État de l’Afrique : Valoriser les ressources naturelles pour un avenir durable
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Les efforts mondiaux visant à décarboner les économies sont susceptibles de créer une demande de 3 millions de tonnes de minéraux et métaux, dont beaucoup se trouvent en Afrique. Le continent a donc la possibilité de valoriser les richesses en ressources naturelles pour accélérer l'accès à l'énergie et la transition verte, stimuler la transformation économique et l'emploi, et générer davantage de recettes fiscales. De quelle manière, les décideurs politiques peuvent-ils tenir cette promesse et éviter les écueils des précédents booms et effondrements des ressources naturelles ?
Cette question et d'autres défis auxquels sont confrontés les décideurs politiques en cette période de faible croissance et d'inflation ont été au cœur de la discussion sur l'état de l’Afrique.
Un panel de décideurs africains et de cadres supérieurs de la Banque mondiale pour la région Afrique a examiné les mesures que les gouvernements peuvent prendre pour rétablir la stabilité macroéconomique, promouvoir la croissance et tirer un meilleur parti de leurs ressources naturelles. Les dernières perspectives et tendances macroéconomiques de la région ont également été abordées.
L'événement a été organisé et diffusé en partenariat avec CNBC Africa.
[Esther Awoniyi]
Bonjour à toutes et à tous. Je suis Esther Awoniyi. Je vous souhaite la bienvenue à cette présentation de l'état de la région Afrique. C'est une présentation qui a lieu deux fois par an à l'occasion de la réunion de printemps et des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.
Nous allons parler aujourd'hui du diagnostic des forces et faiblesses des économies africaines. Nous allons parler aussi du grand sujet, à savoir, la transition bas carbone et ce que les pays peuvent faire pour tirer profit de cette tendance, réduire la pauvreté, créer des emplois.
Nous allons commencer par accueillir Andrew Dabalen, l'économiste en chef pour la région Afrique à la Banque mondiale. Ensuite nous passerons à une discussion en panel.
Pour les personnes qui sont connectées à distance vous pouvez suivre cet événement en direct et nous envoyer vos remarques avec #AfricaSOR. La Banque mondiale est à votre écoute. Nous avons des experts et des expertes qui sont prêts à répondre à vos questions en français ou en anglais.
Et pour celles et ceux d'entre vous qui êtes avec nous dans la salle, vous avez un service d'interprétation, canal 1 anglais, canal 2 français et canal 7 pour le portugais.
Je vous souhaite la bienvenue. Merci d'être avec nous. Nous allons donc nous lancer dans cette discussion aujourd'hui avec Andrew Dabalen, économiste en chef pour la région Afrique, au Groupe de la Banque mondiale, qui va nous présenter les grandes lignes du rapport Africa’s Pulse qui porte sur l'état de l'économie africaine.
Andrew, bonjour et merci d'être avec nous. Nous allons commencer par parler des chiffres de ce rapport Pulse. Que nous dit ce rapport sur la santé macroéconomique de la région aujourd'hui ?
[Andrew Dabalen]
Je vais commencer par vous remercier. Je souhaite aussi la bienvenue à toutes celles et ceux qui sont avec nous dans la salle ou qui sont connectés à distance.
Concernant ce rapport, Africa’s Pulse, en octobre dernier, nous avons pris le pouls des économies africaines et nous avons été un peu inquiétés. Six mois plus tard, nous voici aujourd'hui, le contexte et la conjoncture restent toujours très difficiles en Afrique. La reprise de l'activité économique est toujours assez lente pour les mêmes raisons. La croissance est passée de 3,6 % en 2022 à 3,1 % en 2023, si on tient compte de la croissance démographique. En ajustement, cela revient à 1,05 %, ce qui est largement insuffisant pour une région comme l'Afrique qui reste encore aujourd'hui l'épicentre de la pauvreté extrême au niveau mondial. Les mêmes facteurs qui nous ont inspiré notre diagnostic d'il y a six mois restent dans la même situation : la demande mondiale reste faible. Les investissements privés et publics, investissements directs étrangers ont connu une forte baisse. L'inflation reste à des niveaux très élevés, même si c'est une des évolutions positives. L'inflation a touché son pic puisqu'elle est passée de 9,7 à 7,5 %. La moitié des pays est autour de cette moyenne, l'autre moitié est en dessous. Et enfin, dans beaucoup de ces pays, la vulnérabilité de la dette s'aggrave et donc ceci réduit la marge de manœuvre budgétaire pour les États, notamment pour leurs activités en faveur du développement.
[Esther Awoniyi]
Alors, vous avez parlé de la question de la dette. C'est un des sujets qui est revenu très souvent aux réunions de printemps cette année. Le rétrécissement de la marge de manœuvre budgétaire est aussi un gros problème alors que c'est nécessaire. Les pays ont besoin de cette marge de manœuvre budgétaire pour agir en faveur de la réduction de la pauvreté. Est-ce que vous pourriez nous en dire un petit peu plus là-dessus ?
[Andrew Dabalen]
Quand je parle de rétrécissement de marge de manœuvre budgétaire, cela veut dire qu'il y aura un sous-investissement dans les activités essentielles. Je vous donne un exemple : les pays africains dépensaient entre 10 et 15 % de leurs recettes publiques pour le remboursement de la dette. Maintenant, ce chiffre atteint près de 30 %. C'est la moyenne. Pour certains pays, cela dépasse largement les 30 %. Donc tout l'argent qui sert à servir la dette, c'est de l'argent qui ne sera pas dépensé pour la sécurité alimentaire, la protection sociale, la santé, l'éducation, l'infrastructure. C'est pour cette raison-là que nous pensons que le rétrécissement de cette marge de manœuvre budgétaire est vraiment préjudiciable à la lutte contre la pauvreté alors que c'est ce dont la région a le plus besoin.
[Esther Awoniyi]
Oui, mais les pays africains ne peuvent pas se passer des emprunts. Il y a beaucoup d'infrastructures à financer et d'autres besoins. Vous ête spécialiste de la dette à la Banque mondiale. Est-ce que vous pourriez nous dire ce que vous pensez des prêts concessionnels ? Est-ce que cela ne risque pas d'aggraver la situation de pays qui sont déjà très lourdement endettés ? Parce qu'ils n'ont pas d'autre choix, les emprunts leur sont nécessaires.
[Andrew Dabalen]
Oui, tout à fait. Alors, je vous ai parlé de la marge de manœuvre budgétaire, de l'endettement des pays. Les niveaux de la dette en Afrique sont préoccupants. À la Banque mondiale, nous avons toujours dit très clairement que nous sommes favorables à une solution globale permettant d'alléger l'essentiel de la dette des pays à faible revenu. Il se trouve que l'essentiel sont des pays africains. Des cadres ont été proposés. Celui que beaucoup de personnes connaissent, c'est le cadre commun du G20. La Banque mondiale a dit clairement qu'elle était favorable à cette proposition. Mais nous avons aussi demandé à ce que le processus soit accéléré, qu'il soit porteur de bénéfices concrets pour les pays les plus pauvres et qu'il s'étende à un plus grand nombre de pays qui, à l'heure actuelle, ne sont pas encore éligibles dans la définition de ce cadre commun.
Donc, sur ce plan nous avons une position très claire. La question que vous avez posée reste néanmoins intéressante. Est-ce qu'on n'est pas en train d'aggraver la situation des pays avec ces prêts concessionnels ? Je vais le dire en d'autres termes. Ces pays sont certes très vulnérables du point de vue de leur dette, mais cela ne signifie pas que leur travail en faveur du développement doit s'interrompre. Les États doivent toujours assurer la sécurité, investir dans les infrastructures, élargir l'accès à l'énergie, à l'eau et ainsi de suite. Donc, de ce point de vue-là une partie de ces sommes sera couvertes par les ressources intérieures. Mais il faut être réaliste. Tous les besoins de financement ne seront pas couverts. Comment les couvrir ? On peut se tourner vers les marchés financiers, commerciaux et à l'heure actuelle, les pays africains ont globalement été exclus des marchés commerciaux puisque les taux d'intérêt qui leur sont proposés sont le double de ce à quoi ils avaient accès il y a quelques années. Donc ils sont exclus de ce type de marchés.
La question, c'est vers qui se tourner ? La Banque mondiale propose des prêts concessionnels et contrairement aux prêts commerciaux qui ont des taux d'intérêt très élevés avec une maturité très courte, donc ils sont remboursés sur une toute petite période, les prêts de la Banque mondiale ont des taux d'intérêt très bas et la période de remboursement s'étale sur plusieurs décennies, jusqu'à 30 ou 40 ans. Donc, si on tient compte de ces deux aspects, cela reste tout de même bénéfique pour les pays. Surtout lorsque les conditions se rapprochent de ce qu'on pourrait appeler des dons. Lorsque les conditions financières sont très dures pour les pays africains, il faut de plus en plus de financements concessionnels plutôt que de moins en moins.
[Esther Awoniyi]
Oui, mais une fois que tout cela s'est fait, il reste à créer des emplois, à doper la croissance économique. Vous nous avez dit que la marge de manœuvre budgétaire est rétrécie. Ces pays peuvent se tourner vers l'emprunt, notamment auprès de la Banque mondiale. Mais quelles sont les mesures qui doivent être prises pour doper la croissance et créer l'emploi ? Est-ce que vous auriez des mesures immédiates, faciles à nous donner ?
