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Investir dans le capital humain pour accélérer la transition écologique | Réunions de printemps 2023

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Le sort de l'humanité et celui de la planète sont indissociables. Les investissements dans le capital humain peuvent renforcer la résilience des populations face au changement climatique, les doter des compétences nécessaires pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre et accélérer la transition écologique.

Face à la menace climatique, comment améliorer le capital humain, à savoir les connaissances, les compétences et les conditions de santé que les individus acquièrent tout au long de leur vie et qui leur permettent de réaliser pleinement leur potentiel ? En faisant preuve de créativité, en œuvrant de concert et en mobilisant davantage de ressources, ont répondu les participants à cette table ronde organisée à l’occasion des Réunions de printemps 2023 de la Banque mondiale et du FMI et rassemblant représentants des pouvoirs publics, du monde universitaire et du secteur privé.

L’inaction contre le changement climatique se paiera au prix fort, et les plus pauvres et les plus vulnérables seront le plus durement touchés.

Investir dans le capital humain est synonyme d’une population en meilleure santé et plus instruite ; or l’éducation joue un rôle fondamental dans l’adoption de comportements respectueux du climat. En outre, les dotations en capital humain se transmettent souvent de génération en génération et réduisent les inégalités. Elles permettent à un plus grand nombre de personnes — en particulier les femmes — de contribuer pleinement aux solutions climatiques.

Mais pour accélérer les progrès sur ce front, il est indispensable de mobiliser des financements suffisants et équitables. L’enjeu est particulièrement grand pour les populations les plus pauvres et les plus vulnérables dans les pays en développement, qui contribuent le moins aux dérèglements du climat tout en étant les plus durement touchées. Afin d'assurer des financements durables et équitables, il faut de la détermination, de la créativité et une coopération entre pouvoirs publics, fondations philanthropiques, secteur privé et organisations multilatérales, ont souligné les participants. Et d'appeler à unir nos forces pour le bien des populations et de la planète.

00:00 Bienvenue
02:33 Le lien entre le capital humain, les personnes et la planète
06:00 Capital humain et solutions climatiques qui soutiennent les plus vulnérables
09:51 Éducation pour un avenir plus vert
15:25 Investir dans le capital humain pour stimuler l'action climatique
20:12 L'importance des investissements dans le capital humain qui aident la planète
25:40 Collecte de fonds pour les actions climatiques dans les pays à faible revenu
36:26 Le soutien de la Banque mondiale
40:34 Questions-réponses : Accroître la portée des innovations communautaires / Éducation climatique
47:53 Comment nous continuons sur cette lancée
49:40 Vidéo explicative : Projet Capital Humain

[Musique]

[Shakuntala Santhiran]
Chers ministres, Mesdames et Messieurs, bonjour et bienvenue aux réunions de printemps 2023 de la Banque mondiale et du FMI. Je suis Shakuntala Santhiran et pour leur avenir, nous allons parler du capital humain, la santé, les connaissances et les compétences qu’acquièrent les êtres humains durant leur vie. Plus particulièrement, nous allons explorer les liens importants entre le capital humain et le changement climatique. Vous pouvez nous faire part de vos idées sur le sujet en utilisant le hashtag Reshaping development. Utilisez le code QR qui apparaît sur votre écran pour poser vos questions, ou alors vous pouvez nous rejoindre dans la messagerie à Live.worldbank.org. On a beaucoup parlé des effets préjudiciables du changement climatique sur les êtres humains, mais nous allons nous concentrer sur le rôle important que le capital humain peut jouer pour soutenir l'action climat. Comment est-ce que notre pays investit en priorité dans le capital humain pour répondre à la crise climatique et encourager un développement durable, résilient et inclusif ?
Nous avons un panel excellent aujourd'hui. Son Excellence Oulimata Sarr, ministre du Sénégal pour l’Économie, le Plan et la Coopération. Elle est également la première présidente du réseau du projet de capital humain qui est toujours en exercice, qui permet de partager les expériences liées aux défis de développement du capital humain. Andrew Steer, président et PDG de la Bezos Fund, une fondation de 10 milliards de dollars pour répondre aux questions impérieuses du changement climatique. Le Docteur Esther Duflo, professeur d'atténuation de la pauvreté et de l'économie du développement à l'Institut du Massachusetts de la technologie. Elle a, avec son équipe, été lauréate du prix Nobel de sciences économiques et Axel Van Trotsenburg, administrateur ici à la Banque mondiale et responsable des politiques et des partenariats en matière de développement. Je vous remercie tous d'être présents. 
Aujourd'hui, nous commençons par vous, madame la ministre Sarr, en fait le projet de capital humain a tenu une réunion il y a quelques instants et vous avez concentré, je crois, vos échanges sur la possibilité pour le capital humain de proposer des solutions pour la population et la planète. Quels sont les messages que vous retenez ?

