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Investir dans le capital humain pour booster l'emploi

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Les pays en développement concentrent 84 % de la main-d’œuvre mondiale, et ce chiffre ne cesse de croître . D’ici à 2040, l’Afrique devra générer 2 millions d’emplois chaque mois pour absorber la croissance démographique. Et en Asie du Sud, plus d’un million de jeunes viennent grossir chaque mois les rangs de la population en âge de travailler. L’enjeu est de développer non seulement la quantité, mais aussi la qualité des emplois : dans les pays en développement, sept personnes sur dix occupent des emplois précaires et peu rémunérateurs. 
 
Investir dans le capital humain, c’est permettre aux individus d'être en bonne santé et d'acquérir les connaissances et les compétences nécessaires pour occuper les emplois d’aujourd’hui et préparer ceux de demain. C’est se doter d’une main-d’œuvre solide, capable d’évoluer et de s’adapter aux mutations mondiales, et notamment à la transformation technologique et au changement climatique.

Quelles solutions pour booster la création d’emplois et l’entrepreneuriat ? De l’avis de tous les participants à la table ronde, il est avant tout essentiel de former les gens et d’éliminer les obstacles qui entravent l'accès des femmes et des jeunes au marché du travail. Mamta Murthi, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement humain, a insisté sur l'intérêt pour les gouvernements d’investir dans la population et le capital humain, car c’est un investissement parmi les plus rentables qui soient. Autre levier d’action : faciliter la mobilité internationale de la main-d’œuvre, et mettre à contribution le secteur privé en nouant davantage de partenariats axés sur les compétences.

Amal Hassan, fondatrice et PDG d’Outsource Global (Nigéria), a expliqué comment son entreprise s’engage avec volontarisme à accompagner le perfectionnement professionnel et la réussite de ses employés. Une priorité que partage Basima Abdulrahman, fondatrice et PDG de KESK, une entreprise d’énergie solaire implantée en Iraq. L’entrepreneuse a ainsi mis l’accent sur l’importance de former et encourager le personnel, et évoqué comment elle avait elle-même forgé son expérience sur le tas et bravé les préjugés dans un secteur de la tech où les femmes sont rares.

Axel van Trotsenburg, directeur général senior de la Banque mondiale pour les politiques de développement et les partenariats, a dit combien il est important, pour relever le défi de l’emploi, d’investir dans l’éducation tout au long de la vie, mais aussi d’assurer l’accès au crédit, au numérique et à des infrastructures fiables. Les pays, a-t-il souligné, doivent créer les conditions qui permettront aux entrepreneurs, et en particulier aux femmes et aux jeunes, de réussir.

[Rachelle Akuffo]
Bonjour et bienvenue à la réunion annuelle 2023 de la Banque mondiale et du FMI. Je m'appelle Rachelle Akuffo, je travaille à Yahoo Finance et nous sommes en direct de Marrakech. Avant de commencer, je voudrais prendre un moment pour penser au tremblement de terre dévastateur qui a eu lieu au Maroc le mois dernier. Nous sommes là en solidarité avec le Maroc et sa population. Dans l’heure à venir, nous allons parler de l'importance du capital humain, c'est à dire la santé, l'éducation et les compétences, donc l'importance de ce capital pour la création d'emplois. Vous pouvez partager vos réflexions avec nous, avec le mot-dièse #WBMeetings, partager des questions soit en ligne, soit avec worldbank.org/peopleandjobs. Avant de passer aux panels, nous avons une petite vidéo pour présenter le sujet et nous montrer l'échelle des défis et du potentiel. 

[Narration vidéo]
Il y a un milliard de personnes qui veulent se réaliser et partager avec nous à quoi ressemblera notre monde ici. La Banque mondiale est le projet capital humain représentant un mouvement qui est parti de 27 pays et qui aujourd'hui réunit 90 pays. Pour nous, les personnes sont la solution. Il faut donc un capital humain fort. Il faut une éducation de qualité, une bonne santé et des compétences. Nous avons besoin de vous pour que l'avenir soit dans de bonnes mains. Un milliard de paires de bonnes mains. Êtes-vous prêt à nous rejoindre pour créer des milliards d'emplois, assurer des moyens de subsistance à un milliard de personnes, créer des rêves pour un milliard de personnes ? 

[Rachelle Akuffo]
Alors, tout au long du programme, comme je le disais, vous pouvez partager vos réflexions avec nous avec le mot-dièse #WBMeetings. Je vais maintenant souhaiter la bienvenue à Mamta Murthi, vice-présidente pour le développement humain à la Banque Mondiale, Amal Hassan, PDG de Outsource Global du Nigeria, Basima Abdulrahman, PDG de Kesk en Iraq et Axel van Trotsenburg en charge de la politique du développement des partenariats ici à la Banque mondiale. Bienvenue ! La vidéo nous a montré la situation à laquelle nous sommes confrontés. D'ici à 2050, un milliard de personnes dans les pays en développement vont intégrer la population active. Mamta Murthi, je commence avec vous. Vous venez d'avoir une discussion à huis clos avec le réseau des ministres des Finances en charge du capital humain sur la façon dont on peut investir sur les personnes pour créer et innover. Que pouvez-vous nous dire de cette discussion ? 

