Accélérer le développement en temps de crises
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« Accélérer le développement en temps de crises » : autour de ce thème, un panel d’experts s'est penché sur les défis que le monde traverse aujourd'hui, en explorant des pistes d'action pour la communauté internationale.
Dirigeants de pays en développement, d’organisations partenaires, du secteur privé et de la Banque mondiale, tous ont insisté sur la nécessité de trouver des solutions et de déployer à plus grande échelle des initiatives qui ont fait leurs preuves, grâce aux efforts conjugués des décideurs publics, des institutions de financement du développement et du secteur privé. Et de souligner plusieurs axes de travail essentiels : associer les forces du secteur public et du secteur privé, mobiliser financements, connaissances et partenariats pour relever des défis mondiaux multiples, aligner les stratégies de développement sur les priorités des pays, adopter une approche intégrée et tirer les leçons de la pandémie de COVID-19 pour faire face aux crises futures. Pour en savoir plus, nous vous invitons à voir l'évènement en replay.
00:00 Mot de bienvenue
TABLE RONDE
02:34 Le soutien de la Banque mondiale
05:48 L'approche des Nations Unies
11:18 Crise des migrants : le cas de la Colombie
15:19 Transition énergétique verte et renouvelable au Maroc
20:40 La réponse de l'Afrique face à la pandémie de COVID-19
25:14 Mobiliser les financements du secteur privé
32:48 Session de questions/réponses : la gestion de la crise climatique
36:50 Créer un effet catalyseur sur les financements du secteur privé
38:51 Session de questions/réponses : l'insécurité alimentaire
41:06 Que faire pour améliorer des biens publics mondiaux et leur impact ?
52:29 Y a-t-il de l'espoir pour l'avenir
53:48 Conclusion
[Shakuntala Santhiran]
Bienvenue à cette réunion de printemps du Fonds monétaire international et de la Groupe de la Banque mondiale. Je m'appelle Shakuntala Santhiran, Sakh pour faire plus court et je serai votre modératrice pour cette rencontre, Accélérer le développement en des temps de crise mondiale. Pendant une heure, nous allons parler des énormes crises de développement que le monde est confronté à l'heure actuelle depuis l'impact du changement climatique à la pandémie de covid persistance des conflits, approfondissement de la pauvreté. Nous parlerons de ce que peut faire la communauté internationale pour intensifier ses efforts et collaborer pour relever ces défis et préparer un chemin vers un avenir plus résilient, inclusif et durable. Souvenez-vous que vous pouvez nous faire part de vos réflexions sur ces questions à tout moment en utilisant le hashtag Reshaping Development.
Vous pouvez également utiliser le code QR que vous voyez à l'écran pour poser vos questions ou si vous nous suivez en ligne, vous pouvez participer à la discussion à Live.WorldBank.org. Je vous demande maintenant d'accueillir avec moi nos participants, Monsieur Axel van Trotsenburg, Directeur général Politique de développement et Partenariats à la Banque mondiale. Amina Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations Unies. Monsieur José Antonio Ocampo, ministre des Finances et du Crédit Public en Colombie. Madame Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable au Maroc. Monsieur Ahmed Ogwell Ouma, Directeur en exercice de Africa CDC et Monsieur Daniel Zelikow, chair du Conseil des gouverneurs de l'institution de développement du financement du développement à JP Morgan. Je vous souhaite à tous la bienvenue ici.
Nous avons Amina G. Mohamed, qui est secrétaire général adjoint aux Nations unies qui va se joindre à nous plus tard dans le programme. Donc, nous avons une crise mondiale qui comporte de multiples dimensions. Nous avons des défis qui sont liés les uns aux autres, qui se superposent. Alors, Axel, que pouvons-nous faire pour aider les pays à se développer, pour contribuer au développement ? Que pouvons-nous faire pour faire face à ces multiples défis ?
[Axel van Trotsenburg]
Nous avons beaucoup fait déjà depuis trois ans et il faut avant tout s'attaquer à la crise. Mais en tant qu'organisation de développement, il ne faut jamais perdre de vue les défis à plus long terme. Donc nous devons répondre à deux objectifs : gestion de la crise, mais aussi développement à long terme. Et en période de crise, ce dont on a besoin sur un plan opérationnel, on doit pouvoir réagir rapidement et avec des volumes d'aide suffisants. C'est pourquoi nous avons intensifié nos opérations au cours des trois dernières années, à hauteur de 10 milliards de dollars, à partir de 130 milliards de dollars. Et ce qui est important, c'est que cette gestion de la crise aille de pair avec un développement à plus long terme. Ce qui est important aussi est de savoir qu'on ne peut pas faire ça tout seul. Tous ces défis sont de nature mondiale, sont des défis mondiaux, qu'il s'agisse du covid ou du changement climatique. Il faut faire ça ensemble, avec d'autres. Et donc c'est une très bonne chose qu'en tant qu'organisation, nous ayons été en mesure de répondre à ces défis. Mais il reste beaucoup d'autres défis à relever en ODD, tout cela a déraillé, si vous voulez, nous avons plus de fragilité et nous avons pour ce faire besoin de ressources supplémentaires. Nous devons voir comment répondre à tout cela. En période de difficultés budgétaires, il faut mobiliser les ressources nécessaires, mais faire appel de plus en plus aux ressources du secteur privé pour qu'il puisse accompagner nos efforts, que ce soit dans les pays à revenu intermédiaire ou dans les pays à faible revenu.
[Shakuntala Santhiran]
Nous allons donner la parole au secteur privé tout à l'heure, en la personne de Dan. Vous avez rencontré beaucoup de pays, de pays clients ici, aux réunions de printemps. Que demandent-t-ils ? Que vous demandent-t-ils de faire ?