[Oulimata Sarr]
Je vous remercie. Je pense que là, il y a quatre points à retenir de ces échanges. Premièrement, nous avons besoin de faire en sorte que les personnes, les êtres humains soient au centre de la conversation ou du discours climat. On parle de chiffres, on parle de température, on parle de l'argent dont on a besoin, mais toutes les conséquences, elles ont un visage, elles correspondent à des histoires de vies humaines. Et donc le plus important, c'est de partager nos histoires sur le capital humain. Deuxième grand message du conclave, il est important que les chiffres soient fondés sur des éléments de preuve. Chaque pays a présenté des exemples intéressants. Le président Malthus nous a parlé. Nous avons parlé également des évaluations nationales sur le climat qui doivent reposer sur des éléments de preuve. Et puis, troisième point, le financement. Qui finance l'adaptation climat, les mesures d'atténuation climat ? Est-ce que nous avons un financement à l'échelle, donc le financement concessionnel à l'échelle pour tous les pays qui sont confrontés aux changements climatiques ? Ce n'est peut-être pas notre responsabilité historique, néanmoins nous devons payer le prix de tout ce qui est lié à l'atténuation et à l'adaptation climat. Et enfin, quatrième message, en fait, le secteur public a un rôle important à jouer. Mais le secteur privé a un rôle particulièrement important à jouer dans les investissements nécessaires dans les renouvelables, l'accès à l'eau, l'éducation et l'accès à la santé. Et donc le secteur privé doit être impliqué. Voilà les quatre messages clés.

[Shakuntala Santhiran]
Nous allons parler justement du financement un petit peu plus tard, mais j'aimerais savoir si vous avez des exemples particuliers, des exemples qui vous ont marquée, madame la ministre.

[Oulimata Sarr]
En fait, chaque pays a présenté ses initiatives, les enseignements tirés. Des pays avaient des Initiatives de réduction du risque de catastrophe, certaines initiatives liées au verdissement dans le domaine de l'éducation, une agriculture résiliente au climat. C'est la raison pour laquelle ce réseau est tellement important, car le réseau du capital humain permet à différents pays de se réunir et de partager des initiatives qui ont été couronnées de succès, les enseignements tirés, les financements qu'ils ont su mobiliser, l'utilisation de leurs propres ressources internes et le réel cheminement de ses ressources. Je crois que cela est un espace d'échange important.

[Shakuntala Santhiran]
Je vous remercie. Esther, vous et vos partenaires, vos collègues, vous avez fait beaucoup de travaux de recherche dans différentes solutions impactant le changement climatique et l'impact sur les pauvres. Qu'est-ce que votre recherche révèle sur l'importance du capital humain comme moteur de l'action climat pour les pauvres qui sont les plus touchés par la crise climatique ?

[Esther Duflo]
Oui, le lien entre le changement climatique et les êtres humains, comme l'a dit madame la ministre, est essentiel. On a tendance, dans la macro conversation, à oublier un petit peu le visage humain. On parle du réchauffement de toute la planète, mais je crois que c'est quelque chose qu'on peut résumer en trois points. Premièrement, le changement climatique pourra potentiellement saper les extraordinaires progrès accomplis dans le capital humain au cours des 30 dernières années dans les pays à revenu faible ou moyen, et va saper les efforts de ces pays eux-mêmes. Donc, en cas de scénario à émissions élevées en 2100, on pourrait avoir 73 000 décès supplémentaires par 10 000 habitants. Ça, c'est le nombre de personnes qui meurent chaque année de toutes les maladies infectieuses combinées. Imaginez tous les efforts que nous déployons contre la tuberculose, contre le VIH, le sida et le paludisme qui vont être réduits à néant à cause du changement climatique. Tous ces décès supplémentaires surviendront dans les pays pauvres. L'OCDE qui connaîtra une légère décroissance de sa mortalité parce qu'en fait, les pays de l'OCDE sont dans des lieux froids où les hivers seront moins durs. La situation est donc totalement inégale. 
L'autre lien important, c'est que le capital humain permet aux personnes et aux pays d'être plus résilients face aux chocs qui peuvent survenir et surtout les effets du changement climatique. Récemment, avec Pascal Ndoupa, nous avons terminé un travail au Ghana, où nous avons montré que lorsque les filles ont accès au lycée, peuvent aller au lycée et à l'université, la mortalité infantile de leurs enfants est réduite de moitié. Donc, il y a un effet important de l'accès à l'éducation sur la mortalité infantile. Et ensuite les capacités et les compétences de leurs enfants vont également augmenter lorsqu'ils atteindront l'âge de cinq ans. Donc, le capital humain est lui-même une garantie de transmettre ce capital humain à vos enfants et d'être protégé contre le changement climatique, puisque cela va donner aux êtres humains la souplesse, l'agilité pour faire face à une nouvelle situation déclenchée par le changement climatique.
Troisièmement, nous avons besoin de l'ingéniosité des 7 milliards de personnes si nous voulons trouver une solution ou des solutions, parce qu'il n'y aura pas une seule solution. Il y aura toutes sortes de ripostes, de réponses qui seront nécessaires et qui seront adaptées aux problèmes et au contexte local. D'où viendront ces solutions, si ce n'est des personnes dans les pays en développement ? Et comment est-ce que les personnes dans ces pays vont pouvoir trouver des solutions s'ils ne sont pas en bonne santé, s'ils ne sont pas éduqués, s'ils ne savent pas à quoi ressemble leur avenir ? Pour ces trois raisons, le lien entre le changement climatique et le capital humain sont étroitement liés.

[Shakuntala Santhiran]
Donc, investir dans le capital humain pour la transition verte, c'est important en matière d'éducation, en formation de personnes dans les emplois climat pour améliorer sa santé parce qu'en fait, les politiques, les technologies, elles ne vont pas tout d'un coup apparaître. Il va falloir équiper les êtres humains pour être moteur de ce changement. Je vous ai entendu parler avec passion du besoin d'éducation, Andrew pour un avenir plus vert et vous êtes très proche de la communauté climat. Est-ce que vous pensez que la communauté climat comprend l'importance du capital humain dans ce combat ?