[Mamta Murthi]
Merci. C'est un plaisir pour moi d'être là. Si vous ne connaissez pas le projet, ce projet existe depuis cinq ans, nous marquons notre cinquième anniversaire. Je suis ravie de voir le réseau des pays qui souhaitent investir dans les personnes passer de 28 pays à 91 aujourd'hui. Nous venons de finaliser une discussion intéressante et active sur l'investissement sur les personnes pour créer des emplois. La raison de cette discussion, c'est que les pays en développement sont confrontés à des difficultés pour la création d'emplois et nous avons un milliard de personnes qui vont intégrer la population active d'ici à l'horizon 2050. Il est clair qu'il faut une économie compétitive. Il faut un accès aux financements, il faut de l'infrastructure, mais il faut aussi des populations compétentes et qualifiées pour mener des activités productives et aussi pour créer des emplois. Et donc on a porté beaucoup d'attention sur les questions de la formation, l'apprentissage professionnel et aussi le fait de faire le lien entre les personnes formées et les emplois. On a aussi parlé de démanteler les obstacles auxquels les femmes et les jeunes sont confronté pour avoir accès au marché de l'emploi. On a parlé de la façon dont on pourrait avoir accès aux emplois au niveau international et pas seulement au niveau national. Et enfin, un soutien à l'entreprenariat. C'était une discussion très vive où les ministres apprenaient de leurs pairs. 

[Rachelle Akuffo]
Et je crois qu'il faut aussi savoir qu'investir dans le capital humain va au delà des personnes. Cela a un impact sur les générations. Donc je me tourne vers Amal Hassan. Amal Hassan, en tant qu’entrepreneure, vous avez une histoire exemplaire. Est-ce que vous pouvez nous parler un peu de votre expérience ? Comment avez-vous développé les compétences dont vous aviez besoin ? 

[Amal Hassan]
Merci. C'est un plaisir et un honneur pour moi d'être là. Je m'appelle Amal Hassan, je suis PDG fondatrice de Outsource Global. Nous sommes une société qui fournit des services d'informatique, de développement de logiciels, de service à la clientèle, de télémarketing à l'étranger, au Royaume-Uni, au Japon, en Afrique. J'ai commencé avec un centre de formation d'informatique à Kano, au nord du Nigeria. Après avoir formé beaucoup de gens, je me suis rendu compte que je ne changeais pas vraiment leur vie. Ils venaient dans ce centre, ils apprenaient et néanmoins, il se retrouvait au chômage. Donc je me suis demandé comment j'allais pouvoir créer des emplois. À l'époque, j'avais beaucoup d'échanges avec des Indiens et je me suis rendu compte que l'externalisation d'un certain nombre de services des entreprises créais beaucoup d'emplois. Les États-Unis ont commencé dans les années 80 à externaliser ces services. Donc j'ai voulu faire la même chose au Nigeria. Il a fallu m'y reprendre à quatre reprises. Mais en juillet 2016, cela a commencé à bien réussir. Aujourd'hui, nous avons 1 500 employés, dont 50 % sont des femmes. Il faut que je le dise. L'une des choses que nous avons fait, c'est que dès le départ, nous avons dit que nous voulions mettre en place une excellence, établir l'excellence. Comment assurer la concurrence par rapport à l'Inde ? Quels sont les compétences nécessaires afin de pouvoir apporter ces services au niveau international ? Pas seulement les États-Unis, mais à travers le monde. Alors dès le départ, nous avons créé notre équipe de formation. Nous avons essayé de voir les ressources qui étaient à notre disposition. Nous avons un million de personnes qui sortent des universités chaque année au Nigeria, mais il fallait les former à nouveau afin de pouvoir fournir ces services. Nous avons donc mis en place une formation structurée avec des compétences en matière de communication, attention au détail, gestion du temps, réflexion analytique, afin de pouvoir les intégrer ensuite dans une formation spécifique selon les clients. Donc c'est même avant d'aborder les services qu’ils devaient fournir aux clients. Si j'ai encore quelques minutes, je vais vous dire quels sont les différents types de formation que nous avons mis en place. Après une année de fonctionnement, je me suis rendu compte que les licenciés au Nigeria ne voulaient pas venir et après des études universitaires, faire d'un travail de service au client. Donc j'ai changé mon modèle des entreprises pour en faire des partenaires. Donc quelles que soient les compétences que nous demandons, nous essayons de trouver ces compétences au Nigeria. Nous avons commencé en recrutant des avocats au Nigeria. Nous avons un partenaire qui forme ces personnes-là pour pouvoir servir le marché des États-Unis. Il a commencé avec des aides juridiques pour former ces personnes avant d'aller plus loin dans les compétences juridiques. Même chose pour la comptabilité. Nous avons trouvé un partenaire qui forme à nouveau les comptables pour pouvoir travailler sur le marché international. Même chose pour le développement des logiciels en tant que service que nous fournissons. 

[Rachelle Akuffo]
Oui, je crois que vous allez revenir vers moi pour d'autres questions. C'est très utile d'avoir ces exemples de ce qui est disponible et ce qui est possible. Et cette formation continue. Alors Basima Abdulrahman, comment est ce que vous pouvez nous dire comment le capital humain a été important pour vous ? Comment est ce que vous avez développé ces compétences dont vous aviez besoin pour réussir Dans un environnement très difficile ? 

