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Gouverner efficacement dans l'adversité

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COVID-19, dette, changement climatique, conflit... : les crises s'accumulent et mettent à rude épreuve la capacité des gouvernements à fournir des biens et des services publics essentiels, en particulier aux populations les plus vulnérables. Les contraintes budgétaires, les catastrophes d’origine climatique, les conflits armés et le déficit de légitimité sont autant de facteurs qui limitent la capacité d’action des pouvoirs publics.

Dans ces circonstances, la collaboration multilatérale est plus cruciale que jamais, a souligné la directrice générale de la Banque mondiale Anna Bjerde, en insistant aussi sur l’importance de la transparence et de l’innovation afin d’aider les États à répondre à des besoins critiques et à renforcer la résilience pour se préparer aux crises futures. Les ministres des Finances de l’Ukraine et de l’Équateur ont partagé leur expérience respective sur le fonctionnement des pouvoirs publics dans les contextes les plus difficiles. Au menu des discussions également, comment lutter contre les vulnérabilités économiques et sociales des populations à travers le monde ? Et de mettre l’accent sur l’importance de l’autonomisation et la nécessité de passer de l’aide à des plans socioéconomiques adaptés à chaque région.

Nous vous invitons à voir l'évènement en replay pour en savoir sur la manière dont les gouvernements peuvent surmonter une multiplicité de crises.

00:00 Bienvenue

TABLE RONDE
01:24 Ce à quoi le monde est confronté et comment les pays gèrent ces crises multiples
05:11 Ukraine : gouverner et gérer une guerre
08:45 Une campagne de vaccination contre la COVID-19 réussie : l'exemple de l'Équateur
11:24 Le rôle du Comité international de la Croix-Rouge (CICR)
14:47 Le cas de BRAC : Adopter une approche commerciale pour mettre fin à la pauvreté
19:25 Ukraine : les leçons tirées d'une crise
22:10 Gérer les crises qui se chevauchent et se préparer aux prochains défis
28:16 CICR : leçons apprises dans les situations de conflit
33:28 Exemples de modèles fondés sur des données factuelles pour obtenir des résultats croncrets en temps de crise
38:06 Équateur : programmes de protection sociale et réformes fiscales majeures
43:04 Questions et réponses en direct : développement à long terme / insécurité alimentaire

50:24 Clôture

[Kathleen Hays]

Bonjour et bienvenus aux réunions de printemps 2023 du Groupe de la Banque mondiale et du FMI. Je suis Kathleen Hays, journaliste de télévision et radio et je vais vous accompagner pendant l’heure qui vient. Nous allons parler des crises multiples de ces trois dernières années, la pandémie, la guerre en Ukraine, son impact mondial sur les prix de l'alimentation et de l'énergie qui rétrécissent les ressources des États, alors que les citoyennes et les citoyens ont encore plus besoin de leur aide.

Vous pouvez partager avec nous vos réflexions en utilisant #ReshapingDevelopment. Merci d'utiliser le code QR qui s'affiche à l'écran pour poster vos questions. Ou alors partager au chat en direct sur internet.

J'accueille aujourd'hui un autre panel remarquable : Anna Bjerde, qui est la directrice générale des opérations de la Banque mondiale ; Pablo Arosemena Marriott, qui est le ministre de l'Économie et des Finances de l'Équateur ; Mirjana Spoljaric Egger, présidente du Comité international de la Croix-Rouge ; Shameran Abed, directeur exécutif du Comité pour le développement rural du Bangladesh ; et Sergii Marchenko, le ministre des Finances de l'Ukraine. Alors, Monsieur Marchenko, vous avez un autre engagement vous devrez nous quitter dans 30 minutes. Un grand merci à vous d'être avec nous. Nous savons que tout le monde et toutes et tous les membres de ce panel sont très occupés pendant cette semaine de printemps, ici à Washington D.C. Alors je vais me tourner vers Anna Bjerde pour nous parler de ce à quoi le monde est confronté et comment les pays gèrent ces crises multiples.

[Anna Bjerde] 

Merci Kathleen, Je suis ravi d'être avec vous aujourd'hui. C'est un sujet tout à fait pertinent et d'actualité pour nous. Alors que ces réunions de printemps se déroulent à une période de grande turbulence pour le monde, une période de grande turbulence qui semble ne jamais vouloir s'arrêter. Vous avez parlé de certaines de ces crises : la COVID-19 bien sûr, dont les retombées continuent à se faire sentir. Nous avons aussi les défis constants de l'inflation, de la déstabilisation. Sans oublier qu'il y a quatorze mois, l'invasion par la Russie de l'Ukraine se poursuit avec un impact très lourd, tout d'abord bien sûr sur l'Ukraine, mais aussi sur la région et le reste du monde. Il est donc temps de resserrer les rangs, de coopérer ensemble. Et les États ont dû apprendre à relever ces défis, surtout pour apporter un soutien à leurs citoyennes et leurs citoyens. Dans tous les pays, les impacts sont différents. Il n'est donc pas possible d'avoir la même approche, la même solution partout. Et c'est pourquoi il faut faire preuve de modestie puisque toutes circonstances étant différentes, toutes les solutions doivent l'être aussi. Certains pays sont plus directement touchés par la multiplicité de ces crises et les États doivent faire des arbitrages pour satisfaire les besoins les plus pressants de leur population.

Je me réjouis de la présence de Monsieur Marchenko qui est avec nous aujourd'hui. L’Ukraine est un exemple parfait d'un gouvernement qui a dû être décisif, volontariste et maintenir les services essentiels pendant une guerre qui a été destructrice. Je me félicite de la présence de Monsieur le ministre avec nous et je me félicite aussi de l'excellente qualité de notre partenariat. Je suis aussi impatiente d'écouter Monsieur Arosemena nous parler de l'expérience de l'Équateur, notamment concernant les services publics essentiels dans un contexte de contraintes budgétaires.