[Andrew Steer]
La réponse est non. Non, pourquoi pas ? Écoutez, en fait, je pense que progressivement, on évolue à la COP 28 à Dubaï. En fin d'année, il y aura une journée entière consacrée au capital humain et notamment à l'éducation et au lien entre l'éducation et le changement climatique. Et ça, c'est quelque chose qui aurait dû survenir il y a bien longtemps. D'ailleurs, je vous félicite d'avoir organisé cet événement et ces réunions du printemps 2023. J'ai dit à Axel, je travaillais avant à la Banque mondiale. En fait, les réunions avant étaient très ennuyeuses, que des personnes en costume cravate, alors que là nous avons toutes sortes d'événements, on parle de toutes sortes de choses. Nous avons des réunions qui réunissent les deux plus grands défis de notre monde : le développement du capital humain d'une part, et le changement climatique d'autre part, et le lien entre les deux, la compréhension des synergies entre les deux. Si nous ne comprenons pas les synergies entre les deux, nous n'arriverons à rien. Bravo pour le travail sur le capital humain, Madame la Ministre, bravo à vous. Le fait qu'il y a un groupe de ministres des Finances et de l'Économie qui débattent du capital humain en termes techniques, c'est une chose merveilleuse. Et d'ailleurs, ce matin, nous avions également les ministres des Finances qui parlaient du changement climatique.
Alors, comme l'a dit Esther, en fait, il y a un lien très fort entre le capital humain et le changement climatique. Évidemment, un lien qui va du changement climatique au capital humain, et c'est très mauvais, c'est mauvais pour la santé, nous avons des données à cet égard. C'est assez mauvais pour l'éducation aussi. Par contre, l'aspect nouveau et intéressant, c'est que si vous voulez pouvoir répondre aux défis du changement climatique, il faut d'abord passer par le capital humain. Et je dirais qu'il y a trois avenues possibles. D'abord, nous avons besoin de citoyens qui vont exiger des actions climat, donc ils doivent comprendre le changement climatique et le mouvement écologique. C'est qu'il faut former les enfants et les adultes sur l'importance du changement climatique. Mais en fait, comme l'a dit Esther, et vous l'avez dit aussi, si vous voulez vraiment entreprendre les changements dynamiques dont nous avons besoin dans nos économies dans les années 2030-2040, vous allez avoir besoin de personnes souples, bien éduquées, bien formées et en bonne santé. Or, les tendances actuelles montrent que la moitié de ceux qui sortiront de l'école en 2030 ne seront absolument pas équipés pour entrer dans le monde économique des années 2030. Et c'est catastrophique alors que nous sommes à mi-parcours des ODD. Donc, si vous voulez répondre aux défis du changement climatique, il vous faut un groupe de personnes éduquées, des ingénieurs, mais aussi des personnes agiles qui peuvent s'adapter.
Et puis enfin, troisième point, le plus important de tous, le changement climatique, il est là, à nous de nous adapter. Si nous voulons nous adapter et que vous avez 1 million de dollars, n'allez pas acheter du ciment et ne créez pas un autre mur pour vous protéger des inondations, au contraire, dépensez cet argent sur l'éducation, créez des personnes qui sont éduquées et qui peuvent travailler en équipe, qui peuvent résoudre les problèmes. Et je dirais que toutes les personnes dans cette salle pourront, je pense, un moment penser à leur histoire familiale. En tant que famille, vous avez dû vous adapter à un choc ; moi, c'était en 1886 dans ma famille et mon arrière-grand-père, il était en Écosse et élevait des moutons. En 1886, pour la première fois, des cargos apportaient de l'agneau, de l'Australie et la Nouvelle-Zélande. En dix ans, en fait, toute l'industrie en Écosse était réduite à néant et mon arrière-grand-père n'avait plus de revenus. Qu'est-ce qu'il a fait alors ? Eh bien, il a quitté son île écossaise et il est passé sur le continent. Et en dix ans, sa famille allait bien mieux qu'avant. Pourquoi ? Parce qu'en fait, ils vivaient dans une culture qui était obsédée par l'éducation. Ils étaient souples, les enfants étaient souples, les adultes étaient souples. Ils étaient en bonne santé. Et donc ils ont pu faire leur place dans une nouvelle économie, sur un nouveau marché et moi, je suis là grâce à eux. Et donc, l'adaptation n'est possible que si vous avez le capital humain. Ce message, il faut absolument que nous le transmettions haut et fort. 

[Shakuntala Santhiran]
Merci. Je dois dire que ça me paraît tellement évident que je suis surprise qu'on n'y ait pas pensé avant. On a, nous, êtres humains, créé le problème, il va falloir bien le corriger. Et donc il est évident que ce sont les êtres humains qui sont au cœur de la solution. Sans quoi on ne va pas arriver à quoi que ce soit.
Donc, Axel, comment est ce que la Banque mondiale peut investir dans le capital humain pour être motrice de ce changement ?