[Andrew Dabalen]
Alors, la façon la plus facile de créer des emplois, c'est la croissance. Les pays africains doivent connaître une forte croissance, une croissance pérenne. Et je ne parle pas seulement de la croissance à tout prix, mais d'une croissance qui concerne simultanément tous les secteurs, à la fois l'agriculture, les services, l'industrie, l'exploitation minière. C'est ce type de croissance transversale qui est nécessaire, une croissance qui permet la création d'emplois de qualité. Ce que nous proposons dans notre rapport, pour que les conditions soient remplies il faut la réunion de deux facteurs : premièrement, la stabilité macroéconomique, c'est incontournable. Et dans certains cas la stabilité sociale et politique sont des fondations essentielles aussi. Quand je parle de stabilité macroéconomique, je parle de la maîtrise de l'inflation parce que l'inflation est négative pour tout le monde. C'est encore pire pour les personnes les plus pauvres. Cela réduit la consommation, entraîne la baisse des investissements et déprime l'activité économique dans son ensemble. Mais il faut aussi maîtriser le niveau de la dette, stabiliser le niveau de la dette. Cela peut se traduire par une mobilisation d'un plus grand volume de ressources intérieures ou la réduction des dépenses ou le choix sélectif des dépenses opérées. Donc c'est une façon de créer les bases pour favoriser la croissance. Deuxième condition, compte tenu de la conjoncture actuelle, les investissements publics vont probablement être réduits ou en tout cas contraints. Donc, une solution urgente, c'est d'agir pour attirer davantage les investissements étrangers. Donc supprimer par exemple les niches fiscales qui empêchent les marchés d'être concurrentiels, créer en fait un climat, un environnement qui est attractif pour les investisseurs privés. Cela peut aussi être fait par l'ouverture des marchés. Une intégration économique, c’est aussi très attrayant pour les investisseurs du secteur privé.
[Esther Awoniyi]
Le paysage que vous décrivez est loin d'être rose. Comment pensez-vous que l'Afrique peut s'en sortir, même dans cette conjoncture très difficile ? Dans le rapport vous nous dites que l'inflation a atteint son pic, mais les risques ne sont pas pour autant totalement dissipés. Où peut-on trouver de l'espoir dans votre rapport ?
[Andrew Dabalen]
Nous avons toujours de l'espoir. Nous espérons que la récession économique atteindra son point le plus faible cette année et qu'un rebond mondial va intervenir, qui sera profitable aussi aux économies africaines. C'est un point d'espoir. Et même dans cet environnement morose, il y a des processus en cours en faveur de la transition bas carbone. Jusqu'à présent, toutes les périodes que nous avons traversé ou que nous traversons aujourd'hui, qu'il s'agisse des progrès technologiques dans nos domiciles, dans nos usines ou dans les transports, tout ceci se fonde sur des sources d'énergie de même type où on brûle du carbone.
Et on voit que le monde se déplace vers une transition où cette énergie sera à chercher du côté de l'éolien, du solaire, des batteries lithium, de l'hydroélectricité. Donc l'idée, c'est de cesser de brûler du carbone. On pense à cette transition seulement en termes d'énergie, mais cela va entraîner des transformations technologiques profondes dans le monde entier. Et c'est là que l'Afrique peut jouer son atout, puisque cette transition énergétique va s'appuyer sur beaucoup de minerais qui existent en Afrique : le cuivre, le lithium, le coltan. Les pays africains peuvent donc tirer profit de cette soif mondiale pour ces minerais, pour produire des recettes publiques, pour transformer leurs économies, créer de la valeur, créer des emplois, renforcer la coordination entre pays voisins. Donc, c'est au bout de la route mais il faut que les pays africains soient volontaristes et actifs pour participer à cette tendance.
[Esther Awoniyi]
Oui, mais il faudra que les bonnes politiques publiques soient en place.
[Andrew Dabalen]
Oui, il faut une bonne coordination, une bonne coopération entre pays africains, avec l'harmonisation notamment de certaines mesures fiscales ou des accords commerciaux. Et il faut aussi corriger les difficultés en matière de gouvernance qui reviennent très souvent quand on parle d'exploitation minière de ces minerais.
[Esther Awoniyi]
Pour conclure, Andrew, quelle est votre principale source d'optimisme quand on regarde le paysage en Afrique ? Je me rappelle des débats que j'ai entendus cette semaine. Le contexte mondial est celui d'une croissance plus faible à long terme. Cela concerne et touche aussi le continent africain. Quelles sont vos principales sources d'optimisme ?
[Andrew Dabalen]
J'ai plus d'espoir dans le fait que les pays africains ont passé plusieurs années à connaître une bonne performance économique. La période actuelle est certes très chaotique, mais il y a eu des bonnes réformes par le passé. Il faut continuer sur cette voie. Les réformes intérieures seront toujours plus importantes que les facteurs extérieurs, les facteurs mondiaux. Je ne veux pas sous-estimer les chocs mondiaux. On a vu les conséquences de la guerre en Ukraine sur les prix de l'énergie, de l'alimentation, de l'engrais. On voit aussi l'impact des autres crises sur les monnaies africaines. Mais à mes yeux, ce sont les réformes nationales qui vont avoir le plus de force pour améliorer le fonctionnement de l'agriculture, pour améliorer la qualité de l'éducation, pour rendre les économies africaines plus compétitives, plus productives et donc permettre une plus forte création d'emplois.
[Esther Awoniyi]
Oui, je voulais intervenir sur ce que vous avez dit au sujet des réformes. Ce que j'ai aussi entendu cette semaine, c'est que les réformes vont être douloureuses et devront donc s'appuyer sur une volonté politique encore plus ferme.
[Andrew Dabalen]
Oui, vous avez tout à fait raison. À court terme, ce sera peut-être douloureux, mais c'est pour assurer le bonheur à long terme.
[Esther Awoniyi]
Merci beaucoup Andrew. Nous avons donc terminé avec cette discussion. C'était Andrew Dabalen, économiste en chef de la région Afrique du Groupe de la Banque mondiale qui a partagé avec nous les grandes lignes et les conclusions de la nouvelle édition de la publication Africa’s Pulse. Vous pouvez aller chercher ce rapport sur le site internet de la Banque mondiale si vous voulez plus de détails.
Nous allons maintenant passer rapidement à la suite de notre événement. J'accueille les intervenantes et les intervenants à venir me rejoindre sur scène.
Bonjour à tous et à toutes ! Nous enregistrons cette partie de la conversation, je vais donc me présenter de nouveau. Je suis Esther Awoniyi, je travaille à CNBC Afrique.
Je suis heureuse de vous accueillir à l'occasion de cette discussion sur le thème « Une vue de l'Afrique ».
En fait, la croissance en Afrique subsaharienne passera de 3,6 % en 2022 à 3,1 %. Pourtant, cette année, cela n'impactera pas les niveaux de pauvreté et cela sera également un obstacle dans un contexte de croissance démographique. Alors, ce que nous voulons, c'est regarder les opportunités qui existent, notamment la transition bas carbone dont les pays africains peuvent tirer parti.
J'encourage à me rejoindre madame Victoria Kwakwa, la Vice-présidente chargée du département Afrique orientale et australe de la Banque mondiale, monsieur Ousmane Diagana, le Vice-président pour la région Afrique occidentale et du centre, monsieur Adama Coulibaly, Ministre de l’Économie et des Finances de la Côte d’Ivoire, monsieur Nicolas Kazadi, le ministre des Finances de la République démocratique du Congo, monsieur Situmbeko Musokotwane, le ministre des Finances de la Zambie, et enfin madame Damilola Ogunbiyi, représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies pour l'énergie durable pour tous.
Je vous remercie tous et toutes d'être présents aujourd'hui. Je propose que nous commencions tout de suite cette conversation. D'abord, parlons des perspectives économiques et de l'urgence des réformes. Vous avez entendu mes échanges avec Andrew il y a quelques instants. Les réformes sont impératives aujourd'hui et il est important que les bonnes réformes soient prises.
Victoria Kwakwa, je commence avec vous. Pourriez-vous brièvement nous dire quelle est la première chose à laquelle vous pensez dans ce contexte ?
[Victoria Kwakwa]
Je vous remercie. Bonjour à tous. C'est un plaisir pour nous d'être présent pour cette conversation très importante et je remercie également les ministres ici présents ainsi que mes collègues qui se joignent à moi.
En fait, nous avons eu d'excellents échanges cette semaine. Cela reflète l'excellent partenariat que nous avons avec les pays de la région.
Plusieurs points ont été soulevés, mais il y a quelques points qui pour moi méritent encore plus de réflexion à la clôture de ces réunions. D'abord, tout ce qui concerne la stabilité macroéconomique. Je sais que vous avez rapidement abordé cette question avec Andrew. Toutefois, je pense qu'il est important de souligner encore l'importance de ce point, parce que c'est un élément qui sous-tend tout ce qui se fait sur le continent. Nous avons entendu parler des taux d'inflation élevés, des taux qui n'ont jamais été aussi élevés depuis quatorze ans. Comme Andrew l'a dit, il semble que les taux d'inflation ont atteint maintenant leur sommet et qu'en 2023, ce taux devrait s'orienter à la baisse. Nous avons également constaté des taux d'intérêt très élevés en raison des efforts par les banques centrales d'essayer de maîtriser l'inflation. Cela, en soi, a un impact sur la croissance, une croissance qui est déjà bien timide. Nous avons constaté un recul après la reprise post COVID-19 avec la guerre en Ukraine qui est en cours. Cela est une source donc de préoccupation. Sur le front de la macroéconomie, ce sont les inflations des cours des denrées alimentaires qui suscitent ce sentiment d'insécurité alimentaire qui existait déjà sur le continent. Cela a des implications majeures pour les plus vulnérables. C’est aussi une source de préoccupation pour nous. Nous constatons que la dette est également un problème qui a déjà été mentionné. Je ne vais pas entrer dans le détail de cela, mais l'accès au financement pour quasiment toutes les économies est bridé. Et puis, nous avons également des situations où les couvertures de réserves sont dans une situation difficile. Donc beaucoup d’instabilité et des vulnérabilités macroéconomiques renforcées pour ces pays. C'est cela qui nous préoccupe. Nous réfléchissons au rôle de la Banque mondiale pour soutenir ces pays et les aider à surmonter ce contexte macroéconomique difficile.