[Basima Abdulrahman]
Merci Rachelle. Je vais parler de mon expérience personnelle. Alors on a souvent l'idée erronée que les entrepreneurs qui réussissent doivent venir d'un contexte privilégié. Donc une personne qui met en place son entreprise a dû avoir une formation de très haut niveau et ainsi de suite. Et bien moi, j'ai été élève dans des écoles publiques et des universités publiques en Irak, mais j'ai pu utiliser toutes mes ressources pour développer mes compétences. En 2008, je suis sortie de l'université, je suis devenue fonctionnaire. Après une année de travail en tant que fonctionnaire, je me suis rendu compte que ce n'était pas fait pour moi. J'ai donc demandé une bourse. Je suis allée faire un master aux Etats-Unis. Je suis revenue au pays à un moment où le pays vivait des moments extrêmement difficiles et je me suis rendu compte que ma passion, c'était des pratiques vertes. La construction en mettant en œuvre des mesures vertes. J'ai essayé de trouver des bourses encore pour pouvoir aller me former à l'étranger sur ces pratiques. Et puis à un moment, j'ai décidé de créer ma propre entreprise. Je savais que je n'avais pas l'expérience pratique de création d'une entreprise et de gestion d'une entreprise, mais je savais aussi qu'il fallait mieux faire quelque chose pour apprendre. Je savais qu'il n'y aurait jamais la situation idéale professionnellement ou personnellement, pour créer une entreprise. Et donc je me suis dit : « Je me lance et je vais apprendre tout en faisant. » Et heureusement, j'ai eu quatre années et demie merveilleuses. Nous sommes une entreprise d'énergie solaire. Nous proposons des solutions d'énergie solaire combinés à des logiciels pour la gestion de ces panneaux solaires. Nous avons une capacité d'installation d'un mégawatt et nous sommes en train de nous développer. Nous sommes seulement à 5 % de parts de marché. 

[Rachelle Akuffo]
Oui, vous avez dit effectivement, il ne faut pas attendre le moment parfait. Ce moment parfait n'existe pas. Le moment idéal n'existe pas. Il faut se lancer avec les ressources qu'on a à disposition. Nous savons que le capital humain est essentiel pour le développement économique, mais quel effet est-ce que cela peut avoir ? La Banque mondiale estime que si tout le monde pouvait développer son potentiel avec la compétence Et la bonne santé et l'éducation, on pourrait multiplier par trois la productivité et les niveaux de rémunération. Axel Van Trotsenburg, comment est ce que la Banque mondiale investit dans le capital humain pour créer davantage d'emplois ? 

[Axel Van Trotsenburg]
Eh bien, je pense qu'il y a deux aspects. Ici, aux réunions annuelles, on nous a beaucoup parlé de la réforme, des institutions multilatérales, de notre nouvelle mission. Et l'un des aspects de cette mission, c'est effectivement l'inclusion, le développement humain, la création d'emplois. Et tout ceci est absolument essentiel. Nous voyons qu'il y a un potentiel à développer pour le capital humain et les emplois. Il y a 50 ou 60 ans en arrière, lorsqu'on regardait le monde, y compris en Asie, il était parfois difficile de voir que les choses allaient s'améliorer. On le dit encore aujourd'hui. Gunnar Myrdal, lauréat du prix Nobel d'économie, a parlé du drame asiatique. Il disait en gros que ce continent n’allait jamais se développer. L'Inde, l'Asie du Sud-Est n'était pas capable de se nourrir, de créer des emplois, de sortir de la situation où ils se trouvaient qui était caractérisée de corruption, et on voit où ces pays en sont aujourd'hui. Donc il ne faut pas toujours se fier aux économistes. Et ce que nous avons vu, c'est un investissement systématique dans le capital humain, pas seulement l'éducation, mais dans toute l'infrastructure. Et ce n'est pas l'éducation où on commence à parler du niveau primaire et secondaire. Non, il faut se pencher sur toute la chaîne en commençant pratiquement au moment de la naissance, faire en sorte que les enfants soient bien nourris, car la malnutrition, qui malheureusement s'observe dans beaucoup d'endroits, est un des principaux obstacles à l'emploi car ça retarde le développement intellectuel des enfants. Donc il ne suffit pas de dire qu’il faut envoyer les enfants à l'école. Ces enfants doivent être bien nourris et doivent avoir les soins nécessaires. Nous devons les stimuler pour leur développement et cela donne des résultats remarquables. En tant que société, nous devons être pleinement engagés à assurer ceci, et pas seulement dans le domaine de l'éducation et dès le départ, mais aussi au niveau secondaire, dans l'enseignement tertiaire et l’enseignement supérieur. Et aujourd'hui, c'est l'apprentissage tout au long de la vie. On sait aujourd'hui que vous n'allez pas avoir un emploi où vous restez pour la vie. Il faut parfois changer de compétences, apprendre d'autres compétences. Il faut donc créer cette chaîne de valeur. On vient aussi d'apprendre une chose : il faut avoir cette foi en les personnes et particulièrement les femmes. [inaudible] l’a dit dans les réunions annuelles cette semaine, on ne peut pas priver les femmes et les filles des mêmes droits et des mêmes possibilités. Et d'ailleurs, les difficultés auxquelles on est confronté parfois sont dues au fait que les femmes ne jouissent pas de tous leurs droits. Et si on voulait développer l'entreprenariat des femmes, je pense qu'il y aurait beaucoup plus de réussite. Donc dans les sociétés, il doit y avoir une volonté d'assurer l'autonomisation des femmes et des jeunes, pas seulement des jeunes femmes entrepreneures. Mais pour tous les jeunes entrepreneurs, il faut faire davantage. Il faut leur donner l'accès au crédit, il faut leur donner l'accès aux infrastructures, c'est-à-dire l'électricité. Sachez qu'en Afrique, encore 600 millions de personnes n'ont pas accès à l'électricité. Il faut un meilleur accès à l'internet et à la numérisation. Donc la génération jeune a besoin d'une boîte à outils pour assurer sa réussite. Il ne faut pas parler seulement de l'éducation. Il faut parler de toute une gamme de compétences et d'actifs. Et je trouve que souvent on met l'accent sur une seule dimension du problème. Mais ce que vous avez dit toutes les deux, c'est qu'il y a un potentiel énorme qui peut transformer les choses. Et notre défi, en tant qu'institution, c'est de voir comment nous pouvons stimuler cela. Il ne suffit pas de discuter et de comparer ce que nous faisons, il faut dans notre dialogue avec les États, voir s’ils peuvent changer leurs politiques en faveur des jeunes, des jeunes entrepreneurs et mettre en place les conditions de la réussite. Alors certes, les entreprises peuvent faire faillite, c'est possible, mais il faut aussi croire et avoir la foi que cela peut marcher. Parfois, on n'a pas suffisamment de foi dans les jeunes. 