[Axel Van Trotsenburg]
En fait, les intervenants précédents ont très clairement présenté les arguments justifiant la nécessité de cet investissement dans le capital humain. Lorsqu'on pense changement climatique, on se dit bon, il est politiquement correct d'appuyer sur quelque chose et de dire qu'on l'a fait. En fait, l'important c'est que tout le débat climat devienne l'ADN de votre organisation, quoi que vous fassiez. Donc pour ce qui est de l'analyse, mais pour tout ce qui est développement humain, mais pas uniquement le développement humain, il faut que ça fasse partie de l'ADN de l'organisation. Donc, lorsque vous réalisez ces projets, il faut réfléchir aux implications pour les personnes. Ainsi, lorsque vous réfléchissez, il ne faut pas réfléchir en termes de pollution, mais il faut réfléchir en termes d'éducation. Vous l'avez dit. Et ce qui est important aussi, c'est que ce n'est pas une entreprise à court terme. C'est véritablement un effort à long terme et un engagement à long terme.
Et comme Andrew l'a dit, le scandale, c'est qu'il y a trop de personnes qui sont exclues des écoles, des personnes qui ne réussiront jamais à l'école simplement en raison de la malnutrition. Ces personnes sont nées, mais elles n'ont pas droit à une vie pleine et entière. C'est la raison pour laquelle il faut investir dans le capital humain. Il nous faut également le leadership politique dans les pays et l'engagement joint d'organisations comme la Banque mondiale et ailleurs pour réaliser les investissements nécessaires. Ce qui nous ramène à ce que nous avons dit. Comme la ministre Sarr l'a dit, tout cela, ce sont des intentions excellentes, mais il est important que les gouvernements intensifient leurs efforts, que les parents intensifient leurs efforts et que les organisations multilatérales intensifient leurs efforts pour que nous donnions à tous une réelle chance. 
Alors, je pense que les défis communs que nous avons tous c'est que malheureusement, les ODD sont loin d'être atteints, y compris en matière d'éducation, mais dans d'autres domaines également. Hier, nous avons parlé de la famine. C'est un scandale qu'après 50 ans, alors que l'ONU a tenu une conférence pour éradiquer la famine en dix ans, et bien que 50 ans plus tard nous sommes toujours avec huit ou 9 % de la population mondiale qui a faim. Ce sont vraiment des phénomènes qu'il nous faut corriger et de façon urgente. Et je crois qu'il faut axer notre attention sur les pays pauvres parce que les pays pauvres sont malheureusement disproportionnellement impactés par le changement climatique. Je suis d'accord avec vous sur l'éducation, mais lorsque l'on parle d'une agriculture résiliente climat en fait l'agriculture, elle peut être aussi résiliente que possible, mais si on a des politiques commerciales qui sont inéquitables avec d'énormes subventions dans les pays de l'OCDE, en fait, ces personnes n'ont tout simplement pas la chance de réussir la possibilité de réussir. Donc il faut être très clair, ne pas faire de compromis. Et il est important que nous intensifiant tous nos efforts. L'important au sein de la banque, c'est que nous travaillions dans le domaine du développement humain et nous essayons d'intensifier depuis trois ans les efforts depuis le début de la pandémie avec l'exclusion de nombreuses personnes.
Ce que je veux mettre en avant, c'est que nous ressentons toujours les effets du Covid aujourd'hui, notamment chez les jeunes filles qui restent malheureusement en dehors des écoles. Et donc, il est important d'essayer de comprendre comment nous pouvons faire revenir toutes ces filles qui ont quitté l'école et qui malheureusement sont exclues de façon permanente de la scolarité. Comment les inclure et être beaucoup plus inclusif sur ce point ? Nous avons donc un programme bien chargé et je pense que nous pouvons, grâce à des coalitions et grâce à une aide efficace, nous pourrons rattraper le retard que nous accusons. Mais pour ça, il faut s'y atteler aujourd'hui, mais pour une ou deux générations. 

[Shakuntala Santhiran]
En effet, et il faut que ce soit tout le gouvernement, toute la société qui s'implique, pas uniquement une partie du gouvernement et uniquement un secteur. Alors, on parle de travailler ensemble, Andrew. Vous travaillez dans le secteur public, vous étiez avec la Banque mondiale, vous étiez le ban, l'envoyé spécial pour le changement climatique en 2010 à 2012. Vous étiez également au Vietnam, en Indonésie, pendant dix ans. Vous êtes maintenant dans le monde non gouvernemental. Alors comment est-ce que l'on peut mobiliser ces financements ? Comment est-ce que ces deux secteurs peuvent travailler ensemble et véritablement permettre des investissements dans le capital humain qui aident le climat et la planète ? 


[Andrew Steer]
D'abord, merci la Banque mondiale pour avoir réussi à évoluer comme vous le faites avec votre feuille de route évolution. Parce que c'est ça qu'on veut plus d'influence et c'est ça qu'il faut faire, que ce soit par des organisations caritatives ou par le secteur privé, il faut beaucoup plus de synergie avec les ressources multilatérales dans ce bâtiment et au sein des autres banques régionales, etc. Il faut donc réfléchir aux moyens de faire en sorte que chaque dollar que nous proposons en tant que donation doit faire deux choses. Donc nous nous parlons de climat et de nature. Donc, si vous vous engagez à faire quelque chose dans une partie du monde, vous devez le faire. 
Mais vous devez aussi faire partie de quelque chose de plus grand que vous. Vous devez contribuer à créer un mouvement, un élan qui est positif et je crois que c'est comme ça qu'il faut réfléchir à cela. On parle beaucoup de financement mixte, mais en réalité on n'est pas très avancé. Donc le monde caritatif doit s'impliquer beaucoup plus directement avec le secteur privé et avec le secteur multilatéral parce que, si nous œuvrons de concert, je pense que nous pourrons mettre en place des projets tout à fait porteurs. Donc il faut des partenariats entre ces différentes sources de financement, mais il faut également des partenariats entre les différents secteurs dans lesquels nous travaillons. Par exemple, ce qu'a dit Axel est tout à fait juste. En fait, ce n'est pas que capital humain et changement climatique, il y a aussi l'alimentation qui est une tragédie aujourd'hui. Tout cela est étroitement lié, totalement lié. Et donc ce que nous avons trop fait, c'est en fait fonctionner en silos en se disant qu'on était concurrents par rapport aux autres. Je vais demander à ce bailleur de fonds de donner pour le changement climatique. Ah non, non, moi c'est le capital humain et moi c'est l'alimentation. Mais non, soyons plus intelligents que ça et disons-nous que dans le monde climat aujourd'hui, il y a en réalité beaucoup d'argent, il y a beaucoup d'élan politique et de volonté politique. Donc, nous qui nous intéressons au capital climat et qui nous nous inquiétons de la situation de famine, eh bien comment finalement puiser dans ses ressources pour qu'en fait chaque dollar couvre plusieurs secteurs ? Parce qu'en réalité c'est la même chose et il y a à mon avis, d'excellentes opportunités. On voit que ça commence à émerger et c'est grâce à vous, il me semble.