[Axel van Trotsenburg]
Je crois que beaucoup d'entre eux ont besoin de plus de ressources. Beaucoup de ces pays ont été très durement touchés et malheureusement, ils auront besoin de plus de ressources. Ils sont très préoccupés par la crise de la dette qui se profile, mais ils ont aussi dû faire face à une crise alimentaire. Donc ils ont besoin de diverses formes d'aide. Nous essayons de fournir davantage de ressources par le biais de l'IDA et nous essayons aussi de mettre en place une facilité pour les crises qui pourraient fournir des ressources supplémentaires. Et nous rencontrerons les donateurs sur ce point la semaine prochaine. Pour les pays à revenu intermédiaire aussi, ils ont aussi leurs propres défis, mais ils ont aussi beaucoup d'attentes en matière de financement pour le changement climatique ou il faut faire davantage. Et donc je pense que ce processus de réforme qui s'est amorcé à la Banque mondiale doit tenir compte non seulement de ces défis mondiaux, mais doit aussi se souvenir des questions de pauvreté. Nous devons faire cela tous ensemble, mais nous avons besoin de ressources supplémentaires et ça, c'est vraiment la règle du jeu à l'heure actuelle.
[Shakuntala Santhiran]
Merci. Axel. Amina J. Mohammed va se joindre à nous maintenant. Bienvenue ! Bienvenue ! Madame Mohammed est Secrétaire général adjoint aux Nations Unies. Madame Mohammed, on nous dit que le changement est nécessaire, bien sûr. Est-ce que le changement est aussi l'esprit dans lequel les Nations Unies abordent cette nouvelle phase des objectifs du développement ? On nous dit que le monde en fait, qu'il y a eu un déraillement en quelque sorte qu'on n’est pas dans une perspective d'atteindre les Objectifs de développement durable d'ici à 2030,
[Amina J. Mohammed]
Oui, nous avions déjà déraillé avant la crise de la Covid. Ça c'est encore aggravé. Maintenant, avec la crise en Ukraine, les choses se sont encore aggravées. Ce que nous faisons aux Nations Unies, c'est d'essayer de mobiliser l'ensemble de la communauté internationale sur cette question, qu'il s'agisse de financement, qu'il s'agisse de transition énergétique ou alimentaire et de nous mettre d'accord sur des solutions au niveau local, au niveau des différents pays. C'est la nature de la discussion que nous avons avec la communauté internationale, le secteur privé. Et c'est aussi une discussion que nous avons avec les gouvernements nationaux. Il faut qu'ils se fixent des priorités que nous pouvons soutenir. Et nous mettons aussi l'accent sur la jeunesse et les femmes. En ce qui concerne les ODD, nous allons avoir un sommet cette année qui va faire le point de la situation en situation de crise. Et bien sûr, au cours des derniers jours, nous avons beaucoup entendu les personnes dire que la situation est très difficile.
Que pouvons-nous faire aujourd'hui pour rendre les institutions plus efficaces et pour réellement repenser la façon d'aborder l'avenir ? Aujourd'hui, nos institutions ne sont peut-être plus aussi bien adaptées que dans le passé. Et il faut reconnaître que les réponses, les actions doivent être différentes, qu'il faut repenser tout cela. Et je pense que beaucoup des choses que nous avons faites ont été par exemple de répondre à la crise de la dette pour 52 pays notamment. Nous devons réfléchir à cela. Mais nous devons aussi repenser à l'accès à la liquidité. Nous devons faire en sorte que les financements restent disponibles. Mais nous avons besoin de volonté politique pour ouvrir les portes aux financements pour les pays en développement, pour qu'ils puissent atteindre ces objectifs de développement durable. Le partenariat doit commencer par la communauté internationale aux Nations Unies et au sein des institutions financières internationales. Nous sommes à ces réunions aujourd'hui parce que ces partenariats ont énormément d'importance sur le terrain et nous avons beaucoup de travail à faire tous ensemble pour répondre à toutes ces crises et notamment ces crises humanitaires. Mais il faut aller plus loin. Il faut redoubler d'efforts et donc nous nous félicitons du fait que les actionnaires nous aient confié un nouvel outil, cette feuille de route évolution pour la Banque mondiale.
[Shakuntala Santhiran]
Donc nous évoquons la nécessité d'avoir des partenariats, de mobiliser les ressources dans les différents secteurs. Alors en quoi consiste la collaboration entre les Nations Unies et la Banque mondiale ?
[Amina J. Mohammed]
Nous travaillons au jour le jour avec la Banque mondiale. Nous travaillons sur le terrain, notamment au Yémen. Tout récemment, nous avons. Nous avons pu mobiliser auprès de partenaires des ressources extraordinaires et des ressources pour le climat aussi, mais avec les équipes pays. S'agissant de la transition énergétique, de la transition numérique sur le terrain, les systèmes alimentaires, plus récemment, nous avons eu la transformation sur le sommet sur la transformation de l'éducation. Ce sont toutes des choses dont nous parlons sur le terrain. Avec le secteur privé, c'est un peu plus difficile. Le secteur privé a été un acteur essentiel pour le façonnement des objectifs de développement durable. Certaines sociétés et certaines entreprises ont collaboré avec la Banque mondiale, ont discuté de leurs objectifs, mais nous devrions pouvoir accroître l'engagement ou la collaboration avec les entreprises. Nous avons une occasion unique qui s'offre à nous. Nous espérons que le travail que nous faisons avec la Banque mondiale permettra de mobiliser davantage de soutien du secteur privé. Nous avons besoin d'une plus grande participation de leur part. Donc pour le moment, ils ne sont pas encore suffisamment là et ils font beaucoup de choses à l'extérieur. Mais il faut aussi qu'ils s'associent dans cet effort à la communauté internationale.
