucoup aujourd’hui d’une transition juste et de ce que cela veut dire et de comment ceci peut être reflété en tant qu’idée, de manière opérationnelle au niveau des différents chaînons de la chaîne d’œuvre.

[Redi Tlhabi]
Oui, vous avez souligné la complexité. Il s’agit des préoccupations en matière de main-d’œuvre, du genre ainsi que de l’environnement. Vous en avez tous parlé. Catherine, prochaine question : quel est le rôle de la gouvernance dans le succès des chaînes d’offres ?

[Catherine Chiu]
Au cours des 10 à 15 dernières années, les marques et les ONG mondiales, ainsi que la SFI, ont consenti beaucoup d’efforts pour établir les structures pour nous assurer que les chaînes de valeur soient couronnées de succès. Et il y a beaucoup d’usines qui apparaissent maintenant. Le Bangladesh devient l’un des plus gros exportateurs de jeans au monde. Donc, la bonne gouvernance, la durabilité attire davantage de clients. Je pense que beaucoup de fournisseurs cherchent à atteindre cela. Considérez Crystal. Nos clients aiment commander chez nous. Non pas parce que nous offrons le prix moindre, non, mais du fait du travail que nous avons fait sur la durabilité. Ils savent que nous pouvons empêcher les risques sociaux et environnementaux grâce à notre bonne gouvernance. Ils savent que nous sommes une société bien gérée et responsable. C’est très important pour les marques parce que les problèmes sociaux et environnementaux découlent du fait que les fournisseurs peuvent créer un risque de réputation pour leurs clients. Mais c’est vrai également pour Crystal. Voilà pourquoi nous donnons la priorité à la bonne gouvernance et à la durabilité et donc nos clients apprennent de nous. Et je dirais que la bonne gouvernance mène à davantage de bonne gouvernance.

[Redi Tlhabi]
Ma prochaine question concerne également la gouvernance et le thème. Ebru, comment nous pouvons influer sur les qualités des chaînes d’offres sans contrôler nous-mêmes leur propre gouvernance ?

[Ebru Pakcan]
Bon, c’est une question difficile. Je reviendrai aux commentaires dont je parlais auparavant concernant l’usage de la technologie et l’usage des données qui seraient de la plus haute importance dans la mesure où nous pouvons numériser, collecter des informations et pouvoir collaborer à travers toute la chaîne. Que les différents prestataires, les différents chaînons apportent leurs différentes expertises, ce sera une des meilleures façons qui nous permettra de comprendre la qualité de la situation et de savoir si nous atteignons véritablement les objectifs, satisfaisons aux exigences et atteignons nos objectifs. Et donc, une des choses à laquelle nous devons travailler, c’est l’usage de la technologie pour pouvoir numériser autant de processus que faire se peut à travers toute la chaîne d’offres. Voilà comment nous pourrons atteindre de meilleurs résultats en matière de qualité. Ou peut-être que la gouvernance est un peu à la traîne.

[Redi Tlhabi]
Je vous remercie de votre temps, de votre expertise et des connaissances que vous avez partagées avec nous. Merci Dan, Catherine, Ebru et Hiroshi. Merci infiniment d’avoir participé à notre premier panel. Restez avec nous parce que nous avons le deuxième volet de notre événement aujourd’hui et je vous en parlerai dans quelques instants. Restez avec nous parce que bientôt nous allons entendre le docteur Ngozi Okonjo-Iweala et Monsieur Makhtar Diop.
Mais avant de se faire, alors qu’ils se préparent à monter sur la scène, restez avec nous et regardez cette vidéo qui vous parle de réduire les émissions de carbone des chaînes de valeur. Et cette vidéo concerne notre produit favori. Tout le monde a une paire de jeans.

[Video]
Plus d’un milliard de jeans sont vendus chaque année et à tout moment. 50 % du monde porte des jeans. Mais fabriquer ces jeans contribue aux émissions de carbone et augmente les températures. Les fournisseurs de jeans travaillent pour faire en sorte que ce produit bleu devienne plus vert en repensant aux tissus qu’ils utilisent, de meilleures pratiques agricoles et de meilleurs systèmes d’irrigation, en ayant une différente conception, en utilisant des fibres renouvelables et recycler et incorporer des fibres synthétiques qui durent plus longtemps pour faire en sorte que les jeans durent plus longtemps, et économiser de l’eau en utilisant des techniques de teinture modernes, des techniques qui n’exigent pas d’eau ou très peu d’eau, utiliser des ressources de manière plus efficace et passer à l’énergie renouvelable, investir dans des machines très efficaces. Les fournisseurs ont une approche basée sur la science pour réduire leurs émissions de carbone en considérant tout le cycle de vie du produit. Nous travaillons avec les fournisseurs pour moderniser nos opérations, réduire les coûts et faire progresser les opportunités pour les femmes. Pour que vous vous sentiez à l’aise en portant ces jeans encore et encore et encore. Réduisez votre carbone dès aujourd’hui et soyez concurrentiel demain. Pour en savoir davantage sur comment nous rendons la chaîne d’offres plus verte, allez à ce site.