L'autre grand sujet, et j'en ai brièvement parlé tout à l'heure, ce sont les écarts de financement importants, en partie à cause de la dette, en partie en raison du fait que ces pays ont été exclus des marchés financiers et parce que les financements que nous apportons, malgré les efforts que nous déployons pour les accroître, sont pour l'essentiel insuffisants. Après trois cycles de l’Association internationale de développement, beaucoup de ressources ont dû être réutilisées cette année et donc dans les deux années à venir, nous nous trouverons dans une situation difficile. Malgré ces manques, il y a de nombreux besoins, surtout du côté de l'infrastructure. Ces deux dernières années, les pays ont beaucoup dépensé pour répondre aux crises à court terme. Maintenant, les facteurs de croissance nécessitent beaucoup en matière d'infrastructures. Donc, la grande priorité pour nous, c'est d'essayer d'impliquer les financements privés et d'utiliser les rares ressources qui existent du côté public pour mobiliser le secteur privé. Nous avons notamment eu des échanges avec les banques régionales pour essayer de trouver des solutions novatrices, œuvrer ensemble, trouver des solutions d'échelles pour répondre à ce manque de financement.
Autre préoccupation, c'est le fait que nombre de nos pays ne parviendront pas à atteindre les objectifs clés de développement durable. D'abord l’objectif de développement durable 7 sur l'accès à l'énergie. Nous avons de nombreux citoyens, près de 600 millions de citoyens sur le continent qui n'ont pas accès à l'énergie. Et c'est une source de préoccupation parce que l'accès à l'énergie est fondamental pour l'activité, pour les emplois, la croissance qui doit être générée sur le continent. Dans nos échanges, nous avons constaté que les pays sont très en retard, notamment pour l’objectif de développement durable 6, l'accès à l'eau et aux mesures d'assainissement. Donc là aussi l'accès à l'eau et à l'assainissement. Les problèmes ne font que s'aggraver avec trop de personnes qui n'ont pas accès à l'eau ou qui n'ont pas accès à des bonnes mesures d'assainissement. C’est là aussi une grande source de préoccupation pour nous.
Enfin, les crises de capital humain. Nous voyons que les enfants n'apprennent pas correctement à l'école. Ce sont trois domaines qui sont une vive source de préoccupation pour nous. Donc, suite à ces réunions, nous avons également constaté une forme de résilience dans les pays. Nous avons pu voir que malgré le contexte macroéconomique difficile, il y a des pays qui sont en forte croissance. En effet, la République démocratique du Congo est le pays de la région avec une croissance supérieure à 8 %, ce qui est important. Nous constatons des pays qui mènent des réformes, qui mettent en place des réformes nécessaires mais difficiles comme vous l'avez dit. Donc il y a quand même des lueurs d'espoir. Dans un contexte difficile, les points d'entrée, les opportunités pour nous de continuer de travailler ensemble pour vraiment nous assurer que la région continue d'aller de l'avant.
[Esther Awoniyi]
Je vous remercie, Victoria.
Monsieur Ousmane, très brièvement, quels sont vos trois grands messages suite aux échanges que vous avez eus ?
[Ousmane Diagana]
Merci. Je dirais la même chose que ma collègue. Le contexte est le même, la réalité est également la même. Et à l'évidence, je suis tout à fait d'accord avec ce qu'a dit ma collègue. Avant cependant, de vous faire part des grands messages que je retiens, j'aimerais encore une fois féliciter Andrew et son équipe pour l'excellent rapport qui a été produit et d'avoir fait le bilan de la situation dans la région. Ce rapport comprend également des recommandations de politique générale. J'encourage donc les décideurs politiques qui sont dans cette salle à tirer parti de cet excellent rapport et à poursuivre les échanges, à s'inspirer de ce rapport avant de s'engager dans une nouvelle série de réformes.
Alors j'essaie toujours de présenter une position équilibrée et de parler le français. Dans ma région, 75 % des pays sont francophones, donc c'est une occasion pour les ministres qui sont ici de s'exprimer également dans leur langue.
Ces réunions de printemps ne sont pas différentes de ce qu'on a entendu dans les réunions de printemps et les assemblées annuelles des années antérieures. C'est vraiment la gestion des crises. En 2021, c'était vraiment la pandémie de la COVID-19 qui a totalement dominé toutes les conversations. L'année passée, c'était la crise en Ukraine et surtout ses conséquences en termes d'augmentation sans précédent du niveau de vie, ce qui a affecté les pouvoirs d'achat des populations. Évidemment, aujourd'hui, on a beaucoup parlé dans la région aussi de l'impact de l'augmentation des taux d'intérêt sur la capacité des pays à mobiliser des ressources dont ils ont besoin pour mettre en œuvre leurs programmes de développement.
Donc, quand on est dans un contexte de gestion des crises, malheureusement, on a tendance à être dans un mode de réaction. l'Afrique est un continent dynamique. C'est un continent qui bouge, qui a des potentialités énormes et lorsqu’on est en mode de réaction, on essaie de gérer le statu quo. Cela ne permet pas véritablement de faire les avancées qu’on attend. Donc ce que nous avons discuté, et ma collègue Victoria l'a dit, c'est qu'il est extrêmement important dans cette situation de rester focalisé sur les réformes en tirant des leçons de ce qui s'est passé. Cela signifie également de continuer les réformes qui ont été faites par le passé. Parce que ce que nous avons vu et les exemples au niveau des pays le démontrent à suffisance, des pays qui, par le passé, ont fait beaucoup de réformes, ce sont les pays qui ont montré plus de résilience dans ce contexte de crise. Et deuxièmement, les institutions internationales ont un rôle extrêmement important à jouer, et je crois que les pays nous ont demandé de jouer ce rôle en disant, certes, nous avons besoin de vos ressources financières et d'institutions comme la Banque mondiale. Chaque ministre des Finances que j'ai rencontré m'a dit : c'est le moment d'augmenter vos ressources spéciales, en particulier pour ce qui concerne les appuis budgétaires, mais également d'investir davantage dans le secteur d'investissement. Mais surtout, nous avons besoin de vos conseils, nous avons besoin de votre connaissance, de vos analyses. Donc les appuis budgétaires qu'ils ont demandés ne pourrons leur permettre de revenir dans une logique d'action que lorsqu’elles sont sous-tendues par des réformes structurelles conséquentes. Ceci permettra aux pays de tirer réellement profit des potentialités énormes qu'ils ont dans les secteurs, par exemple de l'énergie. Ce qui leur permettra d'investir de manière efficace pour que les enfants non seulement partent à l'école, mais qu’ils apprennent en allant à l'école et qu'ils sortent avec les compétences qui doivent permettre justement à la fois de relever le niveau des secteurs publics, mais en même temps de permettre au secteur privé de jouer ce rôle complémentaire qui est extrêmement important pour le développement des différents pays. Et aussi de voir comment l'Afrique peut faire ce saut qualitatif pour aller de l'avant.
Ma collègue Kwakwa a identifié des secteurs cruciaux. Le premier c'est le digital. C'est le secteur qui est transformationnel par définition. Dans ce secteurs effectivement, surtout au niveau des pays qui ont fait des reformes, au niveau des politiques et des régulations, nous avons eu des avancées extraordinaires, ce qui a permis justement la création d'emplois, pas seulement des emplois, juste pour permettre à certains jeunes de s'occuper, mais des emplois dont des effets entraînants au niveau de l'ensemble de l'économie, sont extrêmement significatifs. Le deuxième secteur, c'est le secteur de l'électricité ou de l'énergie, de manière de plus large. D'autant plus quand on regarde ce que l'Afrique dispose comme ressources qui le permet d'embrasser des chemins pour un accès à une électricité qui soit abordable et qui soit verte. C'est extrêmement fort. Donc en termes de prochaines étapes, c'est les efforts que nous devons faire ensemble, à la fois pour continuer des réformes et en même temps mobiliser ensemble des ressources pour investir de manière significative dans ces secteurs pour créer ce dont l'Afrique a le plus besoin, des emplois surtout pour sa jeunesse qui a un potentiel énorme mais pour laquelle les opportunités n'ont pas toujours existé.
[Esther Awoniyi]
Je vous remercie, monsieur Diagana.
Nous passons maintenant rapidement à monsieur Coulibaly de la Côte d'Ivoire. L'économie en Côte d'Ivoire continue d'être dans une situation particulièrement positive dans la région, avec une croissance l'an dernier de 6,7 %. Qu'est-ce qui marche bien en Côte d'Ivoire dans un contexte mondial difficile, avec un espace budgétaire limité, des taux d'intérêt, un surendettement. Qu'est-ce qui fonctionne bien pour la Côte d'Ivoire ?
[Adama Coulibaly]
Pour la Côte d'Ivoire, effectivement, l'année dernière, nous avons enregistré un taux de croissance de 6,7 %. Mais il faut aller aussi en arrière pour voir que nous avons enregistré des taux beaucoup plus important dans l'histoire récente. Je rappelle simplement qu’entre 2012 et 2019, le taux de croissance moyen a été de 8 %. Avec la COVID-19 qui est intervenue en 2020, le taux de croissance de la Côte d'Ivoire a été de 2 % dans un contexte international marqué par la récession. Ousmane parlait tout à l'heure de résilience. En 2020, l'économie ivoirienne s’est montrée résiliente avec un taux de 2 %. En 2021, il y a eu un rebond économique à 7,4 % avant d'arriver donc en 2022 avec le taux que vous avez mentionné.
Tout cela montre que nous avons mené des politiques, des réformes assez fortes, assez ambitieuses, qui ont permis de créer des fondamentaux qui sont solides en termes de stabilité du cadre macroéconomique, en termes également d'agrégats macroéconomiques qui se sont montrés totalement satisfaisants pendant dix ans. Et cela est le fruit simplement de la planification qui a été mise en place depuis l'accession du Président de la République en 2011. Quand il a accédé au pouvoir, il a utilisé la planification comme un instrument pour pouvoir justement obtenir des résultats rapides. C'est pour cela que dès 2012, on a eu un premier plan national de développement qui a couvert la période 2012-2015 et ensuite il y a eu un second 2016-2020 et le troisième qui est en cours 2021-2025. Je mentionne cela parce que le secteur privé a été également un moteur dans ces plans. Le rôle du secteur privé dans le plan national de développement représentait 60 % des investissements de notre premier plan national de développement. Aujourd'hui, la place du secteur privé s'est accrue. Nous sommes au troisième plan de développement avec 75 % du rôle du secteur privé. Donc, aujourd'hui, nous voyons très bien que l'État a fait ce qu'il avait à faire. Le secteur privé prend le relais. Le secteur pourrait prendre le relais parce qu'il y a eu un travail important qui a été fait dans l'amélioration du cadre des affaires. On a pris des mesures très importantes pour rassurer les investisseurs, pour faire en sorte que les investisseurs puissent être convaincus qu’en investissant en Côte d'Ivoire, les investissements sont protégés juridiquement.