[Shakuntala Santhiran]
Nous allons entendre le point de vue de l'Inde sur cette question, mais merci, Merci à vous deux. Merci d'avoir présenté cette perspective internationale du point de vue de ces deux institutions, la Banque mondiale et les Nations Unies. Alors voyons maintenant le point de vue des pays. Les solutions qui peuvent s'offrir aux pays sur le terrain. La violence, l'instabilité continuent d'obliger les gens à fuir leur pays. La Colombie a adopté une approche très différente du reste du monde dans la façon dont ce pays gère les flux migratoires en provenance de pays voisins. Vous avez une approche très inclusive qui veille à faire en sorte que les réfugiés aient accès aux moyens de subsistance de base et aux services de base. Alors, pouvez-vous nous dire quelques mots de la façon dont la Colombie gère ce processus ?
[José Antonio Ocampo]
Merci. C'est un plaisir pour moi d'être là. Je dois dire que la Colombie doit être vue comme un exemple de la façon dont on gère des flux inattendus de migrants. Nous avons eu des flux de migrants vénézuéliens, flux massifs, et nous avons adopté un mécanisme qui va d'une absorption temporaire à une installation plus permanente de ces migrants qui peuvent rester dans le pays. L'une des bonnes choses de cette politique, c'était le fait que nous avons examiné tous les besoins de ces migrants. C'est plus facile pour le gouvernement de traiter de l'accès à l'éducation pour les enfants, l’accès à des soins de santé pour les membres des familles et les aider à s'établir, trouver un logement, et dans une certaine mesure, de les aider aussi à trouver des emplois. Je dois dire que la Colombie a pu fournir de l'emploi à un bon nombre de personnes venant du Venezuela. Mais tout ceci fait partie d'un processus plus général qui ne travaille pas seulement avec les migrants, mais également des communautés reculées des pays dans le cadre du processus de paix dans notre pays. Nous avons une approche intégrée pour travailler avec ces communautés reculées qui étaient éloignées du pouvoir, Nous prenait en compte les ODD des Nations Unies. Nous essayons d'assurer un accès à l'éducation, aux soins de santé, au logement, à l'eau et l'assainissement, l'électricité et des technologies d'information pour ces régions reculées du pays, et nous essayons de fournir toutes sortes d'infrastructures, y compris les TIC.
[Shakuntala Santhiran]
Oui, alors quelle aide ou soutien avez-vous eu de la communauté internationale ?
[José Antonio Ocampo]
Eh bien, nous avons eu un soutien assez important d’ailleurs, de la part de la Banque mondiale. Néanmoins, dans le cadre de ce processus, nous avons aussi une coopération internationale assez importante. Le pays a néanmoins dû allouer des ressources lui-même. Par exemple, pour les systèmes sanitaires et les systèmes d'enseignement, c'était essentiellement des ressources nationales qui y étaient consacrées.
[Shakuntala Santhiran]
Donc avec une volonté publique et la collaboration avec les partenaires au développement, c'est possible d'avancer avec une crise des réfugiés. Passons maintenant à l'énergie, qui est un aspect important du changement climatique. Madame Benali, le Maroc a mis en place des stratégies pour réduire sa dépendance sur des sources extérieures de l'énergie. Comment est-ce que vous utilisez les énergies renouvelables vertes pour créer des emplois, assurer une croissance et promouvoir la stabilité au niveau régional ?
[Leila Benali]
Merci tout d'abord pour l'invitation à participer à ce panel. Je crois que c'est une bonne question qui résume notre stratégie énergétique depuis 2009. C'est une stratégie qui est stable, qui dure depuis sept ans et le premier facteur essentiel dans ce domaine, c'est la stabilité. Nous avons trois piliers. Vous avez parlé des énergies renouvelables. Nous avons cet objectif d'atteindre 42 % de sources d'énergie renouvelables, que nous avons atteint. Et nous devons développer cela davantage à l'horizon 2030. Le Maroc était un des premiers pays à réviser son document de contribution nationale conformément à l'Accord de Paris. Deuxième pilier, l'efficacité du côté de la demande, mais également de l'offre par rapport à la production, la distribution, la consommation de l'énergie. Troisième pilier, l'intégration régionale. Et dans ce domaine, à peine quatre mois avant la guerre de l'Ukraine, nous avons mis ce souci de coopération à l'épreuve avec la mise en place d’un oléoduc de l'Algérie vers l'Europe, en passant par le Maroc. C'était devenu fonctionnel, mais nous avons dû inverser le flux pour avoir accès au marché international. Et cela revient à la question de la sécurité énergétique. Avoir un marché intégré au niveau régional et l'accès à un marché international de l'énergie de manière inclusive est essentiel pour notre stratégie et je pense que nous avons pu en faire la preuve. Heureusement, nous l'avons mis en place avant la guerre et donc nous étions prêts au moment où la guerre a éclaté et malgré la volatilité des prix, avant l'été 2022, nous avons pu avoir accès au marché international de l'énergie. Mais c'est juste un exemple de la façon dont l'intégration d'un marché peut assurer une stabilité au niveau régional et où la sécurité énergétique peut également contribuer à cette stabilité. À l'époque, nous avons travaillé avec nos homologues européens, même à un moment où les liens diplomatiques étaient un peu tendus pour avoir cette configuration qui nous donnait accès au marché international. Pour assurer la stabilité de ces trois piliers, deux choses nous préoccupent actuellement : le fait que ces séries de crises multidimensionnelles que nous connaissons au XXIᵉ siècle, y compris le climat, cette série pousse à davantage de fragmentation, davantage de protectionnisme sur les marchés. Et le Royaume du Maroc essaie de convaincre nos partenaires internationaux du fait qu’il est essentiel d'intégrer les marchés pour préserver cette dépendance mutuelle et cette sécurité énergétique qui assurera une transition équitable à l'avenir. Autre petite préoccupation que nous avons : le Maroc a 20 ans d'expérience sur les énergies renouvelables. Nous avons aujourd'hui une deuxième vague de projets d'énergies renouvelables. Donc, deuxième préoccupation, c'est la capacité de la communauté de financement internationale, les banques commerciales, les institutions financières internationales à prendre en compte le risque pour le climat dans le financement de projets renouvelables. Aujourd'hui, nous avons des entreprises qui veulent financer des champs de panneaux solaires et autres car ils se préoccupent du développement de telles installations car on ne sait pas ce qui va se passer dans 10 à 20 ans lorsque les tendances auront changé par rapport au climat.
