[Musique]
[Mufasa]
[Langue étrangère]
Ma grand-mère n'était pas magicienne, mais on m'a dit que c'était miraculeux de voir comment elle éduquait et nourrissait ses enfants sans emploi. Elle n'a pas sorti un lapin d'un chapeau, mais elle faisait en sorte que ses enfants aient ce dont ils avaient besoin. Pour ma grand-mère, toute personne assez âgée pour dire "j'ai faim" était assez grande pour aller à la ferme. On a planté du maïs et des haricots, des légumes, des pommes de terre, même des mangues, des avocats. Le fruit de notre travail. L'agriculture était une passion ancrée dans notre existence. La structure de notre maison n'était pas un niveau de vie élevé, je vous le dis tout de suite. Pour le plaisir, on grimpait dans des arbres fruitiers et ça, ça nous donnait un niveau de vie. J'ai vu une ferme de trois hectares élever un banquier, un pharmacien, un entrepreneur. Je ne dis pas que l'agriculture était toujours suffisante, mais c'était crucial quand tout était difficile. J'ai appris que les gens ont toujours besoin de gens et les fermes ne se contentent pas de nourrir. Elles nourrissent les communautés, elles nourrissent les rêves, elles plantent les réalités. Je dis "agriculture" et il est facile de penser à la nourriture sur la table. Quand je vais présenter nos besoins, vous verrez que l'agriculture a fait beaucoup plus pour les gens. Elle a tenu les familles plus que la main, a donné un avenir à aujourd'hui. Des ingénieurs, des décideurs, des spécialistes du marketing, des chaînes d'emploi où vous êtes libre de penser. D'où je viens, et je veux dire le Kenya, mais je pourrais aussi vous dire l'Afrique. Je vais toujours dire l'agriculture, l'épine dorsale de notre économie, la colonne vertébrale de notre sécurité alimentaire qui nous a soutenus, mais qui nous a retenu une couronne sur la tête d'un agriculteur qu'on ne voit pas dans une ville de béton, mais qu'on ne sent pas quand les prix sont trop élevés, quand les agriculteurs traversent cette épreuve. N'est-ce pas une question de survie ? Ne sommes nous pas affectés par les facteurs qui affectent un agriculteur ? Et pourtant, c'est comme si nous laissions l'agriculteur entre les mains d'un passé de plus en plus ancien. Mais l'âge n'est pas ce que nous permettons lorsque nous laissons l'agriculture être un secteur vieillissant. Quand le monde pâtit, quand il faut plus de peau pour prendre soin de vos proches, la faim de ceux qui n'ont pas quelque chose à manger ne vous permettra pas de dormir en paix. Et il n'y a pas que les mères. Tout le monde paye quand les jeunes ne trouvent pas d'emploi bien rémunéré. Demain est un rêve et l'agriculture peut réduire la distance entre le présent et une vision. Mais seulement si nous faisons quelque chose pour un secteur qui est jugé moins attrayant, si seulement nous incitions les jeunes esprits à se lancer dans une entreprise qui a besoin d'aventure, d'innovation, de créativité. Je ferme les yeux et pour des missions de jeunes, au bout du mur, je vois l'agriculture comme un moyen, une chance, une opportunité de s'en sortir, de faire quelque chose de soi-même, de se diriger soi-même, de diriger pour notre bien à tous. Donc, qu'attendons-nous ?
[Tanvir Gill]
Bon, qu'attendons-nous ? Merci Mufasa. C'était quelque chose. Merci infiniment de nous avoir donné un aperçu de la vie des agriculteurs en Afrique. Tout d'abord, je dois dire que c'est un plaisir de voir salle comble pour cet événement sur l'initiative AgriConnect, ici, aux assemblées. Bonjour mesdames et messieurs, et bienvenue aux assemblées annuelles 2025 du Groupe de la Banque mondiale et du FMI. Je m'appelle Tanvir Gill, du groupe de la Banque mondiale, et je vais animer le débat. Bienvenue également à AgriConnect, l'événement phare de la saison, pour parler des exploitations agricoles, des entreprises et du financement des emplois et du secteur agricole. Nous voulons que cet événement soit inclusif afin que vous puissiez tous, que ce soit à ma gauche ou à ma droite, vous tous dans cette salle et vous tous qui nous suivez à travers le monde, nous voulons que vous puissiez partager vos réflexions sur ce sujet en tout moment en utilisant le mot dièse WBGMeetings. Nous avons des experts en plusieurs langues prêts à répondre à vos questions en ligne sur live.worldbank.org. Soumettez vos questions dans le chat ou à l'aide du code QR affiché devant vous. On va commencer par inviter sur la scène, mesdames et messieurs, on applaudit le président du Groupe de la Banque mondiale, monsieur Ajay Banga, qui va exposer sa vision pour l'initiative Agriconnect de la Banque.
[Ajay Banga]
Bonjour tout le monde. Merci Tanvir pour cette introduction et pour le poème que nous venons de voir. L'agriculteur a toujours été fondamental pour le développement, mais aujourd'hui, la question réelle, c'est comment faire en sorte que ce soit un moteur pour la création d'emplois pour la création de revenus et comment garantir la sécurité alimentaire à l'échelle ? Comment faire pousser davantage de denrées alimentaires, mais transformer cette croissance en une entreprise qui produit davantage de revenus pour les petits agriculteurs et qui crée davantage d'opportunités à travers des économies tout entières ? Je vais commencer par le pourquoi. Au cours des 10 à 15 années à venir, environ 1,2 milliard de jeunes dans les pays en développement auront l'âge de travailler, mais les tendances actuelles suggèrent que seuls 400 millions d'emplois seront créés. Et cette différence, ce sont des centaines de millions. sera soit un moteur pour l'économie mondiale, soit produira de la migration et du trouble. Voilà pourquoi nous pensons que le Groupe de la Banque mondiale doit faire de la création d'emplois sa mission centrale. La plupart des emplois, en fin de compte, proviennent du secteur privé, mais ils ne commencent pas tous dans le secteur privé. Les pays parcourent un continu. Au départ, le secteur public pousse la création d'emplois et au fil du temps, le capital privé et l'entrepreneuriat dans le pays et de l'étranger jouent un rôle de chef de file. Notre stratégie sur les emplois a trois piliers reflète cela. Il s'agit de créer de l'infrastructure et des compétences, créer des réglementations prévisibles et un climat propice aux entreprises avec la bonne gouvernance et les bons garde-fous, et appuyer les investisseurs avec des outils d'atténuation de risques pour attirer le capital. D'où proviennent ces emplois ? Il y a du potentiel dans cinq secteurs : l'infrastructure, les agro-entreprises, les soins de santé, le tourisme et la fabrication à valeur ajoutée. Lorsque je parle d'infrastructures, je veux dire physiques et humaines : ponts, routes, aéroports, soins de santé, éducation, etc. Aujourd'hui, on se focalise sur les agro-entreprises essentielles pour satisfaire la demande alimentaire et la création d'emplois, puisque la demande alimentaire va augmenter de plus de 50 % et les marchés émergents seront au cœur de cela. Le monde en développement a les ingrédients : il a de la terre, il a du soleil, il a de l'eau, il a des populations. L'Afrique a 60 % des terres arables non cultivées du monde et peut augmenter les rendements sur les terres qui sont déjà sous agriculture. L'Amérique latine produit déjà suffisamment de denrées alimentaires terre pour plus d'un milliard de personnes, mais l'infrastructure pose un défi. Et à travers l'Asie, les petites exploitations gèrent la plupart des terres et une base énorme que nous devons aider grâce à des meilleurs financements, des meilleures technologies et un meilleur accès aux marchés. Voilà le problème. À l'échelle mondiale, 500 millions de petits agriculteurs produisent 80 % des denrées alimentaires du monde, mais la plupart d'entre eux sont piégés dans l'agriculture de subsistance. Ils manquent d'électricité, de stockage, de formation, d'accès aux marchés. Moins de 1 sur 10 ont accès à du financement commercial et n'ont pas du tout accès aux assurances. Ces opportunités existent depuis des décennies, mais ce qui change maintenant, c'est notre capacité à nous organiser à l'échelle pour donner forme à l'avenir de la sécurité alimentaire, la nutrition, la croissance et l'emploi. Enfin, le Groupe de la Banque mondiale, l'année dernière, a exécuté une stratégie qui reconnaît cette réalité. Ce que nous cherchons à faire, c'est tout d'abord aider les petits agriculteurs à augmenter leur productivité, les relier à des chaînes de valeur structurées pour augmenter leurs revenus, et troisièmement, les protéger contre l'exploitation de sorte qu'ils ne soient pas forcés à vendre leurs terres dû au manque de crédit, dû au manque d'assurance ou au manque d'accès aux marchés. En même temps, nous avons établi un objectif de doubler nos engagements d'agro-entreprises à 900 milliards par an d'ici à 2030 pour mobiliser 5 milliards de plus d'autres sources du secteur privé. Voici ce que nous avons testé sur le terrain et ce qui s'appuie sur les enseignements tirés d'ailleurs. On vole, mais on partage également. Et voilà comment nous réussirons tous ensemble. Je vais parler de voler sans hésitation. Ce n'est pas ce que disent les banquiers d'habitude, mais ça explique ce que nous faisons. Il ne faut pas réinventer la roue à chaque coup. N'hésitez pas à copier, à voler ce qui a fonctionné. Aujourd'hui, nous cherchons à pousser cet effort vers une exécution à l'échelle. Les bases qu'il faut jeter sont claires. La politique et l'infrastructure doivent être mises en place sur les droits fonciers, l'accès aux semences, l'irrigation, les routes rurales, le stockage et la chaîne de froid, l'électrification. Le petit agriculteur qui manque d'intrants, qui manque de crédits, qui manque de conseils, qui manque d'acquéreurs fiables, des organisations souvent développées par les gouvernements, les entrepreneurs et les secteurs privés, peuvent les relier aux assureurs, aux acquéreurs, aux prêteurs et qui leur donnent de la vulgarisation du capital des engrais sur les champs. Et cela crée des voies prévisibles vers les marchés. Une fois que la productivité et l'échelle auront augmenté, il faut créer des infrastructures avec des PME et des plus grandes sociétés pour générer davantage de valeur, pour avoir des flux prévisibles pour les prêteurs et que les revenus augmentent. J'ai vu cela dans mon premier emploi lorsque j'étais un jeune travailleur chez Nestlé en Inde. J'ai vu ce travail avec ceux qui avaient des entreprises laitières dans le Pendjab, qui a transformé l'Inde. Il était l'un des pays qui avait le moins de lait, mais il est devenu l'un des plus grands producteurs de lait au monde. Ça fonctionne avec les petits agriculteurs, mais nous devons travailler ensemble. La résilience est assignée au début. Ce n'est pas ajouté après. Les semences tolérantes à la chaleur, les techniques de réjuvénation, les bonnes irrigations et mécanismes d'assurance et de financement sous-tendent tout cela pour qu'une mauvaise saison ne devienne pas une mauvaise année ou une mauvaise vie. Le numérique est la colle qui rallie tout le monde. Les petits outils d'IA et des téléphones de base qui peuvent faire un diagnostic des maladies de la culture sur la base d'une photo, qui peuvent informer le choix des engrais et pousser les actions bien avant un événement climatique et déplacer les paiements en toute sécurité. Ces données deviennent un historique qui réduit le coût du capital, réduit les coûts, attire davantage de prêteurs. Ça, c'est une boucle vertueuse que nous voulons développer. Ce n'est pas de la théorie. J'étais dans l'Uttar Pradesh, en Inde, il y a quelques semaines, et j'ai vu cela. La base, les coopératives, la résilience est plus important. La colle qui rassemble tout le monde, le système numérique. Et on obtient des résultats. La preuve de ce concept, c'est que cela fonctionne. Et maintenant, il faut passer à l'échelle. Et c'est possible. Voilà l'écosystème que nous voulons répliquer dans la mesure du possible. Voilà l'écosystème que nous voulons voler. Mais ça ne sera réussi que si les gouvernements, les entreprises et les partenaires au développement font chemin ensemble. Et voilà ce dont je voudrais vous parler ce matin. On va vous parler ce matin et je vous remercie de m'avoir écouté. Merci.