[Rachelle Akuffo]
Effectivement, il faut évoluer à la même cadence que les besoins plutôt que de les avoir en vase clos et de ne pas voir le panorama dans son ensemble. Alors les entrepreneurs comme vous ont non seulement créé des emplois parce que vous permettez aussi d'accroitre les compétences de vos équipes. Alors, Amal Hassan, pourriez-vous expliquer comment vous avez mis à profit votre propre capital humain pour servir vos équipes ? 

[Amal Hassan]
Je pense avoir évoqué cela. Ce que nous avons fait après une année à apporter un service client dans le domaine commercial. Nous avons vu les lauréats. Nous avons au Nigeria un million de lauréats, diplômés dans différents domaines et qui peuvent servir le monde à partir du Nigéria. Et j'ai commencé à établir des partenariats avec des experts de différents horizons. Nous avons commencé avec le développement de logiciels en tant que service et nous avons aussi trouvé un partenaire à la Silicon Valley qui a créé un programme. Nous avons d'ailleurs créé ensemble un programme d'apprentissage structuré qui permet de former notre équipe sur la base des besoins des entreprises dans la Silicon Valley. Donc, il est important d'avoir une réelle intention de définir un programme d'études qui est adapté pour assurer cette employabilité et qui répond aux besoins du marché. Donc nous l'avons structuré ainsi, nous l'avons mis à l'épreuve et ensuite nous avons externalisé ces ressources et nous avons ajouté des données, de l'analyse de données. Et aujourd'hui nous avons aussi intégré l'intelligence artificielle dans ce mix. D'une part, nous avons formé nos équipes, nous les avons externalisées et toutes les personnes que nous avons pu former aujourd'hui ont été externalisées. Aujourd'hui, nous avons pu créer Outsource Global Academy : il s'agit d'une académie de logiciels qui porte sur les données dans l'intelligence artificielle et nous sommes d'ailleurs en train de renforcer le programme d'études. Nous avons vraiment un grand groupe, nous avons environ 300 personnes en formation. Je sais que nous avons uniquement 24 personnes qui n'ont pas encore été externalisées après avoir complété leur cursus au niveau de notre académie. Ce que nous avons fait avec les logiciels, nous avons dupliqué la même expérience avec la comptabilité, nous avons essayé de voir comment nous pouvions améliorer les compétences de nos équipes et nous avons vu quel type de formation était nécessaire pour qu'on puisse faire cela. Et d'ailleurs, nous avons structuré un programme de formation sur la base de ces lacunes qu'ils avaient. Donc ils sont déjà comptables, ils ont déjà été à l'université, ils sont diplômés en comptabilité, mais ensuite ils poursuivent cette autre formation avec nous. Et d'ailleurs aujourd'hui, ils fournissent donc la comptabilité en tant que service pour des comptables pour qui souhaitent élargir leurs équipes à partir de notre groupe. C'est ce que nous faisons avec les services médicaux aussi. Après la Covid-19, nous avons réalisé qu'il y avait un gros fossé dans l'administration des établissements hospitaliers aux États-Unis. Donc effectivement, on modélise tout à partir du modèle américain. Ensuite, on élargit cela. Nous avons créé un programme de formation, nous avons trouvé un partenaire qui avait déjà un curriculum tout prêt pour former des personnes aux services médicaux. Aujourd'hui, nous avons formé 19 personnes et progressivement, nous sommes en train de les externaliser. Donc voilà ce que nous avons fait jusque là. Nous sommes aussi en train d'ajouter d'autres programmes sur la base des besoins des marchés. Nous sommes constamment en train de voir quels nouveaux programmes nous pouvons intégrer. Nous avons énormément de personnes diplômées au Nigeria, donc comment pouvons-nous les capturer ? Aujourd'hui, nous avons ouvert trois centres au Nigeria. Nous sommes en train de nous implanter aussi dans un pays en Afrique francophone et aussi dans un pays hispanophone avant la fin de l'année. 

[Rachelle Akuffo]
Donc c'est un point aussi très important dans ce que vous avez dit en termes de pipeline. Parfois vous avez des formations, mais vous n'avez pas les emplois. Donc parfois il y a cet écart entre les connaissances et les emplois. Donc c'est très intéressant de voir comment vous faites ce lien. Et bien entendu, l'entrepreneuriat est une autre composante critique de la création d'emplois, surtout pour les femmes. D'ailleurs, plus de 50 % des femmes dans les pays en développement considèrent l'entrepreneuriat comme une passerelle vers un meilleur avenir. Mais seulement 25 % des nouveaux entrepreneurs à l'échelle mondiale sont des femmes. Donc Basima Abdulrahman, j'aimerais vous demander quels sont les obstacles que vous voyez pour les femmes en tant qu'entrepreneure ? Qu'est-ce qui vous a aidé à surmonter ces obstacles ? 