[Shakuntala Santhiran]
Merci. Merci à madame Benali de nous montrer l'importance de l'indépendance énergétique pour la stabilité régionale. Nous allons maintenant avoir un exemple de la façon dont la coopération régionale est essentielle. Dr Ouma, le CDC Afrique joue un rôle clé pour renforcer la réponse de la région à la pandémie, par rapport à la préparation à la pandémie. Je crois que cette région a eu une réponse à la pandémie qui était bien mieux que ce à quoi on s'attendait. Mais comment avez-vous fait ?
[Ahmed Ogwell Ouma]
Merci. Merci d'avoir invité CDC Afrique à participer. Vous avez raison. De dire que notre centre a un niveau de performance bien meilleur que ce à quoi on s'attendait. Je dirais même que nous étions probablement l'organisation qui a eu la meilleure performance pendant cette pandémie. Je le dis car dans le cadre des contraintes auxquelles le continent était confronté, les résultats que nous avons atteints étaient inattendus et sans précédent. En temps de crise, trois choses sont importantes. Tout d'abord, la prise de décision. Que cette décision soit difficile, facile, correcte ou erronée, ces décisions doivent être prises. Deuxièmement, elles doivent être prises rapidement, comme si nous étions en situation d'urgence. Troisièmement, ces décisions doivent être accompagnées de ressources pour leur mise en œuvre et nous avons pu faire les trois. Au début, notre premier cas sur le continent était à la mi-février 2020. Dès ce moment-là, le président Ramaphosa, qui était président de l'Union africaine à l'époque, a pris la décision sans précédent de convoquer une réunion de ses homologues, ses pairs, tous les quinze jours. Donc, ils ont tenu plus de quatorze réunions, ne serait-ce qu'en l'année 2020. Et ces réunions n'étaient pas là juste pour parler. À chaque session, une décision a été prise. Et c'est grâce à ces décisions que le CDC a réussie, comme vous l'avez vu. Donc ces décisions étaient prises régulièrement et c'était des décisions volontaristes sur la base desquelles nous pouvions aller faire ce qu'on nous demandait de faire. Ils ont également accompagné ces décisions de ressources. Tout d'abord des ressources locales, des ressources des gouvernements africains, et ensuite le secteur privé est intervenu et ensuite les amis de l'Afrique, lorsqu’ils avaient dépassé le moment de crise aigu chez eux-mêmes, sont intervenus. La Banque mondiale a été une très bonne amie pendant cette période et nous allons renforcer ces liens d'amitié dans les jours et les semaines à venir. Je ne dis pas cela parce que je suis dans les locaux de la banque. Avant même la pandémie, la banque nous aider à renforcer les réseaux publics de santé dans certaines régions de l'Afrique. Il y a eu une perturbation avec la pandémie, mais les liens étaient bien établis et en plein milieu de la pandémie, la Banque mondiale a investi dans notre organisation pour renforcer l'institution. Cent millions sur 3 à 4 ans ont été engagées et nous nous félicitons du fait qu'ils ont décidé de mettre l'accent sur le renforcement institutionnel. Donc, lorsque l'on regarde la façon dont les efforts régionaux se déploient, nous devons savoir qu'il existe des institutions régionales qui doivent être renforcées pour leur permettre de bien accomplir leur tâche, qui est d'assurer la sécurité de la région et ainsi la sécurité du monde. C'est ce que nous avons fait. Nous avons eu de bons résultats et nous sommes convaincus que si notre organisation est renforcée davantage, nous pourrons retarder une prochaine flambée. En cas de pandémie, que Dieu nous en garde, nous pourrons répondre mieux en ayant tiré les enseignements du reste du monde également.
[Shakuntala Santhiran]
Docteur Ouma, vous avez parlé de besoin de ressources. Dans toutes les solutions dont on a parlé, il faut des ressources, un financement. Le financement public ne suffit pas, malheureusement. Il faut des ressources : l'implication du secteur privé. Je me tourne vers Dan. L'institution de financement pour le développement de JP Morgan a été mise en place en 2020 pour mobiliser un financement pour appuyer l'atteinte des ODD dans les économies émergentes. Avez-vous réussi ?