[Tanvir Gill]
Merci beaucoup, président Banga, de ces commentaires lumineux qui nous inspirent. Mesdames et messieurs, permettez-moi de vous parler un peu de moi. Avant de rejoindre la Banque mondiale, dans ma vie antérieure, j'ai couvert l'actualité mondiale économique et financière pendant plus de 20 ans et un chiffre m'a marqué. Un chiffre qui m'obsédait en tant que journaliste économique sur une base hebdomadaire ou mensuelle. C'était le chiffre de l'inflation alimentaire. Pourquoi ? Parce que l'inflation alimentaire a été un contributeur clé à la tendance globale de l'inflation au cours des années récentes. Le prix des denrées alimentaires des légumes a atteint son plus haut niveau en 2021, son plus haut niveau depuis 2005, et est resté élevé en raison de perturbations de l'approvisionnement dominant les conversations dans les foyers dans le monde entier, rendant ce sujet profondément personnel parce qu'il est également lié à la crise du coût de la vie auxquelles nous sommes confrontés. La production alimentaire mondiale doit augmenter. Elle doit augmenter d'environ 30 % d'ici à 2050 pour nourrir près de 10 milliards de personnes d'ici là. C'est un objectif de taille, mais il faut l'atteindre. Voilà pourquoi l'agro-industrie, cultiver des denrées alimentaires, créer des emplois, est un élément essentiel des objectifs de développement du Groupe de la Banque mondiale. C'est une priorité pour nous. L'agriculture représente environ 40 % des emplois dans les pays en développement. Nous ne pouvons pas lutter contre la pauvreté, comme le président Banga a souligné, sans soutenir nos agriculteurs. Et ça me mène à vous, vous tous qui nous suivez. Nous voulons savoir ce que vous pensez. Quel domaine de l'agriculture et de l'agro-industrie présente le plus grand potentiel pour faire croître l'économie et créer des emplois dans les économies émergentes ? Vos options sont à l'écran. Un : moderniser les techniques pour les petits agriculteurs pour augmenter la productivité. Deux : renforcer l'accès aux marchés locaux et à l'exploitation. Trois : faire progresser les outils numériques et l'IA dans les zones rurales. Et quatrièmement, renforcer l'accès au financement par les petits agriculteurs, ce qui était un problème sérieux. Partagez vos réflexions à live.worldbank.org ou en utilisant les codes QR dans la salle. Je voudrais inviter sur scène un agriculteur et un innovateur technologique qui vont partager la façon dont ils stimulent la production, stimulent leurs affaires et créent des emplois. Nous souhaitons la bienvenue à monsieur Ricardo Parra, PDG de Las Quinas en Argentine. Ricardo travaille directement avec les petits producteurs et les coopératives de femmes. Il promeut l'innovation et la transformation des aliments à valeur ajoutée. Se joint à lui madame Nidhi Pant, cofondatrice de S4S Technologies, sciences pour la société, qui forme des petites agricultrices à devenir des entrepreneurs en leur fournissant la technologie, le financement et l'accès au marché. Je vous demande de les applaudir. Ils font du travail innovant et ils assurent le changement qui va pousser ce secteur de l'avant. Ricardo, je commence par vous demander : parlez-nous de vous, parce que l'Argentine est le troisième plus grand exportateur de denrées élémentaires au monde. Des coopératives telles que la vôtre, comment pouvez-vous mobiliser davantage d'appui pour aider à protéger les intérêts des petits agriculteurs et les communautés des familles agricoles ?
[Ricardo Parra]
Merci. C'est un honneur et je suis reconnaissant d'être ici. Aujourd'hui, je suis apiculteur. Je viens d'une petite ville dans une zone rurale qui s'appelle General Las Heras, dans la province de Buenos Aires, en Argentine. L'agriculture n'est pas simplement un emploi, c'est un mode de vie. À Las Quinas, nous travaillons aux côtés des coopératives de femmes et des petits producteurs. Certains sont des apiculteurs, d'autres ont des vergers tels que la papaye et d'autres petits fruits. Nous apportons également de la vulgarisation pour les aider à apprendre des nouvelles compétences. On les guide lorsqu'il s'agit de formaliser les emplois et leurs entreprises et nous travaillons en créant des produits qui ont une valeur ajoutée telles que des confitures ou du miel pour qu'ils puissent vendre non seulement des fruits ou du miel brut. On fait cela avec des panneaux solaires, zéro gaspillage. Et ce travail et l'éducation qui provient de cela, tout cela aide des centaines de familles à sortir de l'ornière de la pauvreté.
[Tanvir Gill]
Quelle est votre vision pour l'avenir de votre entreprise, Ricardo ?
[Ricardo Parra]
À l'avenir, j'ai un rêve. Je voudrais faire en sorte que ces coopératives, ces petits exploitants en Argentine, disposent d'accès à l'Internet pour pouvoir utiliser les outils de technologies qui sont disponibles. Et j'espère également qu'ils auront accès au crédit afin de pouvoir étendre leur projet et créer des emplois. Et j'ai un autre rêve, je voudrais leur donner l'occasion de vendre leur production sur des plus grands marchés, parce que pour moi, ces coopératives, ces petits producteurs sont les héros invisibles au cœur de nos systèmes alimentaires.
[Tanvir Gill]
Qu'est-ce que vous attendez du gouvernement pour vous aider ? Et du secteur privé ? Parce que comme vous l'avez dit, le crédit formel pose problème.
[Ricardo Parra]
Nous devons travailler ensemble. Les fonds… Enfin, on a besoin de financement, mais il nous faut de l'éducation, il nous faut travailler ensemble sur les champs.
[Tanvir Gill]
Je vais passer à Nidhi. Parlez-nous de ce que vous faites. C'est inspirant. Vous travaillez avec des petites exploitantes, des femmes entrepreneurs en Inde. Avant de parler de cela, je voudrais comprendre de manière générale comment l'agriculture évolue en agriculture parce que 50 % de la main d'œuvre en Inde travaillent dans l'agriculture et cela contribue à 80 % du PIB.
[Nidhi Pant]
Merci de cette question. Nous aidons les petites femmes agricultrices à transformer leurs produits. Nous les aidons à obtenir davantage de valeur pour leurs produits. On leur donne de l'énergie renouvelable, des différents outils à base solaire ou à biomasse. Elles ne vendent pas de tomates, elles vendent du ketchup. Elles évoluent sur la chaîne de valeur en leur donnant la technologie. Et deuxièmement, on leur donne accès au financement. Si vous prenez les petites femmes agriculteurs qui n'ont pas de collatéral, pas de garantie du fait de la patriarchie, elles n'ont pas droit à la terre, c'est le mari ou le frère. Donc, elles n'ont pas accès à des comptes en banque ou accès à des crédits formels. Donc, ces femmes agricultrices ne peuvent investir dans leur infrastructure. Et ce que nous faisons, c'est que nous faisons partenariat avec la Banque d'État de l'Inde.
[Tanvir Gill]
Le plus grand prêteur du secteur public de l'Inde.
[Nidhi Pant]
Oui, on les aide à obtenir un accès à des emprunts à des taux allant jusqu'à 6%. On a commencé avec 31 % avec des institutions non bancaires. Et ceci n'est possible que lorsque nous avons rapproché le marché de ces femmes. Il fallait montrer à la banque qu'il y avait des flux financiers. Lorsque ces femmes ont commencé à faire ces ingrédients qui vont dans votre ketchup ou dans vos plats prêts à manger, on a fait partenariat avec des grosses sociétés agroalimentaires et on a créé un marché. Maintenant, elles peuvent vendre ces produits à des agro-entreprises qui sont strictes en matière de qualité. Une fois qu'elles ont obtenu ce marché, les banques les ont employées. C'était une approche systémique avec différentes parties prenantes. On a rapproché l'accès au crédit et les taux sont passés de 31 % à 6 %. Maintenant, une petite agriculture sur
[inintelligible]
, qui avant travaillait sur sa propre exploitation ou devait quitter son village à partir de 5 h du village jusqu'à 6 h du soir et ne pouvait pas s'occuper de ses enfants. Ou alors, elle travaillait pour d'un maigre salaire sur les champs d'autrui. Mais aujourd'hui, sur sa propre exploitation dans son village, elle peut établir sa propre entreprise. Voilà ce que fait l'Inde. On progresse sur la chaîne de valeur, on aide les agriculteurs non seulement à réfléchir comme agriculteur, mais comme entrepreneur.
[Tanvir Gill]
Et ça devient plus inclusif. Davantage de femmes qui se joignent à l'entrepreneuriat et qui contribuent. Quel est votre rêve ? Parce que c'est la question que j'ai posée à Ricardo. Quel est votre rêve pour votre entreprise ?