[Redi Tlhabi]
Très bien. Je pense que ce clip vidéo a montré toute la complexité de ce que nous essayons de faire ici. Je salue le docteur Ngozi Okonjo. Bienvenue à vous. Je salue également Makhtar Diop, Directeur adjoint de la Coopération financière internationale. Qu’est-ce que nous allons faire ? Nous allons parler de la dimension mondiale de la transformation des chaînes d’approvisionnement. Nous en avons parlé, nous avons commencé à en parler lors de notre premier panel.
Docteur Ngozi, je commence avec vous. Quel est le rôle des chaînes d’approvisionnement mondiales dans le commerce international et comment est-ce que ces chaînes finalement permettent la modification, les changements et l’inclusion ?

[Ngozi Okonjo-Iweala]
Je suis désolée que nous n’ayons pas été présents lors du premier panel, mais il est évident que les chaînes de valeur mondiales constituent le squelette du commerce international. Et donc, il s’agit d’un facteur d’inclusion, car elles, dans les pays en développement, créent des emplois, permettent d’accroître les revenus. Et d’ailleurs des études ont été faites montrant que lorsque les chaînes d’approvisionnement mondiales s’étendent, les emplois s’étendent, l’appétit augmente.
Et j’ai essayé d’y réfléchir en rejoignant ce panel. Et je me souviens que pendant la pandémie, lorsqu’il a fallu notamment trouver des vaccins, nous avions des réunions avec les fabricants de vaccins, Pfizer, Moderna, etc. Et qu’est-ce qu’ils ont dit ? Prenons le vaccin Pfizer. En fait, le vaccin et la chaîne d’approvisionnement pour ce vaccin couvrent 19 pays et il est fabriqué sur 86 sites. C’est assez incroyable. C’est vraiment une source d’emploi et, pour moi, c’est donc un facteur d’inclusion et c’est la raison pour laquelle je dirai une chose dans ce contexte : nous disons qu’à l’heure actuelle, alors que les chaînes d’approvisionnement mondiales essayent de devenir plus résilientes, en ne restant pas concentrées dans un seul pays, il faut absolument voir cela comme une opportunité pour les encourager à s’étendre vers des pays en développement, parce que cela, justement, sera un moteur d’inclusion. Cela permettra d’inclure les femmes dans les chaînes de valeur. Ne parlons pas uniquement de la « Chine plus un » lorsque l’on parle de la diversification des chaînes d’approvisionnement. « Plus un », ça veut dire l’Indonésie ou l’Inde. Parlons plutôt de la Chine plus le Maroc, de la Chine plus l’Égypte, de la Chine plus le Nigeria, la Chine plus le Sénégal, la Chine plus le Bangladesh ou la Chine plus le Brésil, le Costa Rica. Et c’est avec cette démarche-là que les chaînes de valeur mondiales pourront être moteur d’inclusion. 

[Redi Tlhabi]
Monsieur Diop, je me tourne vers vous. Nous avons parlé de la nécessité de soutenir les petites et moyennes entreprises. Dans ce contexte-là, comment pouvons-nous créer les conditions pour que ces PME puissent avoir accès au financement des chaînes d’approvisionnement ?

[Makhtar Diop]
Je commencerai par dire que le leadership compte dans ce contexte. Et lorsque vous entendez parler des institutions, notamment dirigées par le docteur Ngozi, en fait, vous allez entendre parler de négociation, d’accords, etc. En réalité, ce que nous avons vu, et je l’ai vu de mes propres yeux, c’est que grâce au leadership du docteur Ngozi, en fait, nous parlons des pays les plus pauvres, nous parlons de la fabrication dans les pays les plus pauvres.

[Ngozi Okonjo-Iweala]
J’ai envie de vous faire un câlin quand je vous entends parler ainsi.