[Daniel Zelikow]
J'y reviendrai, mais permettez-moi de dire que l’esprit qui a permis de lancer cette institution, c'est qu'il y a aujourd'hui un cadre d'investisseurs qui sont là et qui ne recherchent pas seulement un retour sur leur financement, mais également un rendement en termes d’effets sociaux et économiques pour leurs investissements. Donc ils cherchent ses deux objectifs. Et donc nous voulions organiser un sous ensemble de nos produits et de services dans un cadre fort de comptabilité, de normalisation avec des objectifs bien définis. C'est un peu ce qui s'est passé avec le marché des obligations vertes, mais nous voulions aller plus vite encore dans ce domaine et nous voulions indiquer clairement que, sur le marché des obligations vertes, d'une façon ou d'une autre, il y a un peu de discrimination à l'encontre des émetteurs des économies émergentes et les pays en développement. Et pour nous, on ne peut pas assurer du développement sans mettre l'accent sur le climat et l'on ne peut pas s'occuper du climat sans s'occuper du développement. Il fallait donc fusionner les deux dans notre cadre. Nous avons mis en place un protocole d'accord avec la SFI et la Banque mondiale et nous avons adapté ce qu'avait fait la SFI, le cadre AIM, donc qui mesurait l'impact, pour l'élargir à une plus vaste gamme de services parce que nous nous occupons de ce que ne fait pas la SFI. Mais pour les autres aspects de notre méthodologie, nous avons suivi une approche assez semblable. Par exemple, nous avons exclu certaines choses sur lesquelles nous ne pouvions pas travailler. Il s'est agi également d'identifier le déficit de développement pour les pays. Une évaluation des intentions de chaque acteur du développement, qu'il s'agisse d'entreprises ou d'autres, et aussi une évaluation de l'intensité avec laquelle l'État ou l'entreprise, justement, cherche à avancer vers cet objectif de développement qu'il s'est fixé. Donc, notre stratégie avait trois axes. D'abord, une stratégie concernant les investisseurs. Nous pensons que si les investisseurs savent ce qu'ils achètent, s'ils connaissent l'impact potentiel sur le développement, s'ils ont des retours d'informations, il y a plus de chances qu'ils achètent ce produit et il y a plus de chances qu'ils achètent ce produit s'ils sont au courant de tout cela. Deuxième point, et ça nous a un peu surpris, les clients étaient en fait beaucoup plus prêts ou disposés à avoir une opération, un swap, une opération sur fonds propres que nous ne l'avions pensé parce qu'ils étaient plus disposés à se soumettre à une propre opération de responsabilisation. Et enfin, nous pensions aussi que cette opération serait plus réussie si nous travaillons avec le secteur public, avec les organisations internationales. Quels ont été les résultats jusqu'à présent ? Nous avons lancé cela à la fin de 2020. À la fin de 2022, nous avions déjà plus de 100 milliards de dollars dans le cadre de plusieurs centaines d’opérations. Il s'agissait essentiellement dans ces opérations de mobiliser de nouveaux capitaux, de nouvelles ressources. Et cela représente en fait l'ensemble des opérations de JP Morgan qui réunissaient les conditions requises pour bénéficier de ce type d'opération dans les pays en développement. Un élément plus important, c'est que l'équipe qui s'occupe de cette institution a travaillé très activement à 42 opérations depuis janvier 2020, a travaillé auprès de clients en essayant de mieux comprendre comment ces opérations pouvaient contribuer au développement et ensuite en préparant des objectifs concrets de développement. Chacun de ces objectifs est lié aux ODD. Nous préférons établir un lien direct avec l'un ou l'autre des objectifs de développement. Nous pensons, pour ce qui nous concerne, qu'il vaut mieux travailler dans ce contexte des ODD. Nous avons aussi identifié 75 investisseurs, soit des investisseurs institutionnels, qui eux aussi ont créé des fonds basés sur ou orientées vers les ODD, donc des fonds qui peuvent avoir un impact sur ces objectifs. Et encore un mot. Notre approche, et il ne s'agit pas d'utiliser les ressources comme par exemple, comme dans le cas des obligations, des obligations vertes. Et deuxièmement, il s'agit essentiellement d'opérations commerciales. Nous pensons que c'est indispensable pour que les choses se passent plus rapidement et pour mobiliser les capitaux nécessaires. Et nous sommes aussi complètement transparents, complètement open source. Vous pouvez le voir sur notre site internet et nous essayons d'appliquer cette méthodologie dans l'ensemble de l'écosystème où nous travaillons, qu'il s'agisse d'institutions pairs, c'est à dire des institutions qui font la même chose que nous, des gestionnaires d'actifs, les organismes multilatéraux. Nous avons eu notre première réunion ce matin avec 37 autres entités qui pourraient travailler avec nous au cours des prochains mois.
[Shakuntala Santhiran]
Merci beaucoup Dan. Donc effectivement, ça peut être une opération gagnant-gagnant. Vous pouvez avoir un rendement financier tout en promouvant la réalisation des objectifs de développement. Donc nous avons maintenant quelques minutes pour quelques questions de notre de notre audience, de notre public. Une question qui va être adressée d'abord à Mme Mohammed. M. Malone nous dit : « La crise climatique qui est certainement une des plus graves crises auxquelles le monde fait face, ne peut pas être combattue sans le soutien et l'engagement des pays riches. Est-ce que cela se passe ? »
[Amina J. Mohammed]
Oui, dans une certaine mesure, nous avons vu certains progrès depuis la dernière COP et la réunion de Charm el-Cheikh. Nous attendons aussi des progrès dans le cadre de la COP 28. Des indicateurs ? Certes, nous ne savons pas très bien si les objectifs de Paris sont pourront réellement être atteints. Nous ne savons pas si nous parviendrons à cet objectif d'un degré et demi, mais cela nous montre que le monde doit réellement agir de façon plus intense sur beaucoup des engagements qu'ils ont pris. Il nous faut beaucoup plus dans le cadre de la COP 28 où nous voyons déjà une certaine mobilisation pour faire plus au sein des banques multilatérales de développement, pour mobiliser le secteur privé, des partenariats qui se mettent en place. Mais nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir.
[Shakuntala Santhiran]
Donc il faut qu'on passe des paroles à l'acte, aux actes sur le terrain. Nous avons ici une question anonyme : « Le changement climatique, qui trouve ses causes partout dans le monde et particulièrement dans les pays les plus avancés qui polluent davantage. Que peut faire la Banque mondiale pour combattre cette question réellement mondiale ? »
[Axel van Trotsenburg]
Nous pouvons faire beaucoup de choses. Nous pouvons d'abord promouvoir l'action. C'est aussi en cohérence avec les ODD. C'est une des choses que nous pouvons faire. Nous pouvons également faire le travail analytique. Nous avons travaillé aux côtés de beaucoup de pays en ce qui concerne les rapports sur le climat pour voir comment on peut arriver à un net zéro et quelles sont les options qui s'offrent. Et puis on peut aussi amener des financements et là, chaque organisation doit faire tout ce qui est possible dans ce sens. Depuis quatre ans, nous avons doublé notre engagement à hauteur de 29 milliards. Mais nous ne sommes jamais qu'une seule organisation, nous avons besoin d'agir collectivement. Nous avons besoin de milliards de dollars et ça, c'est le défi qui se présente. C'est pourquoi nous devons expliquer ce qui doit être fait. Nous devons avoir un engagement à long terme à cet égard. Nous pouvons travailler sur plusieurs fronts, mais il faut qu'une coalition se forme, une coalition qui peut se former au niveau du système des Nations Unies, du système du secteur privé. Mais nous ne pouvons plus attendre et l'attentisme aura un coût. Attendre sera beaucoup plus coûteux qu'agir. Et c'est là qu’il faut vraiment transmettre ce sentiment d'urgence. Et ce qui est fait ici à la Banque mondiale doit se traduire par des actions et surtout par des financements et des financements bien plus abondants.