[Nidhi Pant]
Notre rêve est qu'aujourd'hui, ces ingrédients sont produits par nos agriculteurs et nous pensons que ces ingrédients devraient également être transformés par les agricultrices. Nous voulons fabriquer des produits avec davantage de valeur ajoutée, de manière plus équitable et plus durable. Nous espérons que ce sera une solution climatique pour le net zéro. On utilise des solutions environnementales. Qu'attendez-vous du gouvernement ? Nous voulons de l'infrastructure, de l'appui pour avoir accès à des marchés à valeur plus haute. L'exploitation, les routes sont bonnes dans ces villages. Il y a également de l'électricité fiable. Et donc ces femmes, une fois qu'elles transformeront ces ingrédients, elles auront accès à une meilleure qualité de vie, une meilleure vie.
[Nidhi Pant]
Et lorsque nous parlons de liberté financière pour les femmes et de leur autonomie, c'est ce dont il s'agit. Voilà un exemple de comment les évolue sur le terrain. Merci beaucoup pour ces anecdotes qui nous inspirent. Une fois de plus, on applaudit Nidhi et Ricardo. Merci beaucoup. Merci de vous être joints à nous. Au Groupe de la Banque Mondiale, nous nous focalisons sur le lien entre d'une part, investir dans les infrastructures de base, le président Banga en a parlé, ces infrastructures sont essentielles à la création de l'emploi et au capital physique et humain. Deuxièmement, de soutenir les réformes et réglementaire qui créent un environnement favorable aux entreprises. Et troisièmement, mobiliser l'investissement privé à grande échelle. À grande échelle, c'est ce qui est important. Avec AgriConnect, nous visons à donner vie à cette approche tout le long de la chaîne alimentaire. Cependant, le temps presse et les données suggèrent que les choses ne vont pas bien. Quelques chiffres apparaissent à l'écran. Vous pouvez considérer ces chiffres comme étant un verre à moitié vide ou à moitié rempli. À la Banque mondiale, on est orienté vers les solutions et on essaye de faire en sorte que les choses évoluent sur le terrain pour aider à atteindre certains des grands objectifs que nous nous sommes établis. Mais d'aujourd'hui, moins de 25 % de toutes les terres agricoles sont irriguées, donc il faut davantage de terres sous irrigation. Un tiers, 33 % de toutes les denrées sont perdues ou gaspillées. Et voici le gros problème, le gros chiffre. 5 000 milliards de dollars en infrastructures sont nécessaires d'ici à 2040 pour libérer le plein potentiel de l'agriculture mondiale. C'est plus que la taille de l'économie mondiale ou de celle du Japon ou de l'Allemagne. C'est beaucoup d'argent dont nous parlons. Commençons par comprendre comment le secteur public peut créer un environnement politique et réglementaire favorable aux investissements. Nous souhaitons donc la bienvenue sur la scène, monsieur Muhammad Aurangzeb, ministre des Finances du Pakistan. Bonjour monsieur. Monsieur Yegor Perelygin, vice-ministre de l'Environnement et des Ressources naturelles de l'Ukraine. Et Madame Mariama Ciré Sylla, ministre de l'Agriculture de la Guinée. Merci beaucoup, Excellences, de vous être joints à nous ce matin. Enchantée que vous ayez pris le temps d'être des nôtres. Puisque nous avons 20 minutes pour cette table ronde et beaucoup de sujets à couvrir, on entre dans le vif du sujet. Monsieur Aurangzeb, nous pensons aux agriculteurs au Pakistan affectés par les inondations et je sais que vous avez parlé des mesures d'aide mises en place. Mais quel travail fait-on pour protéger les agriculteurs des chocs climatiques à l'avenir ?
[Muhammad Aurangzeb]
24 % du PIB de notre pays est lié à l'agriculture et environ 95 % des agriculteurs sont de tout petits agriculteurs avec moins de 5 hectares de terre. Le quoi et le comment ont été clairement établis par le président Banga, donc je ne vais pas y revenir mais les questions sont liées à l'accès au financement, au stockage et toute la chaîne de valeur. Mais du point de vue du gouvernement, je pense que nous devons leur laisser place libre. Ces récoltes qui se portent bien et qui ont un potentiel d'exportation. Le maïs et le riz se portent bien dans le secteur de l'exportation. On a des problèmes avec le blé et le sucre, donc il faut continuer les processus de déréglementation. Deuxièmement, pour ce qui est de l'accès aux finances, nous avons eu des programmes pilotes au Pakistan pour les petits agriculteurs, les semences et les pesticides, on leur a donné tout cela. Les services agronomiques leur ont apporté également des images satellites et selon les types de récoltes et de l'agriculture mécanisée, mais pour cela, il faut des plus grandes exploitations. Ensuite, les entreprises peuvent jouer leur rôle. Si vous pensez à cette boucle fermée, ces interventions. Le concept est clair. Les rendements augmentent, mais il faut vraiment investir. Les agriculteurs reçoivent plus de fonds lorsqu'ils ont du crédit formel et il y a moins d'intermédiaires. Le problème concerne comment passer à l'échelle. Et c'est là où le gouvernement intervient et cherche à s'assurer que le secteur bancaire intervient et joue son rôle. On apporte certaines garanties pour les pertes et on veut également apporter du financement subventionné. Et la troisième chose, c'est particulièrement pour les petits exploitants. Pensez-y. La plupart du temps, ils ne sont pas propriétaires des terres qu'ils cultivent. Et donc, nous avons mis en place des mécanismes pour avoir du financement de la dette sans garantie pour ces agriculteurs. Voici les interventions qui ont lieu et je suis tout à fait d'accord avec le président Banga. Il ne faut pas tout réinventer. Il a parlé de voler, de voler sans honte.
[Tanvir Gill]
Oui, copier, coller.
[Muhammad Aurangzeb]
Il faut effectivement essayer de tirer des leçons de tous les pays qui ont fait des avancées en la matière. Et là où les pouvoirs publics peuvent vraiment apporter une valeur ajoutée, c'est d'essayer de travailler à la mise en place des infrastructures tout en laissant toutes les questions de production. Après, il y a aussi la question de l'obligation de vendre à certains prix qui incombent aux agriculteurs. Ils sont aussi parfois obligés de vendre des produits alors qu'ils ne devraient pas le faire. Donc ça, c'est des questions liées à la capacité de stockage, notamment. On a encore beaucoup de progrès à faire.
[Tanvir Gill]
Je vais donner la parole au ministre de l'Ukraine. Je voulais vous écouter également. Ça a été un temps très difficile. Cela va sans dire pour les agriculteurs en Ukraine. Que pouvez-vous faire pour apporter une aide aux agriculteurs ? Je sais que par rapport aux affectations des ressources, vous avez les mains liés. Comment est-ce que vous pouvez agir en faveur des agriculteurs ?
[Yegor Perelygin]
Merci de cette question. Je suis ravi d'être ici parmi vous. Alors oui, la situation n'est pas simple. Il faut prendre en compte un point stratégique majeur. On est un pays en guerre. Et trois quarts des agriculteurs en Ukraine sont des agriculteurs qui travaillent dans des petites exploitations. Et puis, avant la guerre, quatre millions de ménages à peu près s'impliquaient dans des activités liées à l'agriculture. Ce qu'il faut vraiment comprendre, c'est que c'était une activité qui était au cœur de l'activité économique, qui favorisait le bien-être des populations pour ce qui est notamment du paysage des PME qui contribuaient à la croissance économique. Maintenant, on est dans cette situation de guerre et avec énormément de dommages sur les terres agricoles. La guerre, ça représente aussi une menace sur le plan chimique. On a perdu à peu près 11 milliards de dollars en matière de machines, d'équipementiers, d'infrastructures. Comment est-ce qu'on remonte la pente dans ce cas-là ? On a un programme sur le riz qui a été très constructif, qui nous a vraiment permis de lever des fonds. C'est quelque chose qui nous permet de lancer des nouveaux investissements. On a encore des leviers pour arriver à engranger des fonds. On veut se servir de cette plateforme AgriConnect. On veut se servir de cette plateforme et d'autres mécanismes pour agir en catalyseur. On a évidemment des contraintes énormes sur notre budget. C'est un problème, mais nous, on a besoin que ces programmes soient vraiment orientés vers une capacité d'augmenter la valeur ajoutée, une capacité d'améliorer le traitement des produits. Ce qu'a dit le ministre du Pakistan est tout à fait juste. Et puis, il faut aussi travailler à réduire les fardeaux administratifs, à permettre cette activité économique d'éclore. Parce qu'en situation de guerre, ça n'est que par l'activité économique et la libéralisation économique qu'on va pouvoir avancer les choses.
[Tanvir Gill]
Effectivement, j'ai lu des choses très intéressantes sur ce qui se fait dans l'investissement en Ukraine en matière d'agriculture. Je me tourne vers vous, madame Sylla. Effectivement, la Guinée est dans une situation particulière. Vous avez un potentiel vraiment énorme pour ce qui est de la productivité, pour ce qui est des rendements agricoles. Mais ce que vous avez en ce moment comme situation de mise dans le pays, c'est une agriculture de subsistance. C'est ce décalage entre les deux, entre le potentiel et la fabrique agricole à l'heure actuelle, c'est vraiment ces problèmes de stockage, notamment.
[Mariama Ciré Sylla]
Oui, merci. Je vais vous donner quelques éléments de contexte pour commencer. Vous l'avez dit, la Guinée, c'est un pays qui a beaucoup de potentiel en matière de développement agricole, mais pour l'instant, on n'a pas pu tirer parti de ce potentiel. On s'est fondé essentiellement sur les revenus du secteur minier, donc on a pu engranger des taux de croissance assez tangibles, mais on se fonde sur le secteur minier. Et on l'a entendu dans le poème au début de cette séance, l'agriculture, c'est ce sur quoi on doit miser pour avancer dans notre pays. Aujourd'hui, on a un programme Simandou 2040 qu'on a lancé. Et la Guinée va lancer la plus grande exploitation minière à ce jour, qui sera vraiment un investissement majeur et ça va nous permettre d'engranger des revenus de 2 milliards de dollars par an.
[Tanvir Gill]
Oui, vous avez énormément de ressources naturelles, c'est vrai, mais qu'en est-il des retombées ? Parce que là, vous êtes en train de parler d'une infrastructure que vous constituez autour du secteur minier, mais ça, ça va permettre aussi aux agriculteurs d'avoir accès aux marchés.