[Makhtar Diop]
Mais c’est la réalité. En fait, on n’a pas assez mis l’accent sur cela. En fait, on parle des accords, de ce qu’il faut faire. Mais en fin de compte, tout cela, c’est pourquoi ? C’est pour s’assurer que les plus pauvres de ce monde puissent finalement profiter des échanges internationaux. Nous avons des preuves montrant que cela est possible. Donc on s’arrête et on applaudit le docteur Ngozi, s’il vous plaît.
[Applaudissement]
Mais c’est vrai, c’est totalement mérité et je dois dire que cela facilite notre vie parce que nous avons ainsi un partenaire qui a la même vision que nous et qui comprend notre objectif.
Ma collègue Nathalie et Marc sont là. Nous travaillons en étroite coopération pour mettre en place des instruments qui nous permettent de faire plus de financement des échanges. En fait, le financement des échanges, ça n’est pas un terme vide. En fait, le financement des échanges, c’est de s’assurer que les 78 % de PME qui sont laissés sur le bord de la route, et ce chiffre découle d’une étude très sérieuse qui a été réalisée, 78 % des PME risquent de se retrouver en dehors des chaînes de valeur. Nous ne pouvons pas laisser faire. Si nous laissons faire, en fait, la réduction de la pauvreté sera immédiatement impactée. Donc moi, je veux dire très clairement pour tout le monde que l’élan que nous essayons d’impulser, c’est les échanges pour lutter contre la pauvreté, le commerce pour inclure les pays à faible revenu dans les chaînes d’approvisionnement. On nous dit : « Mais vous rêvez ! ». Mais l’exemple qu’a montré le docteur Ngozi sur les vaccins notamment, c’est un excellent exemple. Qui aurait cru que les technologies les plus avancées en matière de vaccination seraient faites aujourd’hui en Afrique, avec des investissements en Afrique ? Le Rwanda est sur le point de commencer la production de vaccins bientôt. Le Sénégal le fait déjà et le Nigeria a un potentiel énorme pour développer l’industrie pharmaceutique. Donc c’est cela qu’il faut rappeler.
Le principal obstacle à tout cela, c’est quoi ? C’est que nous n’avons pas assez de données pour pouvoir finalement informer le financement des échanges, pour soutenir les banques pour le faire et pour encourager le commerce intrarégional. Parce qu’en fait cet épisode a montré que lorsqu’il y a un choc international massif, tout le monde doit se tourner vers les fournisseurs locaux. Et donc, l’une des choses que nous avons faites grâce à cette initiative en Afrique, c’est d’avoir une ligne de crédit qui finalement alimente le commerce africain également. Et nous avons fait la même chose dans la région du Mékong et dans d’autres parties du monde.

[Redi Tlhabi]
Docteur Ngozi, vous avez répondu à ma deuxième question sur votre vision de chaînes de valeur mondiales plus inclusives. Donc finalement, j’adresse ma question autrement : quel est le coût de ne pas faire cela ?

[Ngozi Okonjo-Iweala]
Eh bien, avant de répondre à votre question, je dirai un mot sur le financement du commerce, parce que c’est là que l’IFC et l’OMC coopèrent extraordinairement, je dois dire, avec d’autres organisations. Et je veux juste citer une étude que nous avons menée conjointement. Cette étude de l’Afrique occidentale. En fait, 70 % des besoins en Afrique occidentale ont été pris en compte. Non, pardon : 30 %. 30 %. C’est inférieur au 40 % pour tout le continent.
Si on arrive à arriver à la moyenne pour l’Afrique occidentale de l’Afrique, en fait, on pourrait accroître le commerce de 8 %. Donc, ce que dit Makhtar sur le financement du commerce et comment finalement en faire une réalité, il est important de tenir compte des questions liées à l’approvisionnement. Cela est particulièrement important si on veut que les chaînes de valeur mondiales fonctionnent pour les pays pauvres et pour les PME.
Maintenant, pour répondre rapidement à votre question sur la durabilité et l’inclusion des chaînes de valeur mondiales. J’ai parlé d’inclusion, j’aimerais parler maintenant de durabilité. Nous n’avons pas vraiment le choix aujourd’hui. Le seul choix que nous puissions faire, c’est de faire en sorte que nos chaînes de valeur soient durables, soient plus vertes. Et les jeunes attendent cela de nous. D’ailleurs, l’IFC, vous avez travaillé avec le secteur privé et vous avez regardé les normes dans ce contexte. Et ceux qui travaillent dans ces chaînes de valeur doivent véritablement réfléchir au meilleur moyen de devenir plus durables socialement et écologiquement. Parce que si nous ne le faisons pas, et bien nous n’allons pas répondre aux attentes, aux exigences des jeunes que nous voulons servir pour l’avenir. Donc, la durabilité et l’inclusion sont vitales.

[Redi Tlhabi]
Docteur Ngozi, vous auriez adoré le premier panel.