L’Équateur a été un des premiers pays à recevoir des fonds de la Banque mondiale pour relever les défis liés à la crise sanitaire et au déploiement du vaccin. Ceci a permis d'atteindre les populations les plus vulnérables et de faire repartir l'activité économique rapidement. C'est un des excellents exemples de l'association pendant la pandémie de la protection de la santé et de la protection des moyens de subsistance. C'est la raison pour laquelle la protection sociale et la poursuite de l'activité économique sont essentielles. Nous avons aussi, Monsieur le directeur exécutif, Abed, du Comité pour le développement rural du Bangladesh et Madame la présidente du Comité international de la Croix-Rouge, qui vont nous parler du rôle de leurs organisations pour relever ces défis. Merci de votre présence et de votre partenariat et coopération. Dans un monde où la volatilité est croissante, de plus en plus de pays ont besoin de coopérer différemment en mettant la priorité sur la défense des services de base, la qualité de ces services de base et surtout la protection des populations les plus vulnérables. Dans ce contexte, ce que nous constatons, c'est que les États doivent mettre l'accent sur les besoins de protection et sur la préservation des fondements pour la reprise de l'activité économique et à plus long terme, donc répondre aux besoins urgents, mais sans jamais oublier quelles sont les priorités de demain et s'assurer des bases saines. Nous autres, acteurs et actrices de la communauté du développement, notre rôle est d'accompagner ces États dans la constitution d'une meilleure résilience pour être mieux préparés aux crises qui viennent.

[Kathleen Hays]

Excellent résumé, Excellente vue d'ensemble de cette question que nous allons aborder dans l'heure qui vient. Je vous rappelle que vous pouvez participer à notre discussion en utilisant #ReshapingDevelopment et le code QR. Monsieur le ministre Marchenko, depuis plus d'un an, vous avez réussi à faire fonctionner votre État, votre gouvernement, votre administration pendant une guerre. Comment avez-vous réussi ? Quels ont été les éléments clés qui vous ont permis d'atteindre des résultats aussi impressionnants ces douze derniers mois ?

[Sergii Marchenko]
Merci beaucoup de m'avoir invité à participer à cette réunion avec vous. C'est un plaisir pour moi d'être là. Au XXIᵉ siècle, cette guerre était impensable. La guerre russe contre l'Ukraine est une guerre militaire, mais c'est aussi une guerre économique. Dans les premiers jours après l'invasion nous avions craint que nos forces de sécurité n’étaient pas au point. Mais nous avons dû très rapidement rassurer les citoyennes et les citoyens d'Ukraine que notre gouvernement est opérationnel, qu’il peut assurer les services basiques pour notre population dès les premiers jours de la guerre. Nous avons déplacé nos services critiques dans des zones sécurisées et protégées. Nous avons réussi à poursuivre les activités de notre trésorerie parce qu'il faut continuer à verser les pensions de retraite. C'était aussi un signe de réconfort pour la population qui montrait que l'administration était fonctionnelle, qu'elle était opérationnelle. Et ceci a permis de restaurer le moral de notre population qui se sent désormais capable de gagner cette guerre. Dès les premiers mois, nous avons développé de nouvelles compétences que nous n'avions pas par le passé parce que nous n'avions pas besoin. Nous avons réussi à négocier avec nos partenaires pour que l'Ukraine ne se retrouve pas isolée. Nous remercions d'ailleurs la Banque mondiale pour tout son soutien, car des projets ont été lancés pour nous aider à financer nos besoins, à satisfaire nos besoins sociaux et humanitaires et aussi à envoyer un signal fort à tous les pays du monde : même si vous êtes attaqués, vous ne serez pas seul, les autres pays seront à vos côtés. Alors, malgré toute la destruction que notre pays connaît les problèmes économiques, nous réussissons tout de même à percevoir les impôts. Et à assurer des services pour notre population ukrainienne. À l'heure actuelle, Kiev, la capitale ukrainienne, fonctionne pratiquement comme elle le faisait avant la guerre, malgré les attaques aériennes, malgré les attaques de missiles. Nous sommes en capacité et nous sommes déterminés à protéger notre avenir et à protéger notre nation.

[Kathleen Hays]

Merci. C'est vrai que pendant la guerre, on ne se rend pas compte que parfois il faut continuer à payer ses impôts, qu'il faut pouvoir percevoir ces retraites alors que ça fait partie du quotidien. Merci donc d'avoir partagé votre expérience.

Monsieur le ministre Arosemena, vous allez nous parler de l'expérience de l'Équateur. L’Équateur a été très durement frappé par la pandémie : des taux de mortalité très élevés, les hôpitaux étaient surchargés. Et cependant, dès mai 2021 vous avez réussi à être moteur dans la région pour ce qui est du déploiement des campagnes vaccinales. Quels sont les partenariats sur lesquels vous avez pu vous appuyer ? Parce que c'est un résultat tout à fait remarquable

[Pablo Arosemena Marriott]
Merci. Pour l'invitation qui m'a été faite. Je suis ravi d'être ici aujourd'hui.

Je vais vous raconter une petite histoire. Notre président, Guillermo Lasso, je le connais depuis 20 ans. Il a travaillé dans la banque privée et il avait un petit panneau sur la porte de son bureau qui disait « partagez vos problèmes avec moi ». Donc, il a toujours eu cette approche de trouver des solutions à des problèmes.