[Mariama Ciré Sylla]
Oui, nous avons un plan global de développement en Guinée. On a Simandou. Effectivement, ce n'est pas simplement une exploitation minière, mais c'est quelque chose qui va nous permettre de nous mettre fermement sur la voie du développement. On aura d'ailleurs un pôle agro-industriel autour de Simandou, avec le secteur minier, dont une voie ferroviaire qui va traverser le pays. Et ça, ça va nous permettre de faciliter l'exportation des produits. On va aussi avoir une activité maritime et portuaire beaucoup plus importante. On a des projets d'étendre l'infrastructure routière, ferroviaire et maritime pour rendre plus compétitive l'agriculture en Guinée. Et puis, nous allons également travailler à augmenter nos investissements en matière d'agriculture. Vous avez parlé de l'irrigation. C'est un domaine de taille, effectivement. Mais il y a aussi la question des petits agriculteurs, des petits exploitants. On va leur permettre d'avoir accès à des semences qui résistent au changement climatique. On a aussi des systèmes pour permettre aux exploitations de faire face aux chocs liés aux ruptures sur le marché liés, par exemple, au changement climatique. Ça va être quelque chose qui va aider énormément les agriculteurs. Et puis, on a un fonds de garantie qui sera développé. On va travailler avec le secteur bancaire en lien avec la Banque mondiale sur des mesures pour vraiment accompagner les exploitants. Et dans ce contexte-là, il va falloir qu'on des leviers du secteur privé pour pouvoir permettre aux agriculteurs de faire face au choc. L'accès au financement, c'est très limité pour l'instant. Moins de 5 % de financement est octroyé à l'agriculture et encore moins aux petits exploitants. Simandou, c'est une initiative globale qui vise à augmenter la capacité, l'infrastructure qui permettra aussi à la Guinée de rejoindre les marchés régionaux et internationaux. Ça nous permettra d'être beaucoup plus compétitifs, d'engranger des rendements et de sortir la population de la pauvreté.
[Tanvir Gill]
Merci beaucoup. Bonne chance. Ministre Aurangzeb, je voulais me tourner vers vous. J'ai vu un titre sur le fait que vous avez dû faire face à toutes ces inondations. Vous avez parlé de la preuve de concept, mais comment est-ce que vous allez pouvoir résoudre le problème du changement climatique ? Parce que ces chocs climatiques vont devenir beaucoup plus extrêmes, beaucoup plus fréquents aussi dans le temps. Comment est-ce que vous allez y faire face par rapport à l'agriculture ?
[Muhammad Aurangzeb]
Oui, effectivement. Le lien changement climatique-agriculture, il est fort et on a eu effectivement de très importantes pertes, notamment pour ce qui est du riz. Ce qu'il faut qu'on fasse, c'est qu'on passe sur un schéma qui vise à l'adaptation beaucoup plus et ajouter un sentiment d'urgence à nos actions. Nous avons signé un partenariat d'ailleurs avec la Banque mondiale sur 10 ans. Un tiers de cet accord de partenariat se fonde sur la décarbonation et la résilience climatique. On a maintenant les financements qui sont disponibles. Ce que nous devons faire, c'est de les déployer, ces financements, de telle sorte… Et d'ailleurs, vous avez à juste titre dit qu'effectivement, maintenant, on a bien compris que la mousson va se déclencher deux semaines plus tôt qu'auparavant. Donc, ça augmente la fréquence, comme vous l'avez dit, et la sévérité des événements climatiques. Il faut qu'on soit animé d'un sentiment d'urgence maintenant.
[Tanvir Gill]
Mais en 2025, est-ce que les agriculteurs devraient continuer à se fonder sur les cycles de la mousson et les prières au dieu de la pluie ?
[Muhammad Aurangzeb]
Écoutez, les choses ne changent pas du jour au lendemain. Toute modification, toute transformation. On a parlé de la technologie, mais lorsqu'on parle de transformation, il faut inclure les processus, les personnes et la technologie. Donc maintenant, on se fonde notamment sur les jeunes diplômés. On a effectivement des études qui nous démontrent que la recherche en matière agricole n'est pas suffisamment pointue. Donc, on a des programmes d'échanges avec des diplômés et on les envoie, ces étudiants, en Chine pour qu'ils puissent glaner des connaissances nécessaires et faire un copier-coller des leçons qu'ils auront apprises là-bas. Effectivement, c'est une question essentielle à ce stade, cette question du changement climatique. Il va vraiment falloir qu'on s'accroche et qu'on augmente notre capacité à réagir en la matière.
[Tanvir Gill]
Effectivement, vous avez parlé d'un fonds d'investissement de reconstruction qui est en train d'être mis en place. Comment est-ce que vous réfléchissez à votre secteur agricole et à son développement ? On a entendu les 55 milliards de dollars sur les 10 prochaines années, c'est le financement qui serait nécessaire pour relancer le secteur agricole. L'agriculture représentait 20 % de votre PIB à certains moments. L'Ukraine est une partie intégrante de la production de denrées alimentaires. Comment est-ce que vous générez les fonds nécessaires pour redévelopper votre secteur agricole ?
[Yegor Perelygin]
En tant que membre de ce fonds de reconstruction, on voit qu'il y a des investissements qui agissent comme catalyseur. C'est quelque chose qui agit comme un levier parce que ça attire des causes d'investissement. Ça nous permet aussi de travailler à des modes de garantie non-standards. Le fait qu'il y ait un instrument financier comme un fonds de reconstruction, par exemple, ça nous permet d'attirer des investissements et donc de démultiplier les investissements qu'on peut obtenir d'autres acteurs institutionnels ou autres. Et puis après, ce type de fonds nous permet, comme les fonds de garantie, ça permet aussi de d'attirer des mécanismes de prépaiement. Et dans ce contexte de prépaiement, ça permet d'avoir un prépaiement dans les dépenses en capitaux qui sont nécessaires pour assurer le développement du secteur agricole. Et puis après, il y a des mécanismes comme ce type de mécanisme qui permet des prises de participation dans des choses très concrètes, que ce soit l'agriculture, que ce soit le traitement des produits agricoles, que ce soit les engrais ou les pesticides. Ça, c'est les différents moyens qu'on a. Après, nous devons également mettre sur pied une chaîne internationale de pôles agricoles. C'est pour ça que l'Ukraine souhaite être au cœur de ce processus. Nous souhaitons créer ces pôles agricoles parce que ça nous permet aussi de fluidifier l'élément logistique, surtout en temps de guerre. Pour nous, c'est un mécanisme de dérisquage et c'est aussi un mécanisme de marché.
[Tanvir Gill]
Mais dans ce contexte-là, ça serait quoi les conditions nécessaires pour que le secteur financier participe vraiment au secteur agricole ?
[Mariama Ciré Sylla]
Merci. Effectivement, attirer des investissements privés, c'est une de nos priorités en Guinée. Tout d'abord, il s'agit d'effectuer des réformes pour un cadre propice pour attirer ces investisseurs, ces parties prenantes. On a par exemple des questions d'accès au foncier. On a une procédure accélérée pour l'accès aux terres et au foncier pour les investisseurs. On a aussi augmenté les capacités de cartographie pour ce qui est des terrains et des terres dans le pays. Et puis, on a un cadastre maintenant, un registre qui sera mis en ligne et donc complètement numérique. Et puis après, on a aussi accéléré les processus pour l'obtention des licences, pour tous les processus administratifs. C'est une sorte de guichet unique, si vous voulez, pour permettre aux investisseurs d'avoir accès facilement aux différents agropoles et pôles industriels qu'on est en train de mettre sur pied ou d'envisager. Et puis, nous avons effectivement beaucoup de ressources naturelles, on a beaucoup de terres agricoles, de terres arables. Et puis, on a aussi une manne de main d'œuvre de population qui peut aussi être utilisée pour augmenter la croissance.
[Tanvir Gill]
Oui, si les jeunes souhaitent rentrer dans ce domaine, c'est quelque chose que l'on espère. Ce n'est pas une donnée garantie.
[Muhammad Aurangzeb]
Je pense que ce qu'il faut continuer, c'est la libéralisation pour assurer que l'agriculture soit vraiment tirée par le secteur privé plutôt que de se fonder sur des mécanismes de soutien des prix, des subventions qui sont distorsives. Et puis après, je parlais aussi des mécanismes de garantie, des fonds de garantie pour pallier au sinistre. On a parlé effectivement de la culture vivrière, mais il y a aussi la valeur ajoutée en termes de fruits et de légumes. Dans ce contexte-là, pour en tirer parti, il faut beaucoup d'investissement pour ce qui est de la chaîne de froid, pour ce qui est de la chaîne d'approvisionnement, pour ce qui est du stockage.
[Tanvir Gill]
De quoi parle-t-on ici en termes de rendement ? Quels sont les chiffres, si vous pouvez nous en donner quelques-uns ?
[Muhammad Aurangzeb]
Pour vous donner une idée, pour le riz par exemple, le potentiel d'exportation est de maintenant à peu près 3,5 milliards de dollars. On a commencé à zéro. De notre point de vue, ce qui est essentiel, et je pense que c'est quelque chose qui a déjà été dit, que le secteur privé voit ça comme des affaires qui soient propices. Donc c'est vraiment, si vous voulez, au gouvernement, au pouvoir public, de créer ce cadre propice pour libéraliser l'investissement.
[Yegor Perelygin]
Et pour ce qui est de l'Ukraine, c'est plutôt la privatisation dans les projets de logistique, dans les projets qui existent. Ça serait vraiment intéressant, notamment pour les entreprises qui construisent des pôles ou des terminaux. Et puis après, il y a un mécanisme de compensation CAPEX qui doit être mis en place où le gouvernement peut mettre la main à la pâte pour certains projets qui nécessitent beaucoup d'apport en capital. Après, il y a la question des taux d'intérêt sur des accès au crédit, des taux d'intérêt bas pour ce qui est des prêts à long terme.
[Tanvir Gill]
Est-ce que vous voulez faire un engagement clair et direct envers vos agriculteurs ? C'est l'occasion.
[Muhammad Aurangzeb]
Mais comme je le disais, l'agriculture représente 24 % de notre PIB. Mais si on prend toute la chaîne en compte, ça représente à peu près 40 % du PIB. Donc nous, on veut vraiment qu'on travaille sur tout l'écosystème, l'accès au financement, les garanties et il faut enlever les intermédiaires. C'est vraiment notre mission. Éliminer les intermédiaires.
[Tanvir Gill]
Je vous donne une minute.
[Mariama Ciré Sylla]
La Guinée, l'investissement dans des accès qui leur permettent aux petits exploitants d'avoir accès au financement et de s'agréger, justement, pour apporter un soutien aux organisations agricoles. On a un plan qui vise à apporter des soutiens aux 300 000 ménages agricoles sur les 10 années et plus de 600 organisations d'agriculteurs.