[Shakuntala Santhiran]
C'est un plaidoyer qu'il faut présenter à l'investisseur. Vous pouvez investir sur le climat en obtenant bien évidemment un retour sur votre investissement.

[Andrew Steer]
Le secteur capital humain doit tirer les leçons de ce que fait le changement climatique. Il y a quinze ans, on n'aurait jamais obtenu quelqu'un qui défendait l'action climat aille travailler avec la société financière internationale, c'était l'ennemi. Maintenant, 500 entreprises se sont engagées à arriver au net zéro. 130 milliards de dollars ont été engagés. Chaque organisation environnementale travaille maintenant avec le secteur des affaires. Et malheureusement, lorsqu'on parle développement humain, ce n'est pas le cas, car l'idéologie joue un rôle beaucoup trop puissant. Si je suis une ONG, je travaille en éducation. Je me préoccupe bien évidemment du secteur privé qui probablement va vouloir exploiter la situation. À mon avis, c'est une approche absolument erronée. Le secteur des affaires est important pour l'éducation et dans chaque pays, il faudrait avoir une conversation avec le secteur des affaires afin de savoir quelles sont, par exemple, les qualifications dont on a besoin. C'est une idée qui peut sembler évidente, mais si on la pratiquait, il y aurait d'excellentes traditions. Je crois que le Sénégal le fait, madame la ministre. Mais la plupart des pays oublient cet aspect des choses. Il faut donc fonctionner de façon plus imaginative, sortir de notre carcan idéologique, trouver une véritable solution qui simplement veut dire un changement de système, nous le faisons au Fund Bezos.
Nous suivons les 55 transitions qui sont nécessaires. Nous essayons de voir à quelle étape elles en sont arrivées. Comment peut-on supprimer ces barrières ? Logiquement, c'est la façon dont il faut travailler, penser.

[Shakuntala Santhiran]
Vous avez certainement une idée quant à la façon de mobiliser des financements au titre du climat dans les pays pauvres ; comme disait Axelle, les pays pauvres qui sont affectés bien plus lourdement que les pays riches par le changement climatique.

[Esther Duflo]
Alors, parlons de façon simple. Qu'en est-il ? Que peut-on faire pour l'avenir ? Pour compléter ce qu'Andrew disait, je pense que le financement pour le climat était dominant socialement par un effort d'engagement volontaire du secteur privé, ce qui est parfait. Mais ce ne fut pas suffisant. Nous le reconnaissons tous. Et c'était destiné à certains projets plutôt que d'autres, davantage vers l'atténuation et très peu vers l'adaptation, particulièrement dans les pays en développement. Il faut se rappeler une chose très simple, on l'a dit, mais il faut le répéter. Le coût réel du changement climatique sera en gros payé par les gens qui vivent dans les pays en développement, dans les pays pauvres premièrement.
Deuxièmement, le gros des émissions qui provoquent le réchauffement climatique aujourd'hui, et je ne parle pas de responsabilité historique, je parle d'aujourd'hui, tout cela est dû au comportement des plus riches du monde, en particulier les citoyens riches des pays riches. Bien sûr qu'il y a aussi des gens riches dans les pays pauvres. Nous le savons, nous le savons. Oui, mais on argumente que la Chine, l'Inde produisent également des émissions, d'accord. Mais, ils le font pour produire les produits consommés par les riches de ce monde. Si la Banque mondiale et d'autres, on l'a dit à Sciences Po estime pour chaque personne leur empreinte carbone en fonction de leur place sur l'échelle de répartition des revenus, on prendra en compte les émissions qui sont utilisées ou qui ont lieu lorsqu'on produit une voiture par exemple. Non seulement les émissions de la voiture, mais les dépenses des plus gros pollueurs contribuent à 50 % des émissions du monde. Les 50 % les moins pollueurs contribuent à peine à hauteur de 10 % aux émissions du monde. Si nous parvenons à supprimer la pauvreté extrême dans le monde, cela augmenterait le montant total des émissions du monde de 2 % à peine.
Donc, il n'est pas nécessaire de dire les pays pauvres devraient également faire un effort. Le problème est provoqué par les gens des pays riches. Bien sûr, les gens des pays riches doivent travailler pour faire diminuer leurs émissions. Cela veut dire également que nous avons une responsabilité aujourd'hui d'aider les pays pauvres en adaptation à faire quelque chose. Protection sociale notamment tenant compte du monde nouveau que l'on a créé et bien sûr atténuer et sauter par-dessus les étapes intermédiaires. Entre nous, nous nous répétons les uns aux autres, mais il faut véritablement voir sérieusement d'où va provenir le financement pour faire cela. Maintenant, d'un cap à l'autre, nous nous engageons à donner des montants que nous ne versions jamais. Il faut changer maintenant, avant que la crise ne soit tellement énorme que nous ne serons plus en mesure d'agir. On l'a vu pour la crise de Covid, lorsqu'il y a une crise énorme, les pays riches sont comme les bambins face au phare de la voiture, ils ne sont plus capables de bouger, de faire quoi que ce soit.
Les pays riches ont dépensé 27 % de leur PIB en mesure de protection sociale lors de la Covid et les pays les plus pauvres, à peine 2 %, pour donner les incitations budgétaires. Non pas parce qu'ils ne se rendaient pas compte qu'il fallait faire quelque chose simplement parce qu'ils ne disposaient pas de l'argent pour ce faire. La Banque mondiale, l'OCDE, le Fonds monétaire essayent, font des efforts pour combler le fossé, mais ce n'est pas suffisant. C’est la raison par laquelle les pays en développement éprouvent tellement de difficultés à sortir de la crise. Tout simplement parce que les populations restent dans la pauvreté. En matière de climat, le problème est tellement lié aux inégalités entre pays riches et pauvres, entre gens riches et gens pauvres, que la solution doit être également liée à l'inégalité. Et donc, bien sûr, les financements qui proviennent du monde de la philanthropie sont bienvenus, c'est évident. Mais il faut aller au-delà, il faut aller plus loin. Il faut mettre en place un mécanisme qui verse ces montants dans un fonds destiné aux pays les plus pauvres.
On pourrait par exemple imposer les plus riches du monde de façon proportionnelle et verser ces montants dans ce fonds. Mais ce serait difficile ; les institutions nécessaires pour ce faire n'existent pas. D'autres possibilités ? Un impôt sur les entreprises ? C'est tout à fait possible. Là, nos institutions savent le faire. Les pays du monde, d'ailleurs, parlent d'adopter un montant minimum d'impôt de 15 % sur toutes les entreprises. On pourrait ajouter un pourcentage ou peut être qu’on fasse un effort supplémentaire pour réduire l'empreinte carbone. 1 % serait suffisant si c'était entièrement consacré aux pays les plus pauvres pour financer l'adaptation qui est très nécessaire, les augmentations de protection sociale et permettre l'innovation, bien développer des idées qui pourraient apporter une solution au problème. Donc tout cela est faisable et la preuve est que les pays parlent déjà de coordonner leur politique fiscale. Chacun dit exactement le discours approprié. Mais si on pouvait ajouter l'action, le concret.