[Basima Abdulrahman]
Oui, effectivement, c'est une question très délicate. En toute franchise, nous ne voyons pas beaucoup de femmes dans le domaine des STEM de manière générale. Sans parler de diriger des entreprises dans ces industries à haute technologie ou dans le domaine des STEM. C'est vrai que ce sont des secteurs qui sont généralement dominés par les hommes. Ce n'est pas parce que les femmes sont incapables, loin de là, mais c'est parce que les femmes ont tendance à avoir moins accès aux opportunités, à se lancer dans des carrières dans ces secteurs et donc à pouvoir avancer et diriger dans ces secteurs. Alors je viens d'une région, et je pense que s'il ne s'agit pas d'une perspective régionale pour les femmes, mais c'est plutôt une tendance mondiale et je comprends qu'il y a une sorte de parti pris social pour les femmes travaillant dans le domaine de la tech, dans l'ingénierie, et je me suis formée à comprendre la chose et à mieux comprendre la chose. Car en fait, je comprends ces partis pris sociaux qui ont tendance à être inconscients. Donc je m'assure toujours d’être dotée des compétences, des connaissances et des ressources nécessaires et aussi des idées innovantes pour pouvoir communiquer avec des investisseurs potentiels, avec des clients et avec des partenaires. Très souvent, je me suis retrouvée dans des circonstances où j'entre dans une salle et je ressens cette réticence, le fait que je sois jeune, une femme, à m'adresser à des personnes de haut niveau dans des organisations de renom. Mais après cinq minutes, je peux vous dire qu’on sent un changement dans l'ambiance de la salle et en fait la dynamique change réellement car en fait, ils réalisent que je maîtrise mon sujet, que je comprends leurs besoins, que nous concevons des solutions pour répondre à leurs besoins et pour faire avancer leurs intérêts économiques. Donc c'est important d'avoir une longueur d'avance sur les autres sur votre sujet aussi, de bien cerner les problèmes pour pouvoir concevoir les bonnes solutions. Il s'agit vraiment du pouvoir, de la connaissance et des solutions. Et c'est vrai que c'est important d'avoir les ressources pour pouvoir trouver les bonnes solutions pour aider ses clients partenaires à faire avancer les choses. C'est vrai qu’en Irak, il y a une réelle pénurie énergétique. C'est l'un des principaux obstacles à la croissance. Donc nous essayons de répondre à leurs besoins. Et c'est vrai que je n'ai pas tendance à prendre le rejet comme quelque chose de personnel, mais j'ai plutôt tendance à prendre cela comme une opportunité pour apprendre et voir comment je peux améliorer mon approche et voir comment nous pourrions mieux présenter nos solutions plutôt que de blâmer le monde extérieur pour ce type de parti pris, que ce soit subconscient ou inconscient. 

[Rachelle Akuffo]
Je suis sûre que beaucoup d'entre nous nous sommes retrouvés dans des salles où on a ressenti ce parti pris. Mais c'est vrai que la connaissance est un pouvoir et le fait de pouvoir bien communiquer peut aussi changer les perceptions. Axel Van Trotsenburg, j’aimerais avoir votre point de vue. C'est vrai que les pays se tournent vers la Banque mondiale pour amener des nouveaux partenaires, pour pouvoir investir dans des personnes, pour trouver des solutions. Pourriez-vous nous dire plus sur comment la Banque mondiale est en train d'approfondir son travail avec le secteur privé et d'autres partenaires sur cette question de l'emploi ? 