[Tanvir Gill]
Le ministre de l'Ukraine.
[Yegor Perelygin]
Nous, notre message aux agriculteurs, c'est : aidez-nous à vous aider et à vous permettre de commencer à mettre la main à la pâte du traitement des produits, de simplement travailler à toute la chaîne. Si vous voulez déréglementer, si vous voulez libéraliser, on le fera, mais il faut nous dire où et comment.
[Tanvir Gill]
Merci. Merci beaucoup aux panélistes. Merci d'être venus ce matin. C'était fascinant d'entendre ces différents décideurs politiques et ces gouvernements sur la façon dont ils peuvent aider à booster les rendements agricoles, comment ils peuvent accompagner au mieux leurs agriculteurs. Maintenant, on va se porter sur d'autres développements, d'autres partenaires qui pourront nous donner leur éclairage sur la question de la sécurité alimentaire. La Banque mondiale a renforcé sa coopération avec ses partenaires de longue durée. Le partenariat, c'est la clé de la question pour vraiment essayer de résoudre ces problèmes ensemble, ces problèmes qui sont très fortement interconnectés, qui sont urgents. C'est trop pour une seule organisation. Donc, pour pouvoir y arriver, il faut travailler ensemble avec des partenariats. En travaillant ensemble, on peut collectiver, rendre plus fort notre expérience et notre expertise. Au Groupe de la Banque mondiale, parce que moi, je viens de là, notre approche est simple : écouter, co-créer, renforcer la confiance et délivrer des résultats. Je vais maintenant donner la parole aux différents partenaires et je commencerai par Sidi Ould Tah, qui est président de la Banque africaine de développement. Je vous invite à prendre place parmi nous.
[Sidi Ould Tah]
Merci et bonjour. Je commencerai par remercier le président Ajay Banga. Ajay. Et remercier le Groupe de la Banque mondiale de nous avoir permis de prendre part à ce lancement d'AgriConnect, cette initiative essentielle, ambitieuse pour ce qui est des organisations multilatérales, mais pour les citoyens du monde également. C'est une initiative qui vise la transformation et qui se rapporte beaucoup à notre mandat et mission à la Banque africaine de développement. À l'Assemblée générale de l'ONU, il y a quelques semaines, avec Ajay, nous avons pu rejoindre le pacte énergie qui a été lancé par différents pays africains pour connecter 300 millions de citoyens africains au réseau électrique. Cette coopération aujourd'hui est d'autant plus renforcée, puisqu'on a un management partagé qui vise à transformer radicalement le continent africain pour assurer que la population rurale ait aussi accès à la prospérité. Aujourd'hui, avec AgriConnect, je suis ravi de prendre part à cette conversation essentielle où les emplois, la sécurité alimentaire et les petits exploitants sont au cœur de l'agenda du développement. Je suis ravi également de constater que toutes ces banques multilatérales travaillent ensemble avec le Groupe de la Banque mondiale, avec une seule et même vision pour qu'on puisse arriver à des résultats concrets. Merci beaucoup, Ajay, de nous avoir tous réunis ici. Le groupe de la Banque africaine de développement, nous misons sur l'agriculture. Pourquoi ? Parce que l'agriculture, c'est le levier le plus puissant que nous avons à disposition pour la création d'emplois, et notamment la création d'emplois pour les jeunes. C'est pour cela qu'à la Banque africaine de développement, nous avons lancé la stratégie alimentaire et on a aussi élargi ça à un pacte sur le développement et la production alimentaire pour améliorer les chaînes de valeur à des fins d'augmenter la capacité des jeunes à trouver des emplois dans le secteur. On a donc permis à des millions de personnes de vivre dans la sécurité alimentaire. On a 11 millions d'agriculteurs qui ont adopté des nouvelles technologies. Avec AgriConnect, on va aller plus loin, on veut aller au-delà, on veut aller plus vite, faire plus et plus rapidement. Nous savons qu'en Afrique, une personne sur trois vit toujours dans une insécurité alimentaire. D'ici à 2050, 450 millions de jeunes Africains vont rentrer sur le marché du travail, donc il faut qu'on s'y prépare. C'est pour cela qu'AgriConnect est une initiative majeure pour nous. C'est quelque chose qui soutient l'élan que nous avons impulsé sur l'adoption des outils numériques, pour ce qui est des crédits, des produits d'assurance, de financements mixtes, d'apport de secteurs privés et les partenariats qu'on peut mettre sur pied pour ce qui est des plans de développement et que ce soit suivi par des résultats sur le terrain. C'est pour ça qu'on est fortement et pleinement engagé à soutenir AgriConnect. AgriConnect, ça lie aux quatre piliers de ma vision pour ce qui est de la… Nous devons assurer la mise à échelle des capitaux qui sont apportés. Chaque dollar doit représenter ou attirer 10 dollars supplémentaires. Et puis, il faut renforcer la souveraineté financière africaine et parler d'une seule voix. Il faut assurer que notre population soit un atout démographique, investissant et misant sur les femmes et les jeunes. Et puis, il faut assurer que ce qu'on peut tirer de l'agriculteur, ça apporte une valeur réelle aux produits agricoles et au secteur de l'agriculture. AgriConnect, c'est vraiment une convergence de ces quatre piliers, quatre priorités. Ensemble, on peut apporter ou changer la donne pour les agriculteurs, pour les systèmes alimentaires et pour l'avenir de l'Afrique. Continuons donc à avancer ensemble de Mission 300 à cette nouvelle initiative. Gardons la même ambition et la même détermination pour pour ce qui est de la mise à l'échelle de l'harmonisation et des résultats concrets. Merci beaucoup.
[Tanvir Gill]
Merci beaucoup. Je donne maintenant la parole à Ilan Goldfajn, qui est le président de la Banque interaméricaine de développement. Vous avez la parole.
[Ilan Goldfajn]
Bonjour, je suis ravi d'être ici ce matin. C'est une initiative extraordinaire qui témoigne de la forte coopération des banques multilatérales de développement. C'est la première fois d'ailleurs, je pense, qu'on a cette coopération aussi renforcée sous la main de maître d'Ajay. Nous sommes en train de mettre sur pied une initiative de taille. Initiative qui vise à connecter les exploitations, les entreprises et les agriculteurs pour qu'on puisse créer des emplois, nourrir les personnes, protéger la planète. L'objectif est d'atteindre 250 millions d'agriculteurs, 9 milliards d'ici à 2030. Je voudrais saisir l'occasion qui m'est donnée aujourd'hui pour qui permet qu'on est tout à fait aligné avec cet objectif que vous avez stipulé sur le doublage du nombre d'agriculteurs touchés pour ce qui est de notre continent, l'Amérique latine et les Caraïbes, mais aussi en termes d'accès au financement. Qu'est-ce que cela veut dire ? Avec cet engagement que nous faisons aujourd'hui, nous visons à pouvoir atteindre 60 % de tous les agriculteurs de la région. Nous allons donc doubler notre financement pour arriver à 1,2 milliard de dollars de financement. Je le dis toujours, nous devons maintenir notre niveau d'ambition et de réalisme. C'est ambitieux et réaliste pour ce qui est de notre région. Merci beaucoup. Merci. L'engagement est essentiel, mais comment y arriver ? Dans ce contexte-là, il faut bien sûr mentionner la technologie. L'avenir de l'agriculture, c'est la numérisation, une agriculture de précision pour mieux gérer les semences et être plus efficace, utiliser les capteurs, la robotique, l'IA, les drones. Tout ça peut permettre aux agriculteurs d'augmenter leur productivité, leur rendement, tout en réduisant les gaspillages et réduisant leurs émissions. On a déjà commencé, on le commence au Guatemala, au Mexique, au Nicaragua. On peut y arriver. Nous avons besoin de différents facteurs pour pouvoir y arriver. L'innovation financière, par exemple, la microfinance comme Finagro, qu'on met en place en Colombie. On a aussi des projets avec des obligations de biodiversité comme au Mexique, par exemple. Mais il faut aussi une mise à échelle, il faut des connaissances. Nous avons besoin de plateformes de dialogue. On a une plateforme de dialogue régionale, mais on pourrait tout à fait avoir et envisager une plateforme de dialogue mondiale sous le leadership d'Ajay et de la Banque mondiale. Tout ça est fondé sur des décideurs, des décisions fortes. On doit travailler main dans la main avec les pouvoirs publics et les acteurs locaux pour pouvoir arriver à atteindre ces objectifs ambitieux. Je voulais terminer en vous félicitant, Ajay. Merci Alvaro. Merci à la Banque africaine de développement. Merci d'être avec nous. C'est une vision partagée qui commence déjà à s'enraciner. Le groupe de la Banque interaméricaine de développement partage cette vision et on attend avec impatience de lancer ces travaux. Merci beaucoup.
[Tanvir Gill]
Merci. Et pour terminer, monsieur Alvaro Lario, le président du Fonds international de développement agricole, qui va nous rejoindre aussi avec son engagement à lui.
[Alvaro Lario]
Merci beaucoup. Je remercie à Ajay d'avoir placé l'agriculture et les petits agriculteurs au cœur des investissements et de la création d'emplois. On parle de centaines de millions de personnes et clairement, les défis sont énormes. Il s'agit de passage à l'échelle, il s'agit de personnes, mais tout ceci vient de la mission et de la vision du Fonds international de développement agricole. Nous sommes l'institution focalisée sur les zones rurales, sur les petits agriculteurs. C'est notre activité centrale et aujourd'hui, je suis enchanté d'appuyer cette initiative et d'annoncer que nous nous engageons à atteindre 70 millions de petits agriculteurs d'ici à 2030. C'est notre engagement. Notre avantage compétitif est lié, comme Ajay le disait, à faire en sorte que l'agriculture passe de l'agriculture de subsistance à la production. Il faut coordonner, intégrer les investissements dans la production, mais également dans la distribution, la logistique, la transformation, le marketing, le stockage, tous ces emplois, qu'ils soient à la ferme ou en dehors pour attirer les jeunes. Et c'est lié aux composantes numériques et faire de l'agriculture une entreprise. Et voilà comment nous allons attirer les jeunes. Et pour nous, notre évaluation d'impact montre que cela fonctionne. Dans beaucoup de nos investissements, nous avons atteint 100 millions de petits agriculteurs lors de notre dernier cycle de reconstitution. Ça permet d'avoir un plus grand accès aux marchés et beaucoup de ces investissements sont dans les zones les plus rurales, les zones les plus fragiles, les plus reculées et où il y a les plus grands défis. Il s'agit de faire la différence, un grand retour sur investissement en sécurité alimentaire, mais également en stabilité et en prospérité, ce qui est fondamental au jour d'aujourd'hui. Voilà pourquoi il est important que nous soyons unis en tant que partenaires, reliant les organisations d'agriculteurs, de producteurs, le secteur privé, les banques multilatérales, les banques privées, les gouvernements. Pour nous, il était important de faire un partenariat avec toutes les parties prenantes dans la salle pour faire la différence. Nous ne pourrons pas remporter la victoire à nous seuls. L'agriculture, vous le savez, et Ajay le souligne, est placé pour créer des emplois, être un moteur de croissance et promouvoir la résilience. Voilà pourquoi c'est une mission qui nous inspire. Merci de nous avoir réunis et je voudrais placer la barre encore plus haut, être plus ambitieux. Je ne voulais pas uniquement parler de portée, mais parler de profondeur. Nous devons mesurer comment nous transformons les vies, les emplois, les revenus. Nous devons transformer les vies des uns et des autres sur le terrain. Merci beaucoup et merci de cette opportunité.
