Réinventer le développement grâce au numérique
L’innovation numérique avance à pas de géant, ouvrant un vaste champ de possibles aux individus, aux entreprises et aux pouvoirs publics. Comment les pays en développement peuvent-ils exploiter au mieux ces transformations au profit de la croissance économique et de leur population ? Comment promouvoir l’essor de plateformes numériques sûres et inclusives dans des domaines comme le commerce électronique, la banque en ligne, la digitalisation des services publics ou encore l’identification numérique ? Ces questions étaient au cœur d’un événement en deux temps qui a d’abord donné lieu à un tête-à-tête entre Jim Yong Kim et Jack Ma, avant de se poursuivre par une discussion réunissant des personnalités de premier plan.
Au cours de leur conversation, le président du Groupe de la Banque mondiale et le cofondateur et président du géant chinois du commerce en ligne Alibaba se sont penchés sur le potentiel que recèle le numérique pour les pays clients de la Banque mondiale : la révolution digitale pourrait-elle constituer une trajection de développement pérenne et comment concrétiser ce potentiel ? Fort de son expérience en la matière, Jack Ma s’est attaché à éclairer la manière dont les entrepreneurs du numérique pouvaient, dans le monde entier, et en particulier en Afrique, surmonter les obstacles au développement de leur activité et contribuer à bâtir une économie digitale dynamique. Mais, comme l’a aussi souligné le fondateur d’Alibaba, les pays doivent accorder une importance cruciale à l’infrastructure internet, à l’entrepreneuriat et à l’éducation pour réussir à tirer pleinement parti du développement numérique.
Jim Yong Kim et Jack Ma ont ensuite cédé la place à un panel de dirigeants mondiaux et pionniers des nouvelles technologies. La secrétaire d'État britannique au Développement international, Penny Mordaunt, est revenue sur les moyens mis en œuvre par le Royaume-Uni pour optimiser l’impact de ses programmes d’aide dans le monde en exploitant les technologies « disruptives ». Pour le ministre des Finances de Singapour, Heng Swee Keat, il est indispensable que les pays renforcent leur capital humain, en améliorant l’éducation et la formation, pour se préparer au monde digital de demain, tout en veillant à ce que les machines accompagnent le travail des hommes plus qu’elles ne s’y substituent. Nandan Nilekani, principal architecte du système d’identification numérique indien, a témoigné avec puissance du potentiel des plateformes numériques pour favoriser l’autonomie individuelle et faciliter l’accès à des services essentiels. À la tête d’une association qui regroupe plus de 800 opérateurs de téléphonie mobile dans le monde, Mats Granryd s’est dit en faveur d’une réglementation plus souple du secteur. Car les entrepreneurs du numérique ont besoin d’espace et de flexibilité pour pouvoir innover, a souligné le directeur général de la GSMA, à l’instar de plusieurs autres participants au débat. Selon Nicolas Miailhe, cofondateur et président du think tank The Future Society, le développement numérique passe par des partenariats fructueux entre les secteurs public et privé, et repose sur l’établissement d’un cadre de gouvernance capable de suivre le rythme de l’innovation au XXIe siècle.
De cet événement, qui a permis d’esquisser les contours de l’avenir du développement numérique à travers divers points de vue, on peut tirer un message simple et clair : s’ils veulent exploiter pleinement le potentiel des technologies numériques au service de leur développement, les pays doivent poser les bases de l’économie digitale et s’adapter à des changements qui vont devenir la norme, en favorisant l’innovation et l’entrepreneuriat.