[Shakuntala Santhiran]
Dan, je reviens vers vous justement sur cette question, on a beaucoup parlé de l'importance qui s'attache à un effet catalyseur sur les financements du secteur privé, sur les ressources du secteur privé, cet effet de catalyse. Alors comment peut-on le faire ? Comment peut-on y arriver ?
[Daniel Zelikow]
Je pense que ça se fait et c'est en train de se faire comme dans notre cas, je vous l’ai montré, je vous l’ai expliqué avec la mise en place de cette institution à JP Morgan. C'est justement cette analyse qui nous a permis de lancer cela et de mobiliser 380 milliards de dollars du secteur privé. Mais je ne pense pas qu'une obsession en matière d'ingénierie financière va nous permettre d'aboutir au résultat. Les gouvernements du monde doivent accroître leurs efforts au niveau des institutions internationales multilatérales. Il faut accroître le rôle de ces institutions : des banques multilatérales de développement plus importantes, une Banque mondiale plus importante parce que ces institutions peuvent jouer un rôle essentiel. Ces institutions représentent aussi les groupes les plus importants d'experts en développement dans le monde. Donc il faut utiliser ce capital intellectuel et le disséminer dans le monde de façon qui permette d'attirer les investissements. Je pense que le capital intellectuel est presque aussi important ou plus important que les ressources financières qu'ils fournissent. Par exemple, l'établissement de normes, et ils travaillent à cela avec notre Institut. Et cela doit devenir la norme. Donc, je pense que c'est le type d'idées qui sont tout à fait logique, tout à fait sensées.
[Shakuntala Santhiran]
Merci. Nous avons une question qui nous vient de Charles Mills qui nous dit : « L’insécurité alimentaire a été aggravée par la grève en Ukraine, entre autres facteurs. Comment la Banque mondiale peut-elle contribuer à atténuer l’insécurité alimentaire ? »
[Axel van Trotsenburg]
Eh bien, nous mettons l'accent maintenant sur l’insécurité alimentaire, évidemment, mais cette insécurité alimentaire existe depuis longtemps. En 1974, je vous rappelle qu'il y avait qu'il y a eu une décision prise d'éliminer la faim dans le monde en l'espace de dix ans. Et nous sommes loin du compte. Le problème s'est encore aggravé dans le monde, mais nous étions déjà dans une situation très difficile à l'époque. Ce que nous faisons à la banque, c'est que nous essayons de réagir sur deux axes. D'abord, à court terme, on parle beaucoup de protection sociale, mais il faut aussi réfléchir à la résilience. Résilience, notamment de l'agriculture qui demande des investissements à long terme. Nous devons fournir jusqu'à 30 milliards de dollars en période de cinquante mois. Et la demande a été telle que ce montant avait en fait était déjà engagé avec six mois d'avance. Il est clair qu'il est urgent d'agir, mais nous devons pouvoir répondre aux problèmes à court terme et à long terme en matière d'agriculture, indépendamment de ce que doivent faire les pays pour réorganiser leur système d'agriculture. Il faut également que les pays industrialisés réduisent leurs subventions. Avec les subventions à l'agriculture, on introduit des distorsions énormes dans les systèmes d'agriculture et en particulier, on détruit les moyens de subsistance de certains pays.
[Shakuntala Santhiran]
Oui, on parlait justement de cette nécessité de transférer en quelque sorte les subventions vers quelque chose qui est plus efficace, où les ressources consacrées aux subventions vers quelque chose qui soit beaucoup plus efficace. Merci au public de vos questions. Nous avons encore quelques minutes pour redonner la parole à chacun des panélistes et je demanderais quelle est la mesure la plus importante qui devrait être prise ou intensifiée pour réellement avoir un impact sur le terrain et pour améliorer le bien mondial dans cet environnement international si difficile ? Madame Mohammed, vous avez la parole.
[Amina J. Mohammed]
Il n'y a pas une seule action, la plus importante. Ce n'est pas vrai. C'est une réponse complexe et intégrée qui est nécessaire. Mais il y a une chose dont on peut parler, c'est un leadership qui montre l'exemple. Nous avons beaucoup de leaders qui doivent maintenant adopter les mesures nécessaires pour trouver des solutions. Certaines et certains ont fait preuve de leur volonté, d'autres doivent leur emboîter le pas. Et nous espérons que nous allons y arriver à partir de maintenant
[Shakuntala Santhiran]
Donc les actes et non pas simplement les paroles. Monsieur le Ministre Ocampo ?
[José Antonio Ocampo]
Je voudrais parler de deux choses, très brièvement. Tout d'abord, il faut des banques multilatérales de développement beaucoup plus importantes. Ces banques ont un rôle à jouer, pas seulement en termes de financement privé, qui est important, mais la stabilité des financements privés est aussi un problème émergeant pour les économies émergentes. Et donc le rôle de ces banques multilatérales fait partie de la solution. Et en commençant avec la Banque mondiale bien sûr, pas seulement pour le financement privé ou le financement pour le changement climatique, mais l'aide publique, même pour les pays à revenu intermédiaire. Ensuite, une coopération fiscale au niveau mondial. Le cadre de l'OCDE, par exemple, était un pas en avant, mais ses effets sont limités, particulièrement pour les pays en développement. L'évaluation du FMI dit que nous en avons tiré très peu. Donc il faut renforcer davantage la coopération fiscale internationale. Il y a un cadre de l’OCDE, mais aussi aux Nations Unies. Il y a eu une décision prise l'année dernière de mise en place d'un cadre pour discuter de cette coopération fiscale aux Nations Unies.