Lorsqu'il est arrivé au pouvoir, son intention était de mettre en place une diplomatie des vaccins. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire obtenir des vaccins d'où qu'ils viennent États-Unis, Europe, Chine, de partout. Et c'est ce que nous avons mis en œuvre. Donc, avant notre arrivée au pouvoir, 1 % de la population seulement avait pu bénéficier d'un vaccin. Et nous avions un plan très solide visant à vacciner 9 millions de personnes en 100 jours. Et on y est parvenu. Donc dans les 100 jours de notre mandat, 57 % de la population totale de notre pays avait pu être vaccinées. Alors ça était rendu possible grâce à sa direction, grâce à ce pragmatisme de notre politique de diplomatie des vaccins et aussi une excellente coopération entre le secteur public et le secteur privé. Parce qu'en fin de compte, c'est une question de logistique et le secteur privé est clairement le meilleur en logistique. Les supermarchés, par exemple, nous les avons fait travailler main dans la main avec l'armée, puisque du côté public, c'est l'armée qui a les meilleures capacités logistiques. Donc cette diplomatie des vaccins, une direction forte de la présidence avec cette volonté de recherche de solutions et la réunion des forces publiques et privées.

[Kathleen Hays]

Moi, je pense à beaucoup de problèmes rencontrés par un grand nombre de pays, y compris par les États-Unis. Je pense que cette diplomatie des vaccins est un excellent exemple dont tout le monde pourrait s'inspirer.

Alors, Madame la présidente Spoljaric Egger, la Croix-Rouge, nous la connaissons depuis des siècles pour assurer une assistance humanitaire dans des contextes où les gouvernements d'autres institutions comme la Banque mondiale ne peuvent pas entrer sur le terrain. Comment est-ce que votre soutien fonctionne pour ce qui est des services de base et d'accompagnement au quotidien des populations ? En attendant que les États partenaires et les institutions mondiales puissent revenir sur le terrain.

[Mirjana Spoljaric Egger]
Merci, Kathleen. Merci de m'avoir invité. Merci de l'intérêt que vous témoignez au Comité international de la Croix-Rouge.

Le Comité international de la Croix-Rouge a été conçu pour aider les populations, surtout les populations civiles et d'autres en situation de conflit. C'est notre mission que nous réalisons depuis plus de 160 ans. Nous sommes probablement la plus ancienne organisation humanitaire dans le monde. Et nous appliquons ce mandat sur la base d'un business model très spécifique. Nous avons 22 000 personnes qui travaillent aujourd'hui dans une centaine de situations de conflit de par le monde, nous travaillons en coopération étroite avec les populations locales. Avec nos principes de neutralité, d'indépendance et d'impartialité et tout ce que nous faisons lorsque c'est nécessaire, nous le faisons dans un contexte de confidentialité absolue. C'est essentiel pour deux raisons : premièrement, parce que cela nous permet d'atteindre des zones qui sont inatteignables pour d'autres. Nous y parvenons parce que nous parlons à tout le monde, nous obtenons la confiance de tous les acteurs et nous avons aussi une bonne réputation. Tout le monde connaît la Croix-Rouge ou le Croissant-Rouge. Et nous le faisons aussi parce que nous avons besoin de témoigner des violations du droit international humanitaire lorsque le droit international humanitaire n'est pas respecté ceci va accroître le coût et les dégâts de la guerre, comme on le constate en Ukraine et dans beaucoup d'autres situations. Mais ce qui est le plus important pour nous, pour notre présence sur le terrain, au plus proche des conflits et des combats, c'est d'être à l'écoute des besoins de la population. Nous pouvons transmettre ces besoins, transmettre ces messages aux acteurs qui ont la capacité d'apporter des solutions. Ce n'est pas toujours facile, mais la seule façon de le faire, c'est de rester sur le terrain et de rester opérationnel. Et ça, c'est garanti par le respect de notre mandat.

Maintenant, ce que nous essayons de faire, c'est soutenir la prestation de services et de services publics en Ukraine. Nous avons notre plus grand programme à l'heure actuelle. Nous travaillons avec les autorités locales pour maintenir la fourniture d'eau potable. Nous travaillons toujours avec les entités et les autorités locales parce que c'est eux qui doivent continuer à pouvoir continuer à pouvoir livrer ces services. Le système ne doit pas s'écrouler. Plus nous pouvons appuyer la prestation de services publics et laisser les acteurs économiques plus forts de les prendre en charge, mieux ce sera pour les populations. Ça va faciliter le retour à une économie et un système économique fonctionnel

[Kathleen Hays]

Je vais maintenant me tourner vers le directeur Abed. Je ne connaissais pas votre travail avant de vous inviter à ce panel, le travail du Comité pour le développement rural du Bangladesh. Vous avez une approche axée sur le monde des affaires.

Que faites-vous qui est différent ? Et comment travaillez-vous avec les gouvernements pour atteindre vos objectifs ? Vous avez un programme intéressant. 

[Shameran Abed]
Merci. C'est un honneur d'être ici et de participer à ce groupe avec d'autres personnes distinguées comme représentant.