[Shakuntala Santhiran]
Donc, si tout le monde allait dans la même direction, on pourrait avoir un résultat.

[Oulimata Sarr]
Donc il semble qu'il y ait un accord, un accord assez général.
Les ministres de l'Économie et des Finances, nous avons eu une conversation. Avec le candidat à la présidence de la Banque mondiale, les pays africains dans la salle ont dit trois choses, trois mots. Nous voulons que les choses ne se fassent plus comme d'habitude, nous voulons que les choses se simplifiés, accélérées et nous voulons l’équité. Donc je souhaite une transition juste et réelle. Nous ne pouvons pas sauter les étapes sans que le capital humain soit à la hauteur. On a parlé des Objectifs de développement durable. Et comme vous le savez, en 2015, les pays du monde se sont mis d'accord sur un programme. Ce programme très bientôt, 2030 marque la date butoir. Mais il est un ODD qui est le catalyseur des 17 autres objectifs, savez-vous quel est cet objectif ? Eh bien, c'est l'objectif numéro cinq égalité entre les sexes et autonomisation de la femme. Oui, les femmes dans la salle, applaudissons.
En matière de climat et je vous donne l'exemple du Sénégal, une agriculture résiliente.
L'ensemble des recherches ont démontré que dans l'ensemble, si on donne des compétences à un agriculteur, on lui enseigne de nouvelles techniques, de nouvelles technologies, la femme continue de mémoriser et de reproduire. Donc, si nous voulons nous assurer que l'agriculture, la souveraineté alimentaire soient durables dans le temps, il faut donner ces compétences aux femmes agricultrices. Raison pour laquelle je vous demande toujours si vous vous rappelez l'objectif des ODD en question. On parle de la Grande Muraille verte. Le Sénégal fait partie de cette solution régionale. Et aujourd'hui, nous en avons parlé au conclave. Certaines solutions doivent nécessairement être régionales. Dans la zone du Sahel en particulier, ce programme phare qu'on appelle la Grande Muraille verte, qui est supposé aller du Sénégal jusqu'à Djibouti. Qui sont les bases de ces initiatives ? Les communautés de femmes, ce sont elles qui plantent les arbres. Ce sont elles qui veillent à ce que les plantes ne se soient pas dévorées par les animaux. 

[Shakuntala Santhiran]
Donc les femmes jouent un rôle essentiel au cœur même de l'adaptation. Tout ce que nous savons, nous le faisons. Donc, il faut veiller à ce que les femmes fassent partie de toutes ces actions. 
Bien, vous nous avez parlé Axel de besoin, besoin d'appuis, de financement bien évidemment, mais aussi mobiliser la connaissance. Faire des investissements intelligents, capital humain. Comment répondrait la Banque mondiale ? 