[Axel Van Trotsenburg]
Encore une fois, ce processus d'évolution est une occasion de voir comment nous pourrions faire les choses différemment. C'est important de garder à l'esprit le défi auquel nous sommes confrontés. Nous avons constaté que le monde doit créer 1,1 milliard d'emplois pour les jeunes à l'horizon 2030 et nous sommes très loin du compte. Il faut donc se poser la question de ce que nous pouvons faire en tant qu'organisation pour stimuler la situation. Effectivement, il y a différentes approches que nous pouvons envisager. Premièrement, c'est à travers notre pouvoir de rassemblement, c'est-à-dire que nous avons un bras du secteur privé et du secteur public, nous pouvons créer une synergie entre les deux et aussi nous pouvons être à l'écoute du secteur privé, voir quelles sont leurs préoccupations, quels sont leurs besoins. Dans le passé, nous avons mené de nombreux sondages, des enquêtes sur la conduite des affaires. C'est comme cela que nous créons des emplois. Et je pense que nous allons avoir une nouvelle génération de cela. Nous allons nous pencher sur ces domaines-là de création d'emplois. Donc c'est vraiment tout un domaine où nous allons effectivement devoir continuer à travailler et vraiment être à l'écoute. Et ensuite, vous constaterez qu'il y a d'autres domaines où il est possible de développer des programmes ou vraiment mener des analyses approfondies. Déjà, il y a tout l'aspect réglementaire. Juste avant cette séance, nous parlions de l'industrie solaire. Quelles sont les conditions réglementaires ? Quels sont les tarifs ? Quelles sont les contraintes au financement ? Il y a donc vraiment tout un tas de questions qu'il faut effectivement explorer pour capitaliser sur tout le potentiel de l'énergie solaire. Mais cela s'applique à d'autres domaines. Ensuite, il s'agit de voir ce que peut faire le secteur public pour créer la bonne infrastructure qui est nécessaire. Nous avons parlé tout à l'heure des défis liés à l'éducation. Ensuite, il y a la question de l'investissement, les investissements dans l'appui de tout cela, ça peut aller de l'infrastructure à l'éducation, mais aussi de travailler main dans la main avec le secteur privé. Et là, en l'occurrence, notre bras du secteur privé peut vraiment beaucoup aider. À titre personnel, j'aimerais de voir IDA, qui est notre fonds pour les pays les plus vulnérables. Nous avons donc une entité de secteur privé qui aide dans ce sens. D'ailleurs, je donne le défi à mes collègues : comment pouvons nous avoir des plateformes plus importantes qui permettent réellement d'aider les jeunes entrepreneurs ? Et c'est vraiment ce que nous devons faire. Et c'est vrai que quand dans mes déplacements en Afrique et j'ai constaté cela dans la région du Sahel, vous avez beaucoup de jeunes qui ont vraiment beaucoup d'idées très intéressantes, et ils ont du matériel qui vétuste. Ce n'est pas qu'ils ne veulent pas, ils ne sont pas en train de mendier, mais ils veulent par exemple de l'électricité. Mais parfois, ce sont des conditions difficiles et je pense qu'on doit vraiment être à l'écoute. Nous savons que c'est le continent le plus jeune sur la planète. Sa population va doubler et afin de réaliser des rêves et de réduire la pauvreté, d'éradiquer la pauvreté de manière radicale, nous devons investir davantage et nous devons créer des emplois. Et cela va vraiment occuper une grande partie de la conversation que nous avons avec les membres du conseil d'administration sur les réformes au niveau de la banque, que les emplois doivent être priorisés. C'est vrai que c'est une priorité, mais d'ailleurs cela fait partie du portefeuille de Makthar. Beaucoup d'analyses sont menées sur les emplois, mais nous allons devoir renforcer nos efforts et nous devons continuer ce dialogue non seulement avec le secteur privé « officiel », mais aussi avec les jeunes entrepreneurs, pour avoir le feedback nécessaire et voir comment, en tant qu'institution, nous pouvons contribuer à faire avancer les choses. 

[Rachelle Akuffo]
C'est vrai que quand nous voyons les taux de chômage des jeunes à l'échelle mondiale, nous voyons vraiment cet engouement des jeunes. Ils ont d'excellentes idées, mais parfois c'est difficile pour eux d'accéder aux ressources nécessaires. Je vous rappelle à tous d'utiliser les codes QR pour soumettre vos questions et en ligne. Et là, j'aimerais évoquer quelques unes des questions posées par notre assistance, qui ont posé des questions avant et pendant cet événement. Amal Hassan, cette question est pour vous. Un membre de l'assistance a demandé quels changements sont nécessaires dans les systèmes éducatifs et dans le développement des compétences pour mieux préparer les populations aux emplois, surtout dans ce monde qui est en pleine évolution en matière de technologie et un monde marqué par le changement climatique. 

[Amal Hassan] 
Merci pour cette bonne question, à commencer par le préscolaire, à commencer par l'éducation digitale. Imaginez une jeune femme qui est née par exemple au nord du Nigéria, qui pense à servir le monde à partir du Nigéria. C'est vraiment cette éducation digitale, cette formation informatique que j'ai pu recevoir. C'est ce qui m'a menée à réfléchir à ce dont avait besoin le monde. Comment est ce que je peux créer des emplois en capitalisant là dessus ? Donc il est très important dès le plus jeune âge en Afrique. Je sais que pour les pays en développement, pour les pays développés, cela va déjà de soi. C'est déjà en cours. Mais nous devons trouver encore plus de moyens de ramener cette éducation digitale dans nos écoles primaires, dans le préscolaire. Un autre élément qui est nécessaire, c'est ce faisant, cette sensibilisation environnementale et comment les enfants, dès leur plus jeune âge, doit vraiment être sensibles aux questions de l'environnement, doivent être sensibles à la protection de l'environnement. Cela doit faire partie intégrante de leur programme éducatif. Donc la technologie et l'environnement doivent être intégrés dans la culture, dans leur mentalité. Et c'est vrai qu'on se souvient toujours de ce qu'on a appris dans notre tendre enfance. Ce sont les pratiques que nous maintenons tout au long de notre vie et cela fait partie de nous et c'est ce qui nous mène à nous comporter comme on se comporte. Donc cela est très important. En passant à l'éducation supérieure, il est nécessaire d'avoir une collaboration entre les industries et les universités. Les universités enseignent, c'est-à-dire que quand les jeunes sont diplômés des universités, il y a un grand fossé. Comment pouvons nous combler ce fossé ? Alors vous avez ces compétences interpersonnelles qui sont essentielles, des compétences de communication, la réflexion critique. Comment analyser les informations et comment utiliser ces informations pour prendre des décisions éclairées ? Ce sont toutes des choses qui sont essentielles. Ensuite, de quoi ont besoin les industries ? Comment pouvons nous intégrer ce dont ont besoin les industries dans les programmes d'apprentissage, dans les curriculum ? Effectivement, le STEM est un domaine pointu. Cela doit faire partie du curriculum de base, surtout en Afrique. Je sais que dans les pays en développement et les pays développés, ils ont beaucoup avancé dans ce domaine et nous sommes très en retard. Et l'un des inconvénients majeurs que nous avons en Afrique, c'est le manque de ressources. Les écoles primaires n'ont pas d'électricité et n'ont pas d'énergie. Donc comment pouvons-nous travailler avec les gouvernements pour assurer cela au niveau du secteur éducatif ? Donc si nous pouvons assurer cela, ça va déjà nous permettre d'avancer, à commencer par comment créer des centres de développement des compétences, nous en avons parlé. L'Inde a fait cela avec les technologies de l'information et aujourd'hui, il y a énormément d'emplois qui ont été créés dans ce secteur dans le monde. Vous ne verrez jamais une entreprise dans la technologie sans trouver un grand nombre de personnes d'origine indienne y travaillant. Et c'est grâce à cet effort-là. 