Quand le Comité pour le développement rural du Bangladesh a été fondé au Bangladesh, nous avons commencé comme institution de rétablissement et d'aide, mais nous nous sommes axés assez rapidement sur le développement à long terme, le développement des communautés. Et nous avons maintenant une présence dans seize pays en Bangladesh, en Afghanistan, des pays africains comme l'Ouganda. Que ce soit dans les contextes humanitaires ou autres, nous voyons d'ailleurs que les domaines sont moins distincts. Nous avons compris dans ces 50 années qu'il y a des principes et valeurs qui sont tout à fait universels. Nous avons une théorie du développement, si je pourrais dire, qui est fondée sur notre travail de 50 ans comme un organisme de développement basé au Sud. Je vais vous expliquer nos principes et nos valeurs pendant quelques moments. Nous avons travaillé avec les communautés les plus marginales dans le Sud et une des choses qui a influencé notre travail, c'est le fait que nous ne pouvons pas donner le développement, les gens doivent se développer eux-mêmes. Donc une bonne partie de notre travail a était de changer les perceptions : les pauvres et les marginalisés ne sont pas et ne doivent pas être récipiendaires passives d'aide, mais doivent participer de façon active. La plupart des gens sont convaincus qu'ils peuvent changer leur vie. Nous estimons que même les communautés les plus pauvres ont un potentiel et c'est à eux de pouvoir se développer et de changer leur vie. Tout le monde est un participant dans nos programmes. Nous sommes là comme organismes d'aide. Les gens ont des vulnérabilités économiques et sociales. Les vulnérabilités sont multidimensionnelles. Les programmes, les approches et le travail que nous faisons doit donc être global et intégré. Il n'y a pas de solution unique. Il n'y a pas d'approche unique qui peut aider à lever les gens de la pauvreté de façon générale. Et troisièmement, il est très important pour nous d'aider les femmes à atteindre l'émancipation politique et économique, parce qu'il n'y aura pas de justice sociale sans la justice entre les sexes. Nous sommes également axés sur l'échelle. Tous les programmes que nous instituons doivent être simples et doivent pouvoir être mise en œuvre à plus grande échelle. Les problèmes deviennent plus complexes, mais nous estimons que les solutions doivent rester simples et doivent pouvoir être appliquées à grande échelle. Nous estimons que ces principes nous aident à nous assurer de continuer à avoir un effet à grande échelle sur les communautés les plus vulnérables. Nous travaillons beaucoup plus avec les gouvernements et si vous pouvez me revenir, je vous en dirai plus.

[Kathleen Hays]

Le développement doit être quelque chose que les gens acceptent et font eux-mêmes. S'il vous plaît, si vous avez des commentaires à partager, vous pouvez utiliser #ReshapingDevelopment et il y a un code QR à l'écran que vous pouvez utiliser ou vous joindre au chat sur l'adresse qui est affichée.

Monsieur, Marchenko, selon les expériences de la dernière année : quelle est la chose la plus importante que les gens devraient savoir sur les leçons que vous avez tirées de la crise ? Les gouvernements sont souvent appelés à confronter des crises. Quelle est la chose la plus importante pour vous? 

[Sergii Marchenko] 
Nous ne sommes pas encore prêts à répondre à cette question. Nous sommes en train d'apprendre et de lutter pour notre indépendance, ce qui n'est pas facile. Et chaque jour, nous devons nous adapter à de nouvelles réalités. Vous pouvez comprendre que cette guerre n'est pas encore finie. Et nous devons voir comment nous allons libérer notre territoire et continuer. Mais la leçon la plus importante pour moi a était celle-ci : il ne faut pas avoir peur de l'ennemi ou peur d'une crise. Les solutions sont là, même si elles ne sont pas faciles. L'année dernière, avant les réunions du printemps. Nous voulions voir comment couvrir notre écart de 5 milliards de dollars par mois. C'est incroyable. C'était une pression énorme sur moi parce que je n'avais aucune idée comment combler cet écart. Mais les militaires doivent lutter, l'économie doit continuer, les gens doivent être payés. En tant que ministre des Finances, on est sous une pression énorme. Mais j'ai compris. Qu'il faut avancer et les solutions seront trouvées. Nous avons pu convaincre nos partenaires à nous appuyer. Nous avons trouvé des solutions en interne. Et il ne faut donc pas avoir peur. Il ne faut pas craindre les problèmes futurs. Il faut simplement faire ce qu'il faut faire. C'est pour cela qu'on reste axé sur l'exécution de nos fonctions principales. Donc il ne faut pas avoir peur, il faut faire son travail.

[Kathleen Hays]

Monsieur Marchenko, nous savons que vous devez quitter. Merci beaucoup d'avoir été des nôtres.

[Applaudissements]

[Kathleen Hays]

Madame Anna Bjerde, en regardant vers l'avant, ça fait trois ans qu'une crise suivie l'autre, l'Univers a beaucoup d'imagination, donc qu'est ce qui nous attend ? D'après vous, quels pourraient être les prochains défis ? À quoi vous préparez-vous ? Qu'est-ce qu'il faut être prêt à affronter ?

[Anna Bjerde]

Nous ne savons pas à quoi ressemblera la prochaine crise, mais nous savons qu'il y en aura. Hier, j'ai participé à un groupe discutant du changement climatique et l'action qui sera nécessaire. Un des participants, un pays qui est très affecté par le changement climatique, a dit : « chaque matin, nous nous réveillons en sachant que le danger est imminent. » Donc ils sont axés sur la résilience et l'adaptation. Nous ne savons pas d'où viendra la prochaine crise. Les dernières années nous ont montré à quel point les choses sont imprévisibles. Nous devons pouvoir nous adapter. Et prendre des décisions. Comme le ministre de l'Équateur a dit : « Apportez-moi vos problèmes ». C'est ce qui nous arrive chaque jour.