[Tanvir Gill]
Oui, Président Lario, il s'agit de transformer les vies et les emplois. Au cœur de cela, il y a la création des emplois. Merci à tous nos partenaires pour leur engagement. Et maintenant, nous allons avoir une conversation avec le secteur privé qui comprend ce secteur également et investit depuis un certain temps pour répondre à comment ils peuvent faire en sorte que le rêve de la sécurité alimentaire devienne une réalité. Mais tout d'abord, considérons des défis sur les défis et les opportunités pour nos agriculteurs, particulièrement les petits exploitants dans les pays émergents. Nous allons faire apparaître des chiffres à l'écran une fois de plus. Et il faut considérer ces chiffres du point de vue des opportunités, ce que nous réserve l'avenir, comment pouvons-nous construire ensemble ? Seuls 10 % des petits agriculteurs, mesdames et messieurs, ont accès au crédit formel. C'est un élément central pour cette communauté et qui mérite l'attention de tous les participants. Ceci comprend les parties prenantes du secteur public et privé ainsi que les organisations multilatérales. Les agriculteurs africains et les entreprises agroalimentaires africaines pourraient créer un marché alimentaire d'un milliard de dollars d'ici à 2030. C'est un chiffre énorme. On parle de l'Afrique, mais s'ils sont appuyés, le potentiel est énorme pour le secteur agricole pour s'étendre à travers les économies émergentes et à travers le monde. Voilà ce qui nous intéresse au Groupe de la Banque mondiale. Et enfin, mais non des moindres, lorsqu'il s'agit de l'adoption de nouvelles technologies dans certaines régions, l'adoption de l'intelligence artificielle, et on n'a pas parlé de l'IA pendant cette séance, mais on va le faire lorsque nous aurons les membres de la prochaine table ronde. L'IA a montré qu'elle réduirait de 30 % l'utilisation de l'eau pour la riziculture. Ce type de réduction des coûts peut contribuer à améliorer la rentabilité pour les agriculteurs. Pour en dire plus sur le sujet, nous souhaitons la bienvenue à monsieur Bill Anderson, PDG de Bayer, une entreprise mondiale de premier plan dans le domaine des produits agricoles. Madame Rose Goslinga, PDG de Pula, une entreprise d'assurance basée au Kenya qui a fourni une assurance agricole à plus de 15,4 millions d'agriculteurs. Et Monsieur Chege Kirundi, président de l'Agence du développement du thé du Kenya, qui appartient à 700 000 petits agriculteurs. C'est une société privée qui contribue à 60 % de la production du thé du Kenya. Enchantée que vous soyez tous présents. Merci de votre temps. Bill, on commence par vous. Vous avez entendu les autres membres du panel et les autres partenaires multilatéraux. Donnez-nous une ou deux de vos solutions à long terme lorsqu'il s'agit de la sécurité alimentaire.
[Bill Anderson]
Il y a un potentiel énorme que de tirer parti du pouvoir des nouvelles technologies de l'innovation aux 500 millions de petits exploitants du monde. Et j'ai eu l'occasion de vivre cela en direct en mars. J'étais en Zambie où nous ouvrions une nouvelle usine de traitement de semences, un investissement de 32 millions de dollars. J'ai rencontré plusieurs agriculteurs. C'était au moment de la récolte. J'ai rencontré une agricultrice, Lisa. Je lui ai demandé : "Quelle a été votre expérience avec ces semences hybrides ?" Parce que c'est nouveau. Et elle m'a dit : "Ça fait environ cinq ans que je les utilise." Et j'ai dit : "Quelle a été la différence ?" Et elle m'a dit : "Auparavant, on produisait sur un hectare, on produisait entre 500 et 1 000 kilos. Et maintenant, on produit 5 000 à 7 000 kilos." J'étais un peu époustouflé et j'ai dit : "Mais qu'est-ce que ça veut dire dans la pratique pour vous ?" Et elle a eu un grand sourire, ses yeux se sont éclairés. Elle a dit : "Du cash, de l'argent." Et j'ai dit : "Qu'est-ce que vous voulez dire ?" "On n'avait jamais de cash avant, mais on n'avait jamais de monnaie. Et maintenant, on a de l'argent." Et j'ai dit : "Qu'est-ce que vous en faites ?" "J'achète davantage de graines, j'achète des arbres. On a étendu notre ferme." Et ses petits garçons étaient avec elle. Elle avait deux petits garçons. Elle a grandi sur cette exploitation. Elle a dit : "Leur vie sera tout à fait différente de la mienne. C'est ce que cela représente."
[Tanvir Gill]
Votre anecdote nous inspire et je pense que nous apprenons avec toutes ces anecdotes
[inintelligible]
. C'est un exemple de la façon dont les choses changent sur le terrain. Mais encore une fois, je voulais vous demander spécifiquement de nous parler d'une ou deux solutions qui peut vraiment changer la donne sur le terrain lorsqu'il s'agit de moderniser l'agriculture.
[Bill Anderson]
Les graines hybrides. Des augmentations de rendement où elles sont multipliées par sept, voire dix. Dans votre diapositive, vous parliez de la consommation de l'eau dans la riziculture. Il y a des nouvelles semences pour le riz, une innovation que nous introduisons en Asie, qui permet une réduction de la main d'œuvre parce que vous ne devez plus transplanter le riz et vous n'utilisez pas de l'eau au moment du semis. Comment on l'utilise dans la riziculture classique ? On parle de moins… On utilise 40 % d'eau en moins et on produit 40 % de méthane en moins parce que la riziculture contribue au gaz à effet de serre. C'est le produit du méthane et ce sont quelques exemples, mais il y en a beaucoup d'autres.
[Tanvir Gill]
Et vous continuez d'y travailler.
[Bill Anderson]
Oui.
[Tanvir Gill]
Rose, vous faites du travail pour vous assurer que les agriculteurs aient une garantie pour qu'ils ne doivent pas se préoccuper s'ils ont des problèmes au champ. Mais lorsque vous parlez de moderniser et d'adopter des nouvelles techniques agricoles, si les choses évoluent au bon rythme, est-ce qu'elles peuvent évoluer plus rapidement ? Puisque vous représentez la communauté de la technologie. Il ne s'agit pas uniquement de l'assurance, mais de la technologie en général.
[Rose Goslinga]
J'aimais beaucoup ce que Bill disait parce que je pense qu'au cœur de tout cela, les agriculteurs, pour le moment, stagnent. Les rendements sont à une ou deux tonnes métriques, on ne s'est pas coordonnés, mais environ 1 000 kilos. C'est ce que les agriculteurs produisent et ils produisent à ce niveau-là depuis des siècles. Et s'ils passaient à 5 ou 7 tonnes, tout à coup, ils seraient profitables. Et si l'on pense à cela dans l'espace de la technologie agricole, nous devons travailler en étroite collaboration en tant que partenaire. Pour que nous puissions croître, nous assurons par année 5 millions d'agriculteurs. Et depuis que nous avons commencé, environ 20 millions d'agriculteurs différents. Et ce qui est essentiel pour nous pour parvenir aux agriculteurs et arriver à cette échelle, c'était de faire quelque chose de très peu conventionnel. Et lorsque j'ai expliqué cela à mes investisseurs pour la première fois, ils étaient préoccupés. J'ai dit : "Il faut faire un partenariat avec les gouvernements." Il faut faire un partenariat avec les gouvernements. Je peux vous dire que lorsque j'ai fait ma proposition aux investisseurs en 2020, ils étaient très préoccupés, mais les fonds étaient déjà dans la banque, donc ils devaient me laisser faire ce que je voulais. Mais je vous dirais qu'à ce moment-là, avant cela, on a essayé beaucoup d'autres choses, mais on n'arrivait pas à l'échelle. Et on a compris que pour un produit tel que l'assurance, nos primes d'assurance sont en moyenne 6 dollars par agriculteur, 6 dollars. Ça, c'est la prime. Et on prend 20 % de ça pour couvrir notre entreprise. Mais l'essentiel, c'est pour couvrir les risques. Si vous pensez… Pour nous, l'échelle est un véritable facteur de millions. 10 000 agriculteurs dans notre espace, nous avons la
[inintelligible]
, qui est une maladie grave. Et il faut se débarrasser des programmes pilotes. Si vous y pensez, dans le secteur de l'agriculture où les programmes de gouvernement atteignent des millions d'agriculteurs en Zambie, Bill en parlait, un agriculteur sur trois a des produits d'assurance grâce à Pula. Ça, c'est parce que nous faisons des partenariats avec le gouvernement. Assurer pour les plus pauvres, les femmes les plus vulnérables, jusqu'à des agriculteurs qui ont accès à des emprunts par le biais de banques. Mais c'est parce que nous avons établi ces partenariats à travers tous les niveaux.
[Tanvir Gill]
Est-ce que les choses vont bien pour les investisseurs ?
[Rose Goslinga]
Je suis gênée de le dire.
[Tanvir Gill]
Je sais que vous avez un partenariat. Bill, est-ce que vous êtes content du travail que fait Pula ?
[Bill Anderson]
Je dirais que Rose est beaucoup trop modeste parce que l'effet de leur programme veut dire que lorsque les agriculteurs ont une mauvaise récolte, bien sûr, c'est une mauvaise chose, mais ce n'est pas une catastrophe. Ils ne doivent pas recommencer à partir de zéro parce que leurs coûts des intrants sont couverts et ils peuvent semer à nouveau. Et ce que cela veut dire, non seulement pour cette exploitation, mais pour ces pays, imaginez une mauvaise année. Et la Zambie a vécu une très mauvaise année il y a deux ans. Et sans cette assurance, beaucoup de ces petits exploitants n'auraient pas eu le capital pour semer la campagne suivante. Donc, imaginez-vous, vous suivez une très mauvaise récolte avec un semis à 50 %. Et ce que cela veut dire pour un pays. Donc c'est très important ce qu'ils font. Mais il nous en faut beaucoup plus. Continuez.