[Rachelle Akuffo]
Et cet apprentissage, cette expérience devrait être dupliquée ailleurs. Je sais que le Nigeria prévoit d'en faire de même. Le ministère de l'Économie digitale va lancer prochainement un tel programme qui permettra de développer et de permettre aux diplômés des universités nigérianes et même des personnes n'ayant pas suivi un parcours universitaire et ceux qui suivent une formation professionnelle de se doter de compétences. Vous avez évoqué effectivement les ressources. C'est aussi cet écart, ce fossé après avoir été diplômé et aussi toutes les compétences interpersonnelles qui ne sont pas enseignées dans des universités. Basima Abdulrahman, l'un de nos participants a mentionné que les compétences aident à obtenir des emplois, mais on continue à évoluer à travers la pratique d'une profession. Pourriez-vous nous dire comment vous appuyez vos employés pour pouvoir apprendre et développer leurs compétences ? 

[Basima Abdulrahman]
Merci Rachelle Akuffo. C'est une thématique très importante, sachant que le secteur de l'énergie solaire n'est pas nouveau. Il existe depuis 25 ans, mais à l'échelle mondiale, le développement de ce secteur a été assez lent.
J'ai réalisé depuis le premier jour que nous travaillons dans un secteur et dans une région, dans un pays où il y a une réelle rareté de capital humain compétent dans le secteur de l'énergie solaire. Donc recruter des personnes dotées d'expérience dans ce secteur spécifique est quasiment impossible. Ce qui est important, ce sont les qualités des personnes. Le fait d'avoir l'expérience ou éducation est important, certes, mais que faire si ces éléments ne sont pas là ? Donc il faut rechercher d'autres qualités, essayer de trouver la passion, l'engagement, la volonté d'apprendre, la soif d'apprendre. C'est ce que nous recherchons, bien entendu, en plus du niveau d'éducation ou d'expériences passées dans ce secteur. Donc nous essayons de faire preuve de patience lorsque nous recrutons de nouvelles personnes. Nous savons aussi qu'il faut investir dans ces ressources pendant un certain temps, de les doter des compétences nécessaires, de renforcer leurs compétences et, plus que tout, au-delà de les doter des ressources et des outils, c'est important aussi de leur donner une occasion de diriger et c'est vraiment remarquable de voir comment les gens peuvent vraiment exceller quand on leur donne l'opportunité de diriger, de prendre les devants et de faire preuve de proactivité dans leurs secteurs respectifs. Au-delà de l'ingénierie, du développement de logiciel et d'autres expertises techniques, effectivement,

c'est important de passer par une phase de renforcement de capacités. Mais comme Amal Hassan l’a mentionné, les compétences interpersonnelles sont très importantes. Nous encourageons nos équipes à s'exprimer sur des plateformes. Alors je me suis retrouvée dans des situations avec mes équipes qui avaient même peur de s'asseoir autour d'une table avec des décideurs ou avec des professionnels de haut niveau, donc des clients. Mais je les encourage. Je les mets en avant parce qu'à un moment donné, il va falloir qu'ils prennent les rênes, il va falloir qu'ils s'assoient autour d'une table avec des personnes qui sont plus âgées ou qui sont plus seniors qu’eux. Donc ça me fait très plaisir de voir après deux ou trois ans, de les voir gérer des réunions avec brio sans que je ne sois là. Et je me dis que ce sont vraiment des petites victoires qui me font vraiment plaisir et pour moi, c'est très important de croire en les personnes et vraiment de leur donner une chance de faire leurs preuves. Au-delà donc des équipes de base, nous avons travaillé avec différentes organisations. Pour justement développer les capacités des techniciens et des ouvriers pour gérer et travailler sur ces projets d'énergie solaire en Irak. C'est la main d'œuvre qualifiée dont nous avons besoin pour gérer des projets dans le pays, car nous avons bien entendu une équipe de base et nous avons deux filiales, mais pour gérer des projets dans le pays, effectivement, nous nous concentrons sur le développement des capacités des communautés locales et nous essayons de recruter localement. Même si parfois ce sont des CDD, nous pouvons au moins les doter de compétences qui vont leur servir toute leur vie et leur permettre d'exceller dans le secteur de l'énergie solaire. 