Nous avons appris certaines choses. Je nommerais trois : premièrement, je vais commencer par dire que chaque pays est différent et va aborder les crises de façon différente. Mais nous voyons également qu'un bon nombre de crises sont transfrontalières. Cela veut dire que nous devons agir en tant que communauté et apprendre les uns des autres. Donc, la notion de partage de l'information, la transparence, le partage des connaissances est extrêmement important. Nous avons vu à quel point c'est important, pendant la pandémie. Personne, aucun pays n'était prêt à affronter cette pandémie. Ce que vous dites sur la diplomatie des vaccins est très vrai. Mais avant cela, il fallait comprendre la COVID-19 et fabriquer les vaccins. Une fois que les vaccins existaient, il fallait les distribuer, prioriser. Affronter l'hésitation chez certains de se faire vacciner. Nous devons donc être ouverts et partager nos renseignements. Deuxièmement, les citoyens doivent avoir confiance dans les autorités et les gouvernements parce qu’ils se tournent vers leur gouvernement pour la prestation de services. Les gouvernements qui sont supposés se livrer à l'équité dans la prestation de services. Cela peut être appuyé par la transparence, par les autorités politiques, par les prestataires de services et la rétroaction. Une chose que nous avons appris, c'est qu'il faut vraiment maintenir le contact avec les citoyens. J'aime bien cette notion que le développement, c'est quelque chose qu'on prend de façon active. Il faut élaborer des solutions de façon active et rétroactive en écoutant les commentaires des citoyens. La confiance est difficile à établir et surtout difficile à rétablir si on la perd. Troisièmement, nous avons appris à quel point nous devons être innovateurs. Toutes les solutions ne s'adaptent pas au contexte actuel. En écoutant les autres participants et leur contexte on le voit. Le ministre Marchenko a parlé des leçons les plus importantes qui découlent de son expérience. Sont écart était de 5 milliards par mois, ce qui est énorme. C'est excellent de voir à quel point la communauté internationale s'est ralliée à l'Ukraine. Nous n'avons pas 5 milliards de dollars par mois. Mais ce que nous avons pu faire à la Banque mondiale, c'est établir une plateforme qui nous permettait d'aiguiller les ressources vers l’Ukraine pour les dépenses sociales prioritaires. Et la plupart de cet argent n'est pas à nous. Mais nous offrons un mécanisme de mobilisation permettant à l'Ukraine de combler une grande partie de ses besoins. Ça a été un effort réussi. La plupart des gens qui travaillent pour la Banque mondiale connait cette opération qui s'appelle Peace. C'est l'opération la plus importante, la plus grande que nous avons. Mise en place à la Banque mondiale. Quand on voit la rapidité avec laquelle l'Équateur a pu agir, c'était grâce à l'innovation. Quand on essaie de voir comment on peut rapidement joindre les gens, il faut commencer par savoir où ils sont. Donc, pouvoir fusionner les registres sociaux avec d'autres bases de données a été très utile.

Je veux également remercier nos partenaires. Dans beaucoup de pays, nous n'avons pas nécessairement une présence sur le terrain. Mais les autorités locales l'ont. Nous avons également pu travailler avec les agences de l'ONU pour rejoindre les communautés les plus vulnérables. Il y a des défis énormes et nous devons travailler ensemble pour les affronter.

[Kathleen Hays]

Même pendant les pandémies, il y avait un certain aspect positif. Nous avons pu voir où trouver des éléments que nous ne savions pas que nous avions. Nous avons pu innover. Madame la présidente Spoljaric : la Croix-Rouge affronte des défis depuis 160 ans. Qu'avez-vous appris au sujet de votre collaboration, surtout avec la Banque mondiale dans des contextes complexes ? Est-ce qu’iI y a maintenant un impact collectif plus intense que les deux organismes peuvent avoir. 

[Mirjana Spoljaric Egger]
Merci de m'avoir posé cette question. Je suis ravi d'y répondre puisque Ana et moi avons l'habitude de travailler ensemble lorsque j'étais encore au Programme des Nations Unies pour le développement. Pour moi, c'était une transition intéressante puisque je suis passée du travail dans le bras humanitaire et de développement des Nations Unies vers la plus ancienne organisation humanitaire du monde. Il y a des similitudes, mais il y a aussi des spécificités portées par une organisation humanitaire par rapport à un acteur du développement. Il y a toujours beaucoup à apprendre et on peut s'inspirer de ce type de transition. Je ne parle pas de ma trajectoire personnelle, mais de notre coopération visant à améliorer l'efficacité de l'assistance humanitaire. Ce que je constate d'ores et déjà, c'est que nous sommes plus réactifs en tant qu'acteur de l'humanitaire pour travailler dans des situations où les acteurs de développement ne sont pas les bienvenus car elles sont trop dangereuses, ou alors parce que c'est trop compliqué pour des raisons politiques ou des raisons de sanction, et qu'il est impossible de travailler en lien direct avec les autorités nationales ou locales. Nous avons notre mandat qui est très particulier. Nous avons la confiance des populations locales, ce qui nous permet de rester toujours présents sur le terrain pour travailler avec nos partenaires en vue de stabiliser la région, pour délivrer des services publics essentiels, apporter une aide humanitaire qui sauve des vies et aussi établir un dialogue constant avec les autorités locales pour assurer le respect du droit international humanitaire. Et c'est sur la base de ce dialogue là que d'autres éléments peuvent ensuite être intégrés au contexte. Une fois que ce dialogue de base est instauré, notre rôle n'est pas de mettre en place une vision de coopération au développement à long terme. Nous n'avons pas de capacité d'accompagner les États ou les entités mondiales pour l'élaboration de plans de développement socioéconomiques ou de plan de relance post-crise. Il y a nécessairement, par le biais de la coopération avec la Banque mondiale et d'autres acteurs, une transition qui va se produire. Où on va passer d'une intervention humanitaire sur mesure à une situation de stabilisation de l'activité économique. Alors, les interventions de sécurité ne peuvent pas se faire en l'absence de plan de développement socioéconomique, et c'est vrai aussi pour les interventions humanitaires. Nous devons toujours assurer une assistance humanitaire qui va dans le sens d'une trajectoire de développement qui s'inscrit dans un horizon de plus longue durée. Donc, quand nous travaillons ensemble, nous travaillons ensemble, pas seulement au niveau opérationnel, en termes de mutualisation de capital, de ressources, de poids et d'influence d'acteurs comme la Banque mondiale. Mais nous travaillons aussi à l'amélioration commune de la conception et de l'invention de nos programmes, puisque nos programmes seront plus efficaces si on intègre déjà ces préoccupations d'efficacité dès le début. Et c'est cette préoccupation-là qui va guider notre coopération à l'avenir. On constate qu'il existe un cercle vicieux entre l'impact du changement climatique, la pauvreté et la résurgence de la violence et on le constate directement sur le terrain. Donc quand on parle de mesures d'adaptation, il faut aussi chercher une amélioration de ce côté-là. Pour travailler ensemble, nous devons faire preuve d'innovation. Et cet esprit d'innovation signifie aussi qu'il faut améliorer la supervision, le suivi, la responsabilité afin de faciliter l'intégration des partenaires, notamment pour ce qui est de la recherche de financement.