Ensuite, on a mis en place un code d'investissement qui a été très incitatif qui a permis aux gens de comparer pourquoi investir en Côte d'Ivoire plus que dans un autre pays voisin. On a mis en place également des dispositifs de guichet unique. En Côte d'Ivoire aujourd'hui, on peut créer une entreprise en ligne. On n'est pas obligé de venir en Côte d'Ivoire pour pouvoir créer une entreprise. En ligne, on peut créer une entreprise à travers le guichet unique de formalités d'entreprise. Il y a un guichet unique également concernant le permis de construire permettant de faciliter en fait aux entreprises qui sont intéressées à investir en Côte d'Ivoire de pouvoir assez facilement avoir leur permis de construire pour pouvoir construire leurs industries ou le siège de leurs entreprises. On a également un guichet unique sur le commerce extérieur. Il y a une multiplication de ce type d'initiatives pour rendre le cadre, l'environnement des affaires très incitatif. Donc, c'est ce qui a fait que les investissements privés aujourd'hui ont été multipliés par trois entre 2012 et maintenant. Donc le secteur privé est le moteur de la croissance en Côte d'Ivoire.
Mais au-delà de cela, nous avons travaillé également à améliorer notre notation souveraine avec les agences internationales de notation. Nous avons avec elles des notations financières qui sont bonnes. Nous sommes passés de B à un ancrage à BB. Les meilleures notation au niveau du continent, c’est BB. Nous sommes comparés aujourd'hui au Botswana et au Maroc. Nous avons les meilleures notations sur le continent.
Je pense que ce sont des choses qui rassurent nos partenaires sur l'environnement des affaires, sur la gouvernance, sur la bonne gestion des finances publiques, la bonne tenue des finances publiques.
Il y a aussi à mentionner que pendant la crise de la COVID-19, nous avons mis en place un dispositif qui s'est montré très efficace parce que les premiers cas de COVID-19 en Côte d'Ivoire étaient des cas importés. La Côte d’Ivoire a un seul aéroport international. Quand on a su que ces cas venaient de l'extérieur, on a confiné totalement la ville d'Abidjan et le grand Abidjan. On a mis sur place, un dispositif de dépistage, d'isolement et de soins pour ceux qui étaient atteints par la COVID-19. Cela a permis de cantonner Abidjan. Les cas rares qui étaient identifiés à l'intérieur du pays étaient ramenés à Abidjan pour les soigner. Ce qui fait que l'extérieur d'Abidjan a été totalement préservé et ceux qui sont restés à Abidjan ont été soignés.
Aujourd'hui, l'état d'urgence sanitaire qui avait été instauré a été levé. Les dernier développements montrent qu’aujourd’hui, il n'y a plus de cas, en tout cas avérés de COVID-19 en Côte d'Ivoire. Depuis le mois de janvier à maintenant, aucun décès. Le taux de guérison sur la COVID-19, c’est 99 %. Donc pour nous, aujourd'hui, l'état d'urgence sanitaire a été levé, nous avons retrouvé une situation de quasi normalité. Les conséquences doivent être gérées parce qu'il y a encore quelques difficultés. Pour les entreprises ont été impactées par cette question, nous avons mis en place un système d'accompagnement. Je mentionne cela parce que cela contribue également à la résilience de la Côte d'Ivoire. Nous sommes également attentifs à tout ce qui concerne la population. Nous menons des politiques sociales vigoureuses. Quand on a une croissance forte, il faut que le fruit de cette croissance ruisselle, que cela bénéficie également aux populations. Nous mettons en place une politique sociale très forte.
[Esther Awoniyi]
Merci beaucoup pour cet éclairage très intéressant.
Je me tourne maintenant vers monsieur Kazadi. La République démocratique du Congo a aussi connu une croissance très forte ces dernières années puisqu'elle a atteint 8,6 % en 2002. C'est essentiellement lié à l'exploitation minière et l'augmentation de ces activités. Mais quelles sont les mesures que vous prenez pour vous assurer du bon partage des fruits de cette croissance auprès de toute la population ?
[Nicolas Kazadi]
On a été plus résilients que beaucoup de pays. En 2020 déjà, nous avons fait 1,7 % de croissance. Je crois qu'on était que deux ou trois pays au niveau du continent qui ont eu un taux de croissance positif.
Le grand changement chez nous, c'est qu'effectivement depuis 2019, on sent une hausse de la demande de nos produits, de nos principaux produits d'exportation. Cela intervient à un moment où il y a également une nouvelle gouvernance dans le pays, une gouvernance beaucoup plus ouverte, beaucoup plus favorable aux investissements et au dialogue avec les partenaires privés et publics à tous les niveaux. Et cette évolution a permis au pays d'accélérer certains d'investissements dans le secteur minier, ce qui a permis d'accroître la croissance. C'est comme cela qu'en 2022, nous sommes arrivés à 8,5 % de croissance. Pour 2023, nous anticipons une croissance tout aussi forte, de l'ordre de 8 % et même à moyen terme. Le point important de changement qu'on a enregistré dans la République démocratique du Congo, c'est l'effort pour capter l'impôt correctement. On a eu dans l'histoire plusieurs moments où il y a eu une forte croissance, mais cela ne s'est pas toujours traduit par une bonne collecte de l'impôt. Entre 2020 et 2022, nous avons multiplié le taux de pression fiscale par deux. On est passé de 8 % du PIB à 15,9 %. Cela grâce évidemment à l'effet automatique du cours des matières premières, de la hausse de la production, mais aussi et surtout à la transparence accrue que nous avons apportée dans la collecte de l'impôt. Nous avons un dialogue avec le secteur minier qui est beaucoup plus transparent. Nous avons une application du nouveau code minier qui est entrée en vigueur en 2019, qui est plus favorable, plus juste pour le pays. Et puis, nous avons aujourd'hui des dispositifs fiscaux qui nous permettent d'améliorer la collecte de l'impôt. La digitalisation d'une partie des recettes fiscales, l'introduction dans quelques semaines de la facture normalisée, l'introduction d'un logiciel pour la catégorie des recettes non fiscales. Bref, il y a une série de réformes. Et puis il y a un début de diversification fiscale également parce que nous avons un paquet de nouveaux créneaux, comme les jeux de hasard, comme les contraventions, etcetera. Donc, il y a plusieurs réformes qui sont lancées en même temps pour nous rendre plus résilient en matière de collecte fiscale. Alors, tout cela va conduire à des recettes accrues.
Et en termes de dépenses, le premier effort, c'est l'investissement. Nous avons multiplié l'investissement sur nos ressources propres par trois, de 3 % il y a deux ou trois ans à 10 % aujourd'hui. Et nous avons également accru la mobilisation des ressources extérieures. Pour ne prendre l'exemple que de la Banque mondiale, qui est le principal partenaire, on a multiplié notre portefeuille avec la Banque mondiale par quatre en moins de cinq ans, de 2 milliards de dollars aujourd'hui à plus de 8 milliards, tout en diminuant le taux d'endettement du pays. Le taux d'endettement du pays est l'un des plus faibles en Afrique. On est à moins de 20 % du ratio dette PIB.
Et pour assurer l'efficacité de ces dépenses, l'un des pans importants, en plus de l'investissement, c'est le social. Nous avons introduit une véritable révolution en rendant effective la gratuité de l'éducation pour l'école primaire pour tous les enfants. Ce qui fait qu'aujourd'hui, nous avons en deux ou trois ans, plus de 5 millions d'enfants qui n'étaient pas scolarisés et qui n'allaient pas être scolarisés, qui sont aujourd'hui dans les salles de classe. Avec notre partenaire la Banque mondiale, nous avons réussi à le faire. Maintenant, nous affrontons le défi de la qualité de l'éducation, de la capacité d'accueillir tous ces enfants. Mais c'est déjà une grande bataille qui a été conquise. Nous faisons le même effort sur les autres dépenses sociales, santé, etcetera. Nous avons accru nos dépenses de santé. Et voilà donc l'effort qui est fait. Pour assurer la transparence de nos dépenses, nous avons été classés comme l'un des pays à la transparence budgétaire la plus importante en Afrique. Pour vous donner un exemple sur deux simples critères les droits de tirage spéciaux que nous avons reçus comme tous les pays que nous n'avons même pas encore fini de dépenser aujourd'hui, et les appuis budgétaires que nous recevons, nous avons assuré une totale traçabilité des dépenses au centime près de ce que nous faisons des droits de tirage spéciaux que nous avons reçus et de ce que nous faisons des appuis budgétaires. Les appuis budgétaires sont dans un sous compte et chaque dépense est traçable. Et on peut en mesurer l'efficacité, l'efficience et la pertinence.
Voilà des efforts qui sont faits. Nous avons pu multiplier les réserves de change par plus de cinq. On est parti de 700 millions de dollars en 2020 à plus de 4 milliards et demi aujourd'hui. Nous avons pu contenir tant soit peu l'inflation parce que nous avons subi, comme tout le monde, l'impact de la de la crise en Ukraine. Nous sommes à 13 % en 2022, juste en dessous de la moyenne africaine. Nous aurions pu faire mieux, mais nous avons un pays qui reste encore très dépendant des importations sur une série de produits. Mais globalement, nous avons été plus résilients que d'autres et notre grande bataille aujourd'hui sur le terrain économique, c’est ce que nous faisons pour assurer une résilience à plus long terme pour sortir de la dépendance du secteur minier et donc pour diversifier l'économie. Nous avons un agenda en cours qui est très profond et qui est en marche et qui devrait renforcer la résilience du pays et même lui donner des horizons meilleurs.
[Esther Awoniyi]
Merci beaucoup, monsieur Kazadi. Toutes ces paroles sont très encourageantes.