[Axel Van Trotsenburg]
Bien sûr, on peut parler d'argent, d'idées. Nous savons que les besoins sont énormes et le financement n'est pas suffisant. N'oublions pas qu'il y a 50 ans, les Nations Unies ont adopté une résolution qui disait que les pays devaient consacrer 0,7 % de leur PIB au développement. Il n'y a que cinq pays qui ont respecté cet engagement. L'aide au développement est restée au niveau de 0,3 %. Le problème qui aggrave la situation, c'est que davantage de dépenses dans les pays industrialisés sont comptées comme de façon telle à consacrer moins de financements aux pauvres. La situation aujourd'hui est caractérisée par un manque de volonté politique. C'est là le principal problème. On parle de réformes à la banque et j'ai posé la question à chaque délégation. Après six mois de discussions, quelle est votre ambition ?
Où voulez-vous que la Banque mondiale soit arrivée dans cinq ou dix ans ? Voulez-vous qu'elle soit la même, doublée, triplée, quintuplée ? Comment voulez-vous que la banque ait répondu aux défis actuels ? Pas seulement, je pense que nous devons être ambitieux, extrêmement ambitieux. Bien sûr, cela requiert des ressources, mais il faut aussi que tous restent impliqués, participent avec les pays pauvres, restent engagés et manifestent leur volonté politique et donnent les montants promis. Ce nouveau partenariat que nous devons créer avec le secteur privé et avec le monde de la philanthropie, un jour ; nous sommes là, nous sommes prêts à dépenser 5 milliards de votre argent et nous pouvons nous réunir quand vous le voudrez pour nous serrer la main et signer ce contrat. Nous avons besoin de cet argent que vous avez. Mais, c'est une façon, une seule façon de faire les choses. Nous avons besoin d'une vaste coalition, ce qui est très important. Il faut aussi penser à la partie plaidoyer. C'est pour cela aussi que nous avons besoin de vous, pour plaider notre cas.
Les connaissances ? Oui, bien évidemment, nous en avons et nous pouvons apprendre les uns des autres et de plus en plus. La banque, sans idées, court à la faillite. Nous avons besoin de connaissances et de savoir-faire. C'est une partie importante bien évidemment, mais en dehors des idées et de l'argent, nous avons besoin de mettre les choses à l'échelle. Vous nous parlez de la Grande Muraille verte dans la zone du Sahel. Nous appuyons cette idée et nous appuyons le projet de l'autonomisation des femmes du Sahel. Magnifique projet. Mais le problème, c'est que dans les cinq pays du Sahel, il y a 82000000 de personnes qui vivent, dont la moitié sont des femmes et nous atteignons à peine moins d'un million. Nous devrions pouvoir toucher 20 millions de femmes. C'est là le grand défi. Donc, nous avons besoin d'une nouvelle coalition impliquant également le secteur privé. 

[Shakuntala Santhiran]
Mais faire un effort accru. Donc vous parliez de mise à échelle. C'est une des questions que posait le public. Nous l’avons vu souvent et une question d'un auteur anonyme qui dit : il y a énormément d'innovations à la base qui sont le produit de groupes vulnérables qui souffrent l'impact du changement climatique au quotidien. Comment pouvons-nous obtenir que la Banque mondiale et les autres multilatérales s'inspirent de ces idées pour les mettre à niveau ? 

[Esther Duflo]
Superbe question. C'est important en effet, c'est mentionné que les idées doivent venir de ceux qui vivent le problème. Il faut aller au-delà de le dire et il faut penser à le faire. Il y a eu en effet des efforts à la Banque mondiale, l'initiative Dame, la BAD, l'Agence française de développement.
Il faut ouvrir la porte à des idées qui viennent des acteurs des pays en développement, des militants, des gouvernements, des ONG. Entendre leurs idées, leur donner un accès plus facile aux ressources, recevoir les idées, en faire des projets pilotes et, s'ils fonctionnent, les mettre à niveau. Du point de vue de l'aide au développement français, nous avons ces idées qui viennent de région du Sahel, de l'Afrique francophone, qui ont été trop souvent écartées de cet écosystème d'innovation. Des idées magnifiques, grandes et petites d'ailleurs qui permettent de s'adapter et de confronter le changement climatique. Bien sûr, il faut que cela aille au-delà de l'argent. Simplement, il faut penser à l'appui logistique. Il faut travailler ensemble avec les gens de terrain. C'est déjà en cours, mais il faut le démultiplier parce que cela fait partie de ces mesures, de ce financement qui vise à contrer le changement climatique et évaluer aussi ces idées et les mettre à échelle.

[Shakuntala Santhiran]
Andrew !

[Andrew Steer]
Votre question est correcte à 100 %. Entre 5 et 10 % pour l'adaptation atterri entre les mains de ceux qui ne sont pas vraiment équipés pour le faire. Tous et la banque de fait devraient se poser la question de savoir si ces montants, ces financements pour arriver plus près du terrain. Dans ce grand effort de développement, nous avons fait des progrès, certes, mais nous n’avons pas beaucoup parlé de protection sociale, mais la capacité maintenant de faire parvenir une aide monétaire à l'individu par le biais de leur téléphone aux communautés, c'est une révolution qui s'annonce, mais qui ne va pas assez vite. La ministre Sarr a parlé de la restauration du paysage en Afrique, la grande muraille verte de 100 millions d'hectares va être restaurée d'ici 2030. Qui va se charger de la restauration ? Quelques grandes entreprises, mais la grande majorité sera effectuée par des dizaines de milliers de groupes d'agriculteurs, de coopératives, d'ONG. Comment leur faire parvenir le financement nécessaire ? Nous sommes réunis ce matin avec le président Komparou et une équipe d'Afrique, des institutions intermédiaires que nous pouvons installer en Afrique, afin que 90 % de ces montants arrivent vraiment entre les mains de ceux qui les utilisent.
Nous pensons, nous sommes tout à fait convaincus par le bien-fondé du marché du carbone volontaire. Malheureusement, les gens les plus pauvres n'ont rien à dire dans cet énorme marché de carbone. C'est 9 millions de dollars qui ont été gagnés pour aider, les autochtones de l'Amazone devraient pouvoir bénéficier de ces montants. Il faut pour cela leur donner la capacité d'avoir des contacts réels, qu'ils puissent véritablement s'impliquer pour recevoir leur juste part de ce qui se fait. 