Je parle de confiance et la confiance est indissociable des mesures de surveillance, de suivi et de responsabilité. Nous devons nous assurer de rester réactifs et en capacité de s'adapter à des contextes très différents. Et pour moi, c'est essentiel de continuer à en parler avec Anna et avec d'autres. Nous devons accroître l'efficacité de l'aide au développement. Je pense que ça doit être le slogan qui va nous guider. Puisque les ressources sont rares, les crises se multiplient. Les retombées humanitaires sont extrêmement graves et on a de plus en plus de mal à financer la réponse humanitaire à ces crises.

[Kathleen Hays]

Monsieur le directeur exécutif Abed, vous travaillez sur la base de modèles fondés sur les données factuelles pour obtenir des résultats concrets en cas de crises multiples. Vous êtes présent au Bangladesh, mais aussi dans 46 autres pays, en Asie et dans d'autres régions. Comment est-ce que les États peuvent puiser l'inspiration dans votre expérience, dans votre exemple ? 

[Shameran Abed]
Merci beaucoup. Comme vous l'avez dit, les défis se complexifient, les crises se multiplient, elles existent de manière simultanée. Les défis sont de plus en plus difficiles à relever. Mais ce que nous avons constaté, c'est que, quelle que soit la crise, ce sont toujours les plus pauvres parmi les pauvres qui en souffrent le plus. On peut le dire en d'autres termes, ce sont souvent les femmes les plus pauvres qui souffrent le plus. Donc, beaucoup de nos activités ces 20 dernières années, voire plus, visent à chercher des solutions pour sortir les personnes les plus vulnérables de la pauvreté extrême. Et nous nous appuyons pour cela sur la collecte de données factuelles. Sur la base de nos travaux passés, notre approche de sortie de la pauvreté. C'est un modèle que nous appliquons depuis une vingtaine d'années qui porte ses fruits lorsque nous ciblons les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Lorsqu'on réfléchit en termes de vulnérabilité tant économique que social, qu'on agit par l'angle de l'investissement, par l'angle des services publics qui répondent à la vulnérabilité sociale et économique, même les personnes, les peuples les plus vulnérables peuvent se sortir de la pauvreté et bâtir leur propre trajectoire de résilience et de sortie de la pauvreté. C'est ce qu'on constate depuis plus de 20 ans dans un grand nombre de pays, avec des expériences pilotes et des résultats chiffrables. Donc, ce que nous devons faire maintenant, c'est passer à la vitesse supérieure. Le phénomène est d'une ampleur gigantesque. Il y a entre 500 et 700 millions de personnes qui vivent actuellement dans ce qu'on appelle l'ultra pauvreté. Et ces dernières années, ce chiffre a connu une augmentation. C'est la première fois depuis des décennies. On n'arrivera pas à atteindre l'objectif de développement durable numéro un. On était déjà détourné de la trajectoire avant la pandémie et on s'en est encore plus éloigné. Ce qu'on essaye de faire avec les États, avec nos partenaires de développement, c'est investir davantage dans des programmes fondés sur des données factuelles et passer à l'échelle supérieure pour qu'on retrouve la trajectoire qui nous mènera vers l'objectif de développement durable numéro un. Les organisations, elles, peuvent agir, mais elles ne peuvent pas agir seules. Nous avons besoin que les États nous accompagnent davantage, que les États appuient ces dispositifs fondés sur les données factuelles. Nous nous écoutons ce que les États nous disent concernant notre rôle qui peut être limité au partage d'expériences, au partage de données collectées, à des travaux de renforcement des capacités jusqu'à être partenaire de mise en œuvre sur le terrain. Pour cela, nous sommes à l'écoute des États, mais les États doivent mettre en place leurs propres programmes et les États de pays en développement dépensent des millions de dollars pour mettre en place des programmes de développement économique. Compte tenu de l'état du monde actuel avec ces crises multiples, on peut avoir parfois envie de baisser les bras. Mais on a les ressources, on a les compétences, on a les données factuelles pour sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté extrême et tout ce qu'il reste à faire, c'est à puiser dans la volonté politique, à mettre en place la coopération entre les États, la société civile et des institutions comme la Banque mondiale. Nous avons d'ailleurs créé un nouveau fonds de fiducie multilatérale qui s'appelle le Partenariat contre l'exclusion sociale. Ici, à la Banque mondiale, pour accompagner les États qui travaillent davantage sur des dispositifs de sortie de la pauvreté fondées sur des données factuelles. Donc, nous voulons passer à l'échelle supérieure pour retrouver la trajectoire qui nous permettra d'obtenir l'objectif de développement durable numéro un.