[Tanvir Gill]
Rose rougit. Mais répétez ce que vous essayez de dire.
[Rose Goslinga]
En Zambie, on a fait le plus grand remboursement pour 500 000 agriculteurs et 35 millions de dollars. Les gens me demandent quel est l'impact de l'assurance. Je dirais ça, c'est un impact. Le président a parcouru le pays et a dit : "Nous avons une sécheresse, mais j'ai cet ami qui s'appelle l'assurance." Et c'était clairement un nouvel ami. Il ne croyait pas vraiment que cela adviendrait. Il a fallu mobiliser le secteur des assurances, mais c'est difficile. Je vous demandais est-ce que c'est facile ? Travailler avec le gouvernement, ça prend du temps. Vous devez être très, très patient. Nous, notre modèle d'activité s'appuie… On ne peut pas vendre notre produit à lui seul, donc un sac d'engrais coûte 30 $, rajoutez 2 $, il est assuré, mais vous devez convaincre le gouvernement que vous allez augmenter le prix des engrais. Et c'est proche d'un suicide politique pour la plupart des ministres de l'Agriculture avec lesquels je travaille.
[Tanvir Gill]
Il y a des ministres de l'Agriculture qui sont ici. J'espère qu'ils écoutent.
[Rose Goslinga]
Le partenariat que nous avons lancé cette année s'appelle "une initiative pour 10 millions d'agriculteurs résilients". Pour deux saisons, ils ont payé le coût pour montrer que ça fonctionne. Parce que personne ne croit que les compagnies d'assurance vont payer. Mais lorsqu'ils remboursent, les gens sont étonnés. Ils disent : "OK, d'accord. Maintenant, je comprends." Il y a un manque de confiance et vous pouvez combler cette lacune et vous pouvez alors avoir cette approbation du public et ça devient plus durable. Ça nous a pris six années pour dévoiler quatre partenariats publics et privés. Et maintenant, grâce à notre partenariat avec Bayer, on a trois partenariats de plus et on a assuré un million d'agriculteurs de plus. Donc, on passe à l'échelle.
[Tanvir Gill]
Félicitations. Il semble que vous faites la différence sur le terrain. Et si vous…
[Rose Goslinga]
AgriConnect fait des partenariats à travers le spectre du secteur privé, c'est le gouvernement, la Banque, la Banque mondiale, la Société financière internationale. Ça me plaît que la Banque mondiale rassemble les secteurs publics et privés.
[Tanvir Gill]
Il nous reste 12 minutes pour continuer notre discussion et je vais vous donner les 5 minutes suivantes, Monsieur. Chege, pour vous, comment ça s'est passé ? Je voudrais vous entendre sur votre expérience parce que vous répondez à 700 000 petits producteurs. Qu'est-ce que vous pouvez faire après ? Vous contrôlez 60 % de la production sur le thé au Kenya, quelle est la prochaine étape ?
[Chege Kirundi]
Le traitement.
[Tanvir Gill]
Et comment est-ce que vous pensez que le gouvernement peut vous y aider ?
[Chege Kirundi]
Le gouvernement peut subventionner les engrais, par exemple. Et ça fait trois ans qu'il le fait. Mais nous pouvons maintenant acheter des engrais. On a eu une aide pour…
[Tanvir Gill]
Et ça marche bien ? Parce que justement, il y a souvent des questions de transmission liées aux subventions.
[Chege Kirundi]
Non, là, ça fonctionne moins bien, effectivement. C'est un peu problématique, mais on ne peut pas simplement abandonner. Il faut quand même qu'on ait les intrants, même si c'est très cher aujourd'hui, pour vraiment pouvoir accompagner l'agriculteur, l'agricultrice dans sa croissance, dans son développement. Et je pense que là, il y a vraiment la question d'une approche agrégée. Chaque famille a à peu près 0,5 ou un quart d'un hectare. Et nous, on a une force, c'est qu'on arrive à agréger, à rassembler les petits producteurs. On permet aux producteurs d'aller dans un seul endroit pour déposer les feuilles de thé. On prend les feuilles, on est au Kenya, on va à Mombasa et puis, à partir de Mombasa, on peut emballer et exporter. Si vous voulez, on gère la logistique de la ferme à l'exportation au marché international pour le commerce. On est élu par les producteurs eux-mêmes en termes de gouvernance. Moi-même, je suis agriculteur, petit exploitant, je le suis.
[Tanvir Gill]
Petit exploitant, mais qui fait des grandes choses quand même.
[Chege Kirundi]
Oui, dès qu'on se met ensemble, on est beaucoup plus important et on peut apporter… D'ailleurs, on représente 4 % du PIB dans le secteur du thé. On est effectivement très conséquents, mais lorsqu'on travaille ensemble, lorsqu'on se groupe ensemble. C'est vraiment une économie d'échelle. C'est ça qui nous aide.
[Tanvir Gill]
Et puis, je pense que la Chine souhaite se tourner vers le Kenya pour acheter du thé. Le gouvernement se frotte les mains et d'ailleurs, ils vont réfléchir à le faire à zéro tarif. Mais par rapport au développement du secteur du thé, est-ce que vous pouvez aller sur cette voie tout seul ou est-ce que vous avez besoin d'un bailleur, par exemple, pour vous aider ?
[Chege Kirundi]
Nous avons besoin de partenariats. On a un partenariat d'ailleurs qui a été mis sur pied avec la Société financière internationale depuis 1965.
[Tanvir Gill]
Financier ou stratégique ?
[Chege Kirundi]
Les deux. Et on est assez satisfaits puisqu'on continue à travailler avec la Société financière internationale depuis 1965. On a 13 millions de dollars sur 30 ans avec une période de grâce de 10 ans, ce qui nous a vraiment permis de semer, de travailler à planter les arbustes de thé, parce qu'on a commencé en 1964 à planter les arbustes et puis on a pu élargir la couverture agricole. On a pu ajouter des milliers d'hectares du fait de l'aide de la Société financière internationale. Et puis après, on a aussi eu des apports pour ce qui est de la capacité de stockage. Donc, on a maintenant pu augmenter la capacité de stockage. Suite à ça, on a eu une autre tranche de financement de la Société financière internationale, en partenariat longue durée pour travailler la logistique. Et ce partenariat aussi, depuis 1965, est un partenariat de longue date. Ces partenariats, nous, on est un exemple vivant du fait que cela fonctionne. Maintenant, effectivement, pour pouvoir transformer l'organisation, il faut arrêter de vendre l'écorce. Il faut vraiment avoir la valeur ajoutée, la capacité d'apporter la valeur ajoutée. Le gouvernement, d'ailleurs, a mis sur pied une loi sur le thé pour qu'on puisse augmenter la valeur ajoutée qu'on tire du thé. Donc, ça va être assez difficile. Mais pour pouvoir le faire, il va falloir qu'on se rapproche des marchés. Et dans ce contexte-là, il faut qu'on travaille à la transformation. Il faut qu'on change notre modèle d'affaires pour assurer qu'on puisse s'adapter à l'environnement existant.
[Tanvir Gill]
Je vais redonner la parole à Bill par rapport à ces différentes échelles d'agriculture, les grands exploitants versus les petits exploitants. Comment est-ce que les grandes parties prenantes peuvent aider les petits exploitants, notamment à créer de l'emploi ?
[Bill Anderson]
Les petits exploitants ont énormément de ressources, ils sont futés, ils arrivent à tirer parti de ce qu'ils ont. Pour les grands exploitants, on apporte des solutions technologiques, on a quelques techniques agricoles, des technologies, mais en fait, il s'agit vraiment d'établir des partenariats. On peut travailler, par exemple, avec les administrations pour mettre sur pied certains des éléments dont vous avez parlé, des questions liées à l'infrastructure. On a construit une infrastructure qui peut, en Zambie, atteindre vraiment des millions d'agriculteurs de plus. C'est quelque chose qu'on pourrait faire dans d'autres pays, mais il faut qu'il y ait un système d'échange, un système d'ouverture de frontières. On a besoin d'électrification, on a besoin d'infrastructures routières. Effectivement, il y a plein de risques inhérents à l'agriculture puisqu'on est assujettis à la météo. Mais si on est assujettis à la météo, on est également assujettis à tous les autres éléments que j'ai mentionnés, où on peut agir et défricher le territoire.
[Tanvir Gill]
Effectivement, je sais que vous avez travaillé, Bill, avec des coopératives agricoles, avec des petits exploitants. Et vous, quelle est votre appétence à travailler avec ces plus grandes entreprises ?
[Chege Kirundi]
Nous, on a un fort appétit. On a 700 000 petits producteurs, donc des chefs de ménage. Si vous réfléchissez à l'effet que ça représente, c'est à peu près 3,5 millions de personnes, puisque les 700 000, c'est que les chefs de famille. On représente à peu près 10 % de la population du Kenya qui dépend de ce secteur. Et ça montre vraiment la valeur de travailler de manière groupée. Et puis, pour une mise à échelle, on a besoin de financement. On a besoin de financement pour pouvoir atteindre le consommateur directement. On exporte 80 % de notre production. Donc nous, on doit vraiment travailler à des efforts de marketing hors des frontières du pays. Le gouvernement est important. Le gouvernement doit mettre sur pied un cadre de réglementation pour nous permettre d'avancer sur cette route-là. Et nous cherchons des partenaires de vente, dont ici.
[Tanvir Gill]
Bill, vous tendez l'oreille ? Chege, vous aussi ? Est-ce que ça peut se faire ? Est-ce qu'on peut faire un deal d'ici et maintenant ?
[Chege Kirundi]
Moi, j'ai un appétit. On cherche des partenaires pour pouvoir atteindre les consommateurs partout où ils sont, les clients de par le monde. On a beaucoup de thé qui est vendu au Moyen-Orient, on vend en Europe, on vend en Russie, on vend dans différents endroits, un peu moins ici. Il faut qu'on ait accès aux parts de marché, mais on ne peut pas avoir accès à ces parts de marché si on n'a pas de partenariats solides. Je suis là pour chercher des partenariats parce que le partenariat, c'est le chemin de l'avenir. C'est ça qui va nous permettre de mettre à échelle. Et puis, pour augmenter la valeur, c'est quelque chose qu'on doit faire avec tous ceux qui emballent le thé partout dans le monde. On a besoin de canaux de marketing.