Monsieur Musokotwane, je me tourne vers vous. Aujourd'hui, plus de 60 % de la population africaine a moins de 25 ans. Ces jeunes africains et ces jeunes africaines sont à la fois une chance, une force pour le continent, mais aussi un souci. Que fait votre pays, la Zambie, pour tirer bénéfice de ces dividendes démographiques ?
[Situmbeko Musokotwane]
Merci de nous avoir accueilli. Le sujet qui nous intéresse aujourd'hui : comment tirer profit des ressources naturelles pour assurer un avenir durable. Et la question qui se pose, c'est comment est-ce que votre question s'inscrit dans cette thématique ? Comment donner de l'espoir aux jeunes pour l'avenir ?
Effectivement, la Zambie, comme d'autres pays, a connu une période de croissance. L'année dernière, elle a atteint un peu moins de 4 %. Cette année, on devrait se rapprocher de 5 %. Mais comme d'autres intervenants l'ont déjà dit, ce taux de croissance est insuffisant. Il faut un taux de croissance supérieur et il faut un taux de croissance pérenne. Comme nous l'avons vu en Asie, où des taux de croissance de 6, 7, 8 % ont dû se vérifier pendant une période de 30 ans au moins pour permettre une baisse des niveaux de pauvreté et d'autres résultats.
Mais aujourd'hui, la plupart des pays africains y compris la Zambie, ont beaucoup d'atouts à leur disposition pour satisfaire les besoins des jeunes dont vous avez parlé. Mais cela dépend beaucoup d'où on se trouve. Pour nous en Zambie, comme mon voisin vient de le dire, nous sommes bénis par la richesse en ressources naturelles dont le monde a besoin pour se rapprocher de l'économie verte que nous appelons de nos vœux. C'est de cela qu'il faut tirer profit en Zambie. Comment maximiser la production de cuivre, de cobalt, de nickel, de manganèse. Parce que toutes ces matières premières sont des matières premières dont le monde entier à besoin. Nous pouvons maximiser cette production et cela nous permettra de répondre aux aspirations de la jeunesse. Alors certains et certaines diront : mais vous produisez du cuivre, du cobalt depuis des dizaines d'années. En quoi est-ce que cela va changer maintenant ? Eh bien, cela va quand même changer à deux niveaux. Premièrement, la prise de conscience que les politiques passées, on se disait que la production de matières premières n'était pas favorable au développement économique. C'est faux. On se rend compte si on regarde le Chili et si on compare avec la Zambie, je pense que c'est pareil avec mon voisin, dans les années 1970, nous avions à peu près la même production de cuivre que le Chili. Ensuite on est passé par une période où notre production se réduisait. On était à un tiers de la production par rapport à la production passée. Les Chiliens ont donc augmenté leur production et nous ont évincés du marché. Alors il est important pour l'activité économique d'optimiser la production de tous les produits que vous avez sous la main, qu'il s'agisse d'agriculture, de minerais. On l'a vu dans d'autres continents. Le Viet Nam par exemple, qui a dépassé l'Afrique dans la production de café. On a vu l'huile de palme qui a été produite au Nigeria par le passé se faire dépasser par l'Indonésie, la Malaisie. Ce sont des erreurs.
Produire des matières premières, c'est bien pour l'activité économique. Une fois qu'on a dit ça, il faut se poser la question : comment s'explique notre recul en termes de production de cuivre ? Donc nous avons lancé des activités de recherche sur la politique fiscale parce que notre politique fiscale était trop exigeante et les investisseurs voulaient nous contourner. Le contexte réglementaire. Assurer la distribution des autorisations d'exploitation en temps et en heure, éradiquer la corruption dans l'attribution des autorisations d'exploitation minière. L'idée, c'est de créer un environnement qui permet de rendre le secteur minier plus attractif en Zambie. Il faut aussi augmenter la production de ces ressources naturelles : le cuivre, le manganèse et d'autres. Nous savons que cela apporte aussi plus de valeur à ces produits. Donc nous y travaillons avec nos frères du Congo pour conserver cette niche dans la production de batterie parce que les batteries vont jouer un rôle de plus en plus important à l'avenir avec l'émergence croissante des véhicules électriques.
Donc voilà vers quoi s'oriente la Zambie. Je voulais ajouter aussi que la guerre en Ukraine et le changement climatique ont réduit la production alimentaire. Cela peut être perçu comme une chance pour beaucoup d'entre nous dans cette salle, parce qu'il y a peu de continents sur cette terre où il y a encore assez d'espace pour augmenter la culture de céréales par exemple. La Zambie est un pays très peu densément peuplé. Nous avons beaucoup d'espace à notre disposition et nous attirons beaucoup d'investissements dans l'agriculture parce que le marché existe, la demande est là. Et nous augmentons donc nos investissements dans l'agriculture. Nous attirons les meilleurs agriculteurs et agricultrices dans notre pays pour exploiter nos terres. Si votre coopérative tourne bien, si vous êtes doués, venez en Zambie produire de la nourriture.
Il faut sortir de l'idée selon laquelle l'Afrique est synonyme de tragédie et d'échec. Il faut tirer profit de notre richesse en ressources naturelles, améliorer nos systèmes, éradiquer la corruption, améliorer l'efficience. Notre objectif ne devrait pas être une croissance à 3 ou 4 %. Notre objectif devrait être que chacun et chacune d'entre nous en Afrique soit prêt à aider son pays à se transformer, comme le Viet Nam s'est transformé, comme la Thaïlande s'est transformée. Comme Maurice est en train de le faire. Nous ne devrions pas nous contenter de 3 ou 4 % de croissance. Nous devrions chercher une inspiration ailleurs et tenter de lutter réellement contre la pauvreté. Il y a des pays qui étaient plus pauvres que nous par le passé, qui n'avaient pas les mêmes richesses en ressources naturelles, alors que nous nous sommes assis sur un trésor. Nous devons l'exploiter pour que nous puissions à notre tour dépasser les pays asiatiques. Et c'est ce que la Zambie tente de faire. Et en conclusion, les ressources humaines. C'est une question essentielle. Encore une fois, je me tourne vers l'Asie. L’Asie n'a pas de cuivre, n'a pas de nickel, n'a pas de minerais. Qu’ont fait les pays asiatiques, ils ont investi massivement dans leur capital humain, dans les personnes. Parce que les Asiatiques ont compris que quand vous avez des personnes compétentes bien formées, ils savent acheter les minerais en Zambie, au Congo. Ensuite, ils savent fabriquer les batteries et les revendre. Donc investir dans l'humain, c'est aussi un vrai défi pour nous.
Pour appuyer mon propos, je dirais que depuis l'année dernière, nous assurons une éducation gratuite à tous les enfants de Zambie du primaire au secondaire. Et dans tous les territoires locaux, nous dépensons environ 1,6 millions de dollars par an, car ce sont les autorités locales qui connaissent le mieux les familles, qui savent qui est en mesure de payer les frais de scolarité et quelles familles n'en ont pas les moyens. Donc, ce n'est pas au pouvoir central de décider à qui les bourses vont profiter, c’est aux collectivités territoriales et les résultats sont remarquables. Les enfants qui étaient déscolarisés sont revenus dans les écoles. Maintenant, on se retrouve avec des salles de classes surchargées. Et les budgets d'éducation qu'on transmet pour les bourses, Lorsque les collectivités territoriales ne dépensent pas l'intégralité de ces sommes, nous les encourageons à bâtir des écoles, à ouvrir des nouvelles salles de classe. Cela permet aussi d'aider l'économie rurale à se développer.
[Esther Awoniyi]
C’était très intéressant. Merci d'avoir présenté l'expérience de la Zambie.
Alors, madame Ogunbiyi, vous suivez à l'échelon mondial l'accès pour tous à l'énergie durable. Quel sera l'impact en matière d'accès à l'énergie pour l'Afrique d'un ralentissement de la croissance et des investissements ?
[Damilola Ogunbiyi]
Il est un petit peu difficile de répondre après un panel si éminent.
Je replace tout cela dans le contexte. Aujourd'hui, nous avons 752 millions de personnes qui n'ont pas du tout d'énergie, dont 590 millions résident en Afrique. Ce qui n'est pas mentionné, c'est que 900 millions de personnes en Afrique n'ont pas accès à des sources de cuisson propres. Cela a un impact important sur les femmes. C'est cela le plus grand problème en termes de changement climatique, puisque nous coupons les arbres pour quelque chose d'aussi basique que des cuissons propres. Et puis, combien de femmes meurent de ces inhalations nocives chaque année ? C'est la raison pour laquelle, à l'ONU, nous jouons un rôle important pour comprendre que l'accès à l'énergie, ce n'est pas quelque chose qu'il serait bon d'avoir, c'est quelque chose d'essentiel pour une vie digne. Donc les Africains qui ont accès à l'énergie ont 404 kilowattheures par an alors que les Américains ont 13 000 kilowattheures. Donc, si vous comparez cela à la performance et à la croissance, lorsque vous êtes en Afrique, vous êtes 20 % plus désavantagé qu'un Américain.
Donc, lorsque nous participons à ces réunions et que nous faisons toutes les merveilleuses choses dont on a parlé ici, il faut savoir qu'on le fait alors qu'on a un désavantage de 20 % par rapport aux pays avancés, parce qu'on n'a pas accès à l'énergie. Alors, ce que nous faisons, c'est de dire tout le monde parle de changement climatique et de transition bas carbone. C'est très important. Mais qu'est-ce que cela signifie pour un continent à bas carbone ? Qu'est-ce que cela signifie en réalité ? Cela signifie que l'accès à l'énergie et le développement de l'industrie se situent au cœur de la transition énergétique. Cela ne peut pas être dans l'autre sens et il y a un coût à cela. Cela dépasse l'idée de je veux avoir accès pour mon électricité, quid de transport des secteurs, quid de la cuisson, de la formation des jeunes. Nous demandons à ces pays de verdir toute leur économie, mais nous ne leur donnons pas plus d'argent pour le faire. Et il est important que la première phase, c'est de bien comprendre toutes ces données. Nous l'avons fait pour mon pays, le Nigeria, parce qu'il s'agit d'une nation fortement productrice de pétrole et de gaz. Alors, qu'est-ce qu'on va faire de ce pétrole et de ce gaz ? Quid des emplois dans ce contexte ? Et nous avons constaté qu'il était impossible pour le Nigeria d'avoir une transition énergétique et de sortir tout le monde de la pauvreté avant 2060. Et cela, c'est à condition qu'on ait des transitions politiques parfaites, toutes les politiques en place. C'est le meilleur chiffre qu'on pourra atteindre. Autre chose, quel est le prix de 1,9 mille milliards de dollars et au moins 410 milliards ? C'est ce sont des dépenses au-delà d'une activité normale. Je donne ces statistiques parce qu'on pense que ces pays ne veulent pas aller vers la transition, ne veulent pas verdir. Mais cela n'est pas vrai. Il est important de comprendre ce qui se passe dans ces pays et que les priorités du pays doivent venir en premier dans tous les projets que nous mettons en place, y compris moi, parce que moi je suis dans ce contexte mondial.