[Kathleen Hays]

Alors, ce que vous nous dites, c'est assez optimiste, en fait, puisque la recherche est là, l'argent est là et la volonté est là. Mais ce que vous essayez de faire, c'est d'avoir un dispositif qui permet de débloquer tous les obstacles que nous rencontrons.

Monsieur le ministre Arosemena, mon profil c’est les nouvelles économiques des entreprises. Tous les jours, on entend de l'actualité, surtout pendant la pandémie sur les pays émergeants qui sont très endettés. Mais dans votre pays, vous avez réussi à élargir les programmes de protection sociale et en même temps à mettre en place des réformes budgétaires d'ampleur majeure. Comment est-ce que vous avez réussi à faire tout cela en même temps ?

[Pablo Arosemena Marriott]
Alors je voulais dire trois choses : l’Équateur a réussi à atteindre des résultats extraordinaires en termes de discipline budgétaire, tout en accroissant les dépenses sociales en même temps. Alors, comme pour tout ce qui est exigeant dans la vie, on n'a pas agi seul. On a agi avec l'aide de la communauté internationale, notamment les banques de développement multilatérales, le FMI, la Banque mondiale, la Banque interaméricaine de développement. Mais nous avons toujours des défis gigantesques à relever. Encore aujourd'hui, cet assainissement budgétaire couplé à une dépense sociale accrue. Comment est-ce qu'on y a réussi ? Eh bien, il y a quelques années, on était à 17 % de déficit budgétaire par rapport au PIB. Aujourd'hui, on n'est plus qu'à 1 %. Notre ratio de dette sur PIB est passé de 60 à 55 % en moins de deux ans. Sur cette période, nous avons accru nos dépenses sociales de façon à doubler la couverture sociale des personnes les plus pauvres. Notamment, les versements en espèces dont ils bénéficient chaque jour. Avant le mandat présidentiel en cours, trois familles sur dix en situation de grande pauvreté bénéficiaient de ces allocations. Aujourd'hui, ce sont huit familles sur dix, donc on a plus que doublé la couverture de ces personnes. Ceci signifie qu'il y a 2 millions de personnes qui bénéficient de ces allocations aujourd'hui. La question de l'assainissement budgétaire et de la dépense sociale. C'est un lien très fort puisque l'assainissement, la discipline budgétaire nous a permis de débloquer une marge de manœuvre supplémentaire pour accorder une priorité à l'investissement social. Et cette année, d'après les études de la Banque mondiale, l'Équateur devrait connaître un taux de croissance de 3 % de son PIB dans une année qui est extrêmement difficile. La région connaîtra un taux de croissance en moyenne entre 1,5 à 1,7 %. Donc nous, on dépasse cette moyenne là et nous avons des chiffres d'inflation qui sont parmi les plus faibles de la région et parmi les plus faibles du monde. De même, puisque nous sommes dans les dix pays où l'inflation est la moins élevée. Alors ça, c'est le fruit de travail au quotidien avec les banques de développement multilatérales. Il y a trois semaines, il y a eu un tremblement de terre, un glissement de terrain, des inondations terribles. Je me souviens, j'ai pris mon téléphone et j'ai parlé au partenaire local de la Banque mondiale et sous quelques heures nous avons pu organiser une réunion dans leur bureau pour fixer un programme d'action pour débloquer une ligne spéciale de crédits pour nous aider à répondre à ces catastrophes naturelles. Et ça a été très réactif. Et on a ensuite pu communiquer à notre population que ces systèmes de résilience sont en place. Ça permet de rassurer la population. Et le troisième élément que je voulais évoquer, ce sont les défis qu'il nous reste à relever, les défis qui exigent beaucoup de ressources. Parce qu'après le COVID-19, mon impression c'est que les gens ont perdu la patience. Et les gens veulent des solutions tout de suite. Et en Équateur, la difficulté, c'est qu'on a les barbares qui frappent à la porte. Ce que je veux dire par là, ce sont les politiques populistes qui veulent prendre le pouvoir, qui sont prêts à utiliser des voies non-démocratiques. Et si ça venait à se concrétiser, toute cette discipline budgétaire, tous ces investissements sociaux que nous avons mis en place serait balayés d'un revers de main. Ce que nous voulons faire et préserver cet esprit de discipline budgétaire à préserver les résultats des politiques sociales, mais aussi la stabilité démocratique parce que c'est essentiel pour l'avenir de notre pays.

[Kathleen Hays]

Merci beaucoup. Félicitations pour les résultats décrochés jusqu'à présent.

Je pense que nous allons prendre les questions du public. Nous allons commencer par une question de Johanna. Qui s'adresse à Madame la présidente Spoljaric : Est-ce que c'est vrai qu'après la pandémie, nous sommes entrés dans une époque de gestion des crises successives plutôt que de nous concentrer sur le développement sur le long terme ?

[Mirjana Spoljaric Egger]
C'est vrai que l'époque avant la COVID-19 et celle qui est venue après la COVID-19 sont vraiment distinctes. Nous avons vu un grand changement. Il faut réagir de façon immédiate au besoin urgent. Je parle du rôle que la Croix-Rouge a en offrant de l'aide vitale. Quand nous voyons le système de santé s'écrouler, c'est très difficile de ne pas pouvoir livrer la date tant par manque de ressources. Mais si on perd de vue le développement à long terme, nous allons perdre la possibilité de stabiliser le système pour que les gens puissent revenir à la normalité. Donc plus nous travaillons ensemble de façon rapprochée avec les acteurs dans le domaine du développement pour comprendre ce qu'il faut en intervention à court terme et aide au développement à long terme, plus cette aide sera utile aux populations. Parce que l'idée c’est que les gens ne veulent pas être obligés de se baser sur l'aide humanitaire à long terme, mais revenir à un état où ils peuvent contrôler leur propre avenir. 