[Shakuntala Santhiran]
Madame la Ministre Benali ?
[Leila Benali]
Oui, je suis d'accord avec l'importance du leadership dont Amina a parlé et en attendant cela, en attendant de voir des leaders prendre le pas, il faut travailler à l'adéquation des financements. On a dit qu'il existait des ressources dans le secteur privé ou des institutions financières internationales, mais il est difficile de financer l'approvisionnement de biens publics. Et si je prends de la transition énergétique, si on dit qu’il manquera 25 000 milliards de dollars entre maintenant et 2030, si on est d'accord pour dire qu'il manquera 250 000 milliards de dollars d'ici 2050 pour gagner dans cette transition énergétique, il est clair qu'il n'y a pas d'adéquation entre les projets et le pool de ressources financières disponibles. Alors comment travailler sur le cadre dont parlait Dan ? Renforcer les capacités au niveau national dans le secteur privé et renforcer les capacités de tous les éléments, tous les acteurs, afin qu'il y ait plus de transparence concernant là où il y a véritablement besoin pour avoir le maximum d'effet. Donc le fait qu'on parle de changement climatique dans une enceinte, de sécurité dans une autre enceinte, de biodiversité ailleurs. Tout cela, le fait d'avoir cette discussion isolée ne fait que renforcer l'inadéquation entre les financements disponibles et là où ces financements peuvent produire les mêmes effets. Et c'est ce que nous devons faire.
[Shakuntala Santhiran]
Ahmed, qu'est ce qui est nécessaire, ou plutôt que ce qui manque ?
[Ahmed Ogwell Ouma]
Ce qui manque, c'est le fait de tirer les enseignements du passé pour changer notre comportement. Ce n’est peut-être pas le plus important, mais ce que je souhaiterais, c'est que l'on tire les enseignements du passé et qu'on agisse différemment parce qu'on aura tiré ses enseignements. Si on ne fait pas cela, nous n'allons pas pouvoir retarder la prochaine pandémie. Nous n'allons pas pouvoir retarder, voire reporter le prochain cycle de faim parce qu'on n'aura pas changé le système de production, de stockage, etc. Donc apprendre du passé, changer de comportement pour aboutir à de meilleurs résultats. C'est ce que je souhaiterais voir.
[Shakuntala Santhiran]
Oui. Vous vouliez ajouter quelque chose ?
[Amina J. Mohammed]
Par rapport au leadership, je voulais ajouter quelque chose. Je m'adresse au G20. Le G20 doit être à la hauteur de ses responsabilités. C'est là où nous devons avoir un leadership par rapport à la mise en œuvre.
[Shakuntala Santhiran]
Dan ?
[Daniel Zelikow]
Oui, j'ai parlé du côté financier. Je crois qu'il faut des institutions officielles beaucoup plus importantes pour jouer leur rôle. En attendant plus de financement, il y a déjà des choses qui peuvent être faites pour développer l'impact de leurs actions. Mais il faut aussi des initiatives qui ne viennent pas du secteur financier. Des fois, on oublie que ce que font la Banque mondiale, le FMI et d'autres institutions sur l'élaboration de politiques, etc, est essentiel pour améliorer les conditions macroéconomiques, pour rendre les secteurs et les pays plus attirant pour les investissements. Il ne faut pas négliger cet aspect-là. Ensuite, j'ai parlé de développement de projets. On pourrait financer chaque projet bancable, malheureusement, il n'y en a pas suffisamment dans chaque pays, des projets bancables. Il faut plus de travail, plus de contribution en capitaux humains pour aider les pays et le secteur privé à développer des projets bancables. Et les institutions pourraient aussi externaliser certains processus qu'elles mènent, par exemple des évaluations de risques qui ont été mises en place par rapport à l'environnement il y a quinze ans. Ceci peut se faire autrement. Les marchés publics et on a très bien su comment gérer ces processus. Mais cela doit être pour les finances publiques. Mais ceci peut être élargi aux marchés publics de manière générale. La gouvernance et la corruption. Des institutions font un très bon travail pour aider les pays à juguler la corruption, enlever les distorsions qui favorisent la corruption. Et ensuite vous avez des milliers de personnes dans les pays qui ont une connaissance sur le terrain qui n'est pas accessible aux banques internationales. Et vous verrez que je n'ai pas parlé de bilan du tout. Mais il faudrait peut-être voir si oui ou non ces institutions officielles ou leur structure de gouvernance pourraient accorder plus de ressources au recrutement du personnel pour faire des choses qui ne sont pas liées au bilan financier mais qui sont liés à des connaissances et des compétences.
[Shakuntala Santhiran]
Axel ?
[Axel van Trotsenburg]
Je ferai l'écho d’Amina. Pas seulement leadership, mais leadership stratégique. Nous n'avons pas besoin de leadership indifférent, qui est ce que nous voyons souvent. Il nous faut des leaders qui ne réfléchissent pas seulement au lendemain, mais qui réfléchissent sur le long terme. Et nous devons voir le reflet de cela dans la coopération internationale. Il faut mettre à l'échelle cette coopération internationale dans les institutions multilatérales, car il faudrait que l'on se rende compte de l'importance du multilatéralisme à ce siècle. On a toujours l'esprit du siècle dernier, mais nous devons aborder le multilatéralisme de manière différente au XXIᵉ siècle. Et ensuite, il faut une échelle. On ne peut pas avoir une petite échelle de multilatéralisme. Il faut être plus courageux et aller bien au-delà. Nous sommes aujourd'hui dans un monde où tout le monde est sur la défensive et on ne pense qu'à ce qu'il faut faire pour demain, plutôt que de penser au long terme. À la fin de la deuxième Guerre mondiale, au moment où les pays étaient plus pauvres, le monde était effondré. Il y avait beaucoup plus de générosité et de réflexion stratégique qu'aujourd'hui et ceci m'impressionne. Aujourd'hui, les gens se plaignent alors que nous sommes plus riches que jamais et c'est vraiment difficile à croire car on a des problèmes qui sont gérables. On parle de milliards de dollars qu'il faut pour les 30 années à venir. Cela représente peut être 2 à 3 % du PIB mondial. Ce n'est pas quelque chose d'insurmontable. Quand on parle de mille milliards, cela semble énorme. Mais si le PIB mondial est de 100 000 milliards, c'est tout à fait faisable et nous devons nous en convaincre. Il faut donc un leadership et un leadership stratégique.