Et il est vrai que l’Association internationale de développement a fait un excellent travail. Avant, j'étais dans le gouvernement formel, donc je participais au programme d'accès à l'énergie le plus important dans ce contexte. Nous en avons quelques-uns qui sont efficaces sur le continent. Il faudrait 100 programmes pour que cela fonctionne.
Cela m'amène au premier défi que nous rencontrons, c'est qu'à l'échelon mondial, la transition où l'accès à l'énergie n'est pas considéré comme une crise. Il faut absolument comprendre que c'est une crise, sinon on n'arrivera jamais à résoudre ce problème. Alors, pour être un peu plus positive, nous avons constaté que travailler avec les gouvernements, leur donner les bonnes données, a permis de déclencher des politiques et des réformes adaptées.
Nous avons également compris que recruter les jeunes pour travailler avec les gouvernements a également facilité la croissance de l'emploi. On parle des jeunes et de l'emploi des jeunes, mais on ne parle pas du recrutement des jeunes dans le gouvernement. Moi, j'ai été recrutée à l'âge de 28 ans, sinon je n'aurais pas été ici. Donc, il est important que les jeunes travaillent au sein du gouvernement pour contribuer à résoudre ces problèmes parce que ce sont eux qui vont proposer les bonnes solutions.
Enfin, j'aimerais brièvement parler du rôle des autres modes de financement, notamment les marchés africains, l'initiative du marché des cargos africains. Comment est-ce que finalement l'Afrique peut bénéficier. Nous savons que c'est un marché à haute intégrité. Si vous aidez une femme à avoir une cuisson propre, vous n'améliorerez pas que l'environnement, mais vous l'aidez à vivre une vie saine. Nous avons déjà 250 millions d'engagements pour des marchés avancés et tous ceux qui veulent nous rejoindre joueront un rôle important. Enfin, dernier point, nous avons besoin de comprendre qu'il y a beaucoup de pays comme le Congo et le Gabon qui préservent et conservent leur forêt. Quel est le prix finalement de ces puits de carbone. En fait, si vous coupez tous les arbres et ensuite vous les replantez pour faire de l'argent, ce n'est pas une bonne chose. Comment exploiter finalement toutes ces initiatives et regarder l'Afrique comme ce qu'elle est, c'est à dire une opportunité et pas uniquement un projet d'aide internationale.
[Esther Awoniyi]
Très bien. J'aimerais aborder toutes les questions justement liées à l'exploitation des ressources nationales de l'Afrique pour l’avenir.
Victoria, qu'est-ce qui est nécessaire pour que les pays bénéficient vraiment de la demande mondiale de minéraux verts.
Essayons de limiter nos réponses à deux minutes, s'il vous plaît.
[Victoria Kwakwa]
Je pense que nous avons déjà d'une certaine manière abordé cette question, notamment vu ce qu'a dit le ministre de la Zambie. Il a parlé assez longuement de l'expérience de la Zambie. J'aimerais compléter un peu son propos.
Nous avons déjà des expériences et des enseignements à tirer de ce qui se passe sur le continent. Des bons exemples et des mauvais exemples. Nous avons vu de ce qui a bien marché. Le Botswana par exemple est un excellent exemple. Et des exemples qui n'ont pas fonctionné. Donc on sait ce qu'il ne faut pas faire et on sait ce qui peut aider également. Donc, il faut tirer ces enseignements. Je pense que ce qui est particulièrement important cette fois, alors que nous essayons d'utiliser les minerais pour promouvoir la croissance et le développement, il faut se dire qu'en fait il ne faut pas simplement exploiter et envoyer, mais ajouter de la valeur ajoutée pour la transformation économique, pour créer des emplois en plus de l'obtention des recettes. Donc l'important c’est de changer d'état d'esprit. Le ministre en a déjà parlé d'ailleurs. Nous essayons d'exploiter ces minerais et il faut le faire de manière à ce que les bénéfices finalement soient injectés sur le continent, qu’ils ajoutent de la valeur et transforment les emplois.
Un autre point, tout ce qui concerne le contexte réglementaire et politique. Renforcer la transparence pour que les acteurs puissent agir d'une façon qui est efficace et concurrentielle et attirer les investissements privés, que ce soient nationaux et externes, pour exploiter correctement ces ressources.
Troisième élément, mettre en place des démarches régionales comme l'ont fait le Congo et la Zambie. Il est très important, lorsqu'on veut ajouter de la valeur, de réfléchir à la chaîne de valeur, au développement de la chaîne de valeur sur le continent. Et normalement, on ne peut pas le faire dans un pays uniquement. Donc il faut réfléchir en amont, la production des intrants, que ce soient les machines pour le secteur et l'exploitation minière elle-même, et ensuite tous les processus, le traitement des produits des minerais. Tout cela fonctionnera mieux dans un petit pays, dans un contexte économique limité si vous avez une approche régionale, des politiques qui encouragent l'action régionale, le commerce régional. On a la zone de libre-échange continentale africaine. Et également les compétences, c'est-à-dire créer les compétences nécessaires, pas uniquement pour l'exploitation minière, mais pour ensuite faire les liens et produire les bonnes machines, pourquoi pas produire les batteries de lithium en Afrique. Donc ce sont des éléments critiques dont il faut tenir compte pour pouvoir exploiter correctement les ressources.
Un dernier point, il faut gérer les recettes de ces ressources pour éviter de créer des distorsions macroéconomiques et entraîner un manque de concurrence dans d'autres secteurs économiques. Et cela peut se faire très facilement. C'est à dire qu'on se concentre tellement sur un minerai particulier que finalement, on a tendance à oublier la gestion macroéconomique et on finit par créer des problèmes et des manques de compétitivité d'autres secteurs. Donc il faut finalement des mécanismes permettant de stabiliser les recettes et l'utilisation des recettes découlant des minerais.
[Esther Awoniyi]
Merci. Monsieur Diagana, à vous maintenant. À l'évidence, les bonnes politiques contribueront à faire en sorte que les pays africains exploitent correctement ces ressources et bénéficient économiquement. Lors des réunions cette année, nous avons aussi beaucoup entendu parler de la nécessité de tirer les enseignements des cycles d'expansion-récession passées en Afrique. Nous l'avons vu au Nigeria. C'est quelque chose qui peut être une opportunité ou au contraire une malédiction. Donc, sur la base de ces enseignements, comment est-ce que vous allez éviter ce cycle d'expansion-récession pour que cela ne soit qu'une opportunité et pas l'inverse ?
[Ousmane Diagana]
Une fois de plus féliciter les ministres pour les initiatives qu'ils ont entreprises et qui ont permis à leurs pays de résister à ces crises, mais pour certaines avoir ces trajectoires de croissance, même quand le monde était en récession. C'est là où les réformes sont extrêmement importantes.
Maintenant, quant à la question, d'abord, il faut savoir capitaliser sur les expériences qui ont réussi. Il y en a en Afrique. On a beaucoup parlé du secteur de l'énergie avec des défis extrêmement importants et qui font que l'Afrique est vraiment à la traîne en termes de pourcentages des populations qui ont accès à l'électricité. Il y a quelques années, le même débat s'est posé fondamentalement au niveau du secteur de l'eau. Les pays africains, à ce moment, ont engagé des reformes extrêmement importantes au niveau du secteur de l'eau, y compris dans la gestion des compagnies qui sont responsables de la production et de la distribution de l'eau. Et aujourd'hui, il y a énormément de progrès. Je pense que les bonnes expériences ne sont pas nécessairement ailleurs. Parfois, elles existent dans le continent. Et on peut également se référer à ce qui se passe aujourd'hui dans le champ du digital. C'est vrai qu'on est parti d'une base très faible et donc même s'il y a eu des progrès. Évidemment, on peut toujours avoir l'impression de regarder le verre à moitié vide plutôt qu'à moitié plein, et ne pas suffisamment mettre en exergue les progrès importants qui ont été accomplis dans ce domaine. Tout ceci, c'est pour dire qu’à travers ce qui s'est fait dans certains secteurs en Afrique, au niveau du secteur de l'électricité, c'est également une très bonne gestion, une très bonne gouvernance. Et la possibilité pour les pays africains d'avoir aussi à utiliser ce qu'ils ont comme potentialités, que ce soit dans le domaine de l'hydraulique, de l'éolien, du solaire, etc, tout ceci couplé bien sûr avec un climat des affaires qui soit serein pour pouvoir attirer le secteur privé. Je pense que les perspectives de voir augmenter suffisamment l'accès à l'électricité et par conséquent créer les conditions pour que les objectifs de développement durable puissent être réalisés en Afrique sont bonnes.
Je veux être véritablement optimiste. Tout ceci devrait bien sûr se faire aussi dans le cadre d'une discipline, sur le plan de la gestion des finances publiques, qui soit avérée. Quand les demandes sont nombreuses, y compris des demandes sociales, dans des contextes où la population croît de manière très forte, les arbitrages et les ciblages sont fondamentaux. Il faut arbitrer entre ce qui est essentiel, urgent et ce qui est secondaire. Et il faut se focaliser sur les bonnes politiques et cibler là où il y a des gaps et essayer par conséquent d'investir à ce niveau pour qu'on puisse réaliser les progrès attendus.