[Kathleen Hays]

Monsieur Abed : nous avons été tellement concentrés sur la pandémie qu'on a perdu de vue le développement à long terme.

[Shameran Abed]
Oui, je suis tout à fait d'accord. C'est une question excellente comme nous avons entendu il y a des crises qui se multiplient. Nous savons qu'il y aura une autre à l'avenir, une nouvelle. Mais de notre point de vue, quand on étudie les questions sous-jacentes qui sont les populations les plus durement frappées, nous devons nous assurer de travailler avec elles, que ce soit dans le contexte de développement ou dans le contexte humanitaire. Ça doit être une priorité. La pauvreté extrême, la justice entre les sexes. Nous devons toujours avoir la résolution de ce problème en vue, parce que ce seront toujours les populations le plus durement frappées. Il faut trouver l'équilibre entre la gestion de la crise immédiate et le développement à long terme. Il faut maintenir cet équilibre. Comme je l'ai déjà dit. Dans notre travail. Nous essayons de garder en vue le développement à long terme, même quand nous sommes pris dans les crises immédiates. Il y a beaucoup de travail à faire pour atteindre nos objectifs pour 2030. Donc, nous ne devons pas les perdre de vue, même en gérant nos crises immédiates qui se succèdent.

[Kathleen Hays]

Madame Bjerde, une question pour vous : l'insécurité alimentaire au monde, c'est empiré beaucoup depuis le début de la guerre en Ukraine. Comment est-ce que la Banque mondiale va atténuer ces problèmes ? Qu'allez-vous faire pendant que la guerre continue ? On ne voit pas de fin à cette guerre pour le moment.

[Anna Bjerde]
Merci beaucoup. Et merci aux membres du groupe. Ça a été fascinant de vous entendre. L'insécurité alimentaire causée par la guerre en Ukraine est très importante parce que l'Ukraine et la Russie sont de très grands exportateurs sur lequel beaucoup de pays dépendent. Certains en dépendaient presque exclusivement. L’entente sur les céréales a été très utile parce qu'il y a des céréales qui peuvent maintenant être exportées de l'Ukraine, ce qui aide le reste du monde et aide également l'Ukraine. Beaucoup de pays qui produisent des aliments souffrent malgré tout à cause du changement climatique et des conditions météorologiques extrêmes. Cette semaine, j'ai rencontré quelques pays qui ont été moins affectés par les réductions d'exportation de l'Ukraine et de Russie et affectées davantage par le fait que leur production interne est à la baisse à cause d'incidents météorologiques comme la sécheresse. Nous devons donc agir sur tous ces fronts. Donc oui, avoir des mesures de réaction à court terme pour les crises, aider les gens les plus vulnérables. Mais en même temps, nous devons travailler sur les problèmes structurels qui sous-tendent le manque de productivité, d'investissement ou de production d'aliments dans le monde.

[Kathleen Hays]

Monsieur le ministre, avant de partir, j'aimerais vous demander : comment l'insécurité alimentaire a affecté la région de l'Amérique latine et à quel point est ce que cela sera un défi à l'avenir ?

[Pablo Arosemena Marriott]
C'est un défi énorme pour la région. Le taux d'inflation dans l'équateur n'est pas très élevé. Notre économie est basée sur le dollar, mais notre taux d'inflation est seulement 50 % de celui des États-Unis. Nous avons accompli cela à cause en partie par notre discipline budgétaire et à cause des aspects logistiques de nos chaînes d'approvisionnement. Un objectif de notre administration était de signer autant d'ententes de libre échange que possible. Ce qui a été très important pour pouvoir baisser les prix et améliorer le pouvoir d'achat de la population.

[Kathleen Hays]

Voici une approche très pratique venant du gouvernement. Vous avez entendu tant de choses intéressantes. J'ai pris beaucoup de notes. Je ne peux pas réfléchir sans un stylo à la main. Vous avez parlé de la diplomatie des vaccins. La façon d'utiliser les relations pour pouvoir avancer rapidement.

Maintenant les commentaires de Mirjana Spoljaric sur la confiance et l'importance d'avoir confiance dans les gouvernements et les autorités. Et vous accomplissez cela avec la transparence et la communication. Pouvoir établir des programmes qui peuvent passer à l'échelle supérieure. La pandémie a été mondiale, Oui. Il a fallu beaucoup de préparation. La confiance est importante, la confiance dans le gouvernement pour que les choses puissent avancer. Il y avait un grand manque de confiance pendant la pandémie et dans le monde d'aujourd'hui, beaucoup de pays font face à ce manque de confiance. Le travail du Comité pour le développement rural du Bangladesh, l'idée que le développement n'est pas simplement quelque chose qu'on donne mais qu'il doit être pris. Comment les pays où les communautés les plus pauvres peuvent avancer si on leur donne les outils pour avancer. Et le ministre Marchenko qui devait faire face à un déficit de 5 milliards de dollars par mois. Et même si les défis particuliers ne sont pas tous énormes, ils sont partagés par tant de pays.

Je vous remercie tous d'avoir été des nôtres aujourd'hui dans l'atrium de la Banque mondiale. Maintenant qu'ils ont fait tous ces renseignements ? Je pourrais également poser toutes sortes de questions. Nous arrivons à la fin de notre réunion. Moi, je vais revoir l'enregistrement de cet événement. Vous pourrez trouver d'autres événements sur live.worldbank.org/events/springmeetings2023government. Nous serons très heureux d'avoir vos commentaires. Je suis Kathleen Hays. Merci.

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