[Shakuntala Santhiran]
Cela commence à se faire, mais il faut accélérer ce mouvement. 

[Axel Van Trotsenburg]
La Banque mondiale, comment a-t-elle tiré les enseignements de ce que font les groupes les plus vulnérables ? Eh bien, tout d'abord, il faut que l'attitude soit ouverte. L'Esprit doit rester ouvert, s'adapter constamment aux nouvelles évolutions. Ce que vous venez dire à propos de la numérisation, par exemple, les mesures de protection sociale, en particulier pendant la crise alimentaire, a permis d'atteindre des dizaines de milliers de personnes, car nous avons pu transférer véritablement les montants nécessaires à leur compte. C'est une énorme amélioration que nous avons faite.
Il faut être présent sur le terrain. Nous sommes présents dans tous les pays pratiquement et nous y fonctionnons. Ce n'est que lorsqu'on est aux prises avec la réalité d'un pays qu'on peut en tirer les leçons, que l'on peut comprendre ce qui se passe et partant, réagir beaucoup mieux. Prenons le cas de l'Asie de l'Ouest à 80 % de nos équipes sont sur le terrain technique. Il faut recevoir immédiatement un retour d'information et en tirer les leçons. Nous sommes d'accord avec Esther lorsqu'elle dit qu'il faut faire une évaluation de l'impact, mais de façon systématique, car c'est cela qui donnera un outil d'apprentissage afin d'ajuster, de corriger le cap, de compenser les faiblesses d'un projet. Nous le faisons bien évidemment, mais il faut le faire davantage, le multiplier. C'est une manifestation d'intérêt, tout simplement parce que les résultats, en fin de compte, comptent.

[Shakuntala Santhiran]
Oui, ils comptent et de façon urgente. On a parlé de plusieurs façons d'investir en capital humain. L'Éducation est un mot qui est revenu à plusieurs reprises. 
Nous avons ici une question de Mohamed Nadim. Pourquoi l'éducation en matière de climat n'est pas obligatoire ? 

[Andrew Steer]
Mais je suis en faveur de rendre l'éducation pour le climat obligatoire. 

[Shakuntala Santhiran]
Oui, c'est tout à fait logique. 

[Andrew Steer]
Oui, il faudrait le faire absolument.

[Axel Van Trotsenburg]
Bien sûr, il appartient à chaque pays de prendre la décision, mais il faut le faire. Ici, nous sommes à la Banque mondiale et j'aimerais que cela se fasse dans les pays développés également, car le problème, comme on l'a dit, trouve son origine principalement dans les pays développés. Il faut donc commencer l'éducation dans ces pays et ensuite l'élargir. Mais il ne faut pas le faire seulement dans les pays en développement. Il faut que cela commence ici même. 

[Shakuntala Santhiran]
Nous allons devoir résumer notre conversation. Ministre Sarr, vos dernières idées en conclusion. On a parlé d'idées, de perspectives, mais comment maintenir cet élan, cette dynamique ? Du secteur privé, secteur public, du monde universitaire, quel rôle peut jouer le projet de capital humain ?

[Oulimata Sarr]
Il est clair dans nos conversations d'aujourd'hui. Qu'il faut adopter une approche globale, holistique !
On parle de politique, de compétences, de financement, de technologies, d'infrastructures de base. Aujourd'hui, lors du conclave, chaque pays a pu donner d'excellents exemples. Donc ce réseau nous a donné une plateforme où on peut partager les connaissances et créer une véritable communauté. Cela permet aussi de gagner du temps. 
Tout au long de la semaine, nous avons dit, le développement ne peut plus attendre, la situation est grave. Les pays sortent à peine de la Covid et nous sommes maintenant face aux conséquences du changement climatique, de la guerre en Ukraine, de terrorisme violent dans la région du Sahel. Il y a donc un sentiment d'urgence. Nous devons savoir comment manger l'éléphant. Vous savez comment on le fait. Il faut le manger morceau par morceau. Donc aujourd'hui, nous devons faire la liste des choses que l'on peut faire à court terme qu'on peut manger aujourd'hui et le moyen et long terme. Mais le message est que le développement ne peut pas attendre, nous n'avons plus le temps. 

[Shakuntala Santhiran]
Merci, madame la ministre. Bien sûr, il reste encore beaucoup de choses à faire et nous espérons que cette conversation vous aura inspirée, aura montré la valeur et la nécessité de l'investissement en capital humain pour faire des progrès et résoudre la crise du climat qui est urgente, créer ce cercle vertueux entre l'être humain et la planète afin que les bénéfices soient partagés par l'être humain et la planète. Vous pourrez voir à nouveau ce programme si vous rendez sur le site de la Banque Mondiale. Partagez vos commentaires avec nous, hashtag Reshaping development. Nous aimerions beaucoup entendre votre bilan. Construire et investir en capital humain, une ressource valable, le projet capital humain et vous pourrez trouver davantage sur le site de la Banque mondiale et dans cette courte vidéo. Merci de nous avoir regardés.
 

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