[Esther Awoniyi]
Je vous remercie. Monsieur Coulibaly, la Côte d'Ivoire fait partie du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain. Quels sont les avantages pour vous, notamment en termes de chaîne de valeur, d'énergie, d'extraction et d'autres secteurs ?
[Adama Coulibaly]
La Côte d'Ivoire connaissait une croissance rapide. Cette croissance rapide ne peut pas se faire sans énergie. On a besoin d'énergie en abondance et moins cher. Effectivement, vous donnez l'exemple du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain qui existe, qui est un projet d'interconnexion des réseaux électriques. Et ce projet marche très bien. Il a été mis en place à bon escient parce que, en réalité, la production d'énergie par pays coûte cher et cela met le pays en face de producteurs indépendants d'énergie. Souvent, les pays pris individuellement n'ont pas la capacité de discuter avec le producteurs indépendants d'énergie pour infléchir leur position en termes de baisse des coûts d'accès à l'énergie. Donc pour nous, c'est extrêmement important qu'on ait ce projet régional qui est un instrument puissant également d'intégration régionale.
On est heurté actuellement dans le développement. La chaîne de valeur a deux contraintes. La première contrainte, c'est simplement qu'il y a un manque d'harmonisation des stratégies entre les différents pays. Ce manque d'harmonisation des stratégies est une contraintes majeure. Cela amène les pays à travailler en solo. Cela pose des problèmes, cela affaiblit l'opposition. La deuxième contrainte, c'est les capacités logistiques. Parce que quand on brûle l'électricité, il ne s'agit pas seulement de produire, il faut produire, stocker, transporter et distribuer. Cette chaîne n'est pas toujours très fluide. Donc si les pays doivent le faire individuellement, cela pose problème. Je rêve à une stratégie qui permette que les pays puissent être spécialisés dans certains éléments de la chaîne de valeur au lieu que chacun puisse être amené à vouloir construire des capacités autonomes. Donc je pense que c'est cela la solution, parce qu'on n'a pas les capacités pris individuellement. L'énergie coûte excessivement cher et la plupart des pays sont engagés dans des projets de transformation structurelle de leurs économies à travers l'industrialisation. Comment peut-on parler d'industrialisation si on n'a pas accès à une énergie moins chère et abondante ? Je crois qu'il faut que nous travaillions. Et la question du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain peut servir d'exemple justement sur le continent africain. C'est ce que nous souhaitons.
[Esther Awoniyi]
Merci, monsieur Coulibaly.
Je viens à vous maintenant, monsieur Kazadi. De nombreux projets de ressources naturelles se trouvent dans les communautés plus rurales et cela constitue des opportunités d'emploi à cet égard. Mais j'aimerais également que vous puissiez vous exprimer sur ce point et sur les manières d'attirer le capital privé dans ce contexte.
[Nicolas Kazadi]
La République démocratique du Congo est vue essentiellement comme un pays qui détient des forêts et tout le monde rêve de maintenir ces forêts dans l'état où elles sont. Mais il y a la population, il y a l'ambition de développement et il faut composer avec tout cela et trouver la bonne façon de gérer la situation. À l'heure actuelle, pour parler de l'énergie, résoudre fondamentalement le problème de l'énergie, et bien nous allons rater nos objectifs pour ce qui est de la préservation de la forêt. C'est un pays qui est proche de 100 millions d'habitants, avec une démographie qui est solide et donc on doit prendre garde de ne pas affecter la forêt tout simplement parce qu'on n'a pas apporté la réponse qu'il faut dans l'accès à l'énergie. Et pour un pays comme la République démocratique du Congo, nous serons jugés par l'histoire aussi bien nous pays que vous partenaires parce que c'est un des pays qui a le plus haut potentiel en termes de génération d'énergie et qui a un des taux les plus faibles dans le continent. Donc nous devons relever ce défi ensemble.
Pourquoi nous devons avoir une nouvelle conscience par rapport à cela ? C'est parce que d'habitude on se cache derrière les difficultés de gouvernance, les déficits de capacités pour dire : ils ne sont pas prêts, on ne le fera pas. Mais cette fois, on ne peut plus aborder la question de cette manière. Parce que si on ne le fait pas, tout le monde est perdant. Pas seulement la République démocratique du Congo, mais l'Afrique et le monde, à cause des forêts notamment. Donc nous devons aller au-delà de ces contraintes de capacité. Nous devons faire en sorte que l'investissement public soit plus agressif et que cet investissement public serve aussi à préparer l'investissement privé qui reste indispensable.
À propos de l'investissement privé, nous faisons notre part en améliorant le cadre des affaires. Nous avons nous aussi amélioré notre notation par deux agences en moins de douze mois, l'année passée où nous sommes passés de C à B, donc faisant de nous maintenant une destination d'investissement.
Mais donc l'énergie, ce n'est pas simplement pour ces raisons sociales et environnementales, mais aussi pour des raisons économiques. Si nous voulons vraiment réduire la pauvreté, nous avons la transformation structurelle à mettre en place. Et il faut plus de valeur ajoutée locale. Nous sommes à l'heure actuelle engagés dans des projets de transformation locale de nos minerais, notamment avec la Zambie, dans la chaîne de valeur des batteries, pas seulement des batteries de véhicules. Il y a de tout dedans, il y a du cuivre, il y a des câbles, il y a beaucoup de choses et nous sommes en mouvement. Nous sommes en train de progresser. Cela demande beaucoup d'énergie que nous pouvons produire, que nous devons produire. Pourquoi c'est important de le faire ? Non seulement c'est notre contribution aux défis climatiques mondiaux, mais nous le faisons parce que nous avons l'avantage de le faire. Le faire en République démocratique du Congo, c'est trois fois plus compétitif que de le faire aux États-Unis, en Chine ou en Pologne ou n'importe où ailleurs. Donc nous avons de bonnes raisons de le faire. Enfin, le faire en République démocratique du Congo est essentiel. Parce que jusqu'à présent, même lorsque l'incidence de pauvreté en termes de moyenne progresse, c'est à dire on arrive à faire reculer l'incidence moyenne de pauvreté, le nombre de pauvres continue d'augmenter. Et le seul moyen de changer cette réalité, c'est véritablement d'aller dans cette industrialisation, dans cette transformation. Nous pouvons le démarrer aujourd'hui. Et donc pour nous, c'est vital. Si nous voulons relever le défi de la pauvreté tout en accélérant notre contribution aux défis climatiques mondiaux nous devons le faire et nous sommes en train de le faire. Si on avait le temps, on irait dans des exemples précis comme nous faisons.
Nous avons une zone économique spéciale qui est en train d'être mise en place au Katanga, pas loin de la frontière zambienne où nous allons travailler avec eux sur les chaînes. Une autre zone économique spéciale en création dans le Kivu sur l'or et le coltan. Nous sommes le premier producteur, la première réserve de coltan au monde. Aujourd'hui, nous n'apparaissons pas dans les statistiques parce que tout allait de l'autre côté de la frontière dans des conditions opaques. Nous sommes en train de récupérer le contrôle de cette situation et nous allons transformer le coltan. Localement, nous allons apporter une traçabilité dans cette chaîne, ce dont tout le monde a besoin. Et cela va changer la donne économiquement et également sur le plan de la gouvernance.
[Esther Awoniyi]
Merci beaucoup. Vous nous avez parlé, monsieur Musokotwane du cobalt, du manganèse, concernant l'exploitation de vos ressources naturelles. Quelles sont les pistes que vous creusez pour la transformation profonde de l'économie en Zambie qui pourrait s'appuyer sur l'exploitation de ces richesses naturelles ?
[Situmbeko Musokotwane]
Merci pour cette question.
L'amplification de la production de ces matières premières permet de créer des emplois. La création de valeur aussi est porteuse d'emplois. Et cela débloque aussi le potentiel dans d'autres secteurs économiques, dans le secteur de l'énergie, par exemple. Parce que si vous voulez exploiter plus de mines, il faut produire plus d'électricité. On peut donc augmenter nos capacités en hydroélectricité, en énergie solaire. Nous nous tournons vers nos voisins du Congo, nous avons des projets sur le barrage Ghana. Je ne sais pas trop pour quand, mais ce sont des possibilités qui permettent d'accroître l'intégration de nos économies.
Et dans le domaine de l'exploitation minière il y a beaucoup de potentiel. Mes collègues produisent déjà 2 millions de tonnes de cuivre. Nous augmentons nos capacités. Mais cela soulève beaucoup de questions sur la manière d'évacuer ces minerais d'Afrique centrale vers les ports de Dar-es-Salam ou d'autres ports. Tout ceci est fortement générateur d'emplois dans tous les secteurs de la chaîne d'approvisionnement et de valeur. Alors on a les chemins de fer coloniaux. Je me félicite que nos collègues de l'Angola sont en train de réparer leur chemin de fer. Le cuivre, je pense, passera par là. Nous ferons de même. Cela crée aussi des possibilités pour nos amis d'Angola d'ouvrir plus de raffineries de pétrole. À l'heure actuelle, les raffineries que nous avions étaient trop petites. Avec l'argent généré par la production de minerais, il deviendra rentable d'accroître la taille des raffineries. Et nous serions ravis d'acheter notre carburant, pas aux pays du Golfe, mais à nos voisins. Cela permettra de créer des emplois aussi entre nous. Donc nos économies vont se renforcer les unes les autres et nous allons mieux nous en sortir tous et toutes ensemble.
[Esther Awoniyi]
Merci. Monsieur Kazadi, vous avez cinq secondes pour répondre à la question sur le barrage Inga.