[Rachelle Akuffo]
Oui, j'apprécie ça particulièrement car parfois les jeunes ont tendance à avoir ce syndrome de l'imposteur. Parfois, ils n'ont pas eu l'occasion de se retrouver dans une position de direction ou de leadership. Et parfois, ils ont tendance à se remettre en question. Donc c'est quelque chose que j'apprécie tout particulièrement. Alors Mamta Murthi, ça a été vraiment un panel très intéressant pour nous. Comment pouvons-nous continuer à avancer pour créer encore plus d'emplois, pour investir dans les personnes ? Effectivement, il y a beaucoup de priorités budgétaires. Comment pouvons nous avancer sur cette thématique ? 

[Mamta Murthi]
Vous ne m'avez pas posé une question facile, mais je dois dire que je suis assez optimiste et enthousiaste de voir tout l'engouement de la part des gouvernements et du secteur privé sur cette question-là. C'est déjà une belle reconnaissance de voir que le défi de l'emploi est important. Comment pouvons-nous parler d'une planète durable, si la population sur cette planète n'a pas de revenus pour subsister ? C'est la raison pour laquelle, dans le cadre de la nouvelle mission de la Banque mondiale, nous parlons de durabilité qui est assurée à travers la croissance et le développement humain, y compris les emplois. Donc je pense que c'est une reconnaissance, alors que cette planète est menacée. Au lieu de voir une contradiction entre la croissance économique et la durabilité environnementale, il faut qu'on les voit converger. Nous ne pouvons pas parler de l'un sans parler de l'autre. Et nous sommes tous convaincus que nous devons protéger cette planète sur laquelle nous sommes, et pas seulement pour nous mêmes, mais pour les générations futures. Et pour ce faire, nous devons nous assurer que tout le monde peut survivre. Donc je pense qu'il y a une réelle dynamique et un engouement pour cet agenda. Nous avons aussi parlé tout à l'heure de l'intérêt de la part des gouvernements du secteur public Sur ce qu'il faut faire pour assurer que nous avons un environnement qui est propice à la création d'emplois et que les populations aient accès à ces emplois, ce qui est une excellente nouvelle. Ceci étant dit, il y a cette enveloppe budgétaire et les gouvernements doivent faire des choix, et des outils sont mis à disposition des gouvernements afin de faire des choix prioritaires et d'investir dans ce qui peut générer des retours importants. Et puis peut-être faire des coupes budgétaires là où il y a moins de retour. Et donc l'investissement dans le capital humain en l'occurrence, génère des retours importants. Et parfois, là où il y a des coupes budgétaires, en l'occurrence les subventions pour les hydrocarbures, par exemple. Donc les gouvernements sont dotés d'outils et il y a une réelle demande des populations pour que les gouvernements se servent de ces outils. Pour ce qui est du secteur privé, le monde est en évolution, nous sommes au cœur d'un réel changement démographique. Les populations évoluent rapidement en Afrique subsaharienne, elles sont en train de stagner dans le continent asiatique et elles sont en train de chuter dans les pays « riches ». Donc il y a un réel potentiel de croissance pour les entreprises qui sont implantées dans les pays riches. S'ils arrivent à établir des partenariats avec des pays plus pauvres et s'ils arrivent à former leur population, et si il y a une réelle coopération internationale pour avoir cette mobilité de l'emploi, nous voyons un réel intérêt pour cette question-là aussi. Nous sommes ravis de voir le secteur privé faire ce plaidoyer pour plus d'ouverture, pour la mobilité de l'emploi et aussi une plus grande volonté de nouer des partenariats et de créer des partenariats axés sur des compétences. Donc oui, j'ai un parti pris car c'est vrai que je travaille dans ce domaine, mais je vois un réel intérêt pour l'investissement dans les personnes, pour créer des emplois et pour assurer que nous ayons tous une planète durable. 

[Rachelle Akuffo]
Alors c'est intéressant de voir ces changements démographiques, ça va changer l'avenir de l'emploi. Merci à tous nos invités de nous avoir rejoints pour parler de cette thématique intéressante. Il est clair que plus d'investissements et de meilleurs investissements dans les personnes sont critiques pour créer des emplois, pour booster les emplois à travers l'entrepreneuriat. Alors que les pays et la Banque mondiale travaillent pour développer le capital humain, cela demandera une coopération et une collaboration à travers tous les secteurs, y compris le secteur privé et la société civile, pour faire face à ce défi et bien entendu, capitaliser sur cette opportunité. Ceci nous ramène à la fin de cette séance. Nous espérons qu'elle a été intéressante pour vous. N'hésitez pas à revoir la rediffusion de cette séance sur worldbank.org/annualmeetings et n'hésitez pas à partager vos commentaires en ligne avec le mot-dièse #WBMeetings. Nous nous réjouissons d'entendre toutes vos questions en commentaire. Merci.

00:00 Introduction
03:44 Points clés à retenir des ministres des Finances du Réseau du capital humain
05:56 Voix d'entrepreneurs : comment développer les compétences nécessaires pour démarrer une entreprise ?
13:17 Comment la Banque mondiale investit-elle dans le capital humain pour aider les pays à créer plus d'emplois ?
19:19 Miser sur le capital humain au sein d'une entreprise
23:35 Les principaux obstacles auxquels font face les femmes entrepreneures et comment les surmonter
27:22 Comment la Banque mondiale collabore avec le secteur privé et avec d'autres partenaires
32:47 Session de questions/réponses : comment développer les bonnes compétences face aux changements technologique et climatique
37:46 Session de questions/réponses : aider les travailleurs à développer de nouvelles compétences
42:22 Aller vers l'avant et créer davantage d'emplois grâce à l'investissement dans les ressources humaines
46:23 Conclusion

Ressources utiles

Intervenants

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