[Makhtar Diop]
Juste un point sur ce que vient de dire le docteur Ngozi. Essayez d’imaginer les choses. Je ne sais pas s’il y a des chefs d’entreprises de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique de l’Est. Je vais vous dire ce à quoi ils font face. Si vous êtes un chef d’entreprise du Kenya et une chef d’entreprise du Nigeria et que vous voulez participer à la même chaîne d’approvisionnement, ce sera beaucoup plus dur pour vous que de participer à la chaîne d’approvisionnement européenne. Ça, c’est une réalité. Voilà la réalité dont on parle ici. Ça signifie plusieurs choses. D’abord, il faut des marchés de capitaux avec les monnaies locales, de pouvoir échanger les monnaies entre pays africains, avoir des banques correspondantes entre banques africaines. Et je parle de l’Afrique parce que c’est particulièrement frappant, mais ça s’applique dans d’autres parties du monde. Et il faut également avoir les réglementations, il faut avoir les lois en place et vous pouvez faire tout cela, mais si l’OMC n’est pas là pour aider, pour renforcer la capacité, pour le dialogue et la réglementation, eh bien vous n’arriverez à rien. Ce dont nous parlons ici, c’est une coopération très étroite entre les deux institutions. Et je puis vous garantir que si nous parvenons à aller dans ce sens, ce sera le seul moyen de faire une réalité de cet accord de libre-échange africain. Sinon, ce seront de belles paroles, mais il n’y aura rien dans les faits. On a beaucoup parlé d’investissements physiques, qu’on n’a pas assez d’infrastructures routières, etc. Oui, ça, c’est vrai, tout cela est vrai. Mais le problème, c’est que même si vous avez ces infrastructures, en fait, vous n’avez toujours pas les échanges commerciaux dont vous avez besoin, parce qu’il faut les moyens et les modalités d’échange. C’est la raison pour laquelle le docteur Ngozi nous pousse sur cette voie et je pense qu’aujourd’hui, nous avons vraiment une alliance très forte et nous souhaiterions avoir plus de personnes qui travaillent avec nous dans le même sens.

[Redi Tlhabi]
Oui. Alors comment est-ce que l’IFC finance les flux commerciaux dans les marchés émergents ?

[Makhtar Diop]
J’ai ici la reine du financement des échanges commerciaux de l’IFC. Levez-vous, s’il vous plaît. Donnez votre numéro de téléphone au public, ce sera le mieux.

[Redi Tlhabi]
Je lui donne le micro, je lui donne le micro.

[Intervenante]
Merci. En fait, nous avons mis l’accent sur les échanges commerciaux depuis de nombreuses années et nous avons renforcé notre programme au fil des années avec un volume de transactions total qui va bientôt dépasser 14 milliards cette année et beaucoup, un tiers de cela se fait en Afrique et le reste se fait dans d’autres régions du monde. Nous travaillons avec un accent très fort sur les pays de l’IDA, en Afrique et en Asie du Sud-est également. Donc des activités très fortes, avec un accent mis sur le développement des échanges intracontinentaux, et non pas uniquement les échanges entre les différents marchés émergents et l’Europe et les États-Unis, mais essayer d’avoir des échanges intracontinentaux. Donc exportation du thé kenyan vers le Pakistan par exemple. Nous finançons l’importation du matériel de construction en Irak, nous finançons les équipements médicaux dans la bande de Gaza. Toutes sortes de produits donc, qui permettent de mettre en lumière les besoins très forts de ces échanges.

[Redi Tlhabi]
Merci. C’est un plaisir que vous ayez rejoint ce panel. Merci. Très bien. Ce qui signifie que nous en avons terminé avec cette conversation. Mais Docteur Ngozi, je voulais dire que vous avez parlé de durabilité sociale et écologique et je crois que vous auriez été très heureuse lors du premier panel parce que l’on a justement beaucoup mis l’accent sur la nécessité de protéger l’environnement, de protéger les pratiques, notamment les conditions de travail et l’intégration de genre.

[Ngozi Okonjo-Iweala]
Je sais que Makhtar et moi, nous sommes très difficiles à contrôler parce que nous nous connaissons bien et nous nous interrompons en permanence. Mais je veux dire que dans le cadre du statut de l’OMC, le préambule de l’Accord de Marrakech, il est dit que le but de l’OMC est de renforcer le niveau de vie, de contribuer à créer des emplois et de soutenir le développement durable. C’est quelque chose qui est dans l’ADN de notre action et c’est vraiment important pour les personnes.

[Redi Tlhabi]
Donc, la question de la durabilité est énorme. Je vous remercie. Nous terminons ici et maintenant votre notre conversation. Merci de votre présence et de votre leadership.
Voilà, nous en avons terminé avec cet événement sur les chaînes d’approvisionnement durables et inclusives. Mais il y a encore beaucoup de choses à voir. Vous pouvez vous connecter à live.worldbank.org/springmeetings2023 et vous pouvez contribuer avec le hashtag #ReshapingDevelopment. Je vous remercie.

Intervenants

Modératrice