[Nicolas Kazadi]
Il y a Inga 1 et 2 dont les capacités sont à peu près à la moitié de leurs capacités potentielles. Donc il faut déjà réhabiliter Inga 1 et 2 dans l'état actuel. Ensuite il y a le grand rêve de Grand Inga. Alors dans l'immédiat, parce qu'il faut résoudre les problèmes, ce serait bien qu'on mette un focus pour réhabiliter toutes les turbines et doubler les capacités aujourd'hui. C'est faisable en un an, deux ans. Et ensuite il faut continuer de travailler sur le grand projet d'Inga qui a besoin de beaucoup de choses. D'abord, un contexte politique favorable, nous l'avons créé. Aujourd'hui, on peut miser sur l'avenir dans cinq ans, dans dix ans du pays, puisque les processus politiques se sont normalisés. Ensuite, il faut un consensus au niveau de la grande finance et nous espérons que la Banque mondiale, qui a montré un nouvel appétit pour Inga, va jouer son rôle. Et puis il faut des opérateurs privés. Il y en a quelques-uns qui se sont manifestés. Il faut qu'on accélère et qu'on voie comment on peut transformer cela en réalité. Grand Inga ne va pas donner des résultats dans cinq ans, huit ans dans la meilleure hypothèse, peut-être un peu plus. Mais on ne va pas attendre huit ans pour donner du courant à tous les Congolais et à tous les Africains. Il faut qu'on commence aujourd'hui avec des micro barrages, avec du solaire, avec toutes les options que nous avons parce que c'est une affaire d'urgence.
Nous devons gérer la question énergétique comme une crise qui s'impose à nous. Chaque jour compte, chaque mois compte, chaque année compte. Nous devons commencer à travailler maintenant sur des solutions rapides et à l'échelle locale. Et c'est tout à fait possible. Pour prendre le cas de la République démocratique du Congo, nous avons la moitié des eaux douces du continent. Nous avons identifié plus de 700 sites où nous pouvons faire de la micro hydroélectricité, donc proche des consommateurs.
On peut le mettre cela en valeur rapidement et nous devons commencer par là. Cela nous permettra d'étendre le réseau, d'atteindre les villages et les communautés tout en faisant le Grand Inga qui va servir l'Afrique et les grands besoins. Parce que quand on prend toute la production d'Inga, ce n'est rien par rapport au rêve que nous avons d'industrialiser l'Afrique.
[Esther Awoniyi]
Merci beaucoup. Alors je vous laisse quinze secondes, pas plus. Quelles sont les trajectoires que vous voyez, madame Ogunbiyi, pour l'énergie durable en Afrique ?
[Damilola Ogunbiyi]
Les pays se sont déjà engagés sur ces trajectoires très prometteuses, mais rien ne pourra être fait sans le financement. C'est pourquoi nous devons nous assurer que le financement nous accompagne à toutes les étapes du processus, pas seulement pour la production, mais aussi pour le raccordement, l'électrification, la distribution. Donc il faut le contexte politique, mais il faut surtout de l'argent.
[Ousmane Diagana]
Vous avez été nombreuses et nombreux vous adresser à la Banque Mondiale. Je veux tout de même intervenir.
[Esther Awoniyi]
Alors Ousmane, il nous reste trois minutes.
[Ousmane Diagana]
Pour les quatre dernières années, on a multiplié par quatre ces engagements dans le secteur. Et je parle de la Banque mondiale, pas du Groupe de la Banque mondiale. En Afrique, on a investi plus de 14 milliards de dollars avec comme objectif de contribuer à multiplier par deux le taux d'accès dans la région d'ici 2026. Il faut aussi prendre ces ressources au-delà des investissements, ils peuvent jouer le rôle de catalyseur pour mobiliser beaucoup plus de ressources. Mais cela suppose deux choses : une fois de plus, on doit s’engager à faire les réformes qu'il faut et au moment où il le faut. C’est crucial. Et il faudrait que les capacités d'absorption soient renforcées pour que le programme s’exécute à temps. Il y a beaucoup de retard dans l'exécution de programmes. On a mentionné un certain nombre de projets ce matin dans les discussions qui ont été approuvés peut-être il y a près de dix ans, mais dont le taux d’exécution est très faible. Donc le sens d'urgence pour ces secteurs est fondamental au-delà de l'argent pour qu'on puisse avoir des impacts réels sur le terrain.
[Damilola Ogunbiyi]
C'était très encourageant. Je veux porter un discours encourageant. On travaille très étroitement avec la Banque mondiale. 14 milliards, c'est très bien, mais 14 milliards suffirait pour un seul pays. Il n'y a toujours pas assez d'argent. Les réformes, c'est important. Il y a beaucoup de politiques qui sont mises en place, mais après, il n'y a pas assez d'argent pour le suivi. Il faut qu'on soit honnête et franc. Tous les pays ne se sont pas lancés dans des trajets de réformes. Mais à notre niveau, au niveau des Nations Unies, on ne peut pas se défausser sur la lenteur d'action des États parce qu'il y a des individus, des personnes qui meurent chaque jour et il est temps de les sauver.
[Esther Awoniyi]
Victoria, pour terminer, quelques mots de conclusion.
[Victoria Kwakwa]
Notre discussion a été excellente. On a commencé par un contexte difficile. On a parlé des difficultés que traverse le continent. Mais ce que cette conversation nous a montré, c'est qu'il y a aussi un fort potentiel, des promesses, des perspectives de transformation profonde. Nous avons la possibilité de refondre complètement l'agriculture, de procéder à une nouvelle révolution agricole. Il y a aussi le potentiel d'une révolution minérale et une révolution des échanges avec la zone de libre-échange continentale africaine. Si on réunit tous ces éléments et qu'on arrive à bien les mettre ensemble, on a toutes les chances de notre côté pour nourrir nos populations, créer suffisamment d'emplois, transformer nos économies et bâtir une bonne résilience climatique, assurer l'accès à l'énergie, ce qui est essentiel, et produire de la richesse pour nos populations. Donc nous sommes dans une position où nous pouvons complètement changer le discours, le récit de notre continent pour parler d'une Afrique en pleine puissance. Nous comptons sur vous. Vous pouvez compter sur nous, vos partenaires, pour aller de l'avant sur cette voie. Pour moi, c'est important de conclure sur une note positive.
[Esther Awoniyi]
Merci. C'est très important ce rappel. Il faut des solutions africaines aux problèmes africains. Merci beaucoup. Merci d'applaudir nos intervenantes et intervenants du panel. Applaudissez-vous aussi, chers membres du public.
Si vous voulez poursuivre la conversation, n'hésitez pas à utiliser #AfricaSOR.
Merci à vous toutes et tous. Nous nous arrêtons là. Merci de votre présence.
[Applaudissements]
00:00 Bienvenue
Conversation avec Andrew Dabalen, économiste en chef, Afrique, Banque mondiale
02:01 Africa Pulse : Perspectives macroéconomiques
04:08 Espace budgétaire pour réduire la pauvreté
05:11 Dette et prêts concessionnels
08:24 Créer des emplois et stimuler la croissance
11:12 La croissance de l'Afrique dans un contexte mondial difficile
14:03 L'espoir à l'horizon
Table ronde
19:06 Conversations avec les délégations des pays
32:44 Qu'est-ce qui marche pour la Côte d'Ivoire ?
40:38 Mesures économiques en République Démocratique du Congo
47:17 La stratégie de la Zambie pour exploiter le dividende démographique
58:08 Croissance économique et accès à l'énergie en Afrique
1:04:19 Demande mondiale de minéraux verts
1:08:31 Ressources naturelles : apprendre des cycles d'expansion et de récession passés
1:12:42 Chaînes de valeur régionales : visions de la Côte d'Ivoire
1:15:40 Projets de ressources naturelles, communautés locales et capitaux privés
1:20:29 L'impact de l'exploitation des ressources naturelles pour l'économie
1:26:20 Une voie crédible pour un accès énergétique plus durable en Afrique
1:29:28 Remarques de clôture
Ressources d'apprentissage
Posez vos questions à
Mon nom est Laure de Petiville et je suis aujourd’hui en compagnie de Fulbert Tchana Tchana, économiste senior à la Banque mondiale. C’est lui qui répondra à vos questions au cours de cet événement en direct.
Nous allons bientôt commencer !
Dans l'intervalle, nous vous invitons à continuer à nous envoyer vos questions et commentaires. Vous pouvez également suivre notre événement sur notre page Facebook Banque mondiale région Afrique et sur notre page Twitter @Bm_Afrique en utilisant #AfricaSOR.
Avant que l’évènement ne commence, vous pouvez aussi en apprendre plus avec notre dernière édition du rapport Africa’s Pulse, Tirer le meilleur parti des ressources naturelles pendant la transition énergétique : www.banquemondiale.org/...
N’hésitez pas à nous envoyer vos questions.
-Victoria Kwakwa, vice-présidente pour la région Afrique de l’Est et australe, Banque mondiale
-Ousmane Diagana, vice-président pour la région Afrique de l’Ouest et du Centre, Banque mondiale
-Situmbeko Musokotwane, ministre des Finances, Zambie
-Nicolas Kazadi, ministre des Finances, RDC
-Adama Coulibaly, ministre de l’Economie et des Finances, Côte d’Ivoire
-Damilola Ogunbiyi, représentant spécial du Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies pour l’accès universel à l’énergie durable
Au niveau des pays d’Afrique centrale, le GBM est fortement engagée avec la plupart des pays pour accroitre l’accès à l’énergie dans 10 prochaines années. Par exemple :
(1) La Banque mondiale a approuvé un don de 295 millions de dollars en 2022 pour un Projet d'Accroissement de l'Accès à l'Energie au Tchad (PAAET) qui vise à augmenter l'accès à l'électricité et aux solutions de cuisson propre grâce à l'électrification via l’extension du réseau principal et des mini-réseaux, les systèmes solaires autonomes, le déploiement de foyers améliorés et la gestion des ressources naturelles. Ce projet ambitionne, avec la participation du secteur privé, un accès à l’énergie passant d'environ 6 % aujourd'hui, à 30 % d’ici 2027 pour environ un million de ménages concernés.
(2) Le Groupe de la Banque mondiale a approuvé en 2018 un projet d’une enveloppe 794,5 millions de dollars pour le Projet hydroélectrique de Nachtigal dans le but d’aider le Cameroun à réaliser son objectif d’étendre l’accès à l’électricité à 88 % de sa population. Avec la mise en service attendue début 2024, du barrage de Nachtigal, ce sont 420 MW qui vont être reliés par tranches au réseau électrique camerounais.
Pour en savoir plus sur les perspectives économiques de la région, vous pouvez consulter la dernière édition de l’Africa’s Pulse. www.banquemondiale.org/...
Nous vous souhaitons une excellente journée !