[Shakuntala Santhiran]
Merci et nous allons conclure très rapidement. Y a-t-il de l'espoir pour l'avenir ?
[Axel van Trotsenburg]
Oui, je suis optimiste. Nous devons lutter.
[Shakuntala Santhiran]
Ministre Ocampo.
[José Antonio Ocampo]
Oui, c'est tout à fait possible. Permettez-moi de souligner une chose qui n'a pas été évoquée ici, c'est la recherche en matière d'agriculture. Pour faire face au changement climatique, un souci très important pour le pays, dans les zones tropicales en particulier, et pour accroître la production alimentaire dans les pays pauvres.
[Leila Benali]
Quelle était la question ? Nous n'avons pas très bien compris.
[Shakuntala Santhiran]
Est-ce que l'avenir est sombre ? Ou alors il y a-t-il une lueur d'espoir ?
[Leila Benali]
Oui, bien sûr, il y a de l'espoir, mais nous ne pouvons pas rester complaisants et les bras croisés.
[Ahmed Ogwell Ouma]
Oui, tout à fait. Si nous faisons les choses autrement. Selon les crises auxquelles nous sommes confrontés, c'est possible seulement si nous agissons autrement.
[Daniel Zelikow]
Ce n'est pas seulement faisable, mais cela a déjà commencé, peut-être pas aussi rapide et aussi direct qu'on le voudrait, mais ça a déjà commencé.
[Amina J. Mohammed]
Oui, ça a toujours été faisable, mais est ce que nous allons vraiment nous y mettre ?
[Shakuntala Santhiran]
Merci. Et juste pour résumer très rapidement. Dans ce temps de crise multidimensionnelle liée, nous devons changer notre approche. Nous devons mettre à l'échelle la réponse au niveau mondial. Nous devons réfléchir à plusieurs dimensions, travailler à travers les frontières, travailler à travers les secteurs pour mobiliser le financement, les connaissances, les partenariats, le partenariat, la coopération sont essentiels. Nous devons tirer des enseignements de notre expérience. Nous devons agir autrement, faire mieux et avoir un leadership stratégique qui réfléchit au long terme. Nous avons eu des exemples remarquables de l'Afrique pendant la pandémie, des solutions du Maroc, des solutions de la Colombie. Il nous faut des actes concrets sur le terrain. Nous devons passer de la parole à l'action. Et il y a donc raison d'avoir de l'espoir ensemble. Voilà donc pour cette table ronde. J'espère que ceci vous a été utile, enrichissant. Vous pouvez revoir cette session Sur le site de la Banque mondiale live.worldbank.org et vous pouvez continuer à faire vos commentaires avec le hashtag Reshaping Developpement. Merci.
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Le GBM engage les parties prenantes par le biais d'une variété de consultations, de plateformes et de canaux. Du siège aux bureaux nationaux, le GBM interagit quotidiennement avec des groupes de parties prenantes dans le monde entier, les engageant à différentes fins, telles que le plaidoyer, le partenariat, l'atténuation des risques, le dialogue politique, la consultation stratégique, le partage d'informations et le financement par le biais de mécanismes de subvention.
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La Banque mondiale a produit de nombreuses études et analyses pour mieux comprendre les impacts du changement climatique sur le développement et pour aider les pays à s'adapter aux changements en cours. Notamment les rapports nationaux sur le climat et le développement (Country Climate and Development Reports - CCDR).
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Dans le domaine de l'alimentation et de l'agriculture, il s’emploie à : 1. améliorer les moyens de subsistance et créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, y compris pour les femmes et les jeunes ; 2. améliorer la sécurité alimentaire (a) pour tous, y compris l'accès à une alimentation sans risque pour la santé et nutritive ; 3. rendre l'agriculture plus durable et plus climato-intelligente (a), c’est-à-dire faire en sorte qu'elle soit plus productive et plus résistante face au changement climatique, tout en réduisant les émissions de GES ; 4. stimuler le développement de l’agro-industrie en constituant des chaînes de valeur inclusives et productives (a).
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Le déboisement et la dégradation des forêts et des terres mettent en péril leurs services écosystémiques et réduisent la productivité de 23 % de la couverture terrestre. Environ 3,2 milliards de personnes dans le monde pâtissent de la dégradation des terres et environ 40 % de la population mondiale la plus pauvre vit sur des terres dégradées (IPBES, 2019).
Le Groupe de la Banque mondiale soutient les pays dans leurs efforts visant à exploiter le potentiel des forêts et des écosystèmes terrestres pour faire reculer la pauvreté, contribuer à la croissance économique et protéger et renforcer les services environnementaux qu’ils fournissent, à l’échelle locale et mondiale. À cette fin, la Banque fédère les parties prenantes de tous les secteurs économiques concernés afin de mettre en œuvre des programmes de gestion intégrée des paysages qui améliorent les moyens de subsistance des populations tout en apportant des bienfaits écosystémiques tels que la séquestration du carbone, la préservation de la biodiversité et la restauration des terres dégradées.
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En ce qui concerne la deuxième partie de la question, la mission de la Banque mondiale est de lutter contre la pauvreté, d'accroître la prospérité partagée et de promouvoir le développement durable. Ce dernier aspect nécessite de sensibiliser les populations à la protection de l'environnement, notamment en fournissant des outils analytiques et des métriques qui permettent l'intégration objective de ces aspects dans l'aide à la décision.
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