[Tanvir Gill]
Partenariat et marketing. Je suis désolée, je vais devoir vous couper la parole. Je sais qu'on pourrait parler pendant beaucoup plus de temps, pendant au moins une heure, mais malheureusement, on manque de temps. Merci beaucoup à vous tous. Avant de clore, je vous donne une minute et vous avez une annonce à nous faire, Bill. Donc, je vous donne la parole.
[Bill Anderson]
Merci beaucoup. Je suis vraiment ravi de pouvoir vous annoncer en lien avec le partenariat que nous avons avec la Banque mondiale et AgriConnect. Nous souhaitons jouer un rôle important, unique et nous joindre à l'effort de la Banque mondiale parce qu'on croit dans le potentiel de l'agriculture comme moteur de croissance, de sécurité alimentaire, d'emploi. Donc, on veut sceller ce partenariat avec un protocole d'accord que nous signerons avec la Banque mondiale aujourd'hui autour des investissements dans des semences locales, dans des produits d'assurance agricole et d'autres outils qui vont pouvoir accélérer cette transformation de l'agriculture de subsistance à une agriculture qui mène à la prospérité. Et moi, j'ai un aspect que je voudrais souligner dans ce contexte-là. On voudrait vraiment pouvoir tester des nouvelles technologies qui sont des technologies où ça fixe l'azote, donc l'utilisation de céréales pour fixer l'azote l'azote. Il y a des légumineuses, comme le soja ou d'autres légumes, où les racines elles-mêmes vont pouvoir capter l'azote de l'atmosphère et la sceller dans le sol pour agir en tant que nutriments. Il y a beaucoup de récoltes. Les céréales n'ont pas ce type de propriétés comme le soja. Donc là, ça agit sur l'appauvrissement des sols. Ça demande beaucoup plus d'intrants également. C'est une sorte de rêve d'alchimiste, si vous voulez, de pouvoir sceller l'azote et le faire dans des récoltes comme le blé, par exemple. Et nous souhaitons maintenant le faire, le tester en Afrique. On a un projet pilote. On a mis de côté nos droits de propriété intellectuelle sur cette technologie pour le continent africain. Et on espère que ça permette d'améliorer la santé des sols, les paramètres économiques, le coût des engrais et que ça permettra aussi d'augmenter les rendements. Je suis vraiment extrêmement enthousiaste aujourd'hui de voir que la Banque mondiale mise de cette façon sur l'agriculture. Nous considérons que c'est essentiel pour la planète dans son ensemble, mais pour les marchés émergents, bien sûr. Merci de nous avoir accepté comme partenaire à vos côtés et félicitations.
[Tanvir Gill]
Merci beaucoup. Je voudrais que vous restiez tous sur scène. Je vais juste réinviter le président Banga. Pardon. Oui, j'y arriverai un jour. Je n'y suis pas encore, mais j'y arriverai un jour. Je vous donne l'occasion, Président Banga, de saluer tout le monde.
[Ajay Banga]
Moi, j'ai appris un nouveau vocabulaire. J'ai entendu parler de cette fixation de l'azote et je dois dire que je ne faisais pas une fixette sur la fixation de l'azote, mais cette question de l'alchimie agricole. Merci beaucoup. Merci. Bravo et félicitations.
[Tanvir Gill]
Vous aviez autre chose à dire, Président Banga ?
[Ajay Banga]
Oui. Je voulais demander à mademoiselle Porat de venir me rejoindre ici. Ruth, s'il vous plaît. Ça fait quelques années qu'on est à amis. Je pense que ça fait à peu près 15 ans maintenant. Elle était à Morgan Stanley. Son chef était aussi un ami. Moi, j'étais à MasterCard alors qu'elle était à Google. On a beaucoup travaillé ensemble et donc on a travaillé de manière beaucoup plus rapprochée. Après, je me suis retrouvée à Uttar Pradesh il y a quelque temps, et je me suis rendu compte que Google avait aussi un regard sur l'agriculture. Donc, je me suis dit qu'une conversation intéressante entre nous deux aujourd'hui, ce serait intéressant. Ce serait de réfléchir à pourquoi le numérique, pourquoi l'IA, pourquoi c'est quelque chose qui vous importe à Google ? Pourquoi vous pensez que ça peut transformer la vie d'un agriculteur lambda ? Pourquoi vous le faites ?
[Ruth Porat]
Merci de me donner la possibilité de vous parler ce matin. Pourquoi ? Parce qu'on l'a entendu dans tout ce qui s'est dit aujourd'hui, les agriculteurs jouent un rôle essentiel dans l'économie mondiale. C'est une opportunité qui existe et ce serait irresponsable de ne pas apporter un accompagnement à libérer tout ce potentiel. Quand je me déplace dans mes voyages, ce que j'entends de part et d'autre, c'est bien sûr l'IA, mais j'entends beaucoup d'agriculteurs dire : "Nous devons faire partie de la transformation numérique, nous devons prendre part à cette cette chose-là également parce qu'on a toute une vision des possibilités que ça nous permet, des potentialités que ça peut offrir." On n'arrête pas de me poser cette question : est-ce que l'IA peut vraiment aider les agriculteurs, les agricultrices ? La réponse est oui. Vous avez entendu ce matin un petit peu comment. Ce qu'ont fait mes collègues depuis quelque temps, c'est de commencer à réfléchir à la mise en place d'une plateforme qui pourrait être utile pour eux. Et effectivement, on a travaillé avec vos collègues de la Banque mondiale sur une source ouverte, un stack de réseaux ouverts. Et ce qu'on a fait, c'est créer quelque chose qui vous permet de tirer parti de l'IA pour que les agriculteurs puissent avoir les informations dont ils ont besoin pour s'atteler aux défis qui se présentent à eux. Par exemple, pré-récolte, toutes les informations qui existent sur les récoltes, les possibles épidémies, les informations sur le financement, sur les créances, ce qu'on peut faire post-récolte aussi. L'accès aux marchés et comment ils peuvent mobiliser du revenu. C'est un petit peu ce que vous avez vu dans ce petit programme pilote que nous avons fait. Et on voit que l'on peut renforcer les conditions économiques pour les agriculteurs. On a été inspiré et donc la conversation avec vous nous inspire d'autant. Et maintenant, ce que nous avons fait, c'est rassembler le talent de la Banque mondiale et leur expérience, ce que nous faisons à Google et google.org, notre bras philanthropique. Nous avons préparé ce bras et on s'associe avec Networks for Humanity pour faire passer cette plateforme partout. C'est un petit programme en Inde, mais il faut passer à l'échelle et voir comment nous pouvons appuyer les agriculteurs ailleurs. Cette plateforme, maintenant, est pour l'agriculture, mais l'opportunité que les gouvernements peuvent appuyer tous les services dont on a besoin : les travailleurs de la santé, les profs. Donc c'est une opportunité de trouver d'autres usages.
[Ajay Banga]
Ce que j'ai vu, c'était des femmes dans des coopératives en Uttar Pradesh, qui utilisaient, et elles n'ont pas de tickets. Elles utilisaient une plateforme ouverte construite par Google, où elles parlent simplement à l'IA et des sociétés telles que Payout et d'autres, donnaient des réponses sur les engrais, les insecticides, les assurances agricoles, le financement. Ces femmes pouvaient avoir accès à des compétences, choses auxquelles elles ont rarement accès. C'est un outil de démocratisation du savoir. Google a démocratisé la disponibilité des informations lorsque j'étais jeune. Si vous vouliez savoir ce qu'étaient les Galapagos, vous deviez obtenir l'encyclopédie et ma famille ne pouvait pas se le permettre. Mais maintenant, vous allez sur Google. Cette transformation, c'est ce dont je vous parle : la démocratisation du savoir, de l'accès aux marchés et de l'espace. Et c'est ce que j'ai vu. Et ça fait longtemps que je connais Ruth. Et si vous la secouez assez fort, il y a de l'argent qui tombe.
[Ruth Porat]
Il y a une autre chose. Merci. C'est mon cœur qui tombera également. L'autre élément intéressant, c'est qu'il y a des entrepreneurs partout, qui sont proches des problèmes. Et donc maintenant, avec ce que nous faisons avec un oui… Je vous en veux.
[Ajay Banga]
Oui, elle va me faire payer.
[Ruth Porat]
Non, c'est moi qui vais payer. Pour en revenir à ce que vous disiez, nous travaillons avec des centaines d'entrepreneurs qui nous disent : "Je vois une autre solution que je peux ajouter à votre plateforme." On a fait le pilote avec 13 000 agriculteurs, ce qui était un bon point de départ. On a eu des conséquences, mais il faut passer à des millions ensemble. Ce qui est intéressant, ce sont ces centaines d'entrepreneurs que nous voyons déjà et qui nous disent ce qui peut être fait et qui ont partagé avec nous ces idées. Nous sommes enchantés d'être sur ce parcours ensemble.
[Ajay Banga]
On applaudit. Merci.
[Tanvir Gill]
Merci Ajay. Merci Ruth de cette excellente nouvelle, cette excellente communication. Avant de conclure, mesdames et messieurs, je voulais revenir sur la question que j'ai posée au public au début de l'événement. Et je répète la question. La question était : Quel domaine de l'agriculture et de l'agro-industrie présente le plus grand potentiel pour créer des emplois et faire croître les économies en développement ? Et les résultats apparaissent à l'écran. 52 %, une majorité, pensent qu'il faut améliorer l'accès au financement pour les petits exploitants. C'est ce dont Ajay nous parle. 25 % d'entre vous ont pensé qu'il faut considérer la modernisation des techniques pour les petits exploitants. Un élément central à souligner. 16 % pensent que nous devons étendre l'accès aux marchés locaux et aux marchés d'exploitation. Et seuls 7 % ont choisi appuyer les outils numériques et l'intelligence artificielle. Bien. Je pense avoir bien interprété la salle puisqu'on n'en a pas parlé. Bien. Matière à réflexion. Voilà qui marque la fin de l'événement. C'est la fin de l'événement. Cela a été une séance pleine d'enseignements. J'espère que vous en avez beaucoup bénéficié. Et vous pouvez suivre… Il a fallu un village, beaucoup de villages, en fait, pour préparer cela. Vous pouvez suivre cette séance et nos autres événements à live.worldbank.org. Continuez de partager vos commentaires en ligne avec le mot dièse WBGMeetings. Ça nous ferait plaisir d'entendre ce que vous avez à vous dire. Merci de vous être joint à nous et excellente